A la fois une larme et un peu plus de moi / qui tombe sur ma joue.

Annotation :

Je suis un peu trop sensible quand on touche aux enfants abandonnés, livrés à eux-mêmes.
On a même appelé le SAMU et j'avais décidé que je devais me barrer avant que les pompiers n'arrivent.

Le film sera difficilement détrônable... Ou s'il l'est, je ne veux même pas savoir ce qui arrivera.

Annotation :

Je suis un peu trop sensible quand on touche aux enfants livrés à eux-mêmes. Oui, je sais, je l'ai déjà dit.

Mais en plus, il y a l'influence de la mère.
J'ai pleuré tout du long, des poussées de larmes au mieux (sans évanouissement cette fois).

Annotation :

Je suis un peu trop sensible quand on touche à l'Histoire et à mes convictions.
Je n'ai pas pleuré devant le film mais il a eu une certaine influence quand je suis revenu à Berlin.
Et j'ai non seulement vu que les panneaux de cuivres ne revêtaient plus le Palais de la Republik (cf l'image de couverture de cette liste) mais en plus, par dessus le marché, par dessus la négation de l'Histoire, il est prévu de restaurer à la place l'un des monuments les plus emblématiques de l'oppression de classes, à savoir le château de Berlin. Anachronique, absurde, idéologique.
Si vous ne comprenez pas, c'est que vous avez une autre conception de l'existence et de l'histoire que la mienne. On dira que je suis fou. Oh moins fou que la logique destructrice de l'histoire, quelle qu'elle ait été.

Berlin me fascine, mais plus j'y vais, plus je souffre de la voir rongée, vendue, dépossédée.
Donc, c'est devant les ruines de l'ancien château que j'ai piqué ma crise devant l'oeil indifférent des autochtones (j'étais légèrement alcoolisé). Alors j'ai fauché un vélo pour rouler sur la Karl-Marx-Allee, pour me calmer.

Le jour où j'ai appris le déplacement des statues de Marx et Engels, il pleuvait de trop pour me mettre vraiment en colère. Manque d'audace certainement.

Annotation :

Je suis un peu trop sensible quand on touche à la lecture, la lecture à voix haute et à la confrontation culturelle.
Pour développer un peu ma "maladie" socioculturelle, mon rapport à la lecture, je vais conter un de mes plus manifestes symptômes, de sorte qu'il ne soit plus possible de penser que la lecture est secondaire ou accessoire.
Je m'en allais voir un modeste film au cinéma. "La tête en friche" de Becker, un réalisateur qui aime confronter les univers socioculturels avec souvent un rapport de classe ou un rapport ville-campagne. Le film raconte la vie d'un idiot du village, illettré de surcroît, vivant avec sa mère. Et un jour, il rencontre une veille dame qui lit un livre dans un parc. Dans sa bonhommie et sa simplicité, il l'aborde et veut entendre l'histoire. Puis il est rapidement confronté à une barrière psychique et culturelle qui l'empêche d'accéder au saint des saints. Je ne saurais pas te dire quel est la suite du film car... je me suis effondré sur mon fauteuil. Je me suis effondré parce que cela me renvoie au profond décalage que je ressens entre mes capacités intellectuelles (peu importe leur niveau) et ma capacité à me concentrer sur une lecture. C'est une douleur sociale que je traîne avec moi et l'on ne peut imaginer à quel point cela est pesant.

Je suis sorti du cinéma parce que ça devenait grotesque : il faut pleurer devant les films qui font pleurer, sinon on fait se retourner les gens.

Arf.

Il ne faut pas oublier que la lecture, c'est ce qu'il y a de plus libre au monde. A part peut-être pour les malvoyants. De ne pas avoir totalement accès à cet art, c'est une immense affliction, une privation culturelle, une blessure naturelle (?).
Comme tous les animaux blessés, une certaine aigreur s'installe sur fond de fragilité.

Annotation :

Je suis un peu trop sensible quand on touche aux cicatrices.
Tout seul, comme un grand ce jour-là. Une minute pas plus.

Annotation :

Quatre poussées de larmes, comme ça en crescendo sur la même scène :

L'enfant, ayant souffert, retrouve sa mère après avoir rompu la confiance avec elle. Il lui avoue son secret et, quoi qu'il advienne, elle le croit. Ensuite, pour appuyer son secret, il lui parle de la mère de sa mère, laquelle tenait à transmettre à cette dernière sa fierté.

Il y a beaucoup dans cette séquence ultime : du surpassement de soi, des retrouvailles, une confiance renouée, de la parole et de l'écoute, un brin d'abnégation et une plaie qui se suture avec ce messager d'outre-tombe.

Tout ça dans une voiture à l'arrêt, dans un bouchon, assis cote-cote, d'égal à égal.

Annotation :

J'ai honte.
C'est avec des paroles comme "libérée, délivrée", "me voilà, je suis là" ou encore "le froid est pour moi le prix de la liberté" que mes yeux se sont assez lourdement embués. Et puis ce mélange de légèreté avec des paroles qui, chez moi, retentissent pesamment, fait que, dans l'ambivalence et un peu de beauté tragique, une poussée m'ait envahi. Et c'était pas du surgelé.

A écouter dans les moments de bonheur ou de grand désespoir, me dit-on... Hé bien je dis non ! Pas forcément. En fait, je proposerais bien cette chanson à passer en boucle dans l'enceinte de Guantanamo.

N'empêche, quand j'y repense... Quelle conne cette reine ! C'est un peu Into The Wild expliqué aux enfants, wesh.

N'hésitez pas à l'écouter dans toutes les langues !

Annotation :

Je suis un peu trop sensible quand on touche à la perte de l'innocence.
J'ai fait peur à quelqu'un ce jour-là.

(...)

Six ans plus tard, le film est diffusé en plein après-midi sur Arte. Je décide de le regarder en faisant le ménage. Le résultat est radical : j'ai à peine eu plus qu'une bonne chair de poule.

Le film perd 5 places.

Annotation :

Pour une fois, j'éprouve une poussée de larme, une seule, et celle-là, peu ou prou de psychanalyse à faire.
Wall-E avait déjà réussi à me faire tressaillir avec sa petite graine, sans toutefois y parvenir.

Voilà, check. C'est fait. Très belle scène.

Annotation :

Je suis un peu trop sensible quand on touche aux enfants livrés à eux-mêmes. CoMBiEN De FoiS FauT-iL Le DiRe ?

Toute petite poussée de larme de rien du tout. Le gaillard est très débrouillard pour me passer l'envie de m'affliger encore une fois sur ce même thème.

Annotation :

Une poussée de larme que j'ai eu de la peine à contenir. Un mélange de profanation et de poésie : écrire son prénom sur la tombe de sa mamie avec une craie.

Question : si ma mère était néo-nazie nostalgique du troisième Reich, quelqu'un verrait un inconvénient que j'appose une svatiska ? - une toute petite, hm ? Et si elle habite à Carpentras, je risque rien ?

Voilà.
De l'humour noir.
Bonne vieille stratégie pour réprimer le moindre sanglot et s'empêcher de dire mes sentiments.

Et puis de toute façon, elle est communiste, ma mère ; la faucille et le marteau c'est pas du gâteau à dessiner. Même en grand.