Cover Citations, poèmes, au fil des lectures.

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17 livres

créee il y a plus d’un an · modifiée il y a 4 mois

Le Muguet rouge
6.7

Le Muguet rouge

Sortie : 6 octobre 2022 (France). Récit

livre de Christian Bobin

Maximus49 a mis 7/10.

Annotation :

« En vérité nous sommes tous enseignants, du balayeur des rues à l'astronome. Par le balancement de nos bras dans l'air bleu quand nous marchons, par ce livre de présence que forme notre corps cousu à notre âme, par notre seul visage ouvert aux griffes de l'air, nous apportons une parole où que nous allions, et sans en avoir aucune conscience. »

« (...) soudain je ne vois plus que ta main oubliée de toi. Elle prend le pouls du bois contre lequel elle s’appuie. Le thé a une saveur de brique et l’éclat d’un sable noir. Tes paroles chavirent comme une grappe d’étourneaux. Le monde a disparu. Ne reste que ta main gauche légèrement bombée comme l’aile d’un cygne glissant sur le Temps. Si je devais te peindre pour te faire traverser par un portrait les siècles de ta mort à venir, je peindrais cette seule main dont les lignes sans bouger vont à l’infini, l’élégance de ton âme qui prend l’air, le repos mérité de la reine de Saba. »

« La vie est un état poétique non déchiffré, un parchemin dont notre coeur est l'émiettement, et la poudre de nos os, l’encre. Novalis s’est occupé pendant sa vie brève des mathématiques, des cristaux et de la poésie. Il  cherchait une pensée qui n’ait pas l’arrogance coutumière des pensées . La mort de sa fiancée perça la source de cette pensée. « Je veux mourir joyeux comme un jeune poète » écrivait-il (…) »
« Tu n’as pas écrit tes livres. Tu as laissé la vie même pas « tienne » les écrire, assembler soleils et lunes dans la corbeille de tes bras. »

« Le balai du Progrès est passé sur le langage. Dieu pèse moins qu'une miette de pain. On l'a jeté aux oiseaux du jardin puis on a terrifié le jardin, lapidé les oiseaux. »

« La modernité est le crime parfait – même le mort ne s’aperçoit pas qu’il est mort. »

« Au dix-septième siècle Descartes sépare fibre à fibre la pensée et la vie. La pensée en devient folle comme un frelon et la vie développe une maladie des chiffres. Nous avons, dit Giambattista Vico, « préféré le certain au vrai ». Le vrai est humain, impossible à incarcérer dans un chiffre. »

« La moindre fleur va au bout du monde et même au delà. On a toujours l’air idiot quand on parle de fleur. C’est oublier leur armée libératrice. Le tapis de bombes des fleurs de genêt. Le parachutage des fleurs d’acacia. Le débarquement du lilas sur le rivage de nos paupières. »

Anton Bruckner ou l'immensité intime

Anton Bruckner ou l'immensité intime (2022)

Sortie : 28 avril 2022. Musique

livre de Eric Chaillier

Maximus49 a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Anton Bruckner, que certains présentent encore comme un attardé mental, se hisse ici à des hauteurs comparables à La Divine Comédie de Dante ou au Faust de Goethe. Faute de manier les concepts ou les fulgurances poétiques, c’est par la force métaphysique des sons qu’il parvient à nous livrer l’une des plus bouleversantes confessions d’un artiste au crépuscule de son existence terrestre. »

Voir:
https://www.senscritique.com/liste/anton_bruckner_ou_l_immensite_intime/3292051

Ecrits

Ecrits (2018)

Sortie : 13 mars 2018. Autobiographie & mémoires

livre de Tōru Takemitsu

Maximus49 a mis 8/10, l'a mis dans ses coups de cœur et le lit actuellement.

