Les 25 meilleurs films du 21ième siècle selon la BBC : sélection de critiques de la presse mondiale

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"WH Auden appela Los Angeles « Le lieu du mal sacré », James Ellroy « le lieu parfait ». L'idée que deux, ou plusieurs, conceptions apparemment conflictuelles peuvent être simultanément vraies est si souvent oubliée dans la culture contemporaine décérébrée, mais elle est au cœur du chef d'oeuvre empathique de David Lynch. Mulholland Drive nous est parvenu hanté. Il fut un pilote d'un téléfilm, rejeté à cause d'un récit confus, d'actrices ridiculement jugées trop vieilles, d'images perturbantes et parce qu'on y voyait une ancienne star hollywoodienne, Ann Miller, sucer une cigarette. Esthétiquement parlant, Lynch faisait déjà écho à la machine à rêves holywoodienne et à l'idée que les films réfléchissent nos propres rêves, peut-être en sachant que cette vision fiévreuse aurait seulement pu fleurir sur grand écran. Mulholland Drive est une rêverie de sexe, de suicide et de « silencio ». C'est aussi l'Amérique dans ce qu'elle a de plus beau et de plus bizarre, son romantisme, ses dysfonctions, sa cruauté et son absurdité. On adore les films. Le monde adore les films. Mais le désespoir souvent insolite et surréel des Etats-Unis vers le 'glamour' quand il est repris peut devenir aussi laid et horrifiant qu'un cauchemar, et la scène de cauchemar au Winkie's Diner dans Mulholland Drive est l'un des plus moments les plus terrifiants de l'histoire du cinéma. Le film de Lynch est si splendide et douloureux, si mystérieux et, à bien des égards, si reconnaissable ( roulez sur la-dite route, Mulholland, la nuit, puis marchez depuis Western jusqu'à Vermont, et vous verrez) que quelque soit la théorie que vous lui accréditez, le film réfléchit effectivement une réalité qui s'étend au-delà du sud de la Californie et qui vient s'inscrire à l'intérieur de nos cerveaux, insérant dans nos rêves nos plus profondes peurs, nos natures inscrutables, nos désirs érotiques, et des nettoyeurs de piscine." | Kim Morgan, Sunset Gun, US

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"Wong Kar-wai est un des plus grand perfectionnistes du cinéma mondial, et cette fois-ci il maîtrisa chaque moment d'indécision au montage de In the Mood for Love, ce rare film qui exprime beaucoup de son pouvoir mélancolique avec ce qu'il laisse après visionnage. On ne verra jamais le visage des époux et épouse dont la relation va pousser deux voisins solitaires (Tony Leung et Maggie Cheung, impeccables à souhait) dans leur spirale romantique délirante. On ne verra jamais non plus la scène de sexe que Wong a filmé mais omis au montage, pour mieux intensifier la charge érotique de chaque mouvement de hanche et de chaque tourbillon voluptueux de caméra. Et enfin on ne verra jamais les mots perdus, chuchotés au climax du film, qui auraient été de toute façon superflus : jamais auparavant un film n'aura parlé aussi aisément avec le langage universel de la perte et du désir." | Justin Chang, Los Angeles Times, US

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"De par son ouverture qui laisse presque sans voix, There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson semble être comme quelque chose de forgé, pas de filmé. Daniel Plainview (Daniel Day-Lewis), prospecteur au tournant du siècle, grogne, crache et creuse son chemin par un trou dans la terre de l'Ouest cuisant ; il trouve du métal rare, traîne son corps à moitié mort pour certifier son affirmation et finit par découvrir du pétrole. Le reste du film, un testament tentaculaire et à moitié fou de l'avidité, de l'industrie, de l'hypocrisie morale et du tapage dans leur coté élémentairement américain, pourrait être vu sans son et être aussi bien compris. Mais cela signifierait manquer de la partition musicale de Johnny Greenwood, l'une des plus belles et des plus inquiétantes jamais écrites, sans mentionner les mots immortels de Plainview au déboussolant dernier acte du film, une distillation saoule de la volonté capitalistique aussi étonnamment enfantine qu'elle est perverse : « Je bois ton milkshake ». Santé." | Ann Hornaday, The Washington Post, US

