Cover Mémo - Spectacles & pièces vues (+ critiques)

Mémo - Spectacles & pièces vues (+ critiques)

Liste des pièces que j'ai vu avec mini-critique. Je mets aussi les spectacles de danse, on ne sait jamais !

Liste de

44 livres

créee il y a environ 7 ans · modifiée il y a plus de 2 ans

Richard III
8.1

Richard III (1592)

Sortie : 1623. Théâtre

livre de William Shakespeare

Mellow-Yellow a mis 8/10.

Annotation :

Thomas Jolly

~4h

Dément. Un spectacle complètement baroque, kitsch à souhait et pourtant d'une classe inégalée. Une réinterprétation de l'oeuvre de Shakespeare que l'on pourrait croire trop contemporaine, sauf que c'est à ce jour l'un des rares spectacles à utiliser le texte en entier. L'émotion est intacte, et les surprises sont permanentes. Je ne pensais pas qu'il était possible de restituer toute l'élégance des affrontements en l'enrobant de boursouflures baroques. J'aime ce genre de prise de risques, et ici elle est faite avec brio.

Les Liaisons dangereuses
7.9

Les Liaisons dangereuses (1782)

Sortie : 1782 (France). Roman

livre de Choderlos de Laclos

Mellow-Yellow l'a mis en envie.

Annotation :

Christine Letailleur
~2h45

Excellente surprise aussi ! "Les Liaisons Dangereuses" sont adaptés pour le théâtre, encore une prise de risque étant donné le caractère épistolaire du roman. Le résultat est étonnant : l'oeuvre est d'une fluidité sans égal.
Vincent Perez est parfait en un Valmont joueur et charismatique. Mais la meilleure c'est Dominique Blanc qui insuffle à la Marquise de Merteuil un érotisme malsain et terriblement attachant.

Six personnages en quête d'auteur
7.4

Six personnages en quête d'auteur (1921)

Sei personaggi in cerca d’autore

Sortie : 1921 (France). Théâtre

livre de Luigi Pirandello

Mellow-Yellow a mis 5/10.

Annotation :

Emmanuel Demarcy-Mota
~2h

Ouille, première déception. Le sujet de la pièce est complètement désuet malgré l'originalité de l'idée de départ. Les questionnements de la pièce ont depuis été maintes fois abordés par des réflexions plus poussées que "est-ce la réalité ? Est-ce un mensonge ?". Je me suis pas mal ennuyé malgré le talent des acteurs et la mise en scène intéressante, qui s'appuie évidemment sur la mise en abyme.

Erik Satie

Erik Satie

Sortie : 22 juin 2000 (France).

livre de Rollo Myers

Annotation :

"Erik Satie, Mémoires d'un Amnésique"

Agathe Mélinaud

Pièce à l'image de son auteur, sorte de spectacle à sketchs bariolé et sautillant. Parfois ça passe parfois non. Je retiens la reprise de la première Gymnopédie version électro planante, très beau moment !

Henry VI
8

Henry VI (1592)

Sortie : 1592 (France). Théâtre

livre de William Shakespeare

Mellow-Yellow a mis 8/10.

Annotation :

Thomas Jolly

(Cycle complet, ma plus longue pièce à ce jour : ~13h sans compter les entractes)

Exactement comme Richard III (car le précédant), mais en trois fois plus long. Une pièce-fleuve qui dépasse tout ce qu'on peut imaginer. Thomas Jolly déborde d'idées pour accrocher le spectateur et on passe toute la pièce à attendre les tours de force successifs. Le spectre entier des émotions est abordé.


En vrac : le passage avec l'arbre généalogique (mon Dieu c'est magnifique), les combats dans le noir avec les lumières-lasers rouges (c'est plus terrible quand tu ne peux rien voir), la pluie de sang (à la fin de la partie la plus dévastatrice de la pièce, une apothéose), la "fausse fin" (et la transition vers RIII), la dernière apparition de la Rhapsode (un coup dans la réalité !), les scènes de massacre avec un choeur qui chante "Perfect Day"... Non vraiment Henry VI est juste un concentré de moments cultes. Un chef d'oeuvre absolu du théâtre.


(Le gag sur le rempart avec la référence à Hamlet m'a tellement surpris que j'ai éclaté d'un rire bien fort dans la salle)

Le Sacre du printemps : Igor Stravinsky

Le Sacre du printemps : Igor Stravinsky (2012)

Sortie : 1 avril 2012. Beau livre

livre de Pina Bausch, Josephine Ann Endicott et Jean Cocteau

Annotation :

"Le Sacre du Printemps / Mouvements"

Marie Chouinard

~2h

Premier spectacle de danse pour moi. Grande réussite, divisée en deux parties : la première sur le Sacre du Printemps, ballet animal et fiévreux. Très sensuel, très esthétique.

