Carnet de lectures - 2021

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L'année 2021 débute avec la lecture de ce livre que je n'aurais probablement jamais lu si on ne me l'avait pas offert pour noël, en raison de sa longueur (près de 900 pages, quand même) et de sa contemporanéité (publié en 2019). Mais je suis ravie d'avoir franchi le pas: malgré mon envie de lire plus, voire essentiellement des femmes cette année (ce que j'amorçais déjà en 2020, mais je n'ai simplement pas envie de me restreindre), je n'avais jamais lu Joyce Carol Oates. Or celle-ci a une plume délicieuse, d'une fluidité qui ne se sacrifie pas à l'intelligence à la nuance. Le roman nous plonge au coeur des débats autour de l'avortement aux États-Unis avec humanité et précision. Tous les personnages sont remarquablement travaillés et, d'un point de vue narratif, JCO déploie son écriture avec une maîtrise exceptionnelle dans le temps (à la fois du livre et de l'histoire qu'il contient). À lire absolument pour plonger dans les campagnes profondes de l'Ohio et dans les camps sacrificiels pro-vie et pro-choix.

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Un joli manuel, pas vraiment complet, mais qui me sera sans doute utile dans le cadre de l'animation de mes ateliers d'écriture créative (au cas où je manque d'inspiration pour des exercices) (et il se fait par ailleurs qu'un de mes textes y apparaît).

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Un petit livre court auquel on ne peut pas mettre moins que 7 parce qu'il ne se fait pas passer pour ce qu'il n'est pas, à savoir un essai de sociologie critique qui pourtant aurait tous les faits et statistiques possibles en main pour convaincre quelqu'un.e d'être misandre. Mais pour ce qu'il se présente, à savoir un argumentaire de colère et d'amour sororal, c'est un discours efficace et bien écrit, étayé par des chiffres et convainquant. À lire, par des hommes surtout.

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Cinq petites nouvelles de qualité inégale (deux que je n'ai pas aimé, trois que j'ai beaucoup apprécié). De façon courte et efficace, en présentant des scènes ordinaires, Tchékov nous confronte à ce que l'existence et la façon dont on s'y engage peut avoir de médiocre et de tristement pathétique.

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On continue à découvrir le grand Essénine avec sa seule oeuvre en prose, qui reste absolument et avant tout poétique. Tellement beau et, lexicalement, c'est d'une richesse infinie (on est éblouis par un nouveau mot découvert à chaque paragraphe)

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Ludique, comique, tragique.

"Quelle trombe! quel oragan! tout tremble
si fort que l'univers se désunit
et que ma vie aussi se désassemble
et que bientôt rien ne me reste, ni
ce dur regard qui aimait tant les flammes
ni ces deux mains qui aimaient tant tenir
ni ces deux pieds qui aimaient tant partir
ni ce grand corps amoureux de son âme/
Ah! dans un tel exil comment dirai-je
quelle est la fin de ce long sortilège?
Je suis sans voix et je n'ai plus de langage,
plus de bateau pour un si long voyage!
L'oeil fixe, je me tais, en attendant
d'apprendre enfin la langue du néant."

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J'adore Siri Hustvedt - sa prose, ses intérêts, et la façon dont elle fait interagir ces différents paramètres - mais j'ai trouvé cet essai un peu laborieux. Partant de la problématique corps/esprit - qu'est-ce-que la pensée? quel est son rapport au corps? -, on traverse le (vaste) paysage de la biologie darwinienne, de la philosophie pragmatique, de l'épigénétique, de la phénoménologie et des neurosciences. On apprend beaucoup, mais c'est moins agréable que d'autres de ses essais.

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Un roman modeste, aux allures de conte, dont j'ai malheureusement trouvé l'intrigue pauvre et mal ficelée. On n'est ni dans la concision ni dans le détail et on ressort de la lecture insatisfait. Dommage, parce que j'étais enthousiaste à l'idée de découvrir cette romancière italienne fin 19è début 20è, dont on parle peu (peut-être à raison, donc), parler de la condition des femmes dans l'Italie pauvre des années 20.

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Edgar Hilsenrath est toujours aussi bon dans ce roman picaresque sur fond de guerre froide et de queues coupées. Derrière le grotesque et le rabelaisien se cachent comme toujours beaucoup de beauté et de pudeur.

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Sujet original et belle versification mais à la lecture il y a quelque chose qui coince et qui empêche la transcendance.

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Recommandation d'un ami qui a eu la chance de voir la pièce jouée dans sa roulotte multivers. Découverte donc d'un auteur contemporain à la plume très agréable, mais à mon avis on rate quelque chose de l'oeuvre si on ne la voit pas jouée, dans sa scénographie particulière. Ca reste très agréable à lire, surtout quand on aime Shakespeare, qu'on connaît son théâtre et qu'on peut donc comprendre les références qui sont mises en jeu dans cette grotte à merveilles qu'est le texte.

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Quelques beaux poèmes dans ce recueil de circonstance à l'approche de la Saint-Valentin. Bonne traduction à mon avis, puisqu'elle conserve la simplicité des rimes d'Anna Akhmatova.

Ce poème, "Par une nuit blanche", alors qu'il neige à Paris:

"Je n'avais pas fermé ma porte,
Allumé les bougies,
Je n'avais même plus la force
D'aller me mettre au lit.

Regarder les lueurs du soir
Que les sapins éteignent,
M'enivrer aux sons d'une voix
Si semblable à la tienne...

Et savoir que tout est perdu,
Que l'enfer de vivre est le pire.
O, cependant j'étais si sûre
De te voir revenir!"

Toutes les nuances de l'amour dans ce recueil.

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Une langue fluide et agréable, avec de très beaux monologues (de Camille en particulier). "Horace" pose avec pertinence la question de l'honneur et de la vertu et les échanges entre les différents personnages et les enjeux moraux et d'égo qu'ils nourrissent sont particulièrement bien construits et intéressants. (J'avais été déçue par L'Illusion comique, et je suis cette fois beaucoup plus agréablement surprise par cette pièce qui rappelle inévitablement et bien mieux Racine)

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Brillant, violent, révolutionnaire. 9, parce que les éditeurs ont eu le mauvais goût d'agrémenter le texte d'une postface de Houellebecq (?), qui a tout de même la décence de reconnaître le caractère grandiose du texte - dans sa première partie surtout.

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Essai passionnant qui s'intéresse à la coïncidence entre le chaos dans les idées et le chaos dans l'histoire des sciences. À lire pour envisager un anarchisme épistémologique et méthodologique comme voie vers une certaine libertarité de l'intellect.

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Une tragédie sublime (comme d'habitude avec Shakespeare) qui pose la question de l'action politique et de ses possibilités, à travers des personnages aux psychologies plus complexes qu'on pourrit ne le penser à la 1re lecture. Ca rappelle Les Justes, ou pour mieux dire les Justes rappellent Jules César.

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Un bel essai relativement bien documenté mais dont j'aurais apprécié que l'analyse soit plus fournie et aille plus en profondeur dans l'idée de violence comme nécessité de la riposte.

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Un recueil de poésie documentaire autour des violences faites aux femmes. Après un séjour dans un refuge pour femmes battues, Perrine le Querrec effectue un travail brillant et délicat autour de l'idée d'archive et de manipulation dans la douleur de l'autre dans la langue. C'est émouvant et important, c'est de la poésie contemporaine, c'est à lire.

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Un texte fondateur, à la langue claire, pour la psychanalyse et la socioanthropologie du jeu. Passionnant

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Gainsbourg, toujours élégant et agréable.