Luc Besson - Commentaires
Cela fera bientôt vingt ans que je n’ai pas vu un film de Besson, étendard d’un cinéma jeuniste et formaliste qui, pour beaucoup, s’est métamorphosé depuis en emblème de l’embourgeoisement crétinisant, en symbole de l’industrie commerciale dans ce qu’elle de plus cynique et débilitante. Je réserverai ...
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créée il y a plus de 13 ans · modifiée il y a plus de 13 ansLe Dernier Combat (1983)
1 h 32 min. Sortie : 6 avril 1983 (France). Science-fiction
Film de Luc Besson
Thaddeus a mis 6/10.
Annotation :
C’est un film-gageure, pas tellement éloigné de "La Guerre du Feu" sorti un an plus tôt. Mais si Annaud se tournait vers un passé lointain, Besson se projette dans un futur sinistre où la tempête a soufflé ce qui restait de civilisation. Un solitaire survit au sein d’un Paris détruit, retranché au dernier étage d’une tour engloutie sous les sables. Dans le huis clos minéral de ce monde mort, le cinéaste détaille les sentiments et l’énergie de personnages luttant pour empêcher un ultime enlisement. L’œil et l’oreille débarrassés de tous les clichés du genre, on découvre alors la force d’un regard, la puissance d’un geste simple et la peur que peut engendrer un seule son. Par son climat insolite et angoissant, sa poésie singulière, son réalisme concret, ses partis pris audacieux, la proposition suscite une franche adhésion.
Subway (1985)
1 h 44 min. Sortie : 10 avril 1985 (France). Comédie, Policier, Drame
Film de Luc Besson
Thaddeus a mis 5/10.
Annotation :
En phase avec la musique électronique de Serra, le réalisateur développe déjà toute sa panoplie d’esthète chichiteux et branchouille, entre mouvance publicitaire technoïde et poésie fluorescente pour ados. L’important c’est le rythme, les couleurs, le chic, le choc, la mode. D’un certain point de vue cette odyssée cherchant à puiser l’imaginaire aux marges de la vie normale est un autoportrait du cinéma français des années 80, dans ses tentations et ses pentes : la volonté de faire du Carpenter urbain (tendance "New York 1997") le dispute au repli vers un comique franchouillard où des flics grognons et lippus engueulent des seconds débiles. On peut trouver un certain charme à la faune bigarrée et hétéroclite, à la chevelure platine de Lambert, à la garde-robe d’Adjani, même si aujourd’hui la ringardise prévaut.
Le Grand Bleu (1988)
2 h 16 min. Sortie : 11 mai 1988. Aventure, Drame, Sport
Film de Luc Besson
Thaddeus a mis 6/10.
Annotation :
Il serait excessif de sortir le lance-flammes pour démonter ce film-culte d’une génération, sans importance particulière mais pas non plus honteux. Car si Besson n’a pas trouvé sa baleine blanche, du moins offre-t-il un voyage personnel, presque mystique, tenant davantage de la fuite utérine, du refus du monde sensible, que de la soif de liberté. Si l’on laisse son cynisme au vestiaire, on voit alors un récit d’aventures traditionnel vis-à-vis duquel il joue le jeu en l’outrant dans deux sens. D’abord il privilégie le schéma au dépends de l’enrobage romanesque, ensuite il met le paquet sur l’aspect spectaculaire (la mer, la plongée sous-marine, les dauphins), résultat de son goût pour le milieu naturel décrit. Et puis retrouver Rosanna Arquette et Griffin Dunne est une petite joie qui parle au fan d’"After Hours" que je suis.
Nikita (1990)
1 h 58 min. Sortie : 21 février 1990 (France). Action, Drame, Thriller
Film de Luc Besson
Thaddeus a mis 8/10.