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"Il est difficile de placer un des beaux et passionnants film d'animation du Studio Ghibli au dessus des autres, mais Le Voyage de Chihiro d'Hayao Miyasaki se détache particulièrement de par sa sophistication visuelle et le fait d'aborder les thèmes élaborés de la détermination, du courage et de la solidarité. L'histoire d'une petite fille coincée dans un monde d'esprits, essayant de sauver ses parents, semble comme un retour en arrière au temps de l'animation faite à la main. Réalisé à une époque où la CGI était en train d'envahir les longs métrages d'animation américains, le « fait à la main » dans Le voyage de Chihiro nous procure une merveilleuse sensation. Cela n'empêche cependant pas de faire une représentation visuelle ambitieuse des montres-esprits japonais et d'avoir un sens de l'aventure trépidant. C'est un conte de fée traditionnel changé en un récit excitant sur la transformation et la découverte." | Tasha Robinson, The Verge, US

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"Ce chef d'oeuvre du 21ième siècle a pris pratiquement tout le début du
21ième siècle à faire. Pendant plus d'une décennie, Richard Linklater passa quelques semaines chaque année à faire la chronique de la vie de Mason (Ellar Coltrane). Il commence le film en CP et après environ 3 heures, il sort diplômé du lycée. Entre-temps, Linklater reconstitue à fond une incroyable enquête sur la vie moderne. Son pari logistique fou (et si un acteur serait mort ? Ou aurait abandonné le projet par ennui ?) était bien plus qu'une astuce technique. Laissant l'histoire et les personnages évoluer biologiquement au fil des années leur a donné cette authenticité que le jeune Linklater n'aurait jamais pu méprendre, et regarder le casting, qui inclus aussi Ethan Hawke et une Patricia Arquette remarquable, vieillir devant nos yeux, ajoute une couche supplémentaire d'intensité à chacune des scènes. Dans une ère où chaque aspect de la société était en train d'accélérer, Linklater a su ralentir pour nous raconter une des histoires les plus accomplies de notre temps." | Matt Singer, ScreenCrush, US

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"L'histoire d'une séparation qui tourne mal, Eternal Sunshine of the Spotless Mind aurait très facilement pu mal tourné lui-aussi. Mais ce n'est pas une romance mignonne parmi tant d'autre . Après nous avoir délivré certains des meilleurs clips musicaux et pubs des années 90, le réalisateur Michel Gondry trouve finalement son groove avec le script segmenté et à donner le tourni de Charlie Kaufman, qui y injecte sa structure dentelée avec chaleur. Jim Carrey, quant à lui, va audacieusement à l'encontre des modèles en incarnant un homme perpétuellement triste et complètement emprisonné dans ses deuils et son impatience pour s'en défaire. Mais le film appartient autant à Kate Winslet, dont la décision d'effacer ses souvenirs de son ex-couple lance la locomotive du drame en marche. Angoissant et surréel, charmant et tragique, le film se bat contre les instabilités fondamentales de toutes relations humaines, accomplissant une vision sage et puissante qui est , ironiquement pour un conte sur la disparition des souvenirs, inoubliable." | Eric Kohn, Indiewire, US

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"Comme pour tout grand poème, The Tree of Life s'ouvre à un millier d'interprétations différentes, tandis que le réalisateur Terrence Malik s'engage dans un voyage spirituel et lyrique à travers le temps, d'une enfance poussière au Texas des années 50 en revenant au début même du cosmos. Cet étrange nouveau pilier dans la cathédrale du cinéma américain voit Brad Pitt jouant père autoritaire et Jessica Chastain interprétant une mère de trois enfants profondément religieuse et tendre. La photographie de Emmanuel Lubezki est baignée de soleil, ou exsude d'images de laves bouillantes, de dinosaures et de planètes explosant, le tout sur une bande originale du Requiem de Preisner, ici le requiem d'un fils décédé. Les joies et les pertes douloureuses des parents deviennent transcendantes, voire même Bibliques, dans les mains Malick." | Kate Muir, The Times, UK

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"Le public en 2000 fut stupéfié de voir comment Yi Yi d'Edward Yang fait aussi aisément le portait de la vie contemporaine au travers les histoires des membres d'une famille Taipei séparée par les dilemmes auxquels on est confronté à différents moments de la vie. C'est plutôt ironique, parce que dans le monde actuel de l'aliénation personnelle au charme des réseaux sociaux, le film semble maintenant être ancré dans une certaine période, et pourtant, il résonne avec une plus grande urgence encore. Yi Yi est un film révérencieusement méticuleux, avec ses humeurs minutieusement détaillées et des rituels qui sont apparemment endémiques aux personnages et à leurs habitudes. Toutefois, il est aussi solennellement universel. Ces réflexions silencieuses sur la vie, l'amour, la famille et la mort sont toutes gracieusement affectueuses, peu importe l'écart entre génération et culture." | Oggs Cruz, Rappler, Philippines

