Lectures 2018

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13 janvier 2018 (relecture)

Freud est parvenu à résumer sa discipline, alors nouvelle, dans cinq conférences, dans une langue orale aussi maitrisée que facile d'accès. A lire pour vous forger rapidement (les conférences sont courtes) un premier avis sur la psychanalyse.

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16 janvier

Comme le titre l'indique, Freud parle ici des premières années de sa discipline et des nombreuses oppositions et défections qu'il eut à supporter. Comme d'habitude, sa plume donne l'impression d'une bonne foi et d'une certaine dose de modestie qui cadre mal avec les critiques habituelles à son encontre ("l'orgueilleux Freud").

Bien sûr, tout étant raconté de son point de vue, il est difficile de se faire une idée objective du bonhomme. Jusqu'où va sa sincérité ? S'il dissimule, et cela semble être le cas si l'on se réfère à d'autres sources, il le fait avec art. Malgré tout, ceci reste une lecture instructive, d'un point de vue historique.

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28 janvier

L'ancêtre des jeux de rôle (cycle débuté en 1939). Des scénarios simples au pouvoir d'évocation sans pareil. Peu de dialogues mais d'innombrables fumées de suie, vapeurs avinées, êtres sans formes, rappels des morts qui refusent de s'en aller tout à fait. Les tics scénaristiques regrettables sont compensés par cette atmosphère ténébreuse qui pousse à une inlassable exploration.

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31 janvier

La dernière comédie pétrarquisante (mais néanmoins subversive) de Shakespeare avant son virage plus grinçant avec "Tout est bien qui finit bien". "La Nuit des Rois" est particulièrement fourni au niveau des quiproquos et des jeux sur les mots. C'est un festival, où la confusion et l'utilisation de clichés n'éclipsent pas un véritable plaisir de lecture.

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4 février

Héraclite, le philosophe du mouvement éternel dit-on souvent, mais un mouvement né des polarités, des contraires qui s'affrontent afin de parvenir à l'harmonie. Le conflit est l'essence de l'univers, et les contraires sont Un.

Une pensée remarquablement proche de ce que l'on peut retrouver dans l'hindouisme. Si la "dette" de la Grèce vis à vis l’Égypte et de la Mésopotamie est souvent rappelée, on parle moins souvent des apports du sous-continent indien me semble-t-il...

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13 février

Agréablement surpris: la relative naïveté à laquelle je m'attendais (1939 (encore cette date ! ) pour la première histoire de robot d'Asimov ) est négligeable. Les nouvelles se complexifient rapidement en suivant une trame chronologique étonnamment cohérente. La "robopsychologie" est un prétexte fascinant pour explorer la psyché humaine, comme dans un effet miroir.

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23 février

Peut-être le meilleur livre pour découvrir la mythologie et la spiritualité de l'Inde. L'auteur est aussi une voyageuse et a parsemé son ouvrage de légendes orales qu'on ne retrouve nulle part ailleurs en français. Le tout est rehaussé de magnifiques photos qui nous font ressentir presque sensuellement le pays de Krishna. Splendide.

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25 février (relecture)

Lors de ma première lecture, et même si j'étais conscient de l'excellence de l’œuvre, j'avais trouvé le héros trop artificiel dans sa méchanceté, trop "littéraire", pour ainsi dire, dans son malheur auto-généré. Aujourd'hui, je le considère juste comme une expression lucide d'une facette de l'humanité et je ne sais si c'est désespérant ou au contraire propre à susciter une réaction chez le lecteur.

Quoi qu'il en soit, bouleversant bien qu'un peu trop répétitif dans certains passages.

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28 avril (traduction de Markowicz)...

Roman fiévreux, malade, parfois presque difficile à lire. Il y a en effet des jours où j'avais du mal à m'y plonger tant je redoutais d'assister à un nouveau bavardage névrotique dans des atmosphères lourdes et intolérables. Et puis, chaque fois, j'ai fini happé par la finesse psychologique, par ces incroyables descriptions du monde intérieur qui rendent chaque personnage si fascinant dans ses petites monstruosités ou dans son étrange noblesse.

Une épreuve avec, au bout, une illumination comme récompense.

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13 mai

Des explications d'une grande clarté, accompagnées d'extraits d’œuvres antiques, de cartes complètes, de superbes photos et même de quelques illustrations.

