Mon Top 1953

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J'ai découvert ce film il y a fort fort longtemps dans une copie de qualité plus que médiocre, et sans sous-titres. Et j'ai su ce jour-là que le cinéma japonais ne me quitterait plus.

J'ai retrouvé ce film il y a trois jours, en salle, dans une copie restaurée, et avec des sous-titres. Et j'ai compris pourquoi le cinéma japonais ne m'avait jamais quitté.

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Revu le 17 mars 2017 et encore plus sidéré par la réalisation du génie Clouzot. En quasiment 2h30 il ne se passe finalement pas grand chose et pourtant on reste hypnotisé de la première à la dernière minute.

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Cet "Europe 51" démarre comme un drame intime pour soudain se transformer en grand film politique à la "Main basse sur la ville".

Et puis il y a la puissance de la mise en scène de Rossellini, la force du plan, en une fraction de seconde la caméra passe sur un cou pour figurer la mort, filme une cheminée d'usine pour démontrer la fracture de classes, s'arrête en gros plan sur le visage de la femme/actrice aimée et la fait passer de femme superficielle à sainte sacrifiée.

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Ce film a pour particularité d'être un nid à bijoux : le scénario qui virevolte telle une "Ronde", les dialogues subtils qui sous des apparences modestes permettent à la tragédie de prendre place, les décors et costumes, Danielle Darrieux qui trône en majesté, et surtout la mise en scène à la fois sobre et vertigineuse de Max Ophüls.

NB : Je réalise au fur et à mesure qu'Ophüls, cinéaste des miroirs et des escaliers, de la coquetterie fatale, fonctionne sur moi comme Clouzot en son temps, me rendant prisonnier de son fétichisme.

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Plus je découvre son cinéma plus je suis sidéré par Ida Lupino, aussi bien la femme que la réalisatrice. Aussi courageux mais plus élaboré en terme de mise en scène que son "Outrage", plus maîtrisé que son "Voyage de la peur", ce "Bigamie" est un mélo à la limite du thriller qui ébranle avec grande subtilité toutes les certitudes morales.

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Kenji Mizoguchi aura maintes fois évoqué la femme et son asservissement, jusqu'à traiter à trois reprises en seulement quatre ans le sort des geishas de l'après-guerre.

Ici, tout comme dans "Une femme dont on parle" et son tout dernier et sublime film, "La Rue de la honte", point de folklore ni de quelconque romanesque mais de la tragédie quasi-documentaire autour de la prostitution, de la domination masculine par l'argent et l'humiliation.

C'est rude, quasiment nihiliste, jusque dans la mise en scène qui se rapprochera de plus en plus du visage de ces deux héroïnes pour mieux capter leur malheur, leur vide intérieur.

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Que dire de plus que c'est le film à regarder quand on a un coup de mou, parce que c'est une sucrerie, mais pas de la guimauve, ça pétille, ça déborde de bons sentiments, et pourtant miracle ça parvient à ne pas être niais une seconde. Clairement c'est fait pour chanter sous la douche, donc si vous avez un écran étanche sous la main, direction la salle de bain...

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Antonio Pietrangeli Antonio Pietrangeli Antonio Pietrangeli.

Oui tout comme ceux qui ont décidé d'en proposer une mini-rétrospective dans les salles, je n'ai qu'une envie depuis que je découvre ce metteur en scène italien : le réhabiliter, dire à quel point il n'a pas eu de chance d'arriver au milieu de tous les mastodontes de son époque.

Après le très ambitieux "Je la connaissais bien", j'ai donc eu le bonheur de voir cette nouvelle glorification de la femme, tournée 12 ans plus tôt, bien plus simple formellement, d'apparence plus légère, mais sur le fond tout aussi sombre et finalement très politique.

NB : Malheureusement la restauration n'est pas à la hauteur cette fois, image souvent bouchée et son saturé, parfois même à la limite du supportable.

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Ah ça la quiche a aimé, pour une forme de bienveillance assez étonnante, pour l'élégance de la mise en scène de Hawks, pour le classicisme et non l'académisme, pour un jeu sentimental malin. Et pour le sourire d'un jeune pas mauvais, un certain Kirk Douglas je crois.

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Parfois on pense avoir un peu fait le tour en matière de cinéma et déboule un des précurseurs du folk horror venu de Finlande. Alors là tous vos repères explosent, on navigue entre ethnographie et codes du muet, femme-renne-vampire et festival de la focale.

Bref c'est le genre de découverte qui vous redonne la foi, l'envie de continuer à fouiner...

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Comme dans "Maternité éternelle" Kinuyo Tanaka maîtrise à merveille l'art du mélo, avec toutes ses nuances et sa complexité. Le récit est d'une fluidité remarquable, la mise en scène est élégante, on sent qu'elle a parfaitement intégré le travail des maîtres qui l'ont dirigée durant toute sa carrière d'actrice, Ozu et Mizoguchi bien entendu, mais ici encore Plus Naruse. Mais elle ne copie en rien, car à l'image d'une Ida Lupino aux USA elle pose clairement un regard de femme, dressant des portraits d'héroïnes du quotidien. Sans oublier un sacré pan historique, celui du Japon de l'après-guerre, avec ses traumatismes, visibles ou non.