La seconde partie est tout aussi intéressante : les danseurs reproduisent désormais les taches d'encre du livre "Mouvements" d'Henri Michaux... sur de la musique hardcore extrêmement bruitiste. Je crois que personne ne s'attendait à un tel contraste, ma voisine a du se boucher les oreilles pendant toute cette partie tellement c'était violent. Personnellement j'ai autant aimé que la première partie.

Nathan le Sage
6.7

Nathan le Sage (1779)

Nathan der Weise

Sortie : 14 avril 1793 (France). Théâtre

livre de Gotthold Ephraim Lessing

Annotation :

"Nathan ?!"
Nicolas Stemann

~2h

Interprétation expérimentale de l'oeuvre de Lessing. Etrange, vraiment étrange. Je retiendrais l'idée du début : les acteurs arrivent, se mettent chacun à un micro, commencent à déclamer leurs répliques au micro. Le rideau se ferme sur eux, mais leurs voix continuent.
Le problème c'est que "Nathan ?!" va vite partir dans le bordélique et le très contemporain. Réflexion sur la religion, le terrorisme, les médias ? Plutôt un délire d'artiste post-moderne, qui n'a pas énormément d'intérêt. J'ai bien aimé l'utilisation de "Death of A Disco Dancer" par contre.

The Misfits
6

The Misfits

Sortie : 1960 (France). Roman

livre de Arthur Miller

Annotation :

"The Misfits" - Mattias Andersson

~2h

Suite de témoignages, de jeux de scène et de réflexions historiques sur les marginaux de la société suédoise. Pas mal, cela a le mérite de partir dans plusieurs directions à la fois pour ne pas ennuyer le spectateur, à défaut d'en attaquer une en profondeur.

Ça ira (1) Fin de Louis
8

Ça ira (1) Fin de Louis

Sortie : 25 mai 2016 (France). Théâtre

livre de Joël Pommerat

Mellow-Yellow a mis 2/10.

Annotation :

~4h30

Ça y est, c'est bon. Je l'ai trouvé.
C'est officiellement l'une des pires impostures théâtrales que je n'ai jamais vu. Et c'est pour l'instant la pièce qui m'a le plus énervé, tellement j'avais l'impression que l'on se foutait de moi. Et pourtant elle a été encensé un peu partout (ce qui n'arrange rien).
"Ça ira" est une sorte de réflexion théâtrale sur la révolution française. En la transposant dans un décor moderne avec des costumes modernes. La pièce se voulait à la fois réflexion politique, philosophique, suivant peu l'histoire de la révolution pour mieux se concentrer sur les idées.

Le postulat de départ est plutôt sympa non ? Le problème c'est que la pièce va à mon opinion complètement rater le coche, et enchaîner idées de merde sur idées de merde :

- Sur l'aspect historique. Disons que cette pièce est un peu voir très éloignée de la réalité de la Révolution Française, qui est une période absolument fascinante par ses nombreuses interprétations possibles et retournements. Pommerat zappe tout ça et décide d'en faire une interprétation emplie de lieux communs et de faux-débats du type "la pauvreté c'est pas bien ! la liberté pour tous ! pour un débat démocratique il faut qu'on soit égaux !" Oui merci Mr.Pommerat mais je crois que la vie est un tout petit peu plus compliquée que ça.

-Pommerat zappe d'autant plus le côté historique en faisant une erreur monumentale : anonymiser tous les personnages. L'idée est intéressante au premier abord, mais en fait c'est un désastre : les idées politiques se mélangent entre les personnages, on ne sait plus trop qui défend quoi et la Révolution devient plus un bordel incompréhensible qu'autre chose. Si la Révolution est intéressante, c'est justement pour toutes les idées politiques extrêmement différentes qui s'y sont confrontées en peu de temps, et qui se sont mélangées au contexte économique, politique, géopolitique, religieux et social. Pommerat zappe tout ça ou alors réduit ces idées à "la France a pas de sous donc les gens sont pas contents donc Révolution !". Merci pour cette finesse d'analyse.

La Ménagerie de verre
7.8

La Ménagerie de verre (1944)

The Glass Menagerie

Sortie : 2004 (France). Théâtre

livre de Tennessee Williams

Mellow-Yellow a mis 7/10.