Annotation :

« Les sons, je les ressens comme semblables à l’eau. À Travers ses propres fluctuations, le coeur de l’homme peut ressentir dans cette substance inorganique la présence d’une vie organique. Au-delà même des sons, qui ne sont rien d’autre que des longueurs d’onde (mystérieuse coïncidence de cette dénomination) notre pensée détecte une beauté, un mystère et quantité d’émotions.

Cette eau, nous n’en connaissons que des états passagers que nous appelons pluie, lac, rivière, ou bien encore mer. La musique est pareille aux rivières, à la mer, et de même que des courants divers traversent l’océan, la musique donne profondeur à nos vies en nous en révélant sans cesse des aspects inconnus. »

Tōru Takemitsu

Voir:
https://www.senscritique.com/liste/toeru_takemitsu/3402311

Icare : la passion du Soleil

Icare : la passion du Soleil

Sortie : octobre 2008 (France). Essai

livre de Luc Bigé

Maximus49 a mis 7/10 et l'a mis en envie.

Annotation :

« Avec Dédale l'intellect sécrète le cocon de sa propre prison. Pour qui sait observer symboliquement le monde actuel, les productions labyrinthiques s’étalent de toutes parts. L'homme libre est prisonnier de sa technique et de son administration issues de son intelligence. Le labyrinthe est une impasse, image des routes et des échangeurs qui tournent sans cesse et nous conduisent sur le chemin opposé à celui qui était souhaité. Partout il faut se soumettre à de longs détours. C’est avec cette conscience-là qu’Icare est aujourd’hui devenu une nécessité. C’est avec cet espoir-là qu’Icare est devenu, dans notre monde, un mythe moderne. Dans ce fol espoir d’échapper au cocon pour renouer avec la simplicité des azurs limpides, l’Adolescent tente la première ascension profane de l’histoire ».

« Minos, dont le nom se traduit par « créature de la lune », opère un double repli symbolisé par l’île où il règne et l’enclos où il enferme la bête de Poséidon. L’île s’oppose au continent exactement comme l’individu s’oppose au collectif. Le besoin de régner sur un territoire et l’attachement aux possessions caractérise la personne marquée du sceau de Minos. L’attachement à sa maison, sa famille, ses meubles, ses beaux objets, sa voiture, son médecin, son champ ou son compte en banque par pur désir de se sentir le « roi » ou la « reine » dans son domaine, joint à une distance polie, porte la signature de Minos ».

« Au coeur du labyrinthe de nos justifications intellectuelles, il y a quelque chose que personne ne veut voir et qui, pourtant, fonde et détruit la personnalité humaine! Cette chose est profondément ambivalente puisqu’il s’agit à la fois d’un enfant, d’un astre, et d’un monstre. »

« La mère d’Icare, très discrète, se nomme Naucraté, « suprématie sur mer ». Faut-il entendre ici « suprématie sur mère »?  C’est pourtant une esclave, une personne déracinée qui a perdu ses parents et, dans le monde Grec, n’a pas droit au statut de citoyenne. Moins qu’une « personne » la mère d’Icare est une atmosphère, une ambiance diffuse, un inconscient possessif qui tente de refermer son ventre sur les tentatives d’épanouissement de son fils. Le mythe questionne donc la relation mère-fils et, plus généralement, le degré de dépendance qu’entretiennent l’homme et la femme adultes avec leur milieu socioculturel qui joue alors le rôle de cette mère protectrice ».

Mademoiselle - entretiens avec Nadia Boulanger

Mademoiselle - entretiens avec Nadia Boulanger

Sortie : 1980 (France). Musique

livre de Nadia Boulanger et Bruno Monsaingeon

Maximus49 a mis 7/10.

