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Quelques notes de lecture.

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262 livres

créee il y a plus de 8 ans

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modifiée il y a 2 mois

Oeuvres spirituelles

Oeuvres spirituelles

Sortie : 1 janvier 2047 (France).

livre de Jean De La Croix

Annotation :

"Le Père céleste a dit une seule parole : c'est son Fils. Il l'a dit éternellement et dans un éternel silence. C'est dans le silence de l'âme qu'elle se fait entendre."

Cent prières de chartreux

Cent prières de chartreux

Sortie : 4 novembre 2009 (France). Essai

livre de Nathalie Nabert

Annotation :

Comme il y a un approfondissement humain, un cœur profond, que les heureux ne soupçonnent pas, et que la souffrance seule peut creuser, il y a une certaine qualité, une certaine intensité d’abandon et d’amour reconnaissant, que seuls les pécheurs pardonnés peuvent posséder. La pureté de cœur retrouvée a ses propres richesses aussi. Elle peut manquer un peu de l’exquise limpidité et joie spontanée de la pureté innocente, mais elle peut gagner en humilité, en douceur et en humanité, car elle comprend mieux la faiblesse du cœur humain et elle ne réclame pas ses droits devant Dieu – elle n’en a pas et le sait bien. Le Christ aimait s’entourer de ces pauvres en vertu.
in Le chemin du vrai bonheur, par un chartreux

En rade
7.6

En rade (1887)

Sortie : 1887 (France). Roman

livre de Joris-Karl Huysmans

Annotation :

"La vie de tous les jours est, pour le célibataire, une insurrection d'ennuis."
Jean Borie, dans sa préface

La vérité est symphonique

La vérité est symphonique

Aspects du pluralisme chretien

Sortie : 25 avril 2000 (France). Essai

livre de Hans Urs Von Balthasar

Annotation :

"Que la vérité chrétienne soit symphonique est sans doute la chose la plus importante que nous ayons à annoncer et à méditer.

La symphonie n'est absolument pas une harmonie doucereuse et relâchée. La grande musique est toujours dramatique, action incessante et suprême détente.

Mais la dissonance n'est pas la cacophonie. Elle n'est pas non plus l'unique moyen de maintenir le rythme symphonique. Le réservoir de l'Église se trouve dans "la profondeur de la richesse de Dieu" en Jésus-Christ, enfoui en son cœur.

Puisse-t-elle laisser cette plénitude agir dans une inépuisable diversité qui découle de son unité sans pouvoir être endiguée. "

Le Voyant d'Étampes
7.4

Le Voyant d'Étampes (2021)

Sortie : 18 août 2021. Roman

livre de Abel Quentin

Fabrizio_Salina a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"J'avais toujours éprouvé une affection particulière pour Lévinas qui incarnait la figure même du Bon Savant au sourire lumineux, un type que l'on ne peut imaginer que baigné dans une lumière de fin d'après-midi dans son cabinet de travail, accueillant avec gentillesse un disciple, interrompant avec grâce son labeur colossal pour prodiguer des conseils, en général, ce genre de figures sont nés dans des bourgades russes au nom imprononçable, ils parlent huit langues, leur oeuvre est d'un ennui considérable, ce sont des saints et ils passent leur vie à tourner autour de la question de Dieu, enfin je m'égare."

"Une bière, ce n'est pas grand chose. On garde un air dégagé, mais toute l'attention est tendue vers le verre à venir. Le manque se fait sentir, cruel : pas une sensation sophistiquée, juste un trou au fond de l'être."

L'Opium des intellectuels
7.6

L'Opium des intellectuels

Sortie : 1955 (France). Essai, Philosophie

livre de Raymond Aron

Fabrizio_Salina a mis 6/10.

Annotation :

"Qu'on observe la réalité (...) et l'on constatera l'absurdité de ces amalgames politico-idéologiques, dont jouent les révolutionnaires au grand cœur et à la tête légère, et les journalistes impatients de succès."

"La gauche s'efforce de libérer l'individu des servitudes proches ; elle pourrait finir par le plier à la servitude, lointaine en droit, omniprésente en fait, de l'administration publique."

"On connait des révolutionnaires par haine du monde, par désir de la catastrophe ; plus souvent, les révolutionnaires pèchent par optimisme."

"Les expressions qu'emploient le jeune Marx ne laissent pas de doute sur les origines judéo-chrétiennes du mythe de la classe, élue par sa souffrance pour le rachat de l'humanité."

"Ce qui séduit le chrétien, sans qu'il en prenne conscience, dans le milieu ouvrier et l'idéologie marxiste, ce sont les survivances, les échos d'une expérience religieuse : prolétaires et militants, comme les premiers croyants du Christ, vivent dans l'attente d'un monde neuf ; ils sont demeurés purs, ouverts à la charité, parce qu'ils n'ont pas exploité leurs semblables ; la classe, qui porte la jeunesse de l'humanité, se dresse contre la vieille pourriture. Les chrétiens de gauche demeurent catholiques subjectivement mais renvoient le fait religieux au-delà de la révolution. "Nous n'avons pas peur, nous sommes sûrs de notre foi, sûrs de notre Église. Et nous savons en outre que celle-ci ne s'est jamais longtemps opposée à un progrès humain réel (...)" (Jean Lacroix, Les événements et la foi, 1940 - 1952)Le dernier pas est franchi : on subordonne l'évangélisation à la révolution. Les progressistes ont été "marxisés alors qu'ils croyaient christianiser les ouvriers."

"En apparence, Raison et Révolution s'opposent exactement (...). Mais la violence a été et continue d'être le recours d'une certaine impatience rationaliste."

"Que le petit-bourgeois d'Aix ait été aussi le peintre Cézanne est un fait d'expérience ; l'unité de l'homme et de l'artiste n'est pas illusoire, elle est presque indéchiffrable."