Annotation :

Daniel Jeanneteau.

~2h

Vraiment pas mal. Une interprétation plutôt classique de la pièce, quoique assez minimaliste et planante. La scène n'a quasiment pas de mobillier, le regard du spectateur est entravé par des rideaux transparents donnant un air éthérée à l'intrigue. Cela ne marque pas forcément les esprits mais on passe un bon moment car les acteurs habitent complètement leurs personnages.

Les Bas-fonds
7.8

Les Bas-fonds (1902)

Na Dnié

Sortie : mai 2008 (France). Théâtre

livre de Maxime Gorki

Mellow-Yellow a mis 8/10.

Annotation :

Eric Lacascade

~2h45

Excellent ! Vraiment une très bonne surprise et instantanément une de mes pièces favorites. Suivre cette troupe de marginaux était juste passionnant. Les acteurs y sont superbement expressifs et différencient tellement bien les personnages entre eux qu'on est presque obligés de s'attacher à tout le monde, tant chacun possède son caractère unique. Mention spéciale à celui qui joue Luka, seul rayon de soleil de la pièce. On rit beaucoup, puis d'un seul coup on est effrayés. Puis on ne sait plus trop comment réagir à la fin, devant la dernière demie-heure et son orgie de bière affolante. Une pièce à sensations de grande qualité, qui arrive à ne pas exclure les réflexions (car c'est du Gorki). Je ne pensais pas qu'il était possible de faire de la poésie avec des personnages aussi peu attirants au premier abord.

Le cinéma de la cruauté : Eric von Stroheim, Carl Th. Dreyer, Preston Sturges, Luis Bunuel, Alfred Hitchcock, Akira Kurosawa
8

Le cinéma de la cruauté : Eric von Stroheim, Carl Th. Dreyer, Preston Sturges, Luis Bunuel, Alfred Hitchcock, Akira Kurosawa (1975)

Sortie : 1975 (France). Essai

livre de André Bazin

Annotation :

"Eric Von Stroheim" - Stanislas Nordey

~1h30

Récit d'un trio amoureux et des difficultés qu'une telle configuration entraîne. A mi-chemin entre l'art contemporain et la tragédie. Difficile de se faire un avis stable tant la pièce tente à la fois de nous perdre et nous emmener dans des réflexions intéressantes : la logique du désir, l'impossibilité de combler totalement celui-ci. La possibilité de contrôler sa vie, de se refaire complètement, dans un monde moderne et cruel. Correct, mais je m'attendais à un peu mieux.

Le Dindon
7.3

Le Dindon (1896)

Sortie : 1896 (France). Théâtre

livre de Georges Feydeau

Annotation :

Le petit acteur blond était superbe, 10/10.

Baal
7.6

Baal

Baal

Sortie : 1919 (France). Théâtre

livre de Bertolt Brecht

Annotation :

~2h30

Christine Letailleur

Nouvelle adaptation de Baal, récit d'un poète maudit pervers, manipulateur, lubrique, immonde et extrêmement attachant.
Oui, c'est paradoxal mais ce fut passionnant de suivre les aventures de cet être impossible. Baal est un véritable démon, qui possède cet attribut bien caractéristique des esprits malfaisants : le pouvoir de séduction. Baal manie à la perfection le langage et est donc un réservoir inépuisable de répliques spirituelles. On suit alors ses péripéties toujours dans l'attente d'une nouvelle joute verbale. Un peu long sur la fin, mais la majeure partie de la pièce passe en un éclair. C'est aussi du à sa mise en scène : minimaliste sur les décors, qui sont plus suggérés que réellement présents. Les halo de lumières (bleu, rouge et jaune surtout) sont omniprésents et donnent une teinte irréelle aux aventures déjà surréalistes du poète.

L'État de siège
7.3

L'État de siège (1948)

Sortie : 1948 (France). Théâtre

livre de Albert Camus

Mellow-Yellow a mis 7/10.

Annotation :

Emmanuel Demarcy-Mota

~2h

Souvent décriée, l'Etat de Siège est une pièce peu connue d'Albert Camus. Elle reprend le synopsis de départ de "La Peste" mais part sur une histoire différente. Les thèmes sont globalement les mêmes. La liberté contre le totalitarisme, la peur et les relations humaines, et enfin, l'amour.
La pièce fut réussie à mon goût : bien rythmée et avec une utilisation particulièrement ludique du décor, industriel et monolithique. Les acteurs surjouent beaucoup, mais si l'on adhère au côté kitsch de l'ensemble, on passe un très bon moment.