Annotation :

« Au mot « interpréter », j’ai toujours préféré le mot « transmettre » qui me semble mieux rendre compte de ce que devrait être l’attitude de ceux qui sont chargés de porter de la lumière sur une oeuvre. Il fut une époque où l’on s’octroyait tous les droits, où l’oeuvre était livrée au vandalisme des interprètes. Or pour moi, dès que c’est l’interprète qui domine, le jeu est faussé. L’interprète gagne mais l’oeuvre perd. Au fond, une interprétation sublime est une interprétation qui fait que j’oublie le compositeur, que j’oublie l’interprète, que je m’oublie moi-même; j’oublie tout excepter le chef-d’oeuvre: je suis devant le Titus à la National Gallery de Londres ; s’il est mal éclairé, je ne le vois pas, mais il est là. Il s’agit de le mettre à une place telle que je puisse le voir.
Je crois que l’oeuvre d’art domine l’ensemble de tous les interprètes. »

(...) Je dois mes plus grandes joies - et j’estime que les hommes doivent leurs plus grandes joies - à ces moments où ils ont saisi ce qui se présentait devant eux et en ont senti, non pas l’extérieur, mais la profondeur.

(…) Vous pouvez parler avec de grands interprètes: chaque fois qu’ils reprennent un morceau qu’ils ont joué toute leur vie, c’est la redécouverte; c’est là le privilège des émotions: si je sais vous regarder, chaque fois vous m’êtes une surprise. Si je m’habitue à vous voir, sans saisir qu’à chaque fois l’éclairage est différent, vous devenez un meuble auquel je ne pense plus et c’est moi qui suis perdante. Que vous soyez là, que vous soyez qui vous êtes, je trouve cela un mystère profond. Et si ce n’est pas un mystère profond, vous me dérangez. Parce que je n’ai aucune envie de vous voir pour rien.

(…) Le cours collectif est à mon avis important à plus d’un égard. Ne pas voir les élèves séparément serait un tort irréparable, mais d’autre part, leur donner ce sentiment collectif de penser ou de s’opposer, de savoir ce que les autres pensent, est humainement, sinon musicalement, très nécessaire.

« (…) Sans convention, vous n’avez pas de cadre, et sans cadre vous êtes perdu, vous perdez l’équilibre. Mais vous tombez aussi, si vous vous abandonnez à la convention ou à la mode. C’est un amalgame d’obéissance et de liberté qui, je crois, fait une oeuvre complète. Celle-ci satisfait à la fois l’esprit et cette curieuse chose qu’est l’émotion artistique. Stravinsky disait: « Si tout m’était permis, je serais perdu dans cet abîme de liberté ».

Uranus, splendeur et fragilité du ciel étoilé

Uranus, splendeur et fragilité du ciel étoilé (2019)

Étude astro-mythologique

Sortie : décembre 2019. Essai

livre de Eric Berrut

Maximus49 le lit actuellement.

Annotation :

« Ce que l’astrologie partage avec la démarche jungienne, c’est qu’elle se réfère justement à des données impersonnelles. En désignant un Luminaire (ndlr, Soleil ou Lune) ou une planète, par exemple, on évoque une figure archétypale, et non pas quelque chose d’ordre personnel qui se rattacherait à la biographie du sujet et à ses aléas.
L’astrologue peut constater chaque jour que ces forces collectives, représentées par les différents facteurs du thème de naissance, sont capables de structurer la vie psychique pour inscrire le sujet dans une trame archétypale qui excède sa propre histoire. Ce constat étant fait, une nouvelle exigence se fait jour pour l’astrologue, celle de questionner et de mettre en lumière ces facteurs impersonnels qui nous constituent ».

La Fugitive, suivi de Poèmes de Kabir

La Fugitive, suivi de Poèmes de Kabir

Sortie : 1921 (France).

livre de Rabindranath Tagore

Maximus49 a mis 8/10.

Annotation :

La Fugitive:

« Vous glissez dans l’ombre, ô Fugitive dont l’immatérielle présence laisse derrière elle un sillage lumineux!

Votre coeur est-il perdu pour l’Amant qui vous appelle à travers d’infinies solitudes?
Est-ce la rapidité de votre fuite qui répand ainsi sur vos épaules le désordre orageux de vos tresses?
Vos pieds, en baisant la poussière de ce monde, y laissent une empreinte de douceur; vous arrachez du fond des abîmes de la mort toute vie et tout épanouissement, et si quelque lassitude vous arrêtait soudain, l’univers cesserait d’exister.