L'Obsolescence de l'homme
8.1

L'Obsolescence de l'homme (1956)

Sur l'âme à l'époque de la deuxième révolution industrielle

Die Antiquiertheit des Menschen 1. Über die Seele im Zeitalter der zweiten industriellen Revolution

Sortie : 1956 (Allemagne). Essai, Philosophie

livre de Günther Anders

Fabrizio_Salina a mis 9/10.

Annotation :

"D'autres perçoivent (...) les figures de l'histoire comme des figures comiques, c'est-à-dire comme des provinciaux du temps, comme des êtres qui n'ont pas grandi dans sa capitale - c'est-à-dire aujourd'hui - et se comportent par conséquent comme des idiots de village ou comme des rustres superstitieux."

"Manifestement nous employons [le mot présence] dans deux sens différents. D'abord pour désigner la présence concrète, le moment où l'homme entre effectivement en contact avec l'homme ou avec le monde, le moment, le moment où, s'approchant l'un de l'autre, ils finissent par se rencontrer, se rejoindre, et constituer ensemble la "situation" ; et ensuite pour indiquer la simple simultanéité formelle, c'est-à-dire le simple fait que l'homme et n'importe quel événement se tiennent sur le point, pas plus gros qu'une tête d'épingle, du "maintenant" et se partagent l'instant du monde. (...) Cette double signification se fonde en effet sur l'impossibilité de tracer avec précision la limite à partir de laquelle un événement ou un élément du monde nous concerne si peu qu'il ne nous est plus "présent" qu'au sens de la simultanéité."

"Puisque le rapport de l'homme avec le monde a lieu sous forme d'un choc mutuel, d'une friction plus ou moins permanente et non pas d'un rapport neutre avec une chose quelconque, il est extrêmement important d'insister sur la "résistance du monde".
C'est d'autant plus important que toutes les activités de l'homme peuvent être considérées comme des tentatives toujours renouvelées de réduire au minimum la friction entre le monde et lui et de produire un monde qui lui "aille" mieux ou peut-être parfaitement, un monde qui lui aille comme un vêtement.
(...) L'ultime "résistance", habituellement constituée par la distance spatiale ou financière qui sépare les marchandises des consommateurs y est également anéantie."

"Car l'histoire ignore le "pour de rire" ; tout comme elle ignore la formule : "une fois n'est pas coutume". Elle se refuse à toute rétractation et pour elle il n'y a pas d'"expérience". La possibilité d'expérimenter en tâtonnant lui est étrangère parce que tout ce qui s'annonce en déclarant modestement n'être qu'une expérience a lieu "une bonne fois pour toute" et arrive donc tout de suite "pour de bon". Cela ne signifie évidemment pas - ce serait absurde - qu'il ne faudrait plus faire d'expérience, mais qu'il faut bien comprendre que les processus qu'on déclenche sans pouvoir les isoler du monde se déroulent à l'indicatif et

L'Obsolescence de l'homme 2
8.2

L'Obsolescence de l'homme 2 (1980)

Sur la destruction de la vie à l'époque de la troisième révolution industrielle

Die Antiquiertheit des Menschen. Band II: Über die Zerstörung des Lebens im Zeitalter der dritten industriellen Revolution

Sortie : 7 mars 2012 (France). Essai

livre de Günther Anders

Annotation :

suite du précédent.
non au conditionnel ; qu'ils se déroulent pas seulement à l'intérieur du monde mais appartiennent au monde lui-même ; qu'ils ont un caractère factuel et pas seulement expérimental."

"Car l'avenir ne vient plus à nous : nous ne le comprenons plus comme "ce qui vient" ; c'est nous qui le faisons. Et nous le faisons d'une manière qui contient sa propre alternative : la possibilité de son interruption, la possible absence d'avenir. Même si cette interruption n'a pas lieu demain, elle peut avoir lieu après-demain, dans la génération de nos arrières-petits-enfants ou même seulement à la "septième génération" à cause de ce que nous faisons aujourd'hui. Puisque les effets de ce que nous faisons persistent, nous avons déjà atteint cet avenir - ce qui signifie, pragmatiquement parlant, qu'il est déjà présent."

"Voilà défini l'effrayant dilemme moral d'aujourd'hui. D'un côté nous attendons de l'homme qu'il collabore sans restriction - nous en faisons la condition même de son travail, du moins la condition d'un travail moralement accompli ; de l'autre, nous exigeons de lui (...) que dans la "sphère extérieure au monde de l'entreprise", il reste "lui-même" et n'agisse pas comme un "instrument", bref, qu'il se comporte moralement."

"Ne possède que les choses dont les maximes d'action pourraient également devenir les maximes de ta propre action."

"Il est extrêmement frappant que le nihilisme de masse soit apparu au moment même où la bombe a été produite et utilisée pour la première fois ; qu'une philosophie niant que l'humanité elle-même ait un sens soit apparue en même temps qu'un instrument destiné à anéantir l'humanité ; que le nihilisme de masse ait coïncidé, historiquement parlant, avec l'annihilation de masse."

"Alors que toute espèce animale est (...) donnée avec une forme d'organisation de son monde et de son existence sociale (...), le legs de l'homme consiste en une "sociabilité générale", une sorte de chèque en blanc qu'il doit remplir d'une façon ou d'une autre pour organiser sa vie. Autrement dit, c'est lui qui crée à chaque époque l'organisation de son monde et de sa société. Cette création, sa praxis, est la réponse au vide de ce qui est seulement "général" (la "sociabilité générale"), à l'indétermination du legs qu'il a reçu. (...)
C'est pourquoi une forme de société ne dure que si elle donne forme à l'homme dans son ensemble. L'homme n'a complètement changé de forme que lorsque ses sentiments ont, eux aussi, été remodelés."

