Cover Sydney Pollack - Commentaires

Sydney Pollack - Commentaires

Si elle s’inscrit dans l’espace mythologique et romanesque de l’âge d’or hollywoodien, l’œuvre de Pollack témoigne d’un souci renouvelé du commentaire progressiste, à la fois politique, social, humain, qui lui donne une belle ampleur. C’est une filmographie riche, variée, cohérente, d’un humanisme ...

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10 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a presque 8 ans

Propriété interdite
7

Propriété interdite (1966)

This Property Is Condemned

1 h 46 min. Sortie : 30 août 1967 (France). Drame, Romance

Film de Sydney Pollack

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Quelque part entre Kazan et Ray, Sydney Pollack plonge dans le Sud américain de la Grande dépression et accouche d’une œuvre au climat légèrement onirique, qui vaut avant tout pour son beau portrait de femme tourmentée, en quête de rêves impossibles à concrétiser, à laquelle Natalie Wood apporte sa beauté vibrante. Si le climat williamsien semble adouci et les basses pressions moins étouffantes, le cinéaste parvient à rendre une atmosphère trouble et sourdement menaçante : des êtres rancis et âpres au gain s’y opposent à d’autres assez jeunes pour être avides d’espace et d’évasion. Elégie romantique qui confond la recherche du temps perdu et la quête d’une Amérique disparue dans une même nostalgie de l’innocence, le film atténue la noirceur de son sujet par une étrange poésie.

Un château en enfer
6.5

Un château en enfer (1969)

Castle Keep

1 h 45 min. Sortie : 24 octobre 1969 (France). Drame, Guerre

Film de Sydney Pollack

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Peu encline à rencontrer la lumière crue du présent, l’œuvre de Pollack lui a souvent préféré le prisme du passé. Mais, aux antipodes de l’âge d’or du cinéma romanesque, c’est presque dans le théâtre de l’absurde qu’elle puise ici ses mécanismes et ses enjeux. Avec ce film étrange, parfois onirique, le cinéaste replie le théâtre traditionnel du film de guerre sur un cadre fermé, en quasi huis-clos, et affirme qu’il préfère, aux commentateurs, manipulateurs et interprètes de la réalité, ceux qui la subissent, fût-ce dans une candeur ou une inconscience totale. Il dépeint, dans la neige et la rudesse d’une bataille des Ardennes filmée comme un enfer métaphorique, la fragilité de l’art et des valeurs immatérielles, les drames et la vanité des hommes au sein d’un monde qui court vers son anéantissement.

On achève bien les chevaux
7.9

On achève bien les chevaux (1969)

They Shoot Horses, Don't They?

2 h 09 min. Sortie : 2 septembre 1970 (France). Drame

Film de Sydney Pollack

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Un autre chapitre consacré par le cinéaste à l’analyse sans complaisance de la société américaine, dont le témoignage a valeur de parabole : les marathons de danse des années 30, véritables jeux du cirque modernes censés enjoliver la dépression économique, stigmatisent la crise morale du pays à la fin des années 60, ère de contestation et de remise en question. Dans ces visage inhumains à force d’épuisement, ces pauvres épaves faussement galvanisées par un optimisme hypocrite, c’est le portrait d’une nation imbue de ses valeurs éternelles et de son esprit de compétition poussé jusqu’à l’absurde qui est dressé. Peinture cinglante d’un monde où les puissants font de la déchéance des miséreux un spectacle obscène, qui porte une critique virulente de l’usine à rêves et conserve une force indéniable.

Jeremiah Johnson
7.7

Jeremiah Johnson (1972)

1 h 50 min. Sortie : 15 septembre 1972 (France). Western

Film de Sydney Pollack

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Pollack développe ici une vision fondée sur le redéploiement des valeurs ancestrales, une autre conception du romantisme portée par un héros animé d’un désir éperdu de liberté, visant à s’élever loin au-dessus du monde civilisé, jusqu’aux confins de l’absolu. Pas de phraséologie ni de délire baroque, nul paternalisme et nul folklore, rien que cette constatation : au-delà du fleuve, il n’y a aucune clairière où sauver la morale individuelle et la conscience collective. Entre volonté de régénération ou passion suicidaire, le film marche sur les pas de London et de Conrad, dans l’âpreté de superbes paysages enneigés, et relate une initiation spartiate comme une quête de reconnaissance et de paix intérieure, une odyssée rude et lyrique, contée sans la moindre concession aux stéréotypes du film d’aventures.

Nos plus belles années
6.6

Nos plus belles années (1973)

The Way We Were

1 h 58 min. Sortie : 14 décembre 1973 (France). Drame, Romance

Film de Sydney Pollack

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Il est mince, il est beau, il sent bon le sable chaud : Robert Redford, alter ego privilégié du cinéaste, est ici l’un de ces déserteurs de l’Histoire sommés de prendre position et apprenant sur le tard qu’on ne fuit pas impunément la réalité de son temps. Face à lui, Barbra Streisand bâtit un personnage complexe et chaleureux, volontariste mais vulnérable affectivement, dont elle rend avec un naturel pathétique les contradictions et les hésitations. Ces deux acteurs formidables éclairent une belle chronique romanesque à la Fitzgerald, qui capte la lumière un peu incertaine des Technicolor d’autrefois, dissout l’illusion lyrique à la faveur d’une analyse précise des ambigüités de l’Amérique, et recouvre d’une sourde mélancolie la relation intense mais manquée entre deux êtres profondément différents.

