Cover Live reporter à vot' service

Live reporter à vot' service

Il m'arrive d'aller à des concerts, et blablater longuement sur ce que j'en pense.

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36 albums

créee il y a presque 9 ans · modifiée il y a plus de 8 ans

Last Summer
6.9

Last Summer (2011)

Sortie : 12 juillet 2011 (France). Alternative Rock, Rock

Album de Eleanor Friedberger

T. Wazoo a mis 8/10.

Annotation :

01/10/11

Eleanor Friedberger, moitié émancipée des Fiery Furnaces venant défendre sa carrière prometteuse à Paris, à deux pas (à l'échelle mondiale) de chez nous ? Pour 12 euros, je ne louperais ça pour rien au monde. Une heure et demi de trajet passée à me morfondre sur ma condition de banlieusard mal desservi plus tard, j'arrive 20 minutes avant le début officiel des hostilités. La Flèche d'Or, salle de concert sympatoche, se prépare tranquillement au concert qui va débuter.

[...]

Bon merde, c'est la frangine Friedberger qu'on est venu voir ce soir. Il est 23h, où qu'elle est ? Ah ! La voilà qui monte sur scène avec sa guitare. Euh... toute seule ? Pas de batterie ? Pas de piano ? Pas de basse ? Pas de couillon poseur pour agiter un tambourin ? Rudement courageuse, la demoiselle, de venir défendre à elle toute seule son excellent premier album aux arrangements pourtant si travaillés ! Soit, attendons de voir ce que cela va donner.
Alors qu'elle entame sans autre forme de procès une première chanson, se pose pour moi le problème des lourdauds égocentriques qui se cachent dans le public. Adossé à l'échafaudage gauche juste devant la scène, je dois supporter le crétin tombeur qui raconte ses émois musicaux d'une voix forte à la nana subjuguée qui l'accompagne. Avant le commencement de "Early Earthquake", je change de côté de scène pour aller m'adosser à l'échafaudage droit... où m'attendent bien sûr deux allemand (néerlandais ?) qui discutent entre eux de leurs grosses voix de bavarois tyroliens. Tant pis, je leur intime patiemment de baisser d'un ton, et bons joueurs ils partent emmerder leur monde quelques mètre plus loin.
Je peux enfin profiter pleinement de l'interprétation de la miss Eleanor. Qui prouve à ceux qui en doutaient encore son talent de composition. Car même dépouillées de tous leurs arrangements, ses chansons brillent et atteignent leur but. Restent les aléas du live : Eleanor, régulièrement, se trompe d'accord, fait une fausse note par-ci par-là mais s'en amuse, s'interrompt et reprend comme si de rien était ! De plus, il lui est difficile d'exprimer au mieux son phrasé si personnel lorsqu'elle doit en même temps assurer la guitare rythmique.

Le live d'Eleanor avait ses petits défauts, mais restera dans l'esprit des fans (qui seront conquis par son interprétation dépouillée) le souvenir de cette honnêteté, de cette simplicité de cette présence et de ce beau rappel pour "One Month-Marathon".

http://www.xsilence.net/concert-1879.htm

Tassili
7.5

Tassili (2011)

Sortie : 29 août 2011 (France). Blues, Folk, World, & Country

Album de Tinariwen

T. Wazoo a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

21/11/2009

Je suis arrivé à ce concert presque par erreur, je ne savais dans quoi je mettais les pieds. [...]
Et au lieu de me retrouver face à une bande quelconque de vocalisateurs au vibrato hyper tendu en djellaba, c'est un groupe chaleureux en tournée mondiale (je ne le saurais pas avant longtemps), qui joue depuis plusieurs dizaines d'année un peu partout sur la Terre et qui commence à se faire un vrai nom dans la musique populaire, que je trouve face à moi. Une bande de zouaves (en djellaba, j'avais au moins raison sur ce point) souriants qui inonde la salle de son ambiance presque psychédélique dès les premières notes de guitares.

Car le groupe algérien a depuis bien longtemps troqué les flûtes contre des guitares électriques du meilleur effet pour leur musique. Pour la première fois, j'entends la musique du désert envahir mes sens impuissants. Et quelle est cette étrange langueur, ce rythme trainant qui charrie la souffrance séculaire ? Serait-ce du blues ? Tout juste. Ce qu'avait oublié de préciser mon amie était que Tinariwen, car c'est leur nom, était un groupe de blues touareg ! Et, bon Dieu, ce soir là ces gens semblaient avoir tout compris. Le blues a depuis longtemps illustré le martyr du peuple Noir réduit maintes fois en esclavage. Il illustra ce soir là le monde impitoyable des touaregs nomades qui se battent quotidiennement contre le désert meurtrier qui est à la fois leur pire ennemi et leur seul hôte.
Reposants pour beaucoup sur un seul accord décliné à toutes les sauces, les morceaux des nomades semblent se fondre en une seule et même mixture hypnotique et chaude, un mirage musical propre à prendre toute une salle dans ses griffes illusoires.
L'heure passe ainsi, trop vite, et en soixante minutes mes préjugés bancals furent balayés face à la tempête de sable que je venais de me prendre en pleine face.

Plus tard, avec le recul et mes connaissances nouvelles sur le groupe, j'ai réalisé la chance que j'avais eu de pouvoir assister à cette heure magique d'un groupe qui ne reste jamais deux jours au même endroit. Je me suis demandé, aussi, si Clamart avait réalisé pleinement ce qui lui était arrivé ce soir là. Si le maire, dans sa traditionnelle poignée de main aux dents blanches, avait vraiment profité de ce petit moment d'intemporalité qui lui avait été gracieusement offert. Eux je ne sais pas... moi oui, et depuis un petit morceau de moi voyage dans chacun de leurs albums.

http://www.xsilence.net/concert-1889.htm

Silencio
7.2

Silencio (2012)

Sortie : 23 juillet 2012 (France).

Album de Lætitia Sadier

T. Wazoo a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

25/05/2014

Ce n'était que le hors-d'œuvre. Neutral Milk Hotel en tête d'affiche, reformation après 16 ans de silence radio d'un groupe devenu culte. Et Laetitia Sadier était chargée de préparer le terrain, rien que ça.

En tout cas, on remarque avant tout sa ponctualité : 19h30 et le premier accord retentit déjà. Je me repère au son en titubant dans le noir jusqu'au devant de la scène. Laetitia est là, avec la tête de celle qui vient d'être parachutée sur la scène par des aliens et qui a un peu du mal à comprendre qu'elle est bien là. Pour autant aucune fausse note, la chanteuse et ses deux compatriotes (un batteur et un guitariste) sont pros et exécutent à la perfection les morceaux dont la grande majorité sont issus de son dernier Silencio!, qui était un franc succès luxuriant. A ce titre il est impressionnant de constater la richesse live du son du trio (qui devient ponctuellement quatuor lorsque "Julien", garçon nonchalant sorti de nulle part, vient faire son guest aux maracas et au chant), sachant le rôle primordial qu'avait la production du studio dans la réussite du disque. Sur scène, Laetitia présente chaque titre, en traduisant lorsque c'est nécessaire le titre en français (ben oui, s'agirait pas d'oublier que l'ancienne moitié de Stereolab est une frenchie, qui s'exprime musicalement indifféremment dans les deux langues), ou bien même parfois en nous racontant une anecdote sur le morceaux. En sus on aura même eu le droit à des vannes et quelques remarques philosophiques mystérieuses.

Gros bravo pour les trois musiciens donc, qui lorsque sonne l'heure de tirer la révérence peuvent être fier d'avoir efficacement chauffé la salle face à un public pas forcément connaisseur, mais en tout cas très réceptif à leurs efforts. Ils semblent certes avoir réussi à trouver le "pouls de l'univers" comme le promettait la chanson, mais trève de bavardage il est temps de passer aux choses sérieuses... La suite se passera chez NMH !


