Cheminement musical de mes premières amours

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Mon périple musical commence avec la synthpop un jour rayonnant d'été 2007, lorsque je découvre Scarface et sa bande originale. Premier amour pour les synthetiseurs typés 80's, lesquels m'accompagneront au fil de mes découvertes futures, même si leur "type" évoluera au fil du temps (passant grosso modo du kitsch 80's au kitsch médiéval), et ce via bien sûr la darkwave.

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Qu'on l'appelle power electronics, neofolk ou electro-indus (des genres assez différent, il est vrai), ce que j'entends par darkwave c'est grosso modo l'entreprise post punk de créer des ambiances tenebrantes, nocturnes et fantomatiques, en un mot gothiques. La confusion des termes vient sans doute du fait qu'un groupe à l'origine de ce son si particulier s'inscrit aussi dans la mouvance postindus/neofolk. Les renvois entre toutes ces scènes étant assez fréquents. Je veux parler bien sûr de Death In June. Death In June que je découvre sur un obscur forum de musique underground (pas si underground que ça pourtant) auquel je participais un peu. Death In June, qui après le départ de Patrick Leagas n'aura plus tout a fait la même saveur (même si j'aime la période suivante), m'envoute littéralement avec son album Nada!. Nada! est le parfait pendant de mon tempérament d'alors, pratiquant une musique volontiers funerale, une vraie déviance de ma part. Entre rythmes dansants et voix sépulcrale de Douglas Pearce, le contraste est saisissant, tellement que cette musique, ce son, sont à mettre en parallèle avec la danse macabre. L'impossible mort qui me travaillait et la nostalgie folk d'une Europe dépassée.

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Je mène des investigations sur la scène et je tombe sur un site baptisé Guts of Darkness. Ce dernier participera à mon édification mélomane puisque j'écoute quasiment tout ce qui, chroniqué sur le site, me tombe sous la main. Coil en fait partie. Dès lors, je m'intéresse aussi à l'ambient, ce travail sur les atmosphères. John Balance devient mon idole dionyso-punk et dans la foulée j'écoute tout Coil, radicalement radicalisé par son aura de chaman anglais. L'approche minimaliste de sa musique, visant le maximum d'effets s'imprimera lentement mais sûrement comme l'approche préférentielle (au contraire de Wagner qui suit).

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Bref détour par la musique savante : j'écoute surtout les romantiques : Brahms, Chopin (tout), Rachmaninov et Schubert. Mais ma préférence va à Richard Wagner, je trouve en icelui l'approche bruitiste qui est l'autre fil d'Ariane de mon investigation musicale. Son maximalisme lié à sa recherche d'un Art Total passant par la mise en scène théâtrale, enrichie de costumes, maquillages, décors grandiloquents... sied à ma personnalité de jeune dixneuviemiste. J'ai la sensation de trouver en Wagner la musique que j'ai toujours voulu entendre. Pour cause, celle-ci puise dans la matière du folklore (germanique) auquel m'inclinent mon attrait pour le moyen âge et mon enracinement (je suis petits-fils de paysans). Dans la foulée, je commence à lire Nietzsche (surtout lorsque ses écrits sont en lien avec Wagner)

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Nous sommes en 2013, et la trap débarque en France. Moi qui croyais détester le rap et affiliés, je me mange une gigantesque mandale. L'upercut est signé de la main d'un sevranais (93, le pire du pire) d'origine ivoirienne. Des textes écrits a la sueur du front, cash et crus, posés sur des instrus dignes d'un clavier carpentrien. La noirceur rodée d'Or Noir est la meilleur chose qui me soit arrivée, j'ai la sensation de confronter mes convictions politiques à l'altérité la plus étrange. Cet album a eu une influence majeure sur ma conception de la musique et sur mon parcours politisé. Je commence à fréquenter d'autres fans, et on s'enthousiasme mutuellement. Je fréquente brièvement le milieu rap de ma région, micro scène pas inintéressante mais pas intéressante non plus.

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Un peu avant de plonger corps et âme dans le rap, je tombe sur J'avais rêvé du Nord du KPN. C'était en 2011. Hasard ou coïncidence, Famine fera quelques années plus tard un album ironique de trap bresom. Tout dans Peste Noire appelle pourtant le partage des territoires esthétiques : les catégories du flow peuvent s'appliquer à la prosodie du frontman, tributaire de la noble chanson française. L'ordure à l'état pur, ce sont des hymnes insurrectionnels à la gloire de la France rurale, destinés à des Gilets Jaunes mentaux, qui cassent des trucs, embrasent la ville dans leur tête.

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2012. Ça y est : j'ai un pied dans le black metal. Si j'étais passé à côté de Murmuüre en 2010, le buzz dont il bénéficie et mon attrait pour Peste Noire (black metal un peu à part) m'incitent à m'intéresser à ce genre mais uniquement par ses marges. L'album de Murmuüre est une capsule temporelle, patiente et subtile, que l'organicité renforce, rend un peu plus fragile et éphémère.

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2015. Dans la foulée de ma passion naissante pour le rap français, je commence à prospecter les racines, les origines de ce genre musical. Ce qui me reporte naturellement vers le rap américain. Deux noms ressortent régulièrement sur les fils de discussion américains : Young Thug et Chief Keef. Quelle veine de tomber d'un coup sur les deux pointures de la décennie ! En dehors de leurs dénominations à coucher debout, ces deux-là marquèrent leur époque, imprimèrent sur elle leur signature vocale, maléablement maniérée pour YT et inaudiblement marmonnée pour CK. Deux signatures vocales aux antipodes : CK semble s'étouffer (voire tousse grassement dans le micro!) quand YT ne laisse pas respirer son flow, accélérant, décélerant à volonté. Deux bêtes de travail et pas une seule collaboration (fait très rare à cette époque) ! CK et YT marquent deux directions entreprises par le rap américain sudiste, littéralement les deux champions des deux genres les plus représentatifs du rap de la décennie : drill et trap.

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2016. Je vis en Italie. Sans connexion internet hormis celle limitée du cellulaire. Je télécharge de la musique sur youtube grâce à elle mais en petite quantité. Nero Némésis est sorti en fin d'année 2015. Je le télécharge sur mon téléphone puis le passe sur mon ordinateur. Je n'ai pas accès à toute la musique que je voudrais. Mais Nero Némésis me suffit. Un album d'une noirceur soulagienne, ne laissant que le répit estival de Validée pour souffler. Certes, on n'est pas au même niveau qu'Or Noir (de peu), mais la spontanéité avec laquelle Booba décoche ses rimes l'emporte en exultation pure sur toute autre consideration. Un an après, je m'inscrirai sur SC. C'est une autre histoire.