Roméo et Juliette
7.6

Roméo et Juliette (1597)

(traduction Yves Bonnefoy)

Romeo and Juliet

Sortie : 1623 (France). Théâtre

livre de William Shakespeare

Mellow-Yellow a mis 7/10.

Annotation :

Chorégraphie de Prejlocaj, musique de Prokofiev, décors et costumes d'Enki Bilal.
Sans le texte de Shakespeare.
1h45

Une telle association est presque effrayante, tant les chances de ratage sont grandes.
Mais non, inutile d'être pessimiste. Le spectacle de Prejlocaj est une merveille. Pas besoin des mots de Shakespeare quand la danse est utilisée comme moyen de communication à la place.
Au-delà de la simple performance technique (synchronisation parfaite des danseurs, mouvements périlleux et rapides), le spectacle est époustouflant d'émotion, particulièrement dans les scènes impliquant Roméo seul avec Juliette. Ce fut un tel triomphe, qu'après leur fameuse scène tout le public explosa en applaudissements alors que le spectacle était loin d'être terminé.

Amener Bilal sur le projet était un choix risqué, mais étrangement son travail épouse l'histoire avec talent et donne un aspect intriguant et novateur à une pièce que l'on pense tous connaître.

A voir absolument.

Jules César
7.8

Jules César (1599)

(traduction Yves Bonnefoy)

Julius Caesar

Sortie : 1995 (France). Théâtre

livre de William Shakespeare

Mellow-Yellow a mis 8/10.

Annotation :

JULIUS CAESAR

3h30 - Arthur Nauzyciel

Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais une légère appréhension quant à l'idée de m'attaquer aux pièces romaines de Shakespeare. Je me disais qu'elles n'allaient pas avoir la même puissance que ses pièces contemporaines.
Heureusement que j'avais tort, car cette réinterprétation de Nauzyciel lui rend hommage avec succès. Elle reprend le texte original, modifie juste quelques détails, et transpose l'action dans un décor des années 60, à la Mad Men. Ambiance feutrée, couleurs chaudes, musique jazzy (interprétée live), personnages tous en costumes trois-pièces.
Et ce décor si étrange, pour répliquer un théâtre circulaire : le fond est constitué d'une image de gradins de théâtre, couvrant tout l'espace, et gardant les mêmes couleurs que le reste du décor. L'impression qui s'en dégage est très particulière, limite surréaliste. Les jeux de lumière sont particulièrement superbes, ajoutant un côté "film noir" à la pièce.

Je parlais plus haut de "Ca ira", pièce qui transposait la Révolution à notre époque, que j'avais détesté. Hé bien Julius Caesar est l'exact opposé. Cette transposition contemporaine est une merveille, l'élégance typique du début des sixties américaines est un écrin étonnant pour la parole de Shakespeare. Les trois premiers actes sont merveilleux de joutes verbales, de tension, de conflits internes et interpersonnels. La suite est un peu moins intéressante, les personnages subissant leur chute de manière assez classique. Il n'empêche que la pièce se suit avec un grand plaisir.

Et.
Surtout.

Peut-être le plus beau mindfuck théâtral de ma vie : la pièce se termine, la tragédie a eu lieu, les acteurs se rassemblent...

...Et dansent une chorégraphie hilarante sur "Say It Right" de Nelly Furtado. WHAT.

(le pire c'est que cela rendait très bien.)

Rêve et folie et autres poèmes
7.9

Rêve et folie et autres poèmes

Traum und umnachtung

Sortie : 5 novembre 2009 (France). Poésie

livre de Georg Trakl

Annotation :

REVE ET FOLIE

Claude Régy
1h

Performance d'un artiste déclamant l'apocalyptique poème de Trakl. La mort, la pourriture, l'absence de Dieu, la déchéance absolue, la disparition du bonheur que des thèmes bien joyeux pour cette oeuvre qui prend aux tripes.
Le poème est déclamé sur une scène plongée dans l'obscurité, et l'acteur qui le déclame le fait sur un mode pathétique, où la souffrance de l'être s'exprime autant sur la forme que sur le fond.
Certains trouveront ça too much. J'ai trouvé ça pas mal, surtout pour l'atmosphère désespérante qui est bien rendue. Mais le poème en lui-même n'est pas ma tasse de thé.

Ceci dit, d'un point de vue psychopathologique, c'est une excellente démonstration de ce qu'est la psychose mélancolique.

Le Début de l'A.
5.9

Le Début de l'A.