Les Trois Jours du Condor
7.2

Les Trois Jours du Condor (1975)

Three Days of the Condor

1 h 57 min. Sortie : 21 novembre 1975 (France). Thriller

Film de Sydney Pollack

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Prompt à se pencher sur les maux de la société contemporaine, à interroger les contradictions et les métamorphoses d’un pays qu’il ne reconnaît plus, Pollack s’inspire peut-être du Watergate pour ce thriller politique dans la droite lignée de ceux signés à la même époque par Pakula. Son enjeu est rien moins que l’aptitude du rêveur à faire face à la peur et la méfiance, à prendre conscience de la fragilité du système de valeurs auquel il croit. Ludique et responsable à la fois, exprimant les doutes et les angoisses d’une nation en pleine remise en cause de ses institutions, le film est un petit classique du genre, un divertissement captivant qui engage une réflexion virulente sur le pouvoir et ses machinations ténébreuses, la démiurgie technologique, le rôle occulte joué par la CIA et l’establishment américain.

Bobby Deerfield
6

Bobby Deerfield (1977)

2 h 04 min. Sortie : 16 novembre 1977 (France). Drame, Romance

Film de Sydney Pollack

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Avec ce film en dents de scie, contemplatif, déceptif, Pollack s’aventure sur notre vieux continent et y annexe un nouveau territoire romanesque. Pragmatique absolu arrivé au terme d’un processus de réification, le héros est un être en marge. Non de la société, puisqu’il est au centre du système américain, de sa spectacularisation forcenée, mais de la vie même, dont il s’est coupé pour alléger sa fuite vers l’avant et les sommets de la réussite. C’est par sa confrontation à la mort qu’il sortira de sa torpeur, se défera de sa carapace, renouera avec le sentiment et l’épreuve du réel. La love-story esquisse donc une aventure existentielle étrangement languissante, dépourvue de péripéties, presque inerte sur le plan dramatique, comme volontairement gagnée par l’aphasie intérieure du protagoniste.

Tootsie
6.9

Tootsie (1982)

1 h 56 min. Sortie : 2 mars 1983 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Sydney Pollack

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

La confusion des genres, la guerre des sexes, le déplacement des normes ont fourni la matière aux Wilder et Hawks des grands jours. C’est dans ce sillage que se positionne le cinéaste, en combinant allègrement comique de situation et dialogues à l’emporte-pièce. Construit sur un scénario très solide qui jouit de plusieurs niveaux de lecture, le film propose une réflexion lucide sur le rapport entre virilité et féminité, la nature du succès, la dimension révélatrice de ses supercheries, l’identité de l’individu, sa relativité et ses avatars dans les relations affectives et sociales. Plus volontiers polisson que pervers, trouvant un ton doux-amer qui nuance le rire d’émotion, il est également une satire des milieux télévisés et une mise en lumière du métier d’acteur, à laquelle Dustin Hoffman apporte tout son talent.

Out of Africa (Souvenirs d'Afrique)
7

Out of Africa (Souvenirs d'Afrique) (1985)

Out of Africa

2 h 41 min. Sortie : 26 mars 1986 (France). Biopic, Drame, Romance

Film de Sydney Pollack

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Pollack tente de retrouver la grande tradition romanesque et nostalgique de l’âge d’or hollywoodien à travers une histoire passionnelle malheureuse, exaltée par les splendides décors de la savane kenyane. Pas une plume ne manque aux autruches, pas un poil aux éléphants, pas un collier aux indigènes : le dépaysement est à ce prix. La vision quelque peu surannée d’une Afrique paternaliste, l’insistance psychologique dans l’affrontement amoureux entre ses deux stars, pourtant au sommet de leur talent, atténuent quelque peu la séduction dispensée par le film. Mais force est d’admettre que ce mélodrame offre un vrai plaisir esthétique, qu’il témoigne de beaucoup de sincérité, de matière et d’ampleur, dans ses moments d’attente et de contemplation, d’introspection et d’harmonie avec la nature.

La Firme
6.4

La Firme (1993)

The Firm

2 h 34 min. Sortie : 15 septembre 1993 (France). Drame, Thriller

Film de Sydney Pollack

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Regretter le désengagement du cinéaste sous prétexte que le malaise social est moins désigné qu’autrefois serait une erreur. Car le golden boy aux dents longues est ici l’agneau du capitalisme sauvage, en qui l’on reconnaît l’une des contradictions de l’Amérique puritaine : tout sacrifier à la réussite sociale et en même temps dénoncer le pouvoir corrupteur de l’argent. Difficile donc de faire la fine bouche devant une telle démonstration de savoir-faire, et devant l’aisance narrative sans fioriture avec laquelle Pollack emballe son foisonnant thriller politique. La facture est impeccable, la direction d’acteurs sans faille, le suspense parfaitement mené dans un souci d’efficacité qui n’empiète jamais sur l’intelligence et l’élégance de son exécution : la forme idéale du divertissement à l’hollywoodienne.

Thaddeus

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