La Liberté, pour quoi faire ?
8.3

La Liberté, pour quoi faire ? (1947)

Sortie : 1953 (France). Essai

livre de Georges Bernanos

Fabrizio_Salina a mis 10/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Les imbéciles trouvent ce monde raisonnable parce qu'il est savant, alors que la vie nous démontre tous les jours qu'il est des savants parfaitement déraisonnables, que la science ne confère nécessairement ni le bon sens, ni la vertu. Le monde moderne qui se vante de l'excellence de ses techniques est en réalité un monde livré à l'instinct, je veux dire à ses appétits. Voilà pourquoi il s'oriente de lui-même vers des expériences qui ne semblent si hardies que parce qu'elles ne lui sont nullement proposées par la raison, mais inspirées par l'instinct."

"La France est encore une patrie, voilà ce dont ne doutent jamais ceux d'entre nous qui ont voyagé un peu à travers le monde, en ne pensant pas tout le temps à leurs petites affaires... Une patrie, c'est-à-dire bien autre chose que cette organisation économique et policière qui tend à se confondre de plus en plus avec l’État moderne, ou du moins ce que nous appelons ainsi, l’État moderne mi-usurier, mi-policier, dont l’œil est à toutes les serrures et la main dans toutes les poches. Une patrie, c'est-à-dire un être moral qui a des droits et des devoirs, qui peut tout demander, mais qui ne saurait prétendre tout exiger au nom de la même loi qui régit les animaux, sacrifie l'abeille à la ruche, l'individu à l'espèce. Une patrie, une patrie humaine, voilà ce que la France est encore pour des millions d'hommes qui ne sont pas français."

"Il ne faut pas confondre le barbare et le sauvage. Le barbare n'est barbare que parce qu'il ignore ou refuse les hautes disciplines spirituelles, qui font l'homme digne du nom d'homme. On peut très bien, on peut parfaitement imaginer une humanité retournant à la barbarie - c'est-à-dire au seul culte de la force - sans rien perdre des acquisitions de sa technique."

"Ces deux mots d'esprit européen, je ne me permettrais pas de vous le cacher, ne manquent jamais d’évoquer chez moi une époque peu lointaine, à laquelle je préfère ordinairement ne pas penser. Car entre 1920 et 1930, vous vous en souvenez peut-être, un certain nombre d'intellectuels s'étaient aussi proposé pour tâche de définir cet esprit, mais avant d'avoir trouvé la définition, nous les vîmes se décerner généreusement à eux-mêmes, pour commencé, le titre alors envié d'Européens. Européen, on l'était à bon compte en ce temps-là ! Il suffisait de se dire sincèrement détaché des préjugés nationaux. Hélas, rien n'est plus dangereux qu'un homme esclave de ses préjugés nationaux, sinon l'homme qui se donne, grâce à une

Mémoires d'outre-tombe - Tome 2/4
8.1

Mémoires d'outre-tombe - Tome 2/4 (1850)

Livres XIII à XXIV

Sortie : 2 novembre 2001 (France). Correspondance

livre de François-René de Chateaubriand

Fabrizio_Salina a mis 7/10.

Annotation :

"N’en déplaise à ceux qui n’ont administré que dans nos troubles, ce n’est pas le gage matériel, c’est la morale d’un peuple qui fait le crédit public. Les propriétaires nouveaux feront-ils valoir les titres de leur propriété nouvelle ? On leur citera, pour les dépouiller, des héritages de neuf siècles enlevés à leurs anciens possesseurs. Au lieu de ces immuables patrimoines où la même famille survivait à la race des chênes, vous aurez des propriétés mobiles où les roseaux auront à peine le temps de naître et de mourir avant qu'elles aient changé de maîtres. Les foyers cessent d'être les gardiens des mœurs domestiques ; ils perdront leur autorité vénérable ; chemins de passage ouverts à tout-venant, ils ne seront plus consacrés par le siège de l'aïeul et par le berceau du nouveau-né."

"Loin de mépriser le passé, nous devrions, comme le font tous les peuples, le traiter en vieillard vénérable qui raconte à nos foyers ce qu'il a vu : quel mal peut-il nous faire ? Il nous instruit et nous amuse par ses récits, ses idées, son langage, ses manières, ses habits d'autrefois ; mais il est sans force, et ses mains sont débiles et tremblantes. Aurions-nous peur de ce contemporain de nos Pères, qui serait déjà avec eux dans la tombe s'il pouvait mourir, et qui n'a d'autorité que celle de leur poussière ?"

Le Travailleur
7

Le Travailleur (1932)

Sortie : janvier 1994 (France). Roman

livre de Ernst Jünger

Fabrizio_Salina a mis 6/10.

Annotation :

"Est société l’État dont l'essence s'estompe dans la mesure même où la société le soumet à ses critères. Cette agression se réalise à travers le concept de liberté bourgeoise qui a pour tâche de transformer tous les liens de responsabilité mutuelle en relations contractuelles à terme."

"Ce procédé a conféré au mot radical son insupportable arrière-goût bourgeois et a fait du radicalisme en soi - cela dit en passant - une affaire fructueuse dont des générations de politiciens, des générations d'artistes ont successivement tiré leur unique aliment. Le dernier recours de la sottise, de l'effronterie et de l'incompétence irrémédiable consiste à faire la chasse aux dupes en s'ornant des plumes de paon d'une mentalité purement radicale."

"L'adoption d'une technique étrangère est un acte de soumission dont les conséquences sont d'autant plus dangereuses qu'il s'accomplit d'abord en esprit. Ici la perte est forcément plus grande que le profit."

La sexualité selon Jean-Paul II

La sexualité selon Jean-Paul II

Sortie : 27 mai 2004 (France). Essai

livre de Yves Semen

Fabrizio_Salina a mis 5/10.

Annotation :

"Le don des personnes dans le mariage devient ainsi une manière d'accéder au mystère de l’intimité de la Trinité divine à travers l'expérience concrète du don de soi, même si ce don ne peut jamais être parfait. D'où la troisième idée : le mariage est l'expérience humaine concrète par excellence par laquelle Dieu devient compréhensible, accessible pour l'homme : le mariage est icône de la Trinité."

"le corps en effet - et seulement lui - est capable de rendre visible ce qui est invisible : le spirituel et le divin. Il a été créé pour transférer dans la réalité visible du monde le mystère caché de toute éternité en Dieu et en être le signe visible."