Le rythme de ces pas invisibles m’émeut!...
Le psaume des flots écoulés vibre en moi! Vous m’entraînez de mondes en mondes, d’apparence en apparence, et j’apprends des joies, des douleurs et des chants.

La marée est haute; le vent souffle; la barque danse comme le désir même de mon âme...

J’abandonnerai sur la rive mon trésor et je voyagerai pas des nuits insondables jusqu’aux immortelles clartés! »

Alexandre Scriabine

Alexandre Scriabine

Sortie : 14 janvier 2015 (France). Essai, Musique

livre de Jean-Yves Clément

Maximus49 a mis 8/10 et le lit actuellement.

Annotation :

« L’art n’est qu’un moyen pour s’enivrer, un vin merveilleux ». A. Scriabine

« Scriabine n’est pas le genre de compositeur que l’on peut considérer comme son pain quotidien, c’est plutôt une liqueur forte avec laquelle vous pouvez vous enivrez périodiquement, un médicament poétique, un cristal qui est facilement rompu ».
Sviatoslav Richter


« Scriabine fait poser à la musique des questions qu’elle ne se posait pas avant lui. Il est un musicien charnière dans le basculement des mondes, entre XIXème et XXème siècles, repoussant les limites, expressives comme formelles, entre romantisme total et modernisme radical… ».
« On n’imagine pas Scriabine faire autre chose que de la musique, jusqu’à en mourir; sa quête et sa vie se confondront ainsi jusqu’au bout ».
Jean-Yves Clément

L'Évangile intérieur

L'Évangile intérieur (2007)

Sortie : mai 2007 (France). Art de vivre & spiritualité

livre de Maurice Zundel

Annotation :

Combien de tragédies d’amour s’exaspèrent dans cette impuissance à saisir ce dedans qu’on ne peut atteindre qu’en renonçant à le posséder, car il est infini comme le rêve d’une pensée libre. Personne ne pourra jamais forcer notre estime, contraindre notre jugement ou violer notre coeur.

      Et pourtant, ce que nous sentons inaccessible en nous, il nous semble facile de l’atteindre chez les autres. Nous nous flattons de surprendre leur psychologie, grâce à un coup d’oeil pénétrant, et, définissant leur caractère en deux ou trois traits, nous prétendons saisir et le secret de leur conduite et celui de leur personnalité.
Et nous en venons très vite à identifier les êtres avec leur fonction, en leur appliquant à longueur de journée des jugements qui, retournés contre nous, nous apparaitraient comme le comble de la folie, de l’impudeur et de l’injustice.

       C’est ainsi qu’avec une tranquille inconscience, nous tuons les âmes.
Et, ce qui est vrai d’individus auxquels nous avons le plus immédiatement affaire: nos enfants, nos collègues, nos chefs, nos subordonnés, est plus vrai encore des collectivités où nous enfermons artificiellement la plupart des hommes. Nous avons une facilité étrange de penser par groupes: telle classe, telle profession, telle race, tel peuple. Qu’il y ait sous ces étiquettes des êtes vivants dont chacun a une destinée personnelle, nous n’éprouvons aucun scrupule à l’ignorer. Et nous portons, avec une assurance dogmatique, sur des millions d’hommes, dont nous ignorons le langage, les oeuvres et la vie, dont nous ne connaissons intimement aucun, des jugements définitifs, qui les obligent éternellement à être ce que, pour la commodité de notre système ou le simple désir de paraître informé, nous avons déclaré qu’ils devaient être.