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16 mai

Plus ancienne pièce de théâtre qui soit parvenue jusqu'à nous, Les Perses, sous une hâblerie un peu naïve, recèle des trésors de majesté qui ne peuvent laisser indifférent. Je regrette juste un peu la quasi-absence d'intrigue, Eschyle étant apparemment trop occupé à concevoir l'une des premières (la première ?) œuvres de propagande.

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20 mai

Dans son style toujours très hiératique partagé entre l'exaltation épique et la désolation lyrique, Eschyle parvient à rendre intéressante une attente - celle qui soupire avant la bataille.

Malheureusement, privée des deux autres pièces qui formaient avec elle une trilogie, "Les Sept contre Thèbes" ne parvient pas tout à fait à l'auto-suffisance que possédait, par exemple, l'Illiade, elle aussi sortie de son contexte.

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26 mai

Pas le meilleur d'Eschyle, assurément... Le mythe des Danaïdes n'est vu que sous un jour flatteur pour les cinquante femmes, sans mention aucune des meurtres qui les rendront célèbres.

Cet épisode de leur fuite à Argos n'est pas très palpitant même si certains passages renouent avec la splendeur des deux pièces précédentes.

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27 mai

Bon complément aux Yoga-Sutra de Patanjali, le Yogayajnavalkyam se veut un lien entre le mysticisme traditionnel, brahmanique, et le tantrisme du Hatha-Yoga. Guide technique bien plus facile à appliquer que les traités du Hatha (ici, on ne trouvera pas d'indications pour se couper le lien de la langue par exemple !), il mérite amplement d'être plus souvent lu et cité par les pratiquants modernes.

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18 juillet

Quand il écrit de la littérature générale, Dick semble se passer en boucle la même histoire, en mélangeant juste les personnages et les détails. L'impression de redite a quelque chose d'hypnotique mais je me suis bien emmerdé à certains moments.

Cependant, juste pour les ténèbres prises à pleines mains et jetées à travers tout l'appartement, ça valait le coup de le lire.

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1er août (cadeau)

Un roman assez original et dense aux multiples connexions qui ne me semblent pas toutes fonctionnelles. Peut-être parce que l'auteur finit par diluer son excellent concept. Peut-être parce que je n'arrive pas moi-même à relier tous ces courants en une solide unité, alors que j'ai bien compris l'ensemble de l'intrigue.

A laisser reposer au fond de ma mémoire pour voir ce qui en ressortira.

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8 août

Tragédie du monde à l'envers et de la folie, théâtre du Dieu caché où sont punis d'un même élan hasardeux traitres et fidèles. Les scènes, nombreuses, s'enchainent parfois un peu confusément, mais puisque la forme rejoint le fond, la cohérence de la démence est sauve.

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10 septembre

Je ne m'étais pas du tout attendu à un livre érotique, et c'est pourtant bien ce que j'ai eu. Pas assez cru pour être excitant, cette obsession de la baise est surtout prétexte à de jolies réflexions sur la vie et la mort.

Je m'interroge cependant sur la santé mentale de Kundera qui prend un malin plaisir à parler de viols et de pédophilie, certes pas au premier degré (métaphores, allégorie, toussa...), mais sans que rien ne le justifie vraiment. La beauté légère du livre est donc en grande partie gâchée par la pesanteur de fantasmes envahissants et parfois assez glauques...

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12 octobre

Inutile de pondre un pavé, c'est la même histoire que Dick raconte dans pratiquement tous ses romans de littérature générale (voir mes précédentes critiques). Cependant, la conclusion est à l'opposé de ce que nous sert habituellement l'écrivain. Cela signifie-t-il que le barbu a enfin réussi à sortir de sa boucle obsessionnelle ? Réponse bientôt, avec la suite de son cycle chronologique !

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28 octobre

Le choix des nouvelles compilées par Baudelaire est assez mal fichu, avec des histoires aux thèmes similaires qui se suivent. Les nouvelles à couleur scientifique ou "logique" sont impressionnantes de maitrise tout en étant particulièrement arides et peu agréables à lire. Les histoires fantastiques en fin de volume conviennent bien mieux au style délicieusement ampoulé de Poe.

Mention spéciale pour l'invention du récit policier occidental avec les deux enquêtes de Dupin.