Le Français, notre maison

Le Français, notre maison (2010)

Petit essai sur l'usage du français aujourd'hui

Sortie : 3 juin 2010. Aphorismes & pensées, Littérature & linguistique

livre

Fabrizio_Salina a mis 9/10.

Annotation :

"on ne recrée que ce qu'on aime, et l'amour est soif de connaître."
"Et si le lieu commun, le vague et le flou, mais surtout l'impropriété sont tragiques, ce n'est pas parce qu'ils offensent je ne sais quelles normes de grammairien maniaque. C'est parce qu'ils sont des corps morts. Parce que le sens de les irrigue pas. Parce que celui qui les profère mâche du néant. En revanche, les formules neuves, les métaphores inattendues, les tours inouïs sont les plus justes, et les plus clairs, et les plus vrais, dès lors que leur génie est celui de la langue." Etienne Barilier

"Quoi ? On part dans nos journées avec un petit torchon de mots au bout d'un bâton comme des vagabonds, tandis que de somptueux termes s'endorment dans la soie des boudoirs ?" Anne-lise Grobéty

Ainsi parlait Léon Bloy
6

Ainsi parlait Léon Bloy (2017)

Sortie : 31 mai 2017. Culture & société

livre de Léon Bloy

Annotation :

Fin de La femme pauvre
Silencieuse comme les espaces du ciel, elle a l’air, quand elle parle, de revenir d’un monde bienheureux situé dans un univers inconnu. Cela se sent à sa voix lointaine que l’âge a rendue plus grave sans en altérer la suavité, et cela se sent mieux encore à ses paroles mêmes.
— Tout ce qui arrive est adorable, dit-elle ordinairement, de l’air extatique d’une créature mille fois comblée qui ne trouverait que cette formule pour tous les mouvements de son cœur ou de sa pensée, fût-ce à l’occasion d’une peste universelle, fût-ce au moment d’être dévorée par des animaux féroces.
Bien qu’on sache qu’elle est une vagabonde, les gens de police, étonnés eux-mêmes de son ascendant, n’ont jamais cherché à l’inquiéter.
Après la mort de Léopold dont le corps ne put être retrouvé parmi les anonymes et épouvantables décombres, Clotilde avait tenu à se conformer à celui des Préceptes évangéliques dont l’observation rigoureuse est jugée plus intolérable que le supplice même du feu. Elle avait vendu tout ce qu’elle possédait, en avait donné le prix aux plus pauvres et, du jour au lendemain, était devenue une mendiante.

Ce que durent être les premières années de cette existence nouvelle, Dieu le sait ! On a raconté d’elle des merveilles qui ressemblent à celles des Saints, mais ce qui paraît tout à fait probable, c’est que la grâce lui fut accordée de n’avoir jamais besoin de repos.
— Vous devez être bien malheureuse, ma pauvre femme, lui disait un prêtre qui l’avait vue tout en larmes devant le Saint Sacrement exposé, et qui, par chance, était un vrai prêtre.
— Je suis parfaitement heureuse, répondit-elle. On n’entre pas dans le Paradis demain, ni après-demain, ni dans dix ans, on y entre aujourd’hui, quand on est pauvre et crucifié.
— Hodie mecum eris in paradiso, murmura le prêtre, qui s’en alla bouleversé d’amour.

À force de souffrir, cette chrétienne vivante et forte a deviné qu’il n’y a, surtout pour la femme, qu’un moyen d’être en contact avec Dieu et que ce moyen, tout à fait unique, c’est la Pauvreté. Non pas cette pauvreté facile, intéressante et complice, qui fait l’aumône à l’hypocrisie du monde, mais la pauvreté difficile, révoltante et scandaleuse, qu’il faut secourir sans aucun espoir de gloire et qui n’a rien à donner en échange.

Journal inédit, tome III
8.7

Journal inédit, tome III

(1903-1907)

Sortie : avril 2006 (France). Roman

livre de Léon Bloy

Annotation :

suite du précédent
Elle a même compris, et cela n’est pas très loin du sublime, que la Femme n’existe vraiment qu’à la condition d’être sans pain, sans gîte, sans amis, sans époux et sans enfants, et que c’est comme cela seulement qu’elle peut forcer à descendre son Sauveur.
Depuis la mort de son mari, la pauvresse de bonne volonté est devenue encore plus la femme de cet homme extraordinaire qui donna sa vie pour la Justice. Parfaitement douce et parfaitement implacable.Affiliée à toutes les misères, elle a pu voir en plein l’homicide horreur de la prétendue charité publique, et sa continuelle prière est une torche secouée contre les puissants…

Lazare Druide est le seul témoin de son passé qui la voie encore quelquefois. C’est l’unique lien qu’elle n’ait pas rompu. Le peintre d’Andronic est trop haut pour avoir pu être visité de la fortune dont la pratique séculaire est de faire tourner sa roue dans les ordures. C’est ce qui permet à Clotilde d’aller chez lui, sans exposer à la boue d’un luxe mondain ses guenilles de vagabonde et de « pèlerine du Saint Tombeau ».
De loin en loin, elle vient jeter dans l’âme du profond artiste un peu de sa paix, de sa grandeur mystérieuse, puis elle retourne à sa solitude immense, au milieu des rues pleines de peuple.
— Il n’y a qu’une tristesse, lui a-t-elle dit, la dernière fois, c’est de n’être pas des SAINTS…

Le Désespéré
8

Le Désespéré (1887)

Sortie : 1887 (France). Roman

livre de Léon Bloy

Annotation :

On vous a dit, n’est-ce pas, que mes violences écrites offensaient la charité. Je n’ai qu’un mot à répondre à votre théologien. C’est que la Justice et la Miséricorde sont identiques et consubstantielles dans leur absolu. Voilà ce que ne veulent entendre ni les sentimentaux ni les fanatiques. Une doctrine qui propose l’Amour de Dieu pour fin suprême, a surtout besoin d’être virile, sous peine de sanctionner toutes les illusions de l’amour-propre ou de l’amour charnel. Il est trop facile d’émasculer les âmes en ne leur enseignant que le précepte de chérir ses frères, au mépris de tous les autres préceptes qu’on leur cacherait. On obtient, de la sorte, une religion mollasse et poisseuse, plus redoutable par ses effets que le nihilisme même.