      Comme il est urgent de défaire en notre esprit ces unités contingentes ou factices, et de discerner, dans le groupe, les personnes: chaque personne, avec son devoir merveilleux et son droit imprescriptible de vivre humainement! L’humanité est en péril de mort, parce que tous les problèmes (pédagogiques, économiques, sociaux, politiques) sont posés dans l’abstrait, en l’ignorance systématique de la question qui les éclairerait tous: Qu’est-ce que l’homme? Que voulons-nous sauver, en définitive? Quelle est la valeur, commune à tous les hommes, dont nous sentons obscurément que toutes les autres dépendent, sinon la vie? La vie, en sa dignité spirituelle, en ce mystérieux dedans qui en fait tout le prix.

Sacrés thérapeutes

Sacrés thérapeutes

Les Pères du désert !

Sortie : 8 octobre 2009 (France). Essai

livre de Emilie Pecheul et Marco La Loggia

Maximus49 a mis 7/10.

Annotation :

"On raconte de l’abbé Jean Colobos qu’il dit un jour à son frère aîné: « Je veux vivre dans la même stabilité que les anges, sans travailler et servant Dieu sans relâche ». Et se dépouillant de tout ce qu’il avait sur lui, il s’enfonça dans le désert. Une semaine plus tard, il revint vers son frère. Or, pendant qu’il frappait à la porte, celui-ci cria avant d’ouvrir: « Qui êtes-vous? ». Il répondit: « Jean ». Alors son frère répondit: « Jean est devenu un ange et n’est plus parmi les hommes ». Mais Jean continua à frapper et à dire: « C’est moi! », et son frère refusait de le laisser entrer et le faisait attendre. Finalement, il ouvrit la porte en disant: « Si tu es un homme, il va falloir recommencer à travailler pour vivre. Mais si tu es un ange, pourquoi veux-tu venir dans une cellule? ». Alors Jean, reconnaissant ses torts, s’écria: « pardonne mon frère, parce que j’ai péché »!"

Écrits

Écrits

Sortie : 4 novembre 2009 (France). Musique

livre de Leoš Janáček

Maximus49 a mis 8/10 et le lit actuellement.

Annotation :

« Jusqu’à la fin de sa vie, se former et surtout former ses nombreux élèves, les initier tant à la musique et à la composition qu’à l’écoute véritable, à l’imagination créatrice, à la liberté d’expression, à la vérité dans l’art, Janáček y fut comme poussé par une force intarissable. Et dans son élan d’initiateur et d’éclaireur, ce qui lui importait le plus, c’était la nécessité pour tout musicien de sentir chaque geste, chaque motif, chaque son et même chaque silence s’ancrer à la fois dans la réalité du monde extérieur et dans sa vérité subjective, intime. Cela, son expérience personnelle du monde sonore le lui avait révélé et mille fois prouvé, cela a formé ses convictions, cela même a fini par fonder sa singularité de compositeur, étayer son crédo d’artiste ».
(…)

« Le milieu intérieur est la ressource du compositeur contre le naturalisme nu dans son oeuvre (Janáček faisait une distinction entre le naturalisme « nu » - ou « limpide » - et un naturalisme « ingénieux » qui lui « ne ligote pas la liberté créatrice »).

On y est immergé, mais on ne s’y noie pas. Le milieu intérieur fait fondre les arguments des contempteurs du naturalisme dans l’art. Mais il est aussi la source de l’originalité de l’oeuvre. Il garantit le jaillissement de la « trouvaille », de cet instant où les étoiles semblent tomber du ciel ».
Daniela Langer

- Mélodies du parler (Leoš Janáček)