NB : Ce fut d'ailleurs l'occasion pour elle de nous rappeler que son prochain album est en route, tout en nous jouant deux morceaux (un single énergique et un autre plus planant) qu'on pourra retrouver dessus.

Plop :
http://www.xsilence.net/concert-2007.htm

In the Aeroplane Over the Sea
7.3

In the Aeroplane Over the Sea (1998)

Sortie : 10 février 1998. Indie Folk, Indie Rock

Album de Neutral Milk Hotel

T. Wazoo a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

25/05/2014

À l'heure où j'écris ces lignes, ce concert est vieux de presque 4 mois. J'avais dans ma tête une chronique pour ce concert. Un texte fantasmé dans lequel je me voyais, fébrile, tâcher de retranscrire à grand renfort de métaphores l'atmosphère du concert ; applaudir la qualité des interprétations, vanter la joie des musiciens à jouer ces vieilles rengaines passées depuis à la postérité comme si c'était la première fois ; décrire, les yeux humides, ce public conquis, uni par la musique, qui pogote allègrement en braillant à pleins poumons ces paroles apprises par coeur pour les renvoyer à un Jeff Mangum barbu, digne dans son statut de messie involontaire, qui ne peut que nous remercier sobrement entre chaque morceau, le poing sur le coeur et la voix chevrotante. Je me voyais retrouver foi en l'humanité en dessinant le portrait incroyable de ce père de famille bâti comme un roadie de Metallica, qui protégeait sa petite famille de la foule déchaînée en se posant là, comme un roc hilare contre lequel nous rebondissions entre "Song Against Sex" et "Ghost" avant de repartir jouer des coudes vers d'autres moites horizons. Je me voyais enfin composer un éloge funèbre à mon casque piétiné, triste spectacle qui peine pourtant à ternir le souvenir du concert.

J'avais tout ça en tête en sortant du Trianon, j'en agençais mentalement les différentes parties sur le chemin du retour, avec à terme le projet de pondre un texte à chaud dès mon arrivée dans ma petite banlieue. Un texte forcément passionné, encore tout imprégné de l'expérience live. Une fois devant l'ordi, panne sèche. Je suis là, béat, face à la page blanche (et rouge) de XSilence ; mes oreilles encore bourdonnantes me hurlent qu'il y a un million de choses à dire sur ce concert, pourquoi serais-je incapable d'en écrire ne fût-ce qu'une seule ? C'est peut-être bien ça justement, le problème. Trop de moelle à extraire, trop de souvenirs à hiérarchiser, trop de passion déjà entretenue pour leur album iconique et réactualisée par le live... Complètement dépassé par la tâche, je n'ai pu que me résoudre à aller me coucher, dépité.

(lire ma critique pour la suite, ça rentre pas en entier ici)

Emerald Sky
7.2

Emerald Sky (2015)

Sortie : 25 mai 2015 (France).

Album de Bärlin

T. Wazoo a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

22/10/2014

Deux heures plus tôt, je ne connaissais Bärlin ni d'Ève ni d'Adam, un petit oiseau inspiré m'a donné vent de leur existence et m'a convié à assister à ce qui ressemble de plus en plus à un rituel sacrificiel en musique. La clarinette fait enfin entendre sa voix charmeuse, tentatrice, sensuelle. Le bassiste s'apaise, s'approche du micro et entame une litanie en falsetto. C'est à s'y méprendre ; on croirait entendre des choeurs d'Antony Hegarty. "Tu verras, le chanteur a une voix de ouf, hyper grave, un peu à la Tom Waits" m'avait dit le petit oiseau. Pour l'instant, lorsque ledit front-man abandonne sa clarinette pour faire chanter son organe sur les harmonies de son pote, c'est encore le même Antony qui me revient à l'esprit. Peut-être suis-je obnubilé et aveuglé par l'image de celui qui est pour sûr mon chanteur préféré. Il n'empêche que je ne peux m'empêcher au long ce morceau en apesanteur, d'y voir deux faces du chant de ma diva transexuelle adorée, seulement à des hauteurs différentes. Qu'il soit conscient ou non chez Bärlin, c'est un héritage dont ils peuvent tirer fierté. Cette identité vocale leur permet d'introduire le concert à merveille, de nous faire décoller vers des cieux incertains, un brouillard délétère dans lequel on ira se perdre pendant près d'une heure.

À partir de là, le trio Bärlin enchaine les atmosphères envoûtantes, propulsé par une batterie puissante au tempo lent qui s'occupe de tenir les murs avec la basse saturée pendant que le chanteur/clarinettiste enchaine les riffs et les parties de chant fantomatiques. Au cours de la soirée, il s'avèrera que le petit oiseau avait raison en fin de compte quant au frontman (dont les traits semblent être un mélange réussi entre le Tom Waits blond de Closing Time et la dureté de Mark Lanegan) : le bougre dispose d'une ressource impressionnante lorsqu'il s'agit de pousser dans les graves. C'est même lorsqu'il touche ce registre là qu'il est le meilleur ; quand il se risque à une espèce de storytelling sombre et halluciné, que son regard gagne en intensité... Entre la narration noire et les hululements fantomatiques on ne peut certes pas dire que les gusses de Bärlin flirtent avec la lumière. M'enfin, cette noirceur ne les empêche pas d'avoir des potes à inviter sur scène avec eux ! [...]

http://www.xsilence.net/concert-2017.htm

CLPPNG
6.8

CLPPNG (2014)

Sortie : 4 juin 2014 (France). Industrial Hip Hop, Experimental Hip Hop, Hardcore Hip-Hop

Album de clipping.

T. Wazoo a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

07/11/2014

[...]

Le trio monte sur scène. Les deux DJs, côte à côte derrière leurs machines, en imposent déjà dans le paysage : l'un taillé comme une armoire à glace et l'autre arborant une impressionnante barbe rousse. Mais lorsque Diggs prend la parole, il est clair que le centre d'attention : c'est lui. Chevelure hirsute explosée, charisme immédiat, le mec a un style, cette espèce de petit sourire qui te donne l'impression qu'il est soit ton meilleur pote, soit le leader magnétique de la plus cool des sectes. Quoi qu'il en soit, dès les premières minutes il semble que clipping. est en territoire conquis. Mon pauvre cœur soumis, en tout cas, leur appartient déjà. Et ce malgré une intro en demi-teinte, où Diggs ne cesse de demander à avoir un retour plus fort. On peut presque discerner les gouttes de sueur dégouliner sur les tempes préoccupées de Snipes et Hudson derrière leurs machines de guerre. Cependant que le show commence pour de bon, tout est oublié ; clipping. est lancé et il ne s'arrêtera plus. Le crew entame le concert avec des morceaux de son premier album avant de passer à son petit dernier chroniqué en ces pages. Sachant que je n'ai jamais encore posé les oreilles sur leur premier opus, la façon dont ils m'entrainent malgré tout comme si je les avais connu toute ma vie est suffisamment parlante.

Le direct est une véritable consécration à mes yeux : clipping. est fait pour le live. Je les aime sur scène et sur disque, à chaque fois pour différentes raisons. A l'écoute de CLPPNG, ce qui retient mon attention sont les samples incroyables des DJs : minimalistes, étouffants, ils posent les bases d'une atmosphère unique, ménageant de grands espaces au sein desquels Diggs déclame ses textes. Ce dernier, si impressionnant qu'il puisse être lorsqu'il s'agit de rapper à la vitesse du son, ne m'apparait pas être l'acteur principal du crew, tant la moelle de leur musique réside dans ce décor musical si particulier. Pourtant sur scène... les DJs s'effacent complètement derrière Diggs, bien conscients des capacités de showman de celui-ci. Magnétique, comme je le disais auparavant, il capte la foule et lui fait rugir ses refrains rageurs. Tiens, je n'avais pas réalisé jusqu'alors que clipping. avait des refrains si entêtants... Pourtant formellement identique sur scène et sur disque, le ressenti est foncièrement différent !