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Autre Nicholas Ray méconnu, mais là de manière très injuste. "Les Indomptables" est un film complexe, hésitant entre les genres, ce qui pourrait ressembler à une romance facile se transformant en drame puissant puis en mélo pur. Une œuvre forte sur la fragilité de l'homme.

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S'il ne s'agit pas du film le plus audacieux de Jean Grémillon en terme de structure narrative, si le mélo romanesque est parfois outré, l'aspect sociologique est en revanche d'une grande modernité, et ce portrait de femme libre politiquement incorrect pour l'époque.

Et j'ai encore eu la preuve que le bonhomme était un incroyable metteur en scène, un artisan de génie : le film a été tourné en 1953 à Ouessant, et connaissant très bien l'endroit je ne parviens toujours pas à comprendre comment il a construit certaines scènes en extérieur. La magie du cinéma c'est parfois la grâce d'un instant, et je ne suis pas prêt d'oublier un certain travelling...

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Alexandre Astruc adapte Jules Barbey d'Aurevilly avec grande intelligence, le texte magnifié par la voix-off et une atmosphère aussi inquiétante que belle à la Franju.

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De manière assez injuste le nom de Georges Lacombe n'est pas resté dans les mémoires, il réalisa pourtant une vingtaine de films en deux décennies dont le très chouette "Monsieur La Souris" avec Raimu et surtout cet autre polar, mâtiné de mélo et de romance, un film surprenant, d'une grande noirceur, interprété magistralement par Gabin et la superbe Madeleine Robinson.

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Assez rares sont les films familiaux qui semblent autant s'adresser aux enfants qu'aux adultes, avec intelligence, finesse, un sens du comique de situation formidable mêlé à une tendresse infini pour ses personnages.

Et cerise sur le gâteau, esthétiquement c'est splendide.

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Phil Karlson, surtout connu pour son impeccable western "Le Salaire de la violence", adapte ici le Samuel Fuller écrivain pour un film noir au cordeau, sans fioriture mais remarquablement scénarisé, mis en scène et interprété. Entre autres par Donna Reed.

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Cette "Loi du silence" n'est pas si loin d'être un grand Hitchcock, il manque peut-être juste un peu d'habileté tortueuse au récit et de blondeur à Anne Baxter.

En revanche c'est honteux d'être beau comme ça Monsieur Montgomery Clift, ça devrait être interdit.

(J'adore quand les films racontent par des détails l'Histoire et ses traumatismes, ses rancœurs, et là le méchant qui comme par hasard est Allemand, et joué par un véritable acteur allemand qui force un tantinet au niveau de l'accent, c'est du génie.)

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Cette "Mer cruelle" a environ 4700 notes de moins que le cultissime "Bateau" de Petersen et pourtant il y fait furieusement penser malgré ses 70 ans au compteur. Pas de star, ni derrière ni devant la caméra, pas de scène réellement spectaculaire, mais un talent incroyable pour rendre ces personnages finalement très ordinaires, "tristement" humains, plus qu'attachants, pour créer des vrais moments de vie. Foncez c'est une sacrée belle surprise.

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Les polars d'Edward Dmytryk sont toujours efficaces mais parfois un peu conventionnels. Ce n'est pas du tout le cas de celui-ci qui mélange le suspense à une réelle réflexion sur les relations hommes-femmes, la maladie mentale et le traitement des fous par la société. Bref c'est un sacré film, haletant et qui questionne.

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Beaucoup de gens connaissent ce film sans le savoir, puisqu'on en voit quelques images dans le "Hiroshima mon amour" de Resnais.

Cette œuvre à la lisière de la fiction et du documentaire pâtit de manière évidente de son manque de moyens mais reste un témoignage saisissant et par instants puissant visuellement.

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Otto Preminger signe là un film noir très classique, peut-être même un peu conventionnel, mais il y a le charme du duo Jean Simmons - Robert Mitchum et cette dernière partie où le jeu s'inverse, où les sentiments changent la donne. Un vrai bon moment...

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Cet "Homme de Berlin" est bien moins connu qu'un autre homme de Carol Reed, le "Troisième", il est aussi bien plus conventionnel avec sa tête de film d'espionnage vu et revu. Et pourtant il fonctionne merveilleusement, avec son rythme parfaitement maitrisé et sa distribution, car James Mason, Claire Bloom et Hildegard Knef ça envoie un paquet de sex-appeal au centimètre carré.

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Voici donc un exemple parmi la carrière américaine de Fritz Lang. "Règlement de comptes" est un film noir sans fioriture mais d'une efficacité redoutable, avec un Glenn Ford qui a tellement la gueule de l'emploi.

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Dans ce film à sketches Antonioni, Fellini, Risi & Co se proposent de faire du cinéma nouveau et conscient. Un peu sentencieux mais néanmoins il faut reconnaitre que ce genre de docu-fictions farouchement politiques travaillant un seul et unique thème, celui du sort des femmes dans une ville comme Rome, ne devaient pas être légion à l'époque.