« Pour moi, la musique telle qu’elle sort des instruments, des partitions - qu’il s’agisse de Beethoven ou d’un autre - contient peu de vérité. C’est sans doute que - c’était un peu étrange, vous savez - il arrivait, quand quelqu’un me parlait, que je ne comprenne pas ses mots, juste leur cadence mélodique! Je savais tout de suite ce qui se passait en lui: je savais ce qu’il ressentait, s’il mentait, s’il était troublé, et pendant que cet homme me parlait - il pouvait s’agir d’une conversation banale - je sentais, par exemple, j’entendais qu’au fond de son âme, il pleurait. Les sons, les cadences mélodiques du parler des gens, de tous les êtres vivants d’ailleurs, contenaient pour moi la vérité la plus profonde. Et, voyez-vous, c’était mon besoin vital. Tout mon corps avait à travailler - c’est autre chose que le doigts sur le clavier: je collecte les mélodies du parler depuis 1879 - j’en ai compilé une littérature énorme - vous savez, ce sont mes fenêtres dans l’âme - et ce que je voudrais souligner, c’est que cela a une grande importance précisément pour la musique dramatique ». (…)

L'énigme de la peur

L'énigme de la peur

Sortie : 1 janvier 1994 (France). Psychologie

livre de Henning Köhler

Maximus49 a mis 7/10.

Annotation :

« En tant qu'évènement psychique, la peur est tout d'abord quelque-chose qui va autant de soi que vont de soi des évènements extérieurs comme la pluie, le vent, le brouillard ou l’orage. Et il serait tout aussi absurde par rapport à notre nature intérieure de vouloir « éliminer » la peur qu’il serait absurde par rapport à la nature extérieure de vouloir éliminer des conditions météorologiques fâcheuses. »

« On peut reconnaître notre peur devant la vie à la façon dont il nous faut faire constamment quelque chose pour ne pas sentir que nous prenons constamment la fuite ».
Alexander Lowen

« Malheureusement, nous osons trop peu appeler par son nom le problème de la peur qui se cache derrière bien des contraintes, derrière la sur-protection comme derrière la méfiance et le refus de la rencontre »
« Par peur de la peur, nous laissons passer bien des confrontations qui rendraient finalement notre vie plus riche et plus honnête ».

« … Capituler devant la peur peut aussi consister à tout simplement ne pas s’occuper de ce qui est inquiétant. Nous ressemblons alors au malade qui en prenant des analgésiques se procure une illusion de santé qui peut en définitive lui devenir fatale. Nous ressemblons aussi à ce malade dans la mesure dans la mesure dans la mesure où le fait qu’il choisisse la voie de l’étourdissement (le refoulement) plutôt que celle de la guérison (la confrontation) projette une lumière particulière sur son rapport à la maladie. Il considère la maladie comme son ennemi - et un ennemi il faut le réduire au silence ».

Symbolisme du corps humain - Vol 1: Pieds, chevilles, tibia, genoux, cuisses et hanches

Symbolisme du corps humain - Vol 1: Pieds, chevilles, tibia, genoux, cuisses et hanches

le Parchemin Magnifique

Sortie : mars 2019 (France). Art de vivre & spiritualité, Psychologie

livre de Luc Bigé

Maximus49 a mis 8/10.

Annotation :

« Connaissance » se décompose en « con-naître », « naître avec ». La connaissance nous propose de « naître avec » ce qui est lu ou entendu, elle a le devoir de métamorphoser celui qui la comprend. Quant au terme « poésie », il vient d’une racine grecque qui signifie « création », « fabrication ». Lorsque la conscience poétique s’ouvre sans restriction à tous les possibles, elle se laisse féconder par l’Immense et enfante des oeuvres originales. La « connaissance poétique du corps humain » métamorphose celui qui la perçoit dans la mesure où l’observateur et ce qui est observé ne sont plus séparés par les barrières du raisonnement et de l’objectivité. Le savoir intellectuel quitte le domaine de la représentation pour devenir une expérience. C’est dans cet état d’esprit que le corps-symbole se dévoile et laisse percer, autant que faire se peut, la présence du Soi ».