Théâtre

livre de Pascal Rambert

Mellow-Yellow a mis 6/10.

Annotation :

Pascal Rambert
1h

Une "lecture électrifiée" d'une quarantaine de minutes, où l'auteur et une comparse déclament en alternance les répliques de ce texte célébrant la confusion et la joie du début du sentiment amoureux.
Ceci se fait par-dessus un leitmotiv joué à la guitare, écrin parfait pour l'ambiance légère et contemplative qui se dégage de la performance.

Sans être particulièrement marquant, l'oeuvre s'apprécie pour son mélange de délicatesse, de fantaisie et de surprise. Rambert écrit avec son coeur et c'est toujours un certain plaisir que de voir quelqu'un le faire avec une telle sincérité.

Serments d'amoureux

Serments d'amoureux

Lovers' Vows

Théâtre

livre

Annotation :

NOS SERMENTS
Julie Duclos

2h40

Cette pièce reprend les bases de "La Maman et la Putain" : un triangle amoureux, des engueulades, et beauuucccoouuuupp de discussions.
Mais là où l'oeuvre monolithique d'Eustache était riche en digressions intelligentes, prétentieuses et mystérieusement intéressantes, "Nos Serments" reste en surface.
La pièce va parler du caractère irrationnel de l'amour, de la difficulté des hommes et des femmes à s'entendre, bla bla bla bref des thèmes vus et revus mille fois, et rien de neuf sous le soleil. La pièce n'est pas inintéressante mais manque de personnalité. Les acteurs ne m'ont pas trop charmé, sans être mauvais j'arrivais peu à m'accrocher à eux, à cause des dialogues. Ces derniers sont assez superficiels et on ne va jamais plus loin que "ah la la c'est compliqué la vie madame".
J'exagère évidemment. Mais ce fut quand même mon ressenti à la fin de la pièce.

Les Métamorphoses
7.7

Les Métamorphoses (8)

(traduction Georges Lafaye)

Metamorphōseōn

Sortie : 2009 (France). Poésie

livre de Ovide

Annotation :

Songes & Métamorphoses
Guillaume Vincent

4h

ALORS LA C'était GÉNIAL ! Ca dure quatre heures et c'est divisé en deux parties : d'abord une adaptation bordélique de quelques métamorphoses, et ensuite une adaptation borderline de Shakespeare.
Ca commence par Narcisse, genre spectacle de fin d'année d'enfants de CM2. C'est choupi, c'est marrant. Puis ça devient un TEEN MOVIE genre High School Musical mais au théâtre ! C'est fun, il y a une scène lesbienne cool, ensuite il y a de l'INCESTE ! Excellent, très drôle, on rigole bien et les costumes sont vraiment intéressants. Ah oui il y a un moment hip-hop aussi. Et encore avant il y a le mythe d'Hermaphrodite et c'est top car très court, surprenant et à moitié angoissant (oh non, pas la représentation de la femme à pénis...)
La suite est très bien : des gens se déguisent n'importe comment et disent de la merde. Ça s'engueule, mais il y a plein de couleurs donc c'est sympa
Ensuite ces cons mettent un filtre noir devant la scène et une meuf nous raconte sa vie, c'est très élégant, et sa vie est triste mais cool.
Puis ça devient un fait divers : une femme disparue, sa soeur qui la cherche, le mari de la première qui la cache dans la cave, la viole et lui tranche la langue. La première qui découvre le pot aux roses, et se venge de manière un peu trop susceptible puisqu'elle bute ses deux enfants et les fait manger à son mari.

Je mets à la moitié de cette pièce la note de 10/10 pour son côté baroque et élégant, bordélique et raffiné, beauf et sensible.

Le Songe d'une nuit d'été
7.8

Le Songe d'une nuit d'été (1600)

(traduction Jean-Michel Déprats)

A Midsummer Night's Dream

Sortie : 27 mars 2003 (France). Théâtre

livre de William Shakespeare

Mellow-Yellow l'a mis en envie.

Annotation :

MAIS C'EST PAS FINI CAR ENTRACTE ET APRÈS IL Y A "Le Songe d'Une Nuit D'été" QUI COMMENCE FAÇON COMÉDIE MUSICALE EN PLUS IL Y A JEANNE CHERHAL C'EST TOP !

