2018 • THE BERGERIE

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Parenthèse enchantée en plein paradis perdu, Call Me By Your Name est une œuvre inspirée, musicale, voluptueuse, amoureuse de l’amour et de l’ivresse. Ces derniers inondent la fièvre solaire d’un été bucolique, rythmé par le heurt et l’entremêlent des corps et des cœurs.

Éthéré, lettré, charnel, le film de Guadagnino nait d’un baiser, et fait virevolter l’éphèbe Elio et l’érudit Oliver dans un torrent de désir et de passion, jusqu’à un final inoubliable et indélébile. Enivrant.

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C’est au cours d’une enquête obsessionnelle, surréaliste et cryptique que David Robert Mitchell plonge un loulou naïf et consentant dans les profondeurs ténébreuses de la Cité des Anges, loin de la monotonie.

Sur fond de scandales et de conspirations, le réalisateur tisse les toiles d’une nébuleuse hallucinée pour traiter du sens caché que recèlent les choses qui nous sont chères, à savoir la “pop culture”, et l’océan immergé sous une ville bâtie sur des rêves et des images animées.

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Phantom Thread figure le double dessein du sentiment amoureux : parce qu’il nous rend affectueux, mais aussi terriblement malades. Tel est le pacte entre un grand couturier anglais torturé par les images de ses robes et sa muse qui lui sert d’objet, mais aussi d’épure à son propre travail.

Porté par la mise en scène millimétrée de Paul Thomas Anderson, ce duo désespéré, romantique, et donc vertigineux, tient en équilibre sur le fil si mince des sentiments, tel un fantôme.

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Avec Isle of Dogs, Wes Anderson pose deux questions fondamentales. La première est engagée : comment (sur)vivre face à l’autoritarisme? Ces chiens et ces humains sont dessinés, conceptualisés et animés pour un bien commun : faire revivre la vie que nous partageons à chaque instant. Et enfin, justement, comment donner vie au cinéma?

Nous pouvons toucher, parler, sentir ces marionnettes. Deux réflexions virtuoses, et une sensation inoubliable. Et si l’animation était un recours à notre réalité?

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Maestro des expériences viscérales en salles, Gaspar Noé invite une troupe de danseurs recrutés lors de ses explorations voguing à une soirée infernale, dont chaque note, chaque impulsion, chaque coup glace et ensorcelle avec un réalisme uppercut.

En offrant l’extase comme seule réponse au vide de nos existences et à la censure de nos instincts les plus primaires, Noé anatomise la vacuité de la vie en se passionnant pour ce qu’elle peut offrir de plus charnel et animal. Dantesque purgatoire.

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Le nouveau brulot de Lars von Trier est la continuation logique de ce qu’il a entrepris jusqu’à présent. Après les portraits de femmes dans Antichrist, Melancholia et Nymphomaniac, c’est au tour d’un homme, le clownesque Matt Dillon, dans ce qui s’apparente à une farce sur l’Homme et ses pulsions, mais qui ressemble plus que tout à une somme des obsessions du cinéaste danois.

Un travail magistral, hilarant, dérangeant, aux confins du chaos.

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Le dernier Lion d’Or suit l’existence de Cleo, domestique d’une famille aisée entièrement dédiée au bien-être de ses patrons et de leurs enfants. Roma dessine sa place délicate dans un foyer en pleine déliquescence, mais aussi dans le monde en tant que femme, future mère, épouse, etc.

Chaque détail de l’environnement est sublimé au fil de plans magistraux dont seul Cuarón a le secret, faisant de la maison le spectacle d’un tourbillon d’amour, et de la plage une éternité crépusculaire.

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En relatant l’introspection du révérend Ernst Toller (impérial Ethan Hawke), Paul Schrader exalte la complexité de la condition humaine face à la destruction du divin. Faisant peser ses 71 ans, le cinéaste nous tourmente au fil d’une œuvre viscérale et réveille en nous des feux qui urgent d’être ravivés dans un quotidien malade, miné par notre propre égoïsme.