Annotation :
Le cinéaste a parfaitement révisé le cinéma hong-kongais, en a intégré les nouvelles normes à sa forme jeuno-branchouille. Et ça marche super bien. Parce que derrière la stylisation offensive du thriller noir et claustro éclot une forme naïve et émouvante, étonnamment fleur bleue, de romantisme. Lorsqu’elle tue, Nikita ne peut s’empêcher de pleurer ce qu’on a lui volé et qu’elle ne peut avouer à l’amoureux avec qui elle voudrait refaire sa vie. Le réalisateur sait mener un récit, entretenir une tension, filmer l’action, tirer de l’univers opaque des services secrets (totalement fantasmé et irréaliste, mais peu importe) une véritable fascination. Quant aux acteurs (Parillaud, Anglade, Karyo), ils sont tous excellents, aussi investis que complémentaires. Si Besson a fait un bon film dans sa carrière, il est là.
Léon (1994)
Léon: The Professional
1 h 50 min. Sortie : 14 septembre 1994. Policier, Drame, Thriller
Film de Luc Besson
Thaddeus a mis 1/10.
Annotation :
S’il ne fallait qualifier qu’un seul film au monde de poubelle nauséeuse, alors peut-être choisirais-je celui-ci. Le pire n’est pas encore constitué par les penchants stylistiques les plus horripilants de Besson, par ces plans m’as-tu vu en recherche constante de performance, par ces filtres esthétisants d’une insondable vulgarité. Il ne tient pas non plus à cette pseudo-poésie de maternelle qui fait s’attendrir sur un tueur neuneu et trop gentil (la preuve, il épargne femmes et enfants), dont le seul ami est une plante verte. Il réside dans l’irresponsabilité crasse consistant à rendre jolie l’ultraviolence, à montrer avec empathie et la plus abjecte complaisance un homme initier une gamine à la vengeance et au meurtre, et le justifier parce que les salauds en ce bas monde sont pléthoriques. Totalement gerbant.
Le Cinquième Élément (1997)
The Fifth Element
2 h 06 min. Sortie : 7 mai 1997. Action, Aventure, Science-fiction
Film de Luc Besson
Thaddeus a mis 6/10.
Annotation :
Si l’on admet que la candeur adolescente du cinéma de Besson frise la débilité régressive, alors on peut se laisser divertir par cette grosse machinerie de SF, puisant tantôt chez Mézières, tantôt dans "Blade Runner", "Brazil" ou "Total Recall", où les personnages sont autant de commentateurs que les acteurs de ce qu’ils font, et où chacun est un peu la parodie de lui-même. Pour cacher le vide sidéral d’un scénario bêtement édifiant, le cinéaste applique une recette du remplissage survitaminé qui n’est pas sans produire certains effets vaguement hallucinogènes, parfois même presque euphorisants : plus de décors chics, de costumes arty, de mouvements de caméra, de couleurs flashy, de boums, de bangs et de badaboums. Et le résultat, fantaisiste à souhait, procure un sentiment de légèreté assez heureux.
Jeanne d'Arc (1999)
2 h 40 min. Sortie : 27 octobre 1999 (France). Drame
Film de Luc Besson
Thaddeus a mis 6/10.
Annotation :
Après tant d’autres Jeanne, voici celle de Besson, farouche, blonde, pleine de fièvre exaltée et d’un courage fougueux. Guerrière avant d’être sainte, animée d’un patriotisme inébranlable ou bien d’une haine viscérale envers les Anglais, c’est une jeune fille portée par une secrète soif de vengeance dont l’alibi divin n’est autre que le vecteur opportun. Contre toute attente, Besson ose donc l’ambigüité, le trouble, le doute, et insuffle au portrait de la pucelle une âpreté jamais exempte de compassion. S’il articule son propos à gros traits et verse régulièrement dans un patchwork formel bien chargé qui mêle le "sword and sorcery", le gore, le préraphaélisme ou l’imagerie new age, il interroge avec une certaine perspicacité la frontière floue entre la foi et le fanatisme, l’aspiration à la grâce et la vanité narcissique.