Alors c'est comme les Métamorphoses c'est bordélique, je vais pas raconter l'histoire parce que je l'ai pas compris mais c'est toujours aussi charmant, sautillant, coloré, cheerful, bref c'est un peu tout, le spectacle donne à boire et à manger et vous trouve une femme et une maison par la même occasion. Si vous aimez pas rire cela vous angoissera et si la tristesse vous fait peur cela vous enchantera. Cela tombe dans la slaptstick comedy, c'est tragique et beau à en chialer, c'est une farandole d'acteurs tous plus attachants les uns que les autres. Surtout Puk qui danse tout le temps, ce qui va bien avec la pluie d'or sur scène et les jolis costumes. Il y a beaucoup de mises en abyme dans ces deux parties, ce qui est une excellente manière de pousser le spectateur à la réflexion non j déconne c'est surtout pour placer des plaisanteries bien senties et des engueulades déchirantes. on a aucune envie de quitter la brochette d'acteurs qui nous font rêver quatre heures non stop, j'ai quitté la salle à regrets, les vigiles m'ont viré. Je mets à l'autre moitié de cette pièce la note de 10/10 en pleurant le soir dans mon lit.

A vif

A vif

Sortie : juillet 2008 (France). Poésie

livre de Alain Boudet

Annotation :

A VIF
Kery James / Jean-Pierre Baro
1h15

"L'Etat est-il le seul coupable de la situation actuelle des banlieues ?"
C'est sur cette question dramatique que vont s'affronter deux candidats à la magistrature. L'un d'entre eux provenant justement d'une de ces banlieues.

Le pitch est posé, le débat s'enclenche. Très vite les positions se dégagent : l'ex-banlieusard défendra la négative et partira du principe qu'il ne faut pas tomber dans la victimisation en donnant tout la responsabilité de notre vie au seul état.
Celui qui défendra l'affirmative mettra un point d'orgue à démontrer qu'un véritable état se préoccupe du bien-être et du destin de ses citoyens.

Le problème, c'est que le débat va s'arrêter là question profondeur. A aucun moment les prémisses seront-elles réinterrogés, si ce n'est pour tomber dans la lutte des classes basique et l'idée du "c'est la faute à tout le monde, c'est la faute à personne."

Niveau divertissement, on ne s'ennuie pas. Quelques passages hip-hop varient le rythme mais globalement tout est très fluide. Néanmoins je suis un peu déçu quant à la profondeur des choses : très peu de faits sont avancés, et l'affrontement tourne vite en ad hominem de piètre qualité. Les personnages ne sont jamais développés (tout juste une scène), ce qui empêche de ressentir une quelconque émotion durant la révélation finale.
A voir cependant pour son énergie.

Casse-Noisette
6.9

Casse-Noisette (1816)

Nußknacker und Mausekönig

Sortie : 2007 (France). Conte

livre de E. T. A. Hoffmann

Annotation :

CASSE-NOISETTE
Jeroen Verbruggen / Ballet du Grand Théâtre de Genève
1h50

Réinterprétation contemporaine de Casse-Noisette. J'en attendais beaucoup, car c'est une de mes œuvres favorites de Tchaïkovski.
Le style ici est particulièrement baroque : on alterne entre tableaux hyper-colorés et costumes chatoyants, et mauvais rêves où les danseurs masqués deviennent à des incarnations fantomatiques de la fête des morts.
Le spectacle ne se veut pas particulièrement spectaculaire ou technique. Les mouvements et la composition sont relativement simples (comparés à par exemple le Sacre du Printemps ou Roméo & Juliette dont je parle plus haut), et c'est peut-être ce qui m'a déçu. Alors oui, la chorégraphie est superbe et l'on passe un moment très agréable, mais il manque quelque chose, un je-ne-sais-quoi pour permettre de dépasser la banalité des adjectifs tels que "baroque", "enchanteur" ou "toqué".

Hikikomori

Hikikomori

Hikikomori

Sortie : 25 avril 2013 (France). Roman

livre

Annotation :

Hikikomori, le refuge
Joris Mathieu
1h

"Hikikomori" se veut être l'histoire d'un adolescent qui décide de vivre reclus dans sa chambre à la suite d'un évènement inconnu.
La pièce a un parti pris techniquement intéressant : il existe trois versions différentes de celle-ci. A l'entrée dans la salle, le spectateur est invité à mettre un casque. Dans le casque sera diffusé le dialogue de la pièce.
Les enfants auront le droit au point de vue de la mère de l'adolescent. Les adolescents au point de vue de l'adolescent lui-même, et les adultes au point de vue du père.
Sur le papier c'est intelligent, puisque cela oblige à la fin de la pièce au dialogue entre les différents membres de la famille pour interroger les vides laissés entre les parties.