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"S'il y a un film qui vous donne envie de vous regarder longuement devant le miroir encore et encore, c'est bien lui. Le drame relationnel sec d'Asghar Farhadi ne fait justement pas de jugement sur ses personnages. Plutôt, il conçoit les situations de façon si réaliste que les spectateurs finissent par sympathiser pour chacun des deux protagonistes malgré le fait qu'ils soient en conflit l'un contre l'autre. Cela n'est pas surprenant si la majorité des spectateurs retrouve une réflexion de leurs propres vies dans les événements qui prennent place pendant le film. Le rythme saisissant, le jeu irréprochable des acteurs, la façon dont les situations se dénouent (tout est fait comme si l'on regardait un de ses voisins, ou peut-être même quelqu'un de sa propre famille) créent un jeu de morale cinématographique sans précédent." | Utpal Borpujari, Freelance, Inde

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"Les lecteurs du No Country for Old Men de Cormac McCarthy terminent le livre avec une idée précise de son méchant. L'Anton Chigurh du livre a fini vivement gravé dans nos consciences. Cette image, cependant, n'est pas celle de Javier Bardem dans le film des frères Cohen , oscar du meilleur film. Ainsi, le personnalité du personnage de Bardem dans le film est si puissante, si splendidement envahissante dans son application hasardeuse de la violence, qu'elle arrive à faire s'évaporer tout idée précédente dans la pensée du spectateur. Situé dans l'ouest du Texas en 1980, les notion du temps et de l'espace dans No country for Old Men sont sans précédent, comme un testament au cinéaste Roger Deakins. Il y a dans le film, une qualité de rythme hypnotique, en suivant des personnages, joués par Josh Brolin, Woody Marrelson et Kelly MacDonald, qu'on ne peut qu'aimer voir prendre des séries de décisions catastrophiques qui amènent toutes à l'univers de Chigurh, un monde baignant dans le sang et avec une issu prédéterminée." | Ben Mankiewicz, Turner Classic Movies, US.

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"C'est un solitaire mal coiffé grattant sa guitare sèche, se battant pour montrer au monde son talent. Personne n'y fait attention, et personne ne veut l'écouter. Situé dans la scène folk de Greenwich Village des années 60, Inside Llewyn Davis des frères Coen est un douloureux hommage mélodique à un outsider mal-aimé. Davis (Oscar Isaac) se débat seul après que son partenaire musical ait décidé de poursuivre en solo. Durant son voyage austère, il trouvera d'autres rivalisant entre eux pour atteindre un succès similaire et d'autres qui essayent juste de survivre d'une manière très Coen-esque. Inside Llewyn Davis est une chanson solennelle pour tous ceux qui essayent de devenir célèbres." | Monica Castillo, The New York Times'Watching, US

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"David Fincher, célèbre pour faire des dizaines de prises pour une même scène, doit sûrement en savoir un rayon sur l'obsession. Zodiac, son film méticuleux, superbe et obsédant inspiré d'un véritable crime, est une plongée profonde dans l'obsession, en suivant un dessinateur d'un journal qui se retrouve consumé par les meurtres du Zodiac dans les années 70. Accompagné de prestations époustouflantes d'un Robert Downey Jr en phase de pré-renaissance et d'un Jake Gyllenhaal pré-Night Call, Zodiac bat son plein avec une énergie nerveuse tandis qu'il s'abandonne à petit feu vers nulle part. Glorieusement gorgé de détails, Zodiac traîne les spectateurs vers un monde compulsif où la plus petite astuce peut devenir le plus grand indice, et il nous montre le cauchemar le plus torturant : qu'à la fin, les réponses sont complètement inaccessibles." | Devin Faraci, BirthMoviesDeath, US