[...]

http://www.xsilence.net/concert-2024.htm

Deltas
7.1

Deltas (2014)

Sortie : 22 septembre 2014 (France). Electronic, Experimental

Album de Chapelier Fou

T. Wazoo a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

22/11/2014

[...]

C'est donc tout naturellement qu'on reste bloqué devant la scène, à garder soigneusement nos bêêêlles places et à regarder le crew du Chapelier Fou installer la scène. Ce qui est d'ailleurs un petit spectacle en soi vu le nombre d'instruments et de tables à disposer méticuleusement. Et pour cause ; pour transposer en live la musique de Louis Warynski, il faut un guitariste, deux violonistes, une violoncelliste, un clarinettiste, un saxophoniste, quatre claviériste, trois samplers, quatre bidouilleurs de tout poil. Un beau monde ! Pourtant, quand le concert commence, c'est tout juste quatre musiciens que l'on voit débarquer. On comprend vite que les 3 zozos qui accompagnent le Chapelier ne sont pas de branques ; tous forcément multi-instrumentistes et capables de reproduire sur scène des compositions d'une prodigieuse méticulosité avec une précision bluffante. Quand le show commence, c'est une bulle qui se forme instantanément autour de la scène, rien n'entre rien ne sort, tout se joue entre ces quatre là et nous. Nous sommes à fond dedans, pris par la féérie luxuriante de l'orchestration électro-acoustique qui virevolte devant nos yeux et affleure nos tympans... Eux ne le sont pas moins. Loin d'une concentration extrême condamnant à l'immobilité, les quatre s'amusent comme des petits fous. Dynamiques, hilares, les musicos se tirent la bourre entre jeux de regard, questions-réponses effrénés, airs extatiques et autres instants de pure allégresse. Chacun dégage son aura ; il y a le petit-rigolo aux cuivres, le grand-barbu pareil à Sainte-Thérèse dans l'extase, la nana exaltée, et forcément le maître de cérémonie, serein dans sa dignité. On a droit à l'entièreté du dernier album, le très bon Deltas, ponctué de quelques morceaux plus anciens, bien rodés pour le live.

[...]

http://www.xsilence.net/concert-2027.htm

White Death & Black Heart
7.8

White Death & Black Heart (2011)

Sortie : 1 octobre 2011 (France).

Album de Peter Kernel

T. Wazoo a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

22/11/2014

Drôle de rencontre que celle de Peter Kernel. Je n'étais pas venu pour les voir ce soir là, c'était plutôt Chapelier Fou ma cible première. Mais je ne vais pas bouder mon plaisir, car la parenthèse que constitua le groupe fut idéale après le set horrible de Crevasse. De quoi nous remettre sur pied en attendant la beauté gracile du Chapelier.

Première chose à remarquer, le duo de Barbara Lehnoff et Aris Bassetti. "Nous vénons dé Lille, alow ça nouw fait twé playsir de reveniw apwès tout cé temps !" Et mon cul c'est du tofu ? Le pire c'est qu'en néophyte je les ai cru, jusqu'à ce que leur site me dévoile la terrible vérité. Non, idiot, ils sont canado-suisse, tu en doutais ? Mais parlons musique, même si le tour de la question sera plutôt vite fait : Peter Kernel c'est du rock. Quoi, ça ne veut rien dire ? Le rock est le genre le plus pot-pourri de l'histoire ? J'aurais tendance à être d'accord, mais le groupe me fait douter... Et si en fait le rock c'était juste ça ? La base, du bon vieux guitare-basse-batterie joué à fond, en rigolant entre deux cris ? Pour sûr qu'ils se marrent les deux couillons. Elle à gratter sa basse tout en éructant ses textes comme une Kim Deal, lui à chanter plus aigu qu'elle en maltraitant sa pauvre guitare. Et bordel ce que c'est communicatif ! On a envie de rire avec eux, de bouger avec eux (d'ailleurs dans le public on se gêne pas), de chanter avec eux - sauf qu'on connait pas les paroles. Et quand le rock primaire laisse place à une ballade soft, les musiciens ne manquent pas de le tourner en dérision : "Mainténant, onne va dormiw oum peu, vous vouley oune chanson pouw dormiw ?"

Et si j'ai un peu perdu le fil aux deux tiers, ce n'est certainement pas le fait d'une perte de vitesse du groupe mais plutôt à cause de deux greluches venues se rouler des palots juste devant nous en essayant de parler plus fort que la guitare de monsieur Aris. Rapé madame connasse, t'as juste réussi à me faire grogner. Ceci mis à part, tous mes remerciements vont donc à Peter Kernel, une belle découverte qui aura su me remettre sur pied, me redonner foi en la soirée avant d'aborder le Chapelier Fou qui tiendra toutes ses promesses.

http://www.xsilence.net/concert-2028.htm

1 (EP)
7.9

1 (EP) (2014)

Sortie : 1 décembre 2014 (France).

EP de Rien

T. Wazoo a mis 9/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

27/11/2014

[...]

Ils sont 5 à monter sur scène. Deux guitaristes, un bassiste et deux batteurs-percussionnistes. Alors que le groupe fait ses derniers essais sons, la prodigieuse qualité des compositions de Rien éclate déjà. Une simple ligne de batterie, quelques notes de guitare éparses et voilà le morceau correspondant qui se déroule dans mon crâne. Si ça c'est pas la preuve d'une identité profonde de leurs compos, je vois pas ce que c'est. Pfff... Le concert n'a pas commencé que j'ai déjà des étoiles dans les yeux. Je suis une cible trop facile, conquis d'avance. Le set durera près de deux heures d'après ma montre. Selon ma perspective, le temps s'est arrêté dès la première note de " This Is Our Grunge ". J'ai mis toutes les chances de mon côté pour bien prendre ma claque ; premier rang, au mépris total des spectateurs de petite taille (que j'ai fini par laisser se frayer une place devant moi, je ne suis pas un monstre non plus) et en plein milieu, de manière à ce que les mecs sur scène n'aient d'autre choix de mater ma sale gueule béate pendant tout le concert. Claque prise, donc ; en même temps les zicos ont mis le paquet niveau tracklist. Je ne me souviens absolument pas du titre de celles qui ont été jouées, pour cause de syndrome poisson rouge, mais les mecs ont ratissé large. Un peu de Requiem pour des baroqueux par-ci, de 3 par là, du 2, l'excellent " Défaite des Vainqueurs " du dernier EP, et surtout beaucoup, beaucoup de Il ne peut y avoir de prédiction sans avenir, leur indiscutable chef-d'oeuvre. De quoi me mettre aux anges... Niveau interprétation, c'était assez incroyable de voir des morceaux si ambitieux être rendus dans les moindres détails, avec tout la fluidité du studio conservée dans le live. C'est un peu comme une confrontation avec le réel, mais sans la part habituelle de désillusion. Au contraire, la réalité dépasse l'image qu'on s'était faite. Ainsi s'enchaînent, presque sans pauses, les morceaux les plus virevoltants et ceux plus planant, monolithiques. A ce stade, l'ascenseur émotionnel ne s'arrête plus aux étages ; il se contente de faire des allers et retours frénétiques. Un point culminant de la soirée, peut-être, sera l'intervention de Jull, déclameur de textes imagés, contributeur récurrent du groupe et collègue de l'Amicale Underground. Ce mec dégage un bon gros charisme. J'ai jamais vu quelqu'un avoir autant l'air de faire l'amour avec un pied de micro... Pour un peu j'étais émoustillé... Hem.

(lien ci-après)

Silence
7.2

Silence (2011)

Sortie : 26 octobre 2011 (France).

Album de Ed Wood Jr

Annotation :

27/11/2014

[...]

