Cover Pastel et symétrie : les films à la Wes Anderson

Pastel et symétrie : les films à la Wes Anderson

Vous avez déjà regardé "The Grand Budapest Hotel" 4 fois ? Vous en avez marre de répéter ad nauseam les répliques de "Moonrise Kingdom" ? Vous ne comprenez pas pourquoi "Bottle Rocket" n'a pas 8.4 de moyenne ?

Voilà pour vous une liste de films dans lesquels le spectre bienveillant de ...

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6 films

créee il y a plus de 6 ans · modifiée il y a environ 4 ans

Submarine
7

Submarine (2011)

1 h 37 min. Sortie : 20 juillet 2011 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Richard Ayoade

Raton a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Le "Submarine" de Richard Ayoade revient souvent quand on cherche un film dont l'esthétique se rapproche des films de Wes Anderson.

De la scène d'introduction, avec un panoramique dans une chambre d'ado savamment décoré jusqu'aux plans symétriques célébrant l'union des deux jeunes atypiques, la mise en scène est en effet proche de celle de "Moonrise Kingdom" ou de "Rushmore".

Le scénario et les thématiques font également référence à la filmographie de Wes Anderson. L'innocence, la naïveté, l'enfance, les relations familiales sont privilégiées dans "Submarine" comme elles l'étaient dans "La Famille Tenenbaum" par exemple.

Toutefois, le film ne fait pas l'erreur d'être un pastiche sans saveur. Avec un habile cocktail d'espièglerie et de trouvailles scénaristiques, "Submarine" est un vrai petit trésor d'inventivité, juste et touchant.

Fantastic Birthday
6.2

Fantastic Birthday (2016)

Girl Asleep

1 h 20 min. Sortie : 22 mars 2017 (France). Comédie

Film de Rosemary Myers

Raton a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

L'influence de notre fameux texan traverse les océans et les continents et touche aussi l'Australie, terre natale de Rosemary Myers.

Le moindre plan suinte le Wes Anderson : des tapisseries à motif, des costumes jaune canari et des trombines rétro attachantes.
L'intrigue confirme la filiation avec une histoire de passage à l'âge adulte entre tendresse et amertume.
"Fantastic Birthday" ajoute cependant une dimension onirique et fantastique qui permet au film de s'émanciper avec succès de ses lourdes influences.

Eagle vs Shark
6.7

Eagle vs Shark (2007)

1 h 28 min. Sortie : 2007 (France). Comédie romantique

Film de Taika Waititi

Raton a mis 5/10.

Annotation :

Le néo-zélandais Taika Waititi s'inspire clairement de la vague indé dont Wes Anderson est le plus éminent représentant.

Si dans "Eagle vs Shark", les visuels ne sont ni symétriques, ni composés de couleurs légèrement passées, les personnages sont bien héritées de l'oeuvre du réalisateur américain.
Deux jeunes marginaux naïfs s'attachent l'un à l'autre une fois avoir comparé leurs animaux fétiches. Jeux de regard, comportements un brin irrationnels, gros plans de visages, situations ubuesques, il n'y a pas vraiment de doute quant à la filiation.

À la poursuite de Ricky Baker
7.4

À la poursuite de Ricky Baker (2016)

Hunt for the Wilderpeople

1 h 41 min. Sortie : 16 janvier 2017 (France). Comédie dramatique

Film de Taika Waititi

Raton a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Si on sentait encore l'influence de W. Anderson dans "Eagle vs Shark", Taika Waititi s'émancipe clairement dans "Hunt for the Wilderpeople".

Les thèmes fétiches du premier sont toujours présents : enfants atypiques et marginaux, problèmes intergénérationnels, goût prononcé pour le décalé et la tendresse, innocence face à la réalité qui entraîne une prise de conscience et de maturité.
Mais ici, la réalisation s'éloigne de l'emprise Anderson et la maîtrise de Taika Waititi sur son environnement néo-zélandais donne naissance à une oeuvre plus personnelle, plus cohérente et plus aboutie.

The Florida Project
7

The Florida Project (2017)

1 h 51 min. Sortie : 20 décembre 2017. Drame

Film de Sean Baker

Raton a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"The Florida Project" incarne pour moi l'ère du post-Wes Anderson.

J'entends par là que le film s'approprie certaines caractéristiques fondamentales du cinéma d'Anderson tout en déplaçant le propos, lui donnant un impact politique et des thématiques plus dures.
On conserve la tendresse, les couleurs criardes inhabituelles et surtout ce goût pour ces "misfits". Ce film insiste à montrer sous un jour pastel les marginaux du rêve américain, comme l'avaient fait "La Famille Tenenbaum" avant.

Mais à côté de ça, la douceur du propos, la bienveillance et l'aspect cotonneux des films de WA sont complètement abandonnés. "The Florida Project" retranscrit avec hargne la vision andersonienne à Orlando, où la misère crasse, la déprime et l'ennui rôdent autour du Disneyworld.

En fait, l'esthétique et la démarche demeurent, mais le message absurde, voire insouciant, s'efface pour se faire plus percutant, plus critique et plus radical.
C'est la tendresse de l'image face à la dureté de la vie, la caresse de l'étalonnage face aux bagarres sur un parking de motel.

Jojo Rabbit
7.1

Jojo Rabbit (2019)

1 h 48 min. Sortie : 29 janvier 2020 (France). Comédie, Drame, Guerre

Film de Taika Waititi

Raton a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

[Ça va spoiler, alors prenez gare]

Après avoir vagabondé avec succès à Hollywood avec Marvel et Star Wars, ainsi que dans l'univers sériel, Taika Waititi revient à un projet ciné personnel.

Il poursuit clairement dans "Jojo Rabbit" la démarche amorcée avec "Hunt for the Wilderpeople", en s'éloignant de la signature visuelle et de la douceur ouatée purement andersoniennes.

Tout aussi sémillant que son prédécesseur, "Jojo Rabbit" met à nouveau en scène un enfant curieux, dont le fanatisme nazi n'a d'égal que sa touchante innocence.
Si les décors dans lequel il évolue sont toujours dans ces teintes pastel rassurantes et liées à l'enfance, le contexte historique et géographique de Jojo est autrement plus éprouvant. Subsiste dans cette atmosphère de débâcle allemande, la tendresse pure que témoigne une mère à son fils. La filiation avec Anderson se joue dans ces regards malicieux, ces gestes joueurs et ces répliques malines.

Mais de façon abrupte, le film décide de rompre ce lien d'amour maternel en même temps qu'il rompt le lien métaphorique que Taika Waititi entretenait avec Wes Anderson.
L'humour absurde qui s'exprime même en temps de guerre et qui reliait "The Grand Budapest Hotel" à "Jojo Rabbit" prend alors une autre direction. Il montre que l'amer parfois triomphe sur le doux, et qu'à l'image du vers de Rilke, aucun sentiment n'est définitif, qu'à l'amour peut succéder la perte et qu'à la douleur peut survivre la beauté de l'instant, celle qui ne se danse qu'une fois libre.

Raton

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