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"Voilà une audacieuse affirmation sur un film audacieux : Children of Men, comme aucun autre film de ce siècle, et peut-être bien aucun autre film tout court, résout la question du sens de la vie. (La réponse ? Continuer à vivre bien sûr.) L'adaptation stupéfiante du roman de PD James par Alfonso Cuarón est ce rare métrage qui sidère avec ses merveilles techniques, de longs et exquis plans-séquences ; une séduisante, mais subtile, avancée technologique qui permet une des scènes les plus impressionnantes jamais tournées à l'intérieur d'une voiture. Mais elle est aussi riche et vitale dans ses profondeurs émotionnelles et philosophiques : sa tristesse, sa colère, sa vénération de l'humanité et son inquiétude pour celle-ci. Cruellement négligé lors de sa première sortie dans les salles obscures, Children of Men a perduré pour devenir un film favori culte que tous ceux luttants contre leurs sentiments d'effroi à propos de la civilisation moderne devraient voir. C'est à dire probablement tout le monde. A la fin se dégage un espoir transcendant, trouvé auprès des décombres vivifiants, et magnifiques, exposés par Cuarón." | Richard Lawson, Vanity Fair, US

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"Atroce, conflictuel et surréel, The Act of Killing se termine par la confession des odieux crimes d'Anwar Congo, le gangster qui assassina presque un millier de personnes en 1965-1966 après le coup d'Etat de l'armée en Indonésie. Il sanglote, vomit et déplore les vies qu'ils a consciencieusement emporté, et cependant il n'est jamais sûr s'il se repent sincèrement ou s'il s'agit d'un acte de haute voltige de sa part. Mais nous sommes forcés de le croire ; on veut croire que la justice soit possible ; que les meurtriers puissent un jour vivre avec autant d'agonie qu'ils ont fait subir aux millions de personne qu'ils ont massacré. C'est le message caché derrière ce premier long-métrage formellement innovant de Joshua Oppenheimer. Peu de films ont osé capturer tout le spectre de la cruauté humaine si candidement, si perceptiblement, comme Oppenheimer le fait dans cette non-fiction épique inclassifiable dans lequel le danois originaire du Texas convainc les membres des escadrons de la mort de reconstituer leurs meurtres dans le style de leur film hollywoodien préféré. The Act of Killing est une étude cinglante et multi-couche sur l'amnésie nationale, sur le pouvoir de l'auto-tromperie et sur la moralité douteuse dans la recherche de la vérité. Son statut de documentaire le plus acclamé du 21ième siècle sera sûrement maintenu pour un long temps à venir." | Joseph Fahim, Freelance, Egypte.

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"Une seule scène, une seule coupure, pas de musique. La palme d'or 2007 de Cristian Mungiu se mesure à l'aune de la Nouvelle Vague Roumaine, un merveille austère de film illustré par la précision visuelle, par un script d'une clairvoyance vivifiante et par un sens du détachement glacial.
Imprégnant un avortement clandestin de la tension brutale d'un thriller (avorter était un crime dans les années 80 en Roumanie) Mungiu évoque l'atmosphère insensible et répressive au déclin de la dictature de Ceausecu. Pourtant, malgré une imagerie très atroce, retranscrite avec des détails bluffants durant une lourde période de 24 heures, l'humanisme sous-jacent du film est entrevu au travers l'esprit combatif de la protagoniste Otila, une étudiant qui prends des risques incommensurables et qui traverse un combat exténuant pour aider son amie Gabita à gérer sa grossesse non désirée." | Maggie Lee, Variety, Hong Kong

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"Holy Motors n'est pas un film. C'est un acte de deuil dessiné comme un signe d'amour, par l'enfant terrible Leo Carax, réalisateur essentiel depuis ses débuts pour tous les fans de cinéma. Celui-ci ne s'est jamais autant dévoilé que comme il le fait dans ce film, dans lequel un homme fait une ballade en limousine, assumant des déguisements et des personnalités variées, et en se reliant et se déliant des personnes qui voltigent dans sa vie. Surréaliste, idiot, sexy et triste, Holy Motors est une visite guidée de tout ce qui importe au cinéma pour Carax. Lui qui se noyait dans sa propre vie (Holy Motors était son premier long-métrage en 13 ans après avoir eu des difficultés de financement) a transformé son art en gilet de sauvetage. Les films ça compte. Voilà pourquoi." | Drew McWeeny, Hitflix, US