Au bout d'un certain temps, voilà deux mecs qui montent sur scène avec leur petit mur d'amplis à eux - ils prennent plus de place à deux que Rien à cinq. Ed Wood Jr. Un bon point pour le nom, celui du plus culte des mauvais cinéastes. Un sosie de Jake Gyllenhaal modèle réduit – à la guitare + chant – et un batteur aux yeux fous l'incarnent. Ce set du duo aura eu le mérite de me permettre de formuler pourquoi est-ce que j'ai du mal à accrocher à ce qu'on appelle le " math-rock ". Musique de grands techniciens par excellence, Ed Wood Jr. joue de façon millimétrée des compos nerveuses, tout à la fois changeantes et contrôlées. Du bûcheron, le batteur n'a pas que la chemise ; il tape comme un bœuf – un bœuf précis, notez – et mes pauvres tympans s'en souviennent. Il y a au moins trois limites live à l'approche du duo. Première ; ce contrôle limite obsessionnel des pirouettes instrumentales ne me touche pas vraiment. Je tire mon chapeau à leur maîtrise, mais je n'y sens pas ce côté humain, cette mise en danger qui pourrait m'impliquer dans ce qui demeure au final une simple " performance ", au sens sportif du terme. Ensuite, les mecs sont tellement concentrés sur le réglage minutieux de leurs morceaux, notamment dans la mise en place des loops qu'au final j'ai l'impression de voir un technicien penché sur ses machines pour que le résultat soit cohérent avec l'idée de leurs compos rigides. Au temps pour le jeu de scène. La troisième est le corollaire de la seconde : si ça foire... C'est moche. Ed Wood Jr a eu quelques problèmes de son, des loops loupés, et le batteur de tourner dans le vide pendant que Gyllenhaal bidouille pour trouver ce qui cloche. Le piège de l'extrême rigueur de leur compos rigides se referme alors sur eux. Je suis pas très sympa, en vrai j'ai apprécié certaines choses, dont le son incroyable de leur synthé/basse, mais c'était surtout quelque chose à extrapoler au math-rock en général. Cérébralement satisfaisant, émotionnellement par contre... Finalement, son set terminé, le duo se retire sous les applaudissements, et après une demi-heure de parlotte avec le chanteur de Bärlin présent dans la salle, c'est au tour de Rien de mettre le feu à Péniche.

http://www.xsilence.net/concert-2029.htm

Veils
7

Veils (2011)

Sortie : 14 mars 2011 (France).

Album de The Oscillation

T. Wazoo a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

30/01/2015

[...]

Une bière-clope plus tard et nous voilà de retour juste à temps pour voir The Oscillations commencer leur set. Enfin juste à temps... Façon de parler, le premier morceau a déjà commencé et nous voilà perdus au fond d'une Maroquinerie bondée. The Oscillations, si vous avez bien suivi, étaient censés être le clou de ma soirée. Comme quoi, tout le monde peut se tromper. Le set ne fut pas mauvais, seulement extrêmement redondant. Tout était redondant ; les morceaux en eux-mêmes et les morceaux entre eux. La formule du groupe est usée jusqu'à la moelle depuis aussi longtemps que le krautrock existe, mais en studio les oscillants parvenaient à insérer une nuance salvatrice qui nous intriguait jusqu'au bout. Ici, malheureusement, aucune de ces nuances ne se fait sentir. Pour chaque morceau le groupe pose une ambiance pendant la première minute... Et s'y tient tout du long, avec des solos de guitare du leader pour remplir le vide. Et chaque fois c'est pareil. Tout le temps. *baille*. Et autre détail d'importance ; on a pas réussi à se mettre d'accord entre nous, le claviériste était-il un homme ou une femme ? Le débat a fait rage sans qu'on parvienne à un consensus, Chaos tenta même hardiment le compromis shemale ; si vous avez une votre point de vue à ce propos n'hésitez pas à nous le faire savoir dans le topic correspondant.

http://www.xsilence.net/concert-2033.htm

Irreal
6.7

Irreal (2015)

Sortie : 19 janvier 2015 (France). Avantgarde, Rock, Art Rock

Album de Disappears

T. Wazoo a mis 6/10 et a écrit une critique.

Annotation :

30/11/2015

[...]

C'est enfin au tour de Disappears de débarquer. Pour éviter la même déconvenue que pour The Oscillations, nous voilà au deuxième rang bien avant que le show ne commence. L'ami Butch est mon voisin de droite, je tâche de ne pas défaillir. Et pour vous décrire la musique du groupe en cette soirée, il me suffira d'expliquer en quoi l'attitude d'une bruyante minorité du public était déplacée (pour être poli). Dès la première ou deuxième chanson des natifs de Chicago, le bordel commence à ma droite. J'ai rien contre les pogos, croyez-moi, j'étais ravi de ressortir couvert de bleus de mon concert de Neutral Milk Hotel, mais merde y a un moment pour tout les gars... Disappears c'est certes du rock, avec un côté tribal sur les bords, mais c'est surtout contemplatif. Hypnotique. Un peu comme ce qu'essayaient de faire les oscillants de tout à l'heure mais en plus réussi car plus vivant. C'est loin d'être un appel à l'anarchie. Ce que n'ont de toute évidence pas pigé les connards à ma droite (pas toi mon Butch) qui n'ont pas cessé de pogoter comme des débilos anachroniques en emmerdant tout le voisinage. Ce fut certes l'occasion d'entendre une Lady Godiva balancer un hargneux " casse toi connard ! " à l'un des empaffés et de voir un Chaos en plein conflit interne (" normalement j'y vais, mais là faut pas, j'suis trop vieux pour ces conneries oukoi ? ") tâcher de justifier sa stature en repoussant calmement les hardis projectiles, mais quand même.

En somme, chapeau tout de même à Disappears, qui a su tenir la baraque et me convaincre en live là où le disque restait hermétique. C'est une approche tout à fait originale que le groupe a choisi, s'éloignant du rock à tendance kraut de Pre-Language. Du coup j'irai me re-farcir le petit dernier en attente de la félicité. La soirée ne s'est pas arrêtée là, mais ça les enfants, c'est une tout autre histoire !

http://www.xsilence.net/concert-2033.htm

Thrill Addict
7.3

Thrill Addict (2015)

Sortie : 19 janvier 2015 (France). Rock, Indie Rock, Post-Punk

Album de Peter Kernel

T. Wazoo a mis 10/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

25/02/2015

[...]

C'est donc au tour de Peter Kernel de faire son entrée. J'étais fin prêt ; Thrill Addict dûment écouté sur le trajet, refrains bien en tête, tout est là pour que je prenne mon pied. Il n'y a pas de twist pour renverser cette énonciation ; prise de pied il y a eu, mon amour pour le groupe s'en est trouvé confirmé et renforcé. Faut dire aussi qu'humainement, Aris et Barbara se posent là dans le genre adorables. Capable en quelques mots d'un français hésitant de partager leur complicité mutuelle avec le public. Ils auraient même pu me dire " Allez maintenant public, tape des mains, wouh ! " que je l'aurais fait, c'est vous dire. Mais ils ne l'ont même pas fait, tellement qu'ils sont cools. Quoi qu'il en soit, s'il y a bien une chose qui m'aura frappé durant ce concert, à ajouter aux qualités du duo, c'est à quel point leurs morceaux tirent leur force d'une grande économie de moyens. À l'opposé absolu des Robbing Millions dont les compos ne tenaient pas en place pour finir nulle part, on pourrait résumer la plupart des chansons du groupe à deux ou trois éléments, rien de plus. Une saillie rythmique joueuse, un motif de guitare à 4 notes, un cri répété comme un slogan et vous avez " High Fever " sur un plateau d'argent. Ce n'est qu'un exemple, mais il s'applique un peu partout chez eux. Le résultat, déjà épatant sur disque selon moi, est encore plus contagieux sur scène, alors qu'on se voit offrir la possibilité de scander avec eux ces refrains qui s'impriment dans notre mémoire avec une facilité déconcertante. Ces " Faya-ya-ya-ya-ya yayaya ", " It's gonna be great... tell your girl that it's gonna be good", "You know I miss it when we had work ! ", " You go on ! And on and on ! ", " You're like a God or something ? You're like a God or sommmh... " et autres " It's not about... being the best... at anything ! " qu'on peut aisément apprendre sur le moment. C'est bien la preuve qu'il ne suffit pas de grand chose pour qu'un morceau soit bon ; une direction pleinement établie, un motif accrocheur et c'est parti bobonne. Tout cela pour vous dire que oui, j'ai clairement kiffé ma deuxième expérience live de Peter Kernel, d'autant plus que j'étais préparé cette fois, bien accompagné et libéré des emmerdeuses qui m'avaient sorti du trip à Lille.