Là où le bât blesse, c'est que si vous allez au théâtre seul, eh bien vous allez vous retrouver face à de nombreux questionnements. J'ai suivi le point de vue du père, qui se demande bien pourquoi son fils s'enferme...

... Et n'élabore aucune hypothèse. Tout au plus va-t-il parler de lui et rester dans l'inaction, sauf à quelques rares moments où il lui prend l'idée géniale de fracturer l'intimité de son enfant.
Et c'est tout. La pièce ne développe rien d'autre.

Étant pris par des contraintes d'horaires, j'ai donc quitté la salle sans pouvoir importuner des inconnus, et je n'ai donc aucune idée de ce qui a poussé l'adolescent à s'enfermer, ce qu'il a fait dans sa chambre, et ce que voulait dire la fin. Un peu frustrant donc...

Festen
7.2

Festen

Sortie : 10 avril 2003 (France). Théâtre

livre de T. Vinterberg et M. Rukov

Mellow-Yellow a mis 8/10.

Annotation :

FESTEN
Cyril Testé
2h

Quelle claque ! Je n'ai pas vu le film, que je connais néanmoins de réputation. Et c'est tant mieux, car la surprise n'en a été que plus violente.
Se réunissant pour les 60 ans du chef de famille, un an après le suicide d'une de ses filles, la fête va tourner au vinaigre lorsque le fils va révéler au grand jour un immonde secret de famille. Et tout va s'emballer.

Le scénario est déjà extra en lui-même. Comment une famille peut-elle tenir que par ses non-dits ? Sur ce coup la pièce est effroyablement réaliste, ce qui intensifie son impact pour peu que l'on veuille y croire.

Mais la mise en scène, ça c'est le deuxième coup de génie ! La scène est constituée de la maison en coupe, surmontée d'un écran géant. Des techniciens filment pendant tout le spectacle en direct, ce qui donne une occasion unique de varier le regard : l'on peut soit suivre le dîner, soit suivre un personnage discutant en coulisses. Et c'est un régal pour les yeux : qualité des cadrages, jeux sur les regards, talent du montage en direct et jeu sur ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas. Non vraiment au niveau de la forme j'ai trouvé ça extra. On peut toujours blâmer l'importance accordée aux effets, mais encore je trouve qu'il y a une certaine sobriété,

Et enfin, les acteurs. Ils m'ont tétanisé par leur talent. A aucun moment je n'ai pu imaginer que tout cela n'était qu'une farce. Du sourire dérangeant du père à la folie montante du fils, de la grand-mère à moitié sénile jusqu'à l'autre fils hargneux, ils étaient tous plus exceptionnels les uns que les autres. Je retiens des tas de moments spectaculaires et tétanisants, notamment le chant apocalyptique de la grand-mère. Une merveille.

Vingt ans et après

Vingt ans et après

Sortie : 9 octobre 2014 (France). Entretien

livre de Michel Foucault et Thierry Voeltzel

Annotation :

LETZLOVE-PORTRAIT(S) FOUCAULT
Pierre Maillet
1h20

Pierre Maillet met en scène une série d'entretiens effectués entre Michel Foucault et "un jeune de vingt ans", Thierry Voeltzel. Parlant de ce que c'est d'être un jeune de vingt ans en 1975, il nous dresse un portrait étonnant d'une époque que l'on croyait connaître, mais qui a définitivement été déformée par les évènements qui l'ont suivie. Qui se souvient qu'à l'époque il règnait une telle insouciance sexuelle, et que les milieux politiques se multipliaient à l'infini ?

Maillet suit la manière dont les entretiens ont été effectués : Foucault reste dans l'ombre, du moins au début, pour que l'attention tout entière soit consacrée aux paroles de Voeltzel.
Et cela marche très bien. Letzlove est étonnamment passionnant, tant l'acteur arrive à transmettre avec brio la sincérité d'une personne écorchée vive. Certains seront choqués par le caractère cru de nombre de questions, mais cela ne fait qu'ajouter au réalisme de la pièce. Une très belle surprise.

Finir en beauté
7.8

Finir en beauté

Pièce en un acte de décès

Sortie : 16 juin 2015 (France). Théâtre

livre de Mohamed El Khatib

Mellow-Yellow a mis 8/10.

Annotation :

Finir en beauté
Mohamed El Khatib

J'ai pris ma place pour cette pièce un peu au hasard, sachant seulement que cela parlait d'un homme qui évoquait le décès de sa mère. Cela s'annonçait "triste mais beau".