Or, l’Évangile a des menaces et des conclusions terribles. Jésus, en vingt endroits, lance l’anathème, non sur des choses, mais sur des hommes qu’il désigne avec une effrayante précision. Il n’en donne pas moins sa vie pour tous, mais après nous avoir laissé la consigne de parler « sur les toits », comme il a parlé lui-même. C’est l’unique modèle et les chrétiens n’ont pas mieux à faire que de pratiquer ses exemples. Que penseriez-vous de la charité d’un homme qui laisserait empoisonner ses frères, de peur de ruiner, en les avertissant, la considération de l’empoisonneur ? Moi, je dis qu’à ce point de vue, la charité consiste à vociférer et que le véritable amour doit être implacable

Monsieur Ouine
8.2

Monsieur Ouine (1943)

Sortie : 1943 (France). Roman

livre de Georges Bernanos

Annotation :

– N’importe ! dit le prêtre. Vous aurez un jour la preuve qu’on ne fait pas au surnaturel sa part. Oui, reprit-il après un silence, de cette voix qui contrastait chaque fois si étrangement avec son ton habituel qu’elle semblait appartenir à un autre, lorsque vous aurez tari chez les êtres non seulement le langage mais jusqu’au sentiment de la pureté, jusqu’à la faculté de discernement du pur et de l’impur, il restera l’instinct. Et si l’instinct même est détruit, la souffrance subsistera encore, une souffrance à laquelle personne ne saura plus donner de nom, une épine empoisonnée au cœur des hommes. Supposons qu'un jour soit consommée l'espèce de révolution qu'appellent de leurs vœux les ingénieurs et les biologistes, que soit abolie toute hiérarchie des besoins, que la luxure apparaisse ainsi qu'un appétit des entrailles analogue aux autres et dont une stricte hygiène règle seule l'assouvissement, vous verrez ! — oui, vous verrez ! — surgir de toutes parts des maires de Fenouille qui tourneront contre eux, contre leur propre chair, une haine désormais aveugle, car les causes en resteront enfouies au plus obscur, au plus profond de la mémoire héréditaire Alors que vous vous flatterez d’avoir résolu cette contradiction fondamentale, assuré la paix intérieure de vos misérables esclaves, réconcilié notre espèce avec ce qui fait aujourd’hui son tourment et sa honte, je vous annonce une rage de suicides contre laquelle vous ne pourrez rien. Plus que l’obsession de l’impur, craignez la nostalgie de la pureté. Il vous plaît de reconnaître dans la sourde révolte contre le désir, la crainte entretenue depuis tant de siècles par les religions, servantes sournoises du législateur et du juste. Mais l’amour de la pureté, voilà le mystère ! L’amour chez les plus nobles, et chez les autres la tristesse, le regret, l’indéfinissable et poignante amertume plus chère au débauché que la souillure elle-même. Passe pour les lâches traqués par l’angoisse de la souffrance ou de la mort qui viennent implorer du médecin leur grâce, mais j’ai vu, – oui, j’ai vu – se lever vers moi d’autres regards ! Et d’ailleurs, il n’est plus temps de convaincre, le proche avenir se chargera de nous départager. Au train où va le monde, nous saurons bientôt si l’homme peut se réconcilier avec lui-même, au point d’oublier sans retour ce que nous appelons de son vrai nom l’antique Paradis sur la terre, la joie perdue, le Royaume perdu de la Joie.

Antimoderne

Antimoderne (1922)

Sortie : 1922. Essai, Philosophie

livre de Jacques Maritain

Annotation :

Je suis engagé dans un débat qui se joue sur un autre plan que le plan visible, et dont le dénouement est au ciel ou à l'enfer. On n'aide pas les gens sans être réellement leur ami. Je suis donc l'ami des pêcheurs et je sais à quoi cela expose de la part des justes... Un prêtre doit comprendre ce que cela signifie... Je serais très présomptueux de penser que je n'ai commis ni fautes ni imprudences. Elles ne sont jamais allées qu'à espérer parfois un peu trop de la grâce, et à souffrir en conséquence. Mais des choses comme la réponse à Cocteau, je les referais sûrement dans les mêmes conditions, car c'était mon devoir de les faire. Et je n'abandonnerai jamais Cocteau. Tout cela dites-le, si vous le jugez bon, à ceux qui vous interrogent à mon sujet

Neuf leçons sur les notions premières de la philosophie morale

Neuf leçons sur les notions premières de la philosophie morale

Sortie : 1 janvier 2000 (France). Essai, Philosophie

livre de Jacques Maritain

Annotation :

Ils traversèrent un petit jardin d'autrefois, puis entrèrent dans une humble maison aux murs ornés de livres et de belles images, et se heurtèrent d'abord à une sorte de grande bonté blanche dont la noblesse paisible impressionnait, et qui était Mme Léon Bloy ; ses deux fillettes Véronique et Madeleine les contemplaient de leurs grands yeux étonnés. Léon Bloy semblait presque timide, il parlait peu et très bas, essayant de dire à ses deux jeunes visiteurs quelque chose d'important et qui ne les déçût pas. Ce qu'il leur découvrait ne peut se raconter ; la tendresse de la fraternité chrétienne, et cette espèce de tremblement de miséricorde et de crainte qui saisir en face d'une âme marquée de l'amour de Dieu. Bloy nous paraissait tout le contraire des autres hommes, qui cachent des manquements graves aux choses de l'esprit, et tant de crimes invisibles, sous le badigeonnage soigneusement entretenu des vertus de sociabilité. Au lieu d'être un sépulcre blanchi comme les pharisiens de tous les temps c'était une cathédrale calcinée, noircie. Le blanc était au-dedans, au creux du tabernacle.
D'avoir franchi le seuil de sa maison toutes les valeurs étaient déplacées, comme par un déclic invisible. On savait, ou on devinait, qu'il n'y a qu'une tristesse, c'est de n'être pas des saints. Et tout le reste n'était pas crépusculaire.