- L’évolutionniste darwinien comme le théologien placent, pour des raisons différentes il est vrai, l’homme au sommet de la pyramide de l’évolution. Cette position privilégiée légitime bizarrement un pouvoir de vie et de mort sur les autres espèces vivantes. Nous sommes les seuls en effet, aujourd’hui, à décider quelles espèces animales et végétales vivront, en les « protégeant », et quelles sont celles qui peuvent disparaître, en général celles qui ne crient ni n’émeuvent par leur beauté ou n’intéressent pour un usage économique.
L’interprétation pyramidale infeste toutes nos représentations du monde. Elle existe dans l’entreprise, les grandes écoles, le marché du travail, (...), notre rapport à la Nature, etc. En général, les intellectuels qui la promeuvent sont obsédés par la question du « gros cerveau » et justifient ainsi les relations hiérarchiques à leur avantage. Imaginons un instant qu’un félin soit dans la même position, mais obsédé par la question de la douceur du pelage. L’homme, nu et sans fourrure, se retrouverait alors au même rang évolutif que la chenille, le serpent et le lézard, tout en bas de la pyramide de l’évolution!
Ce n’est pas parce que nous savons compter que nous sommes plus évolués que les bactéries. Savons-nous, par exemple, comme les Foraminifères, une espèce de Protozoaires composée d’une cellule, fabriquer à partir de notre corps une chausse-trappe pour piéger la nourriture?
La lecture symbolique suggère que cette posture d’un homme debout « au sommet de la pyramide » de l’évolution est une erreur de perspective.

L'Âne d'or : Interprétation du conte d'Apulée

L'Âne d'or : Interprétation du conte d'Apulée

Sortie : février 2008 (France). Essai

livre de Marie-Louise von Franz

Annotation :

« La guérison psychologique est toujours liée à un élargissement de la personnalité, car un plus grand nombre d’aspects de celle-ci entre alors en activité, convoyant davantage de vie. On peut dire que la plupart des perturbations névrotiques sont dues au fait que le moi, dans un domaine quelconque, s’est fermé à des faits de la vie qui demandaient à être reconnus. C’est pourquoi, pour l’individu, la guérison coïncide avec un élargissement de la conscience ».

Charles Koechlin, compositeur et humaniste

Charles Koechlin, compositeur et humaniste

Sortie : décembre 2010 (France). Musique

livre

Maximus49 le lit actuellement.

Annotation :

- « Il suffit parfois d’une seule mesure chez un génial confrère, pour nous ouvrir la porte sur des jardins enchantés, où nous pourrons très bien cueillir d’autres fleurs que les siennes. »

- « Ce qui dessèche un art, ce n’est point du tout le manque de sympathie de la foule pour l’artiste, c’est le manque de contact de l’artiste avec ‘l’humanité tout entière’, celle d’hier, celle de demain, voire celle qu’on imaginerait, et celle qui est dans le coeur même de l’artiste ».

- « Le « bistrot » du coin a peut-être la foi, celle du charbonnier. Mais le doute du philosophe est assurément supérieur, et peut se traduire par une musique dont l’essence est infiniment plus religieuse. C’est d’ailleurs une idée absente, et qui a fait le plus grand tort aux religions, de prétendre que hors du dogme exact, on soit athée et irréligieux. Je conçois au contraire une musique dont le sentiment serait religieux, et qui n’exclurait pas le doute ».

- Charles Koechlin, en 1917: « Qu’offre en revanche la grande ville aux travaux et aux loisirs des ouvriers? Le métier de l’usine, toujours le même, sans initiative, et si exempt de toute poésie: il faut une réelle intelligence, une rare volonté, pour ne pas succomber à sa monotonie. Et quant aux loisirs! Je ne parle même pas du bistro à l’intérieur sinistre, ni du cinéma (qui pourrait être presque admirable), ni du triste logement étroit à l’excès, si inférieur à la plus modeste bicoque campagnarde où l’on a quand même de l’espace - et le petit jardin; évidemment, cela pourrait être perfectionné (…).
Mais aujourd’hui, la ville, le quartier de banlieue aux rues sales et lugubres, l’atmosphère mal odorante des poussières de charbon et des logis sans air, sans soleil, ne sont-ce point là des causes directes d’absence de beauté, - disons mieux: de laideur? Aussi, l’ouvrier cherche-t-il à s’égarer dans l’ivresse de l’alcool et dans les délices banals du roman de cinéma. Même s’il est un apôtre du foyer familial, sous quelles espèces lui apparaîtra l’art, dont il n’a plus aucun exemple sous les yeux, ni par son éducation, ni par sa vie quotidienne?
L’art, pour lui, ce sera encore un privilège dont seul bénéficie le bourgeois, l’accapareur. Et il le confondra avec les manifestations extérieures de la fortune: (...)
Quand on songe à toute cette coalition de laideurs qui domine le peuple et la plupart des bourgeois, je vous assure que c’est un peu effrayant ».

