Cover Alexandre Sokourov - Commentaires

Alexandre Sokourov - Commentaires

Cinéma intimidant que celui de Sokourov, de la même famille que ceux d’Angelopoulos ou Béla Tarr, voire Tarkovski, toutes proportions gardées, qui le tenait de son vivant pour l’un des maîtres mondiaux. Il se joue en effet ici quelque chose d’un art absolu, dont le monumentalisme est désamorcé par ...

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6 films

créee il y a presque 10 ans · modifiée il y a environ 3 ans

Mère et fils
7.4

Mère et fils (1997)

Mat i syn

1 h 13 min. Sortie : 4 février 1998 (France). Drame

Film de Alexandre Sokourov

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Une mère va mourir et son fils l’accompagne. Dans ce poème en mouvement il y a peu de paroles : qu’y aurait-il encore à dire ? Mais il y a une grande douceur dans les gestes prodigués, l’amour qui lie ces deux êtres isolés au bout du monde, la proximité de leurs corps enlacés. La bande-son respire aux forces d’une nature vitale (le ciel, le vent, un orage). La forêt, avec son écorce brune et ses feuillages bruissants, vibre de couleurs chaudes contrastant avec le visage gris de l’agonisante. L’ailleurs passe au loin, une voile sur l’eau, un train qui barre le paysage d’une diagonale essoufflée. Les images travaillées, concaves ou anamorphosées, évoquent le romantisme d’un Friedrich et imposent l’exigence de ce film beau comme une liturgie funèbre. Cependant je l’admire plus qu’il ne me touche.

Élégie de la traversée
7.6

Élégie de la traversée (2001)

Elegija dorogi

48 min. Sortie : 1 juin 2001 (France). Drame, Fantastique

Film de Alexandre Sokourov

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Un homme tente de se souvenir, agence un flux de pensées et de réflexions désordonnées, sa voix off inscrivant la fiction dans l’après d’un évènement indatable. Le commentaire, qui fait succéder des blocs temporels toujours bornés par la coupe du plan, invoque des images étrangères, décolorées, précaires, cotonneuses, brouillées par les flocons de neige striant le paysage, envahies par la brume, rongées par l’obscurité, et dont la spectralité semble comme prélevée aux abords des limbes d’un monde informe, toujours menacé d’effacement. Méditation chuchotée sur le passé, l’angoisse, l’énigme des lieux, la présence-absence des êtres et des choses, l’héritage de la création artistique (la déambulation devant les tableaux annonce "L’Arche Russe"), ce moyen-métrage dispense une singulière fascination.

L'Arche russe
6.9

L'Arche russe (2002)

Russkiy kovcheg

1 h 39 min. Sortie : 26 mars 2003 (France). Fantastique, Historique

Film de Alexandre Sokourov

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

En matière de tour de force, cette déambulation dans l’enfilade du musée de l’Hermitage, à Saint-Pétersbourg, se pose bien là : c’est une invitation au rêve, une plongée en apnée dans trois cents ans d’histoire russe. Sokourov abolit le temps en un plan-séquence unique qui parcourt les perspectives infinies de l’impénitente Babel horizontale, et dont les mille figurants font revivre les fastes d’antan. La gracieuse famille du tsar prend le thé, un érudit français commente les ornements raphaéliques, les officiers draguent les jolies dames en crinolines, et tout s’achève par le bal somptueux et spectral de 1913, déployé dans un écrin chryséléphantin piqué de lustres immenses. La philosophie qui le sous-tend est peut-être un peu sommaire, réac et mystico-nostalgique, mais le spectacle a de la gueule.

Le Soleil
7.4

Le Soleil (2005)

Solntse

1 h 50 min. Sortie : 1 mars 2006 (France). Drame, Biopic, Historique

Film de Alexandre Sokourov

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Pas facile pour un homme de renoncer à être un dieu. C’est tout l’enjeu posé par cette évocation des jours précédant la capitulation d’Hirohito, en août 1945. Mais à l’ampleur de la fresque Sokourov substitue un rythme fuyant, insaisissable, un éclairage blanchi aux vapeurs du rêves, la dimension miniature d’un huis-clos fixé sur un être chétif, médusé, redescendu malgré lui parmi les mortels. Son sens du désastre s’illustre à travers quelques séquences étonnantes (la vision prophétique du feu nucléaire), mais il y a comme un engourdissement profond qui saisit cette méditation austère sur l’archaïsme d’une civilisation pétrifiée par ses valeurs, l’écroulement du pouvoir, l’effacement et le retrait du divin. Et la sophistication numérique des plans ne parvient guère à sauver le film de l’ennui.

Alexandra
6.6

Alexandra (2007)

Aleksandra

1 h 35 min. Sortie : 26 septembre 2007 (France). Drame, Guerre

Film de Alexandre Sokourov

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Tournant à Grozny, sur les lieux mêmes de la guerre en Tchétchénie, le cinéaste procède pourtant d’une démarche elliptique : l’essentiel se déroule dans le campement d’une armée en plein dénuement, autour du personnage-titre en visite chez son émérite petit-fils officier. La traversée de cet univers masculin par une figure maternelle qui rappelle aux soldats leur appartenance à l’espèce humaine est filmée avec une sérénité méditative héritée de cette mélancolie blessée qui nourrit l’auteur dans son rapport au cinéma et à son pays. Mais en faisant pencher la balance, au détour d’un dialogue, du côté de la propagande officielle, en réfutant l’analyse politique et idéologique de la situation, en préférant contempler la Russie éternelle à travers une Mère symbolique, il semble hélas vouloir refuser l’Histoire.

Faust
7

Faust (2011)

Фауст

2 h 14 min. Sortie : 20 juin 2012 (France). Drame

Film de Alexandre Sokourov

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Sokourov pratique un cinéma volontiers sarcastique, grinçant, mu par un sens du grotesque noir, traversé ici par une inspiration expressionniste franchement saisissante. Nœuds de chair agglutinés dans les nappes du lavoir, homoncule de glaire, amas organiques à la prégnance presque tactile… Les préoccupations métaphysiques du conte de Goethe se traduisent à travers une plasticité exacerbée, des distorsions permanentes, des formes labiles, des associations monstrueuses entre horreur et beauté, un kaléidoscope magique qui emprunte à Bruegel ou Bosch et frise par instants le cours magistral. L’heure centrale patine comme pas possible mais la dernière partie, déambulation hypnotique parmi les spectres au beau milieu d’un décor lunaire, rattrape pas mal de choses.

Thaddeus

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