J'ai dû commencer par la controverse, elle m'ennuie de plus en plus. Je sais les erreurs qui ravagent le monde moderne, et qu'il n'a de grand que sa douleur, mais je respecte cette douleur; je vois partout des vérités captives, quel ordre de la Merci se lèvera pour les racheter? Notre affaire est de chercher le positif en toutes choses, d'user du vrai moins pour frapper que pour guérir. Il y a si peu d'amour dans le monde, les cœurs sont si froids, si gelés, même chez ceux qui ont raison, les seuls qui pourraient aider les autres. Il faut avoir l'esprit dur et le cœur doux. Sans compter les esprits mous au cœur sec, le monde n'est presque fait que d'esprits durs au cœur sec et de cœurs doux à l'esprit mou.
Réponse à Jean Cocteau

Journal d'un curé de campagne
8

Journal d'un curé de campagne (1936)

Sortie : 1936 (France). Roman

livre de Georges Bernanos

Fabrizio_Salina a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

"Enseigner, mon petit, ça n’est pas drôle! Je ne parle pas de ceux qui s’en tirent avec des boniments: tu en verras bien assez au cours de ta vie, tu apprendras à les connaître. Des vérités consolantes, qu’ils disent. D’ailleurs, elle délivre d’abord, elle console après. D’ailleurs, on n’a pas le droit d’appeler ça une consolation. Pourquoi pas des condoléances? La parole de Dieu! c’est un fer rouge. Et toi qui l’enseignes, tu voudrais la prendre avec des pincettes, de peur de te brûler, tu ne l’empoignerais pas à pleines mains? Laisse-moi rire. Un prêtre qui descend de la chaire de Vérité, la bouche en machin de poule, un peu échauffé, mais content, il n’a pas prêché, il a ronronné, tout au plus. Remarque que la chose peut arriver à tout le monde, nous sommes de pauvres dormants, c’est le diable, quelquefois, de se réveiller, les apôtres dormaient bien, eux, à Gethsémani! Mais enfin, il faut se rendre compte. Et tu comprends aussi que tel ou tel qui gesticule et sur comme un déménageur n’est pas toujours plus réveillé que les autres, non. Je prétends simplement que lorsque Seigneur tire de moi, par hasard, une parole utile aux âmes, je la sens au mal qu’elle me fait."

« Je n’aime pas mes pauvres comme les vieilles anglaises aiment les chats perdus, ou les taureaux des corridas. Ce sont là des manières de riches.
J’aime la pauvreté d’un amour profond, réfléchi, lucide – d’égal à égal – ainsi qu’une épouse au flanc fécond et fidèle. Je l’ai couronnée de mes propres mains. Ne l’honore pas qui veut, ne la sert pas qui n’ait d’abord revêtu la blanche tunique de lin. Ne rompt pas qui veut avec elle le pain d’amertume.
Je l’ai voulue humble et fière, non servile. Elle ne refuse pas le verre d’eau, pourvu qu’il soit offert en mon nom, et c’est en mon nom qu’elle le reçoit. »

Orthodoxie
8.3

Orthodoxie (1908)

Orthodoxy

Sortie : 19 mars 2010 (France). Essai

livre de G. K. Chesterton

Annotation :

La joie, qui fut la petite agitation extérieure du païen, est devenu le secret gigantesque du chrétien. Et comme je clos ce volume chaotique, je rouvre l'étrange petit livre d'où vint tout le christianisme et je suis de nouveau hanté par une sorte de confirmation. L'imposante figure qui remplit les évangiles domine sous ce rapport, comme sur tout autre, tous les penseurs qui ont pu croire à leur grandeur. Son pathétique fut naturel, presque insouciant. Les stoïques anciens eurent l'orgueil de cacher leurs larmes. Il n'a jamais caché Ses larmes ; Il les a montrées simplement sur Son visage, à découvert, devant un spectacle de la vie quotidienne tel que le jour où il vit de loin sa ville natale. Pourtant il a caché quelque chose. De solennels surhommes et d'impériaux diplomates ont l'orgueil de contenir leur colère. Il n'a jamais contenu Sa colère. Il a jeté les tables des marchands sur les degrés du Temple et demandé aux hommes comment ils espéraient échapper à la damnation de l'enfer. Pourtant Il a contenu quelque chose. Je le dis avec respect : il y a dans cette personnalité troublante un je ne sais quoi qui pourrait être nommé de la réserve. Il y eut quelque chose qu'Il cachait à tous les hommes quand il gravissait une montagne pour prier. Il y avait quelque chose qu'Il recouvrait constamment par un silence brusque ou un isolement impétueux. Il y avait une chose qui était trop grande pour que Dieu nous la montrât quand Il a marché sur la terre et j'ai quelque fois imaginé que c'était sa Joie.