Une élévation précieuse du dialogue spirituel, comme un clin d’œil prémonitoire à tous ces lendemains possibles, s’ils en sont.

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Chaque année, une prouesse coréenne. Avec Burning, Lee Chang-dong offre l’un des héritages hitchcockiens les plus réussis de ces dernières années. De ce Vertigo en mode replay amoureux, c’est toute une cartographie vertigineuse des sentiments qui se dégage et se dresse face à un jeune homme errant dans les contrées du doute existentiel.

Une proposition de cinéma exaltante, faite de patience et de permutation entre les genres.

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Martin McDonald s’enfonce dans l’Amérique profonde au fil d’une dramédie noire et violente dans laquelle la mère d’une jeune fille assassinée décide de s’en prendre au chef de la police, incapable de trouver les coupables.

Une femme tigre, bulldozer, mère colère littéralement en uniforme de guerre, qui prend son destin en main contre le patriarcat et le racisme, autour de personnages grinçants écrits avec profondeur et passion, sans la moindre concession. Americana.


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Dans cette immense exploration formelle, où les fluides et les matières se confondent jusqu’à s’accoupler, Bertrand Mandico s’affirme comme l’un des artistes les plus audacieux de cette jeune génération de cinéastes français.

Avec Les Garçons Sauvages, ces genres qui tombent pour mieux renaître ont galvanisé nos sens. À mi-chemin entre La Planète Sauvage et La Carte au Trésor, c’est un cinéma épris d’images et anti-naturaliste, qui s’exhibe à cœur joie.

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C’est une histoire politique, celle de l’URSS déclinante des années 80. C’est aussi une histoire de musique avec des jeunes rockeurs qui s’inspirent de la musique de l’Ouest. Et c’est surtout un hymne à l’émancipation et au sentiment amoureux, dans ce qu’ils ont de plus charnel et mélancolique.

Une note de comédie musicale ici, une incrustation animée là-bas, et un noir et blanc de satin pour mieux nous bercer. Réalisé par Kirill Serebrennikov, actuellement assigné à résidence à Moscou…

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Grâce à sa sensibilité habituelle greffée aux histoires familiales, Hirokazu Kore-eda atteint avec Une Affaire de Famille l’épure de son cinéma.

Récompensée légitimement d’une Palme d’Or, cette reconstitution des rapports familiaux – frères et sœurs, enfants et parents – est aussi bien une question de vérité que de sentiments ; c’est ce pacte qui nous lie tous, qui rend à l’humain ce qu’il parfois oublie, à savoir l’amour pour son prochain, quel qu’il soit.

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Jeune fille née dans un corps de garçon, Lara rêve de devenir danseuse étoile. Soumise à un dilemme existentiel (qui n’en est rien face à sa conviction), celle-ci essuie chaque jour une pluie de regards indiscrets, mais aussi le sien - le plus cruel d’entre tous - face à un corps et une sexualité qui ne sont pas encore siennes.

Une fable éblouissante et fondatrice sur la poursuite du vrai soi, en plus d’être un manifeste ô combien actuel sur l’écoute et la tolérance.

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Nouveau venu dans le paysage du cinéma horrifique, Ari Aster propose avec Hereditary un premier long-métrage maudit et dérangé, malsain jusqu’au plus profond de ses entrailles.

C’est avec un sens impressionnant de l’espace et de la composition que le jeune auteur décortique cruellement les méandres profanes d’une famille ordinaire, dans une atmosphère suffocante de maison de poupées, faisant battre tambour en nous sans le moindre jump scare. Ari faites-nous peur, encore et encore.


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Non-remake absolu, Suspiria est le mariage délicieux entre l’héritage du fameux “giallo” popularisé par son auteur originel, Dario Argento, et la détermination appliquée d’un cinéaste attaché à étoffer le matériau de base de vibrations inédites, pour une passation de flambeau référence.

Sobre et habitée, cette réécriture perd en néons et en fluor, mais enflamme par la mystique de ses interprétations, le déchaînement de ses mouvements et la flamboyance de son aura. Hantant.

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