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"Y avait il une année plus propice aux réalisateurs mexicains que 2006 ? Alejandro Gonzalez Inarritu, Alfonso Cuaron et Guilermo del Toro ont offert des exemples intrigants et substantiels de leur vision du monde dans Babel, Children of Men et Le Labyrinthe de Pan. Le dernier de ceux-ci, le seul de cette triade avec un titre espagnol, est un contrepoint aux deux autres, il s'agit de Del Toro retournant à ses racines, à son alchimie entre le cinéma pop et le cinéma d'auteur, pour nous offrir un regard à travers les horreurs de la guerre, ici la guerre civile espagnole. Jumeau d'un autre magnifique tableau de la guerre civile, L'Echine du Diable, Le Labyrinthe de Pan nous offre une tragédie sous le masque d'une fantasy plongeant au fond d'un puits de souffrance et de magie. Sa puissance réside dans sa pureté : rien de ce que nous pouvons imaginer n'est aussi terrible que ce nous pouvons nous faire entre nous."| Ana Maria Bahiana, Freelance, Brésil

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" « Un groupe d'enfants agit ensemble pour perpétuer des crimes  » est déjà annonciateur de prémices pour le moins perturbantes. En posant l'histoire dans un village du nord de l'Allemagne durant les mois précédant la Première Guerre Mondiale, Haneke n'a pas seulement défié le mythe de l'enfance innocente mais a aussi délivré un prequel fictif aux évènements qui allaient se dérouler en Allemagne. La photographie crispante en noir et blanc ajoute au sentiment d'une allégorie, mais des parallèles n'en sont qu'à peine suggérés (comme la purge des « indésirables » qui prend place). La culpabilité et la malice sont dans l'air avec n'importe quel film de Haneke, et personne en particulier n'est à blâmer. Même s'il traite du passé, Le Ruban Blanc parle aux audiences de ce siècle avec une vision troublante du danger de la vertu, une menace omnisciente qui semble toujours récurrente." | Fernanda Solorzano, Letras Libres Magazine, Mexique

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"Avec Mad Max : Fury Road, Georges Miller a débloqué le blockbuster moderne à plein régime. Exposant une vision cohésive d'un voyage structuré construit autour des thèmes de la survie et de l'endurance, la quatrième entrée dans la franchise dystopique expose d'une certaine manière la sécheresse narrative et thématique dans la machine à blockbuster hollywoodienne. Avec un casting en or, le film redéfinit la place du cinéma d'auteur au sein du cinéma mainstream, en dessinant une perspective idiosyncratique et singulière qui réfute les réalisations dirigées par des comités. Sans avoir recours au cynisme gratuit et au faux sable, Miller met le doigt sur la sensualité des environnements, les machines façonnées avec attention et les paysages brûlés. Sa vision du futur est peut-être lugubre, mais elle reste remplie d'émerveillement et d'un espoir venant de l'ingéniosité humaine." | Justine A. Smith, Freelance, Canada

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"Synecdoche, New York a été initialement conçu lorsque Charlie Kaufman fut approché pour faire un film d'horreur. Pourtant au lieu de tueurs masqués et de monstres extraterrestres, Kaufman expose un film sur les choses qui nous empêchent réellement de dormir la nuit. Synecdoche, New York est chacune des peurs que nous n'ayons jamais eu, celles enracinés en nous et révélées au grand jour : vous avez déçu votre épouse et échoué à élever vos enfants, vous avez laissé les gens que vous aimez mourir seul de morts atroces, et vous ne terminerez jamais le travail que vous étiez destiné à faire parce que vous, aussi, atteindrez le bout avant que vous le sachiez. Et c'est, paradoxalement, ce qui rend son propos solide. Le chef d'oeuvre de Kaufman n'est pas joyeux, mais il nous étouffe avec une ambition sauvage et débordante d'empathie. C'est un rappel que même lorsque tout est sombre, nous ne sommes pas seul." | Angie Han, Slamfish, US

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"The Grand Budapest Hotel est la déclaration d'adieu du 21ième siècle au siècle précédent. Il nous fait faire un bond en arrière dans le temps d'aujourd'hui pour revenir en 1985, 1968 puis 1932, où le concierge de Ralph Fiennes Monsieur Gustave nous acceuille dans la vrai civilisation en nous saluant. Nous savons que le monde immaculé de Monsieur Gustave se penche vers la destruction, d'abord par la guerre, puis avec des décennies de négligeance. Inévitablement, le présent fainéant et impersonnel gagnera , produisant en masse non seulement nos hôtels, mais aussi nos cinémas et les blockbusters sur leurs écrans. Wes Anderson a passé sa carrière à brouiller les tableaux. The Grand Budapest Hôtel ennoblit sa profession . Soudainement, les lampes décadentes de Gustave représentent l'espoir de l'humanité pour surmonter l'obscurité et cette tragicomédie excentrique nous enrôle dans le combat pour la beauté. Monsieur, oui, monsieur." | Amy Nicholson, MTV, US