Victor-Marie, Comte Hugo

Victor-Marie, Comte Hugo

Essai

livre de Charles Péguy

Annotation :

L'incarnation n'est qu'un cas culminant, plus qu'éminent, suprême, un cas limite, un suprême ramassement en un point de cette perpétuelle inscription, de cette (toute) mystérieuse insertion de l'éternel dans le temporel, du spirituel dans le charnel qui est le gond, qui est cardinale, qui est, qui fait l'articulation même, le coude et le genou de toute création du monde et de l'homme, j'entends de ce monde, le coude et le genou, l'articulation de toute créature, (de toute créature humaine, matérielle, de toute créature de ce monde), le coude, le genou, l'articulation de tout homme, le coude, le genou, l'articulation de Jésus, le coude, le genou, l'articulation de l'organisation de toute vie, de toute vie humaine, de toute vie matérielle, de toute vie de ce monde. Nous rejoignons ici ce que nous disions de Polyeucte, que toute sanctification qui est grossièrement abstraite de la chair est une opération sans intérêt. Mais et homo factus est ; il y a deux moyens de considérer cette inscription, cette mystérieuse insertion, perpétuelle. Ou plutôt il y a deux lieux d'où la considérer. Les chrétiens la considèrent généralement du côté de l'éternel, du lieu de l'éternel, venant de l'éternel, se plaçant de l'éternel, (et mon Dieu c'est bien un peu leur office). C'est leur métier. C'est de là qu'ils contemplent cette insertion culminante, ce point de reconcentration, ce ramassement en un point de tout l'éternel dans tout le temporel. Tel est généralement leur point de vue, leur propre point, leur angle de vue, leur côté de voir, et mon Dieu c’est assez naturel. En un mot ils considèrent cette grande histoire, cette histoire unique, ce cas suprême, ce cas limite, cette culmination, cette infloraison, cette culminaison, ce couronnement, cette inscription charnelle, cette temporelle inscription, ce point d’achèvement, (et de tout commencement), surtout comme une histoire qui est arrivée à Jésus. Et homo factus est. L’éternité a été faite, est devenue temps. L’éternel a été fait, est devenu temporel. Le spirituel a été fait, est devenu charnel. C’est (surtout) une histoire qui est arrivée à l’éternité, à l’éternel, au spirituel, à Jésus, à Dieu.

Le Pal
7.6

Le Pal

Sortie : 7 mars 2002 (France). Roman

livre de Léon Bloy

Annotation :

Si vous avez besoin de mon Fils, dit Dieu, cherchez-le dans les ordures. C'est le tabernacle que lui ont fait ses derniers adorateurs, mille fois lâches et plus atroces que les bourreaux qui l'avaient couvert d'outrage et mis en sang.

Le Sang du Pauvre
9.1

Le Sang du Pauvre (1909)

Sortie : 22 octobre 2009 (France). Essai

livre de Léon Bloy

Annotation :

"C'est une nécessité d'hygiène que le pauvre soit dévoré par le riche qui trouve cela très bon et qui en redemande. Ses enfants sont fortifiés avec du jus de viande de pauvre et sa cuisine est pourvue de pauvre concentré."

"La Croix noire et basse, au centre d’un désert de peur aussi vaste que le monde ; non plus lumineuse comme dans les images des enfants, mais accablée sous un ciel sombre que n’éclaire pas même la foudre, l’effrayante croix de la Déréliction du Fils de Dieu, la Croix de Misère !

Si ces maudits se contentaient de n’en pas vouloir ! Mais ils prétendent qu’elle n’est pas pour eux, se prévalant de leur argent, qui est le Très-Précieux Sang du Christ, pour y envoyer à leur place le troupeau des pauvres qu’ils ont saignés et désespérés !

Et ils osent parler de charité, prononcer le mot Charité qui est le Nom même de la Troisième Personne divine ! Prostitution des mots à faire peur au diable ! Cette belle dame, qui n’a pas même la loyauté de livrer son corps aux malheureux qu’elle attise, ira, ce soir, montrer tout ce qu’elle pourra de sa blanche viande à sépulcre où frémissent des bijoux pareils à des vers et la faire adorer à des imbéciles, en des fêtes prétendues de charité, à l’occasion de quelque sinistre, pour engraisser un peu plus les requins ou les naufrageurs. La richesse dite chrétienne éjaculant sur la misère ! "

Mystique et Politique

Mystique et Politique

Sortie : 15 octobre 2015 (France). Essai

livre de Charles Péguy

Annotation :

Quand donc nos Français ne demanderont-ils à l’État et n’accepteront-ils de l’État que le gouvernement des valeurs temporelles ? […] quand donc l’État, fabricant d’allumettes et de contraventions, comprendra-t-il que ce n’est point son affaire que de se faire philosophe et métaphysicien ?

Sur la lyre à dix cordes

Sur la lyre à dix cordes (1990)

à l'écoute des psaumes

Sur la lyre à dix cordes : à l'écoute des psaumes au rythme des Exercices de saint Ignace

Sortie : 24 octobre 1990. Art de vivre & spiritualité

livre de Blaise Arminjon

Fabrizio_Salina a mis 5/10.

Annotation :

"5c il est à ta droite
A la place du Défenseur"

Épître aux jeunes acteurs pour que soit rendue la parole à la parole
6.8

Épître aux jeunes acteurs pour que soit rendue la parole à la parole (2000)

Sortie : 14 juin 2000. Essai

livre de Olivier Py

Annotation :

"Nous sommes des porcs. Nous sommes des porcs communicants, nous sommes enfermés comme des monstres dans le labyrinthe de la communication. Un labyrinthe c’est horizontal. C’est cette horizontalité qui fait la police ; qui nous interdit tout accès au symbolique, qui nous prive du visage du père et nous rembourse avec un yaourt à zéro pour cent.
Nous ne retrouverons pas notre père dans cette forêt.
Un veau d'or serait préférable.
Un monde où les mots ne valent plus rien, ne valent plus les trois sous de salive humaine qui les portent, un monde où l’obsession du men­songe est sou­ve­raine est un monde de fous.
Les mots ne valent que dans un accord tacite, informulable, irrationnel, appelons ça l'amour, tous les mots sont des mots d'amour, c'est d'amour que les mots trouvent leur puissance thaumaturgique. Mais un monde où les mots n'ont plus de valeur, cela a un nom, oui, ça s'appelle l'enfer."

Le Désert de la critique
7.7

Le Désert de la critique

Déconstruction et politique

Sortie : octobre 2015 (France). Essai

livre de Renaud Garcia

Fabrizio_Salina a mis 6/10.

Annotation :

"Orwell maintient la tension entre deux sens du mot "science". D’abord une activité institutionnalisée effectuée en laboratoire, avec un lourd appareillage technique, par des individus faisant autorité et revêtus d'un prestige social. Ensuite une "méthode de pensée qui permet d'obtenir des résultats vérifiables en raisonnant logiquement à partir de l'observation des faits".