[...]

http://www.xsilence.net/concert-2035.htm

Superfuzz Bigmuff (Deluxe Edition) (EP)
7.3

Superfuzz Bigmuff (Deluxe Edition) (EP) (1988)

Sortie : 1 octobre 1988 (France). Rock, Alternative Rock, Grunge

EP de Mudhoney

T. Wazoo a mis 7/10.

Annotation :

23/05/2015

[...]

Alors quoi, Mudhoney grand groupe de rock ou pas, hm ? Les premières notes me constituent à elles-seules une bonne partie de la réponse. La qualité sonore est plutôt nazebrocke, avec un son brouillon qui laisse peu de place à la nuance (deuxième fois que je viens à l'Aéronef, deuxième fois que la balance est médiocre, coïncidence..?), mais malgré tout cela je ressens immédiatement le désir impérieux de bousculer du couillon pour me précipiter devant la scène où le pogo cérémoniel s'entame.

À partir de là, tout devient brouillon dans mon esprit. Je serais incapable de dire quels morceaux Mudhoney aura joué ('fin si, à la rigueur je me souviens de " Touch Me I'm Sick "), tout m'aura fait l'effet d'un seul et même riff jouissif répété en boucle, d'un Mark Arm se contorsionnant comme un Iggy Pop avec des vêtements, d'une énergie continue qui m'aura animé jusqu'à me projeter fiévreusement contre mes comparses sans trop réfléchir durant la majeure partie du show. Ouais c'était ça en fait... une fièvre de plus d'une heure et demie aux détails flous mais aux sensations encore vivaces aujourd'hui. Au grand dam de la lèvre inférieure d'un Chaos malchanceux. Si je devais faire le bilan, je pourrais comptabiliser une jambe boiteuse, des côtes douloureuses, un gnon sur la tempe, une épaule devenue bleu, des sifflements d'oreilles en continu pendant trois jours, la voix démolie, plus des souvenirs incertains... Je crois que le compte est bon, je dois pouvoir affirmer sans risques que j'ai assisté à un grand concert de rock.

Mudhoney grand groupe ? Je ne sais pas, mais ce soir là oui, sans aucun doute.

http://www.xsilence.net/concert-2042.htm

For You the Wild
7.5

For You the Wild (2014)

Sortie : 7 avril 2014 (France).

Album de Camilla Sparksss

T. Wazoo a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

01/06/2015

(cf critique)

http://www.xsilence.net/concert-2044.htm

Julie Doiron and the Wooden Stars
6.9

Julie Doiron and the Wooden Stars (2000)

Sortie : janvier 2000 (France).

Album de Julie Doiron et Wooden Stars

Annotation :

On a eu peur. Lorsque Julie Doiron – moitiée des popeux lo-fi d'Eric's Trip, responsable du superbe Lost Wisdom en collaboration avec Mount Eerie, et of course artiste solo de renom – seule sur la scène du Divan du Monde, empoigne sa guitare électrique et entame sa première bluette... c'est pas ça.

Dans tous les styles auxquels on a accolé ce qui est depuis devenu un préfixe, "indie-", on a l'habitude des voix cassées, disgracieuses, fausses, fatiguées, mais honnêtes. Mais ce soir, la voix de Julie est juste faible. Je commence à bien la connaître la Canadienne et sa petite voix soufflée, discrète, et je sais que ce n'est pas celle-là que j'entends alors. Le chant est faible dans le micro, la gorge est rauque, les longues notes se brisent vite et ne parlons même pas des notes aiguës. Dès la fin du morceau, Julie confirme mon sentiment dans un petit interlude parlé où elle nous annonce qu'elle était aphone deux jours auparavant et qu'elle est toujours en rémission. Enfin quand je dis "petit interlude"... Est-ce parce que sa voix flanche qu'elle en profite pour combler entre les morceaux ? Ou est-ce simplement qu'elle est bavarde et à l'aise ? Quoi qu'il en soit, entre chaque chanson la demoiselle saisit l'occasion de tchatcher, nous raconter sa vie, l'histoire de son morceau, sa fille, la pluie, le beau temps. Et c'est plutôt plaisant ! Julie rafraîchit par son naturel, amuse le public (moi en tout cas) en faisant mine d'entamer son morceau suivant avant de décider finalement de se remettre à parler.

On a qu'une seule envie, lui pardonner pour ce début en quart de teinte. De toute façon, côté musical tout ira de mieux en mieux à mesure qu'on avancera dans le show. Sa voix retrouve petit à petit de sa vigueur et illumine à nouveaux ses petites chansons douces, et l'individu qui se fait appeler Black Yaya – qu'on aura reconnu comme étant David Ivar de Herman Düne – finira par se ramener aux côtés de la demoiselle pour apporter un peu plus d'électricité à tout cela : tout est bien qui finit bien.

http://www.xsilence.net/concert-2049.htm

Black Yaya
7.2

Black Yaya (2015)

Sortie : 2 mars 2015 (France).

Album de Black Yaya

Annotation :

Lorsque monsieur Yaya entame son set, je suis encore peinard dans mon canapé (ouais, ils ont même des canapés). Le temps de trouver la force de lever mon cul de son trône, et de trouver l'adresse d'esquiver le couple fou qui barre le passage du balcon en dansant un rock acrobatérotique, et le premier morceau est déjà bien entamé. Une fois parvenu jusqu'à la fosse bondée, je peux entrevoir l'étrange setting que David Yaya a disposé sur la scène. Seul, avec un éclairage orange intimiste, façon "je lis une histoire à mon ch'tiot avant d'aller dormir", il a placé trois portraits peints, quasiment identiques, trois gros plans impressionnistes d'un homme barbu dans les tons noirs, bleu, jaune. Ajoutons à cela le faciès christique de monsieur Black Ivar, qui scande sa chanson avec le même air pénétré que prennent certains hommes pieux lorsqu'ils en appellent à voix haute à leur(s) Dieu(x), et on obtient un instantané qui me donne l'impression d'assister à une scène biblique miniature.

Quant à la musique en elle-même, on serait en droit d'appeler du folk progressif. Ben quoi ? Comment vous voulez désigner autrement une performance folk qui fait progressivement monter un nouveau musicien sur scène tous les deux morceaux ? Bon blague à part, on serait tenté d'affubler le set de Blackid Yayavar du sobriquet tarte-à-la-crème "de facture classique m'voyez", mais ce serait éclipser le fond au profit de la forme et passer sous le silence la qualité remarquable des compositions du bonhomme. Et là, même si on est – comme moi – néophyte aux travaux de Herman Düne, on comprend ce soir la réputation de fer-de-lance talentueux qu'ils se tapent. L'interprétation de Black Yoyo est tout aussi marquante ; la nuque courbée vers le micro, les sourcils froncés, il délivre ses compos comme si c'était la première fois (ou la dernière c'est selon), pour un concert qui évolue en intensité, depuis l'intime sobriété initiale au final festif, parallèlement à l'arrivée successive des invités. D'abord un bassiste pour amplifier le propos, puis Julie Doiron qui vient rendre la pareille à son poto et enfin Jeffrey Lewis himself, tête d'affiche de la soirée, qui apparaît pour la première fois ce soir. On retiendra notamment dans ce bel ensemble une chanson composée en hommage à Lou Reed, décédé depuis peu ; l'émotion de David est palpable et, malgré un final un chouia niaiseux, me laisse une petit boule au ventre. " How strange it is to miss someone you never met ". Indeed Daveed, indeed.