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"Par pitié arrêtez de chercher à savoir ce que Bill Murray dit à Scarlett Johansson à la fin du magnifique et doux-amer second film de Sofia Coppola ; les mots ne sont pas important, et le moment est seulement si puissant que parce qu'on ne peut pas les entendre. Impératrice de la représentation de l'ennui au cinéma du 21ième siècle, Coppola s'est toujours servie de la célébrité comme d'un raccourci à la solitude qui existe entre la vie privée et l'image publique. Mais c'est cette brève entrevue dans les rues de Shinjuku, ce dernier au-revoir entre une jeune désorientée diplômée de philosophie et une ancienne star du cinéma désenchantée, qui ancre Lost In Translation comme son film le plus parfait, celui qui montre au mieux comment ça peut être de se retrouver dans un monde qui nous laisse rarement oublier où nous sommes." | David Ehrlich, IndieWire, US

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"Le chef d'oeuvre ambitieux, puissant et ultimement élégiaque de Paul Thomas Anderson pose la question de si un homme n'est, en vérité, qu'un animal. Alcoolique tourmenté, Freddie Quell (Joaquin Phoenix) revient de la Seconde Guerre mondiale et tente, sans succès, d'être accepté par la société américane post-guerre en pleine évolution. Il trouvera alors une sorte de délivrance en la compagnie et par l'éducation du leader d'un culte urbain, Lancaster Dodd (Philip Seymour Hoffman). Beaucoup ont fait des rapprochements entre la Scientologie et la cause de Dodd, mais le véritable thème est l'exploration de la pensée et de la conscience, et si la soumission à des organisations croyantes peut vraiment conquérir l'athéisme. Tout se termine de manière énigmatique et obsédante par un mystérieux appel téléphonique, une sérénade mélancolique, un au-revoir caché. Après de multiples re-visionnages, on remarque bien que cette création singulière de Dodd est bel et bien l'oeuvre d'Hoffman à son apothéose, par cette interprétation qui aurait pu être caricaturale et même comique si le film n'était pas tellement, tellement triste." | Ali Arikan, Dipnot TV, Turquie

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"Tous les films de Michel Haneke sont faits pour vous hanter. Avec Caché il rentre dans dans le vif du sujet et fait de l'idée même de l'obsession le thème de cette histoire. Daniel Auteuil et Juliette Binoche interprètent un couple de parisiens bourgeois qui commence à recevoir des vidéos inquiétantes montrant leur maison. Qui les observe ? Et que révèlent vraiment ces enregistrements ?
Au fur et à mesure que l'on réalise que la véritable révélation repose dans la réaction du couple à ces enregistrements, les choses commencent à se dissoudre. Conflit intérieur et extérieur, les culpabilités individuelle et collective ne font qu'un tandis qu'Haneke nous expose un personnage qui doit faire face à ses crimes et à ceux de son pays. La reconnaissance de ses actes constitue l'impératif moral au cœur de Caché, ce qui en fait un film suprême à la fois politiquement et cinématiquement." | Hannah Pilarcrzyk, Der Spiegel, Allemagne

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"Le Memento de Christopher Nolan, un film tel un casse-tête hermétique à propos d'un homme ne pouvant plus reformuler de nouveaux souvenirs et qui recherche le meurtrier de sa femme, instaure un standard pour la sophistication narrative que peu de films mainstream ont essayé de reproduire. Cependant, sa structure difficile, une ouverture avec la scène finale pour poursuivre son chemin à l'envers, n'est pas une astuce, elle sert également l'objet d'une thématique, nous plongeant autant dans l'inconnu que l'est notre protagoniste. Avec ce film nous sommes forcés de constater la faiblesse de la mémoire humaine et notre tendance à l'auto-critique, tout en nous tenant en haleine avec une captivante histoire de polar-noir. Une tragédie existentielle qui se cache derrière un genre pulp fiction ? Tout simplement inoubliable." | Eric D Snider, Freelance, US.