"Nombre de discours à prétention radicale de notre temps promeuvent ainsi une politique de la dés-identification qui invite l'individu à fuir en permanence les codes normatifs, en se vivant à la fois comme un corps traqué par le pouvoir et une matrice de possibilités subversives."

"Hybride de machine et d'organisme théorisé puis fabriqué, le cyborg ne saurait être ramené à une origine (naturelle, ou par soumission à une quelconque Loi qui séparerait du désir infantile de gratification), ou conduit au dépassement d'un état de moindre réalisation - tel que l'aliénation - en vue d'une unité supérieure."

"En définitive, l'accélérationnisme représente la toile de fond idéale pour les autres mouvements de transformation identitaire que nous avons évoqués ici au titre de rejetons des théories de la déconstruction, dans la mesure où ces transformations ne sont pas pensables sans le recours massif aux sciences et aux technologies contemporaines - chimie, médecine de pointe, industrie pharmaceutique, informatique, etc. Que l'extrême-gauche post-moderne et les nouvelles résistances militant pour la subversion des identités en soient arrivé là, c'est peut-être le signe que leur inflation intellectuelle correspond à une détresse métaphysique profonde : celle de l'humain confronté à la calamité de ses limitations. Sur ce point, Günther Anders avait tout dit dès 1956 dans son essai sur la "honte prométhéenne", autrement dit la honte de l'humain nécessairement défectueux face à la perfection machinique."

La Silicolonisation du monde
7

La Silicolonisation du monde

L'irrésistible expansion du libéralisme numérique

Sortie : octobre 2016 (France). Essai

livre de Eric Sadin

Fabrizio_Salina a mis 6/10.

Annotation :

"L'économie du présent et de l'avenir serait celle de l'accompagnement algorithmique de la vie, destiné à offrir à chaque être ou entité, et à tout instant, le meilleur des mondes."

"Car ce qui caractérise l'économie du numérique, depuis l'avènement de ce qui avait été nommé "net economy" au milieu des années 90 jusqu'à aujourd'hui, c'est que jamais un mouvement industriel ne s'était autant constitué sur des conjectures et des projections hasardeuses"

"On sait à quel point Frantz Fanon (...) a relié les phénomènes de colonisation et les pathologies psychiatriques, particulièrement par les formes de dessaisissement qu'elle induit. Analyse qui fait écho à une double forme de dessaisissement contemporain. Dessaisissement, d'abord, de notre pouvoir de délibération collective relativement à un phénomène qui se veut inévitable et qui s'impose dans une précipitation irréfléchie et fautive. Dessaisissement, ensuite, autrement plus déterminant, de l'autonomie de notre jugement, par le fait que le ressort majeur de ce modèle économique dépend de la neutralisation de la libre décision et de la spontanéité humaine."

"L'interprétation industrielle des conduites est devenue le principal pivot de l'économie numérique. Cet axiome a formé la colonne vertébrale de la "quatrième Silicon Valley", non plus fondée sur la convergence ou la systématisation du commerce en ligne mais sur la collecte massive des traces des individus"

"L'ontologie techno-libertarienne consiste à disqualifier l'action humaine au profit d'un être computationnel jugé supérieur. Son ethos économique brise tout principe d'intégrité, et entend s'adosser à la vie, faire corps avec elle, et capitaliser sur chacun de nos souffles."

"Les systèmes algorithmiques, sous leur allure efficace et impersonnelle, matérialisent de façon imperceptible les intentions de leurs concepteurs ou de leurs commanditaires, induisant un pouvoir agissant et asymétrique de personnes sur la vie d'autres personnes. C'est aussi cela l'Esprit de la Silicon Valley, organiser le monde en fonction d'intérêts propres, tout en laissant croire que nous n'avons jamais connu une période historique aussi "cool", "collaborative" et "créative"."

"Cette limite que vous franchisez actuellement est identifiable : c'est celle de l'extension en cours de capteurs intégrés à nos corps, à nos environnements domestiques, professionnels, urbains, et à terme, si nous n'y prenons pas garde, à la quasi-totalité des surfaces du monde."

"Contre les

La Silicolonisation du monde, L'irrésistible expansion du libéralisme numérique

La Silicolonisation du monde, L'irrésistible expansion du libéralisme numérique (2016)

La Silicolonisation du Monde

Sortie : 2016 (France). Essai

livre de Eric Sadinn

Annotation :

suite du précédent
casques de Zuckerberg et toutes les technologies siliconiennes apparentées, nous devons affirmer notre joie de profiter des potentialités inépuisables offertes par nos sens, dans la rencontre concrète du réel et de tous les autres corps. (...) Le respect du sensible représente un facteur de dignité et d'intégrité dans la mesure où il rend hommage à la pluralité des dimensions qui nous constituent, participant de notre bon équilibre, d'ordre biologique, psychologique, existentiel et social"

"Célébrer le sensible ce n'est pas, conformément à des clichés, se promener ou vivre dans les bois tel Henry David Thoreau dans Walden, ou faire de la randonnée en montagne, bien que ce soient là des modalités parmi tant d'autres, de l'éprouver sous de multiples facettes. C'est avant tout se soucier d'accorder une pleine attention à son milieu, aux autres, à soi, sachant que certaines dimension nous échapperaient même si nous étions soumis à un registre limité de perception."

"Dans presque tous les domaines du travail, les employés (ainsi que les employeurs) se plaignent de ce que le temps qu'ils consacrent réellement à leur "activité principale" diminue : ceci se vérifie pour le temps passé par un médecin avec ses patients, le temps passé par les enseignants à enseigner ou éduquer, le temps passé par les scientifiques à la recherche, etc. (...) La rhétorique de l'obligation indique très clairement l'existence de ce sentiment viscéral d'aliénation : le fait que nous ayons tendance à justifier tout ce que nous faisons avec une phrase en forme d'excuse telle que "Je dois vraiment."