Jeffrey Lewis & The Jrams

Jeffrey Lewis & The Jrams (2014)

Sortie : 20 janvier 2014 (France).

Album de Jeffrey Lewis

Annotation :

Paris "Folk You" Festival 13/06/15

"Jeffrey c'est encore autre chose... Jeffrey semble n'être jamais vraiment revenu du punk ; je ne sais pas à quoi ça peut bien ressembler sur disque, mais en live c'est bien ça : un punk fendard, jouissif, avec un sourire jusqu'aux oreilles.

Ouais parce que c'est bien ça, la première chose qui frappe quand on voit débarquer Jeffrey et ses deux compagnes d'infortune – une bassiste/claviériste angrodyne au visage poupin, et une autre cachée derrière sa batterie – cet énorme sourire aux grandes dents qui lui barre le visage jusqu'aux oreilles. Un air goguenard qui se retrouve dans sa façon de chanter ; penché sur son micro, il débite ses textes très vite, déclamant plus qu'autre chose ses paroles bourrées de vannes et de commentaires mi-figue mi-raisin sur des sujets de société divers, tandis que lui s'envole sous speed, s'emporte et nous balance son mélange personnel d'émotion et de sarcasme. On ne sait jamais vraiment si l'ami Jeffrey se moque de tout le monde, y compris lui-même, ou s'il est désespérément sincère, le cœur à nu. C'est peut-être pour ça qu'il a l'air si immensément cool sur scène ce soir là, c'est peut-être de là que lui vient son foutu charisme de branleur stellaire ?

Ce festoche folk se finit donc par un bon gros punk, mené certes par une guitare (électro)acoustique. C'est pas moi qui vais aller me plaindre, tant toute la salle sautille d'un seule et même bond avec ce bon Jeffrey qui nous nargue en balançant ses slogans devenus célèbres ("No LSD Tonight", "What Would Pussy Riot Do") et rivalisant d'inventivité pour faire vivre ses chansons. Exemple parmi d'autres : pour " I Saw A Hippie Girl On 8th Avenue ", le chanteur s'assied auprès de son projo (qui jusque là diffusait des motifs psychédéliques genre les animations lumineuses du lecteur Windows multimédia) pour nous raconter sa petite histoire naïve, qu'il illustre au moyen de diapos... Un punk antifolk tellement sérieux qu'il a préparé sa présentation Powerpoint, sous vos applaudissements mesdames et messieurs."

La suite :
http://www.xsilence.net/concert-2057.htm

Opium
7

Opium (2015)

Sortie : 16 juin 2015 (France).

Album de Jay-Jay Johanson

T. Wazoo a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

(1er octobre, Maison de la Radio à Paris)

La Maison de la Radio. Rien que depuis l'extérieur, ça en jette, comme un grand stade clos, impénétrable. Tellement grand, ce machin rond, qu'il est facile de se gourer d'entrée et de faire la queue pour le mauvais concert. C'est ainsi qu'au péril de sa vie, votre estimé serviteur a manqué de se retrouver aux derniers rangs d'un concert exclusif de Francis Cabrel. Une fois le malentendu dissipé, voilà qu'on m'entraine dans les entrailles labyrinthiques du bâtiment, qui partage avec le TARDIS la perplexité de celui qui en parcours les couloirs et qui pense à voix haute "It's bigger on the inside !" On me mène donc dans l'antre de la radio FIP, qui se fait l'hôte ce soir d'un Suédois francophile aux cheveux de blé : Jay-Jay Johanson. Pour ceux qui auront grandi avec des émissions à la Nulle Art Ailleurs, avec un studio transparent et le public derrière dans les gradins, rentrer dans cette salle pourra procurer un intense effet madeleine de Proust. Alors voilà, on s'installe dans les gradins, baignés d'un doux éclairage mauve, on se délecte d'assister en live et de visu à ce qu'on s'imaginait en ne disposant que du son des émissions radio d'alors.

Sur ces entrefaites, Jay-Jay arrive, accompagné de ses trois musiciens – un pianiste claviériste, un batteur et un sampler-man qui trifouille dans l'ombre. Lui-même a une drôle d'allure dans son ample chemise kaki aux manches retroussées, dans laquelle il flotte comme un arbuste enroulé d'une bâche ('scusez, c'est le scout qui parle). Éternel androgyne, le chanteur svelte s'accroche à son pied de micro, avec une allure rappelant moins le crooner que la diva – sans les manières bien sûr, et la sobriété et l'humilité en plus. Une sobriété qu'on retrouve dans tout ce set du Jay², ne serait-e que par le petit nombre de musiciens. L'habillage des morceaux est toujours simple, réduit à l'essentiel pour mieux en souligner la structure nue.

[...]

NDE (EP)
7

NDE (EP) (2015)

Sortie : 25 septembre 2015 (France).

EP de Jay-Jay Johanson

T. Wazoo a mis 6/10.

Annotation :

(suite)

Du moins dans l'idée... car s'il est vrai que le piano et la voix complimentent parfaitement la plainte plombée de "Dilemma" qui se déroule au rythme de la célèbre suite d'accords de "Hit the Road Jack" ou encore la poignante "On the Other Side" qui clos le set en nous laissant les joues humides ; en revanche dans les conditions présentes l'apport de la batterie a pu s'avérer trop bruyant. Le jeune frenchy qui battait la mesure ce soir frappait parfois trop puissamment, éclipsant ce qui devrait être le centre de l'attention : l'organe du sieur Johanson, qui n'est du genre à crier pour se faire entendre. Là encore, une partie de la playlist fonctionnait avec cette frappe, comme le puissant "Moonshine", tandis que d'autres en pâtissent, comme la délicate "She Doesn't Live Here Anymore" qui n'en demandait pas tant.

Mais ne prêtez pas trop attention à mes remarques de fan tatillon, la prestation du Jay-double était touchante, impeccable, propre. Presque trop propre, au fond ; on aurait pu souhaiter un peu plus de folie, d'imprévus, de débordements... Mais là encore, le lieu n'y prêtait pas vraiment, extrêmement classieux, invitant à un spectacle taillé sur mesure. Et c'est ce qu'on aura eu au cours de cette belle soirée : de l'émotion tranquille et une classe d'un autre monde. Et comme dirait l'artiste, sur un couplet de "NDE" : "Was it real, or an endless lucid dreaming ?"

The Ark Work
5.7

The Ark Work (2015)

Sortie : 23 mars 2015 (France). Black Metal, IDM, Experimental

Album de Liturgy

T. Wazoo a mis 6/10.

Annotation :

Mardi 3 novembre 2015 - La Maroquinerie

Je crois que je commence petit à petit à devenir un petit con malpoli quand je me rends à des concerts et que la première partie me soûle ; je pars faire autre chose pendant que les heureux élus achèvent leur set. Par exemple en cette belle petite soirée du 3 novembre, pour le concert de Colin Stetson & Sarah Neufeld à la Maroquinerie je me suis éclipsé plus que de raison.

La première partie de la première parte était assurée par ce qui ressemblait à un DJ (dont je ne connaitrai sans doute jamais le nom) seul derrière sa machine à bidouiller. Malheureusement ses bidouillages ne m'auront pas passionnés, en plus d'être desservis par un volume sonore bien trop élevé. Je sors donc de la salle pour aller faire kilomètres et me perdre avant de trouver enfin un distributeur de billets. Le temps d'achever le chemin de retour et voilà que Liturgy s'apprête tout juste à démarrer son set. Timing farpait ! Je connaissais rien du tout de ce groupe, j'ai vu leur dernier album être porté aux nues par certains et descendu par d'autres. Et au vu du (long) set qu'ils nous ont servi, je pense que je vais me ranger fissa dans le camp des seconds. Les mecs de Liturgy savent jouer de leur instrument pour sûr, mais Dieu que leur black (si c'est bien du black?) est monotone... Toutes les chansons se ressemblent, c'est fait sans passion – pourtant le batteur essaye très fort avec ses yeux écarquillés – jusqu'au chant qui est morne à souhait. Et leur technique de trifouillage électronique du chant pour simuler de longues notes n'y changeront rien. Ennuyé, je fuis pour la seconde fois : c'est l'heure du kebab...