J'avais donc totalement tort.
"Finir en beauté" se veut être le récit de la disparition progressive de la mère de l'auteur, à travers différents média : témoignage de l'auteur lui-même, extraits de journaux, enregistrements sonores, e-mails...
Mohamed souhaitait écrire une pièce sur sa mère, à partir de leurs entretiens, mais sa mort donna une forme inattendue à ses projets. La différence entre la forme que l'on aimerait donner aux choses, et ce que la réalité finit par nous offrir, est le questionnement au coeur du spectacle.

Et l'on pourrait croire que tout cela aurait un goût de tragique, de mélancolie ou de regrets. Pas du tout. La pièce m'a fait rire plusieurs fois par sa tendresse, son inventivité, sa sincérité. Certes, c'est parfois douloureux. Mais il ne faut pas chercher à repousser sans cesse l'affect. Celui-ci est le témoignage de notre subjectivité. Ici, entre autres, c'est l'amour de Mohamed pour sa mère qui apparaît à chaque ligne de dialogue. Une petite merveille.

La Dame aux camélias
7.6

La Dame aux camélias (1848)

Sortie : 1848 (France). Roman

livre de Alexandre Dumas fils

Annotation :

Arthur Nauzyciel
2h45

Nauzyciel adapte la Dame aux Camélias, dans un décor feutré qui n'est pas sans rappeler les années soixante et sa mise en scène réussie de Jules César. Quel meilleur contexte pour parler du marchandage des corps, de l'argent comme support des relations humaines, et du regard des autres ?

J'étais confiant. Et ce fut peut-être ce qui me perdit. Passée la superbe séquence d'ouverture, je déchantais immédiatement en me rendant compte du milieu dans lequel évoluait l'histoire : la bourgeoisie parisienne au XIXème siècle.
C'est-à-dire des gens passant leur temps à parler d'autres gens tout en racontant qu'ils ont vu des gens faire des trucs.
Au milieu de ça, un homme qui aime une femme qui elle ne l'aime que par intermittences, car on sait bien qu'il n'y a qu'en agissant de la sorte que l'on fait durer le désir.
Alors on parle, on parle, on parle, surtout des autres. On se dit je t'aime et puis en fait non et puis en fait si et puis on parle encore.

Et c'est tout. Car la pièce se complait dans une atmosphère glacée, où l'affect des personnages est relégué à l'arrière-plan. La froideur était telle que je fus incapable de m'accrocher à quoi que ce soit dans la pièce. J'eus rarement l'impression d'être aussi loin d'une histoire. J'eus beau tenter de me convaincre de l'intérêt de la pièce, de lui laisser une chance, mais rien à faire, je perdais toujours le fil au bout de trente secondes.
Peut-être n'étais-je pas dans le bon état d'esprit.
Mais la dizaine de personnes qui sortit en même temps que moi, au bout d'une heure et quarante-cinq minutes, me fit croire à la possibilité d'une impression partagée.

Tous des oiseaux
8.1

Tous des oiseaux (2018)

Sortie : 21 mars 2018. Théâtre

livre de Wajdi Mouawad

Mellow-Yellow a mis 8/10.

Annotation :

Tous des oiseaux
Wajdi Mouawad
4h

Première pièce de Mouawad pour moi. Beaucoup d'attentes sur ce metteur en scène, qui n'ont heureusement pas été déçues.
"Tous des Oiseaux" se présente comme la romance impossible d'un jeune adulte juif-allemand et sa compagne d'origine arabe. Derrière des prémisses somme toutes assez convenues va se dessiner le portrait d'une famille polyphonique, dans une Israël en proie aux attentats.

J'ai tendance à avoir une méfiance naturelle sur ce type de pièce. Les questions de différence, de valeurs familiales et des problèmes de transmission inhérentes à celle-ci peuvent être traitées de manière tout à fait banales, nous faisant tomber dans des discours moralisateurs du type "Il faut savoir accepter la différence de l'Autre" ou "Il faut se libérer des traditions pour pouvoir voler de nos propres ailes.

Heureusement Mouawad évite cet écueil et les personnages gagneront d'autant plus en épaisseur qu'ils échappent à la nomination facile. On ne peut les réduire à leurs origines ou leurs actes. Chacun agit selon sa vérité, et les interactions seront d'autant plus intenses que lorsque la question de l'altérité se fait sentir.
Une pièce d'une grande puissance, autant par les thèmes que par la manière dont ils sont traités : sans retenue, mais non sans sobriété. Le décor se réduit à quelques meubles et à des projections, car ce qui compte bien dans ce milieu, c'est l'être humain avant tout.

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