https://www.senscritique.com/liste/charles_koechlin/3458415?mode=preview

Cheminer vers l'autre

Cheminer vers l'autre

Diagnostic en pédagogie curative sur des bases anthroposophiques

Sortie : janvier 2019 (France). Psychologie

livre de Dieter Schulz et Erika Schöffmann

Maximus49 a mis 6/10.

Annotation :

« L’important n’est pas le temps que l’on passe aux choses, mais l’intensité avec laquelle on se relie intérieurement à elles ». 

« Un regard « phénoménologique » accueille ce qui se montre, et renonce, du moins au début à former un jugement ou une évaluation. En ce point, il est souvent objecté qu’il n’existe pas de perception neutre; ce qui est certainement juste, au sens strict. Néanmoins, on peut prendre la résolution de, et mieux encore, s’entrainer à laisser parler autant que possible les phénomènes, et essayer d’inhiber en quelque sorte l’automatisme par lequel on traduit une perception en un concept ou une interprétation. »

« La perception phénoménologique de l’être humain est un processus désintéressé de don de soi. Il s’opère dans le silence intérieur, la concentration, l’attention et le respect. Ce qui compte à présent, ce n’est pas ma pensée, mon savoir, mon jugement, mais uniquement la personne que je souhaite apprendre à connaître et à comprendre. Renoncer à sa propre sympathie ou antipathie pendant le processus de perception et de compréhension suppose une attitude d’intérêt et de respect accrus à l’égard de l’individualité de l’autre.
(…)
Il s’agit plutôt d’une perception participative que d’une observation. Dans l’observation, il existe toujours une distance entre observateur et observé.

La vie psychique des personnes handicapées

La vie psychique des personnes handicapées

Ce qu'elles ont à dire, ce que nous avons à entendre

Sortie : 3 décembre 2009 (France). Essai

livre de Simone Korff-Sausse

Maximus49 a mis 7/10.

Annotation :

« La violence sociale dépasse totalement la question du handicap. Elle transparait dans les modèles et les logiques que le discours social promeut: logiques économiques, gestionnaires, pragmatiques, rationnelles, normatives, c’est-à-dire toujours simplificatrices. Ces logiques émanent du positivisme ambiant qui recherche la technicité, la scientificité afin que tout soit mesurable, évaluable, projetable. On peut dire que ces logiques correspondent bien sûr à une demande sociale, demande où le penseur, par exemple, est convoqué pour donner des réponses et non pas pour poser des questions. Donner des réponses, c’est-à-dire empêcher de penser. (...) »

« … Cas dans tout travail clinique auprès de patients très perturbés, qui confronte à l’impuissance, au désespoir, ce qui peut conduire les soignants à des positions hostiles à l’égard du patient, à l’égard de la folie, à l’égard du handicap qui met à l’épreuve l’idéal du moi des soignants. Seule l’élaboration suffisante de la haine permet que la réponse du soignant soit une réponse aux besoins du patient, et non une réponse aux besoins narcissiques du soignant, (…) »

« On fait, il me semble, un grand pas dans ce métier, le jour où l’on peut enfin admettre cela: je suis là sans idées, sans représentations, sans repères théoriques assurés ».

Maximus49

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