Never Were the Way She Was
7.5

Never Were the Way She Was (2015)

Sortie : 27 avril 2015 (France). Rock, Jazz, Avantgarde

Album de Colin Stetson et Sarah Neufeld

T. Wazoo a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Et c'est enfin l'heure du couple que je suis venu voir ! Enfin en théorie. Parce que l'ami Colin est tendu et tout grognon sur la scène (ce qui avec son épaisse barbe lui donne un air d'ours mal léché) : un de ses 4 ou 5 saxos ne veut pas se laisser régler, impossible d'avoir du retour. Ce qu'il faut savoir, pour ceux qui ne seraient pas familiers avec le « dispositif Colin Stetson », c'est que le mec est bardé de micros. Sur son instrument (les touches, le pavillon) et sur lui-même, autour de sa gorge pour capturer sa douce voix étouffée. Alors sachant qu'il bosse avec plusieurs instruments, l'ingé-son lambda a de quoi s'arracher les cheveux. Au bout de ce qui paraît une éternité, le problème est résolu et Colin peut souffler (humour).

Le ballet peut s'entamer. Et ce soir, c'est une véritable parade nuptiale qu'ils nous ont composé, ces deux là. Chacun faisant entièrement corps avec son instrument : lui grondant, rugissant, gémissant en continu dans ses cuivres et sa gorge, elle virevoltant, papillonnant, s'étirant langoureusement sur son violon, battant la mesure d'un coup sec de talon sur le sol et vocalisant doucement dans son micro. Là, devant mes yeux écarquillés, ils reproduisent l'improbable exploit de leur performance studio. On peut littéralement sentir, alors que la scène et les murs vibrent, les deux musiciens tenter de dialoguer du mieux qu'ils peuvent, chacun lançant à l'autre des mélodies dans un langage différent de l'autre ; ils ne devraient pas pouvoir se comprendre, mais par miracle ils y parviennent, ils résonnent, se défient, s'enlacent, s'affrontent et se complètent. Les morceaux s'enchainent comme un seul, ponctués seulement par deux escapades solo que s'autorisent chacun des musiciens pendant que l'autre reprend son souffle ou se décrispe les phalanges. Niveau anecdotes, Colin nous avouera être fan de Liturgy (personne n'est parfait) et être effaré de passer après eux et non avant (trop modeste), et aussi il a roté avant un morceau du rappel. Mais il s'est excusé comme un véritable gentleman. Voilà comment s'achève la dernière étape du périple de Colin Stetson et Sarah Neufeld, concluant la tournée de leur superbe disque collaboratif (ah oui une autre anecdote : Sarah elle même n'arrive pas à prononcer le titre de son disque. Allez tous ensemble : Never Were The Way She Was) : dans l'atmosphère cosy de la petite scène de la Maroquinerie. C'était aussi leur seul concert avec un volume décent de la soirée. Le destin, je vous dis.

Leyfðu Ljósinu (Single)
8

Leyfðu Ljósinu (Single) (2012)

Sortie : 14 mai 2012 (France). Electronic, Classical, Modern Classical

Single de Hildur Guðnadóttir

T. Wazoo l'a mis en envie.

Annotation :

SESSION SPECIALE GUESS WHO :

Hildur Gudnadottir : Nous sommes dans une église bardée de projecteurs de couleur. Peu importe ce qu'on me jouera ce soir, ça aura forcément de la gueule. Et c'est une petite demoiselle seule qui monte sur scène, avec son violoncelle et son Mac. Le choix était judicieux, de faire se produire cette jeune Islandaise dans une église. Ses morceaux, doux et mélodiques, sont magnifiés par l'acoustique de l'endroit, riche en réverb. Son premier morceau est simple ; une mélodie triste ponctuée par quelques notes graves pré-enregistrées du plus bel effet. Le second me laissera plus perplexe, une petite étude pour voix (où l'Islandaise vocalise avec elle-même grâce à son ordi) qui se termine brusquement, comme au milieu de la construction du morceau. Mais le troisième et dernier morceau saura amplement me faire pardonner. Le plus long, une quinzaine de minutes au bas mot, se maintient en apesanteur, en jouant avec les parties pré-enregistrées et celles jouées live. Là, comme ça, je pense tout de suite à une version low-budget et humble des essais néo-classiques de Klaus Schulze sur X. Un charme dont l'envoûtement dépasse en intensité ce à quoi je m'attendais pour une « mise en jambes » de cette première journée du festival.

3.5/5

Skullsplitter
6.1

Skullsplitter (2015)

Sortie : 16 février 2015 (France).

Album de Eric Chenaux

T. Wazoo a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Eric Chenaux : Mon contact avec le troubadour excentrique de Constellation sera plutôt bref : 10 minutes tout au plus car Julia Holter va bientôt entamer son propre set à l'Eglise, avec l'assurance de faire salle comble. Eric est seul sur scène, à jouer avec moult grimaces ses petits solos dissonants au son bizarroïde, chantant de son doux falsetto... En fin de compte, retraduisant assez fidèlement le feeling déroutant de ses albums studios. Le live ne lui rend pas forcément justice, car dans mon cas je préfère m'allonger et fermer les yeux quand j'écoute sa musique cotonneuse.

2.5/5

Have You in My Wilderness
7.3

Have You in My Wilderness (2015)

Sortie : 25 septembre 2015 (France). Pop, Rock, Indie Pop

Album de Julia Holter

T. Wazoo a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

Julia Holter : De retour à la Janskerk. Quelle belle idée, quelle beau projet ! L'angélique Julia Holter et sa musique rêveuse, dans une église... J'en avais l'eau à la bouche, surtout après la prestation remarquable de la violoncelliste de tout à l'heure. Bonne idée certes, mais il faut croire que l'enfer est vraiment pavé de bonnes intentions... Oups on a le droit de le dire ça, dans une église ? Bref, le problème dans ce mariage trop parfait sur le papier pour être honnête, c'est que l'auditeur habitué à l'écoute attentive des disques de Holter prend le risque de perdre toute une part de leur richesse sonore. Sa musique repose en partie sur une grande maîtrise de cet espace borné qu'on nomme « studio », et qui lui permet d'équilibrer patiemment et méticuleusement ses touches mélodiques et le mix de chacun. Dans cette église, la voix de Julia s'envole certes dans les cieux de la plus belle des manières, mais le reste sonne trop confus. L'équilibre entre les voix de Julia et de sa violoniste est précaire, et c'est surtout criant lorsque la batterie rentre en scène couvrant le reste et ajoutant à la confusion. Les morceaux demeurent, mais perdent en puissance sous cette forme, peut-être à cause de la trop grande réverbération naturelle de l'acoustique du bâtiment. Exemple : la chansons « Silhouette » qui possède un crescendo terrassant sur disque se finit de façon confuse et inoffensive. Le set s'achève cependant sur ma performance favorite du set : « Vasquèz » qui sur disque diffère tant de ses comparses avec son spoken word et son habillage instrumental de film noir insondable, marche bien ici. Peut-être parce qu'elle est basée sur un léger jeu de cymbales... Mais il est déjà temps de filer car...

3/5

Neon Golden
7.6

Neon Golden (2002)

Sortie : 14 janvier 2002 (France). Electronic, Indie Rock, Leftfield

Album de The Notwist

T. Wazoo a mis 7/10.

Annotation :

… The Notwist a déjà bien entamé son scène dans la bien-nommée « Grote Zaal » (qu'on appellera désormais la Grotte), immense salle à la vaste fosse et aux balcons innombrables. Je ne connais pas le groupe, à part leur disque Neon Golden (et encore, de loin), mais de toute évidence cette bande de nerds voûtés à lunettes connait bien son affaire car ils m'emportent avec eux sans trop avoir à forcer. Leur set brille par un éclectisme de tous les instants, qui peut passer du gros rock à basse survoltée à l'expérimentation glitch, du funk à l'électropop en allant jusqu'à la plus pure techno. Deux de leurs morceaux notamment (dont « Pilot ») se verront considérablement rallongés et assénés comme si la Grotte s'était transformée en boîte géante. Pas désagréable, même si ça tend à traîner en longueur. Mention spéciale à leur jeu de lumière à tomber, assez féérique par endroits. On s'éclipse lors du rappel car c'est le moment d'aller voir un outsider en puissance, j'ai nommé...

3.5/5

Zubberdust!
7.7

Zubberdust! (2014)

Sortie : 30 septembre 2014 (France). Post Rock

Album de Avec le soleil sortant de sa bouche

T. Wazoo a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

… Avec le soleil sortant de sa bouche, a.k.a. les Québécois responsables du /!\SPOILER ALERT/!\ meilleur concert de ce jeudi soir. Découverts peu avant le festival, ces quatre là m'ont conquis assez immédiatement avec leur kraut-funk dansant et super énergique. Sur scène, forcément, tout ça prend encore une autre ampleur. Après nous avoir accueilli avec un message flower-power en regard des évènements du 13 novembre, façon « diffusons notre amour ce soir les gars ! », le quatuor (guitare basse guitare batterie) appuie immédiatement sur le champignon, et ne décèlera que lorsque sera venu le temps de passer au morceau suivant. Quatre chansons, quatre tueries, crescendo. Cascades de motifs de guitares répétés à l'envi, rythmique puissante assénée sans trace de fatigue, chant entre choeurs fédérateurs et hurlements galvanisants... Et le public de se trémousser au diapason. Pas impossible qu'on ait ressenti l'énergie de ces trois quarts d'heure terrassants jusque dans le QG de Daech. Et le bassiste de lever le point au ciel en nous tournant le dos. Freddie Mercury style.

4.5/5

Faust IV
7.8

Faust IV (1973)

Sortie : 1973 (France). Krautrock, Rock expérimental

Album de Faust

T. Wazoo a mis 9/10.

Annotation :

Marrant d'enchainer avec Faust directement après Avec le soleil... Ce serait l'occasion d'une étude comparative entre les nouveaux venus du kraut et... les vieilles crottes. J'exagère à peine, tant pour moi ce concert était, plus qu'une déception, la chute d'un mythe. Celui d'un groupe épatant de longévité malgré une carrière agitée et des débuts bordéliques (et géniaux) à souhait. Un groupe dont je n'attendais certes pas qu'ils me jouent leur morceau « Krautrock » dans une version rallongée de 30 minutes, mais dont j'espérais au moins qu'ils tiennent debout. Au temps pour mes espoirs. Le bassiste, seul français de ce groupe germanique, est probablement l'élément le plus catastrophique de ce concert : incapable de suivre le batteur (qui, lui, se défend, avec ses airs de La Boule de Fort Boyard), étranger à toute notion de tempo, il tâche de compenser son inaptitude notoire en gigotant sur scène. Ses improvisations instrumentales et expérimentales, Faust les rend tout bonnement inaudibles, avec leur vielle à roue (comme une guitare à manivelle) et leur instrument à vent bouché dont je peine encore à saisir l'intérêt si ce n'est celui de vriller violemment mes tympans. Lorsque le bassiste (qui ressemble à une mémère barbue) prend sa gratte acoustique pour nous jouer une ballade, c'est sans la moindre grâce et avec une fausse lucidité dans les paroles : « à quoi servent les mots ? » « je chante dans un micro ». Au tout devant de la scène : trois filles tricotent face au public, sans se soucier de ce qui se passe sur scène. Constraste amusant : Faust est devenu sénile, mais il semble au moins en avoir pleinement conscience. Tant mieux pour eux, tant pis pour moi. Ecoeuré par le son de mes rêves qui volent aux éclats, je me retire pendant le rappel pour prendre une courte pause avant le dernier concert de ce soir...

1.5/5

Advaitic Songs
7.7

Advaitic Songs (2012)

Sortie : 24 juillet 2012 (France). Rock, Experimental, Psychedelic Rock

Album de Om

T. Wazoo a mis 8/10.

Annotation :

… à savoir Om, au De Helling. Le De Helling, c'est notre calvaire de ce week-end glacial et pluvieux : la seule salle se situant à une demi-heure de marche. Celle qui nous fera réviser notre emploi du temps pour tâcher de rater le moins de concerts possibles (on dira notamment au revoir à Chelsea Wolfe pour ces raisons). Mais ce soir, rien ne nous empêche d'aller voir le célèbre trio de stoner avant d'aller nous coucher. Il n'est que 1h du matin après tout. Om, donc. Mon dos s'en souviendra, de ce concert. Immuable, monolithique, assommante, la musique de ces gars là n'est pas dansable, surtout lorsqu'on est aussi nombreux que ce soir dans la petite salle (qu'on devine être coutumière des concerts métal). Immobile, j'assiste à un set aussi sobre que monstrueux. Sobre car le jeu de scène du bassiste est inexistant, il se contente de nous balancer passivement son écrasante présence (et son jeu de basse à nous faire vibrer les entrailles), cela suffit amplement. Sobre aussi car le son de batterie est sec au possible, efficace, sans fioritures inutiles. Monstrueux néanmoins car encore une fois, les vibrations nous soulèvent le cœur (je suis bien heureux qu'on m'ait passé des boules quiès) et les breaks du batteur sont étourdissants de puissance canalisée. Monstrueux enfin car la dernière piste, de près de 15 minutes, nous plonge dans la torpeur la plus totale avec sa formule basse/voix, jusqu'à exploser comme savent le faire les meilleurs des groupes post-rock, en un final propre à nous foutre par terre. Mention au claviériste et son look de fakir, qui aurait très bien pu ne pas être là, mais dont les apports divers (guitare, clavier, voix) apportaient des touches bienvenues au décor sonore monolithique.

4/5

The Neck Is a Bridge to the Body
7.4

The Neck Is a Bridge to the Body (2014)

Sortie : 2014 (France).

Album de Kaki King

Annotation :

Je connaissais Kaki King de réputation, grande guitariste éclectique (enfin grande c'est une façon de parler, elle atteint difficilement les 1m50), ma copine étant raide dingue de cette nana. J'avais d'autant plus hâte que c'est ma période « guitare seule » avec les John Fahey, Robbie Basho & Cie. Mais le moins qu'on puisse dire, c'est que je ne m'attendais pas du tout à ça. Kaki est bien seule sur scène avec sa guitare, mais le setting déjà étonne : un grand écran derrière elle diffuse des images psychédélique, et les mêmes images sont diffusées sur sa guitare elle-même (toute blanche la guitare), qu'elle utilise comme une partie intégrante de ses jeux de lumières. Musicalement, au lieu d'un set acoustique comme je m'y attendais (la folk toussa) c'est plutôt d'une alternance entre passages électriques saturés et divagation cosmico-futuristes dont je suis gratifié. Inattendu et très gratifiant ! Un des concerts les plus étonnants du festoche, et pas le plus désagréable. Avec en guise de clou du spectacle l'interlude où Kaki nous passe une vidéo narrant la vie de sa guitare et la façon dont elle a cherché son propre son au milieu de proches qui désapprouvaient ses expérimentations bizarroïdes... le tout était plutôt hilarant !

3.5/5

T. Wazoo

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