De la difficulté de la prise de parole

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L'invitation à la juste mesure : l'idée que toute position/ opinion s'avère intéressante si elle prend le temps d'étudier les arguments et les contre-arguments sur une question. Comme si aucun problème ne pourrait supposer de positions radicales

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Le renvoi à la complexité : "Non, mais c'est plus compliqué que cela". Marche très bien en cas de lacune argumentative. Ou le fameux "Les choses ne sont pas aussi simples" alors que certains problèmes sont parfois d'une grande simplicité.

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Le renvoi à l'objectivité : l'idée que la dite position serait trop "subjective" pour être étudiée. Autre variante, le renvoi à moins de "radicalité" où souvent se confond souvent vision des dominants et réalité objective. Par ex. disqualifier la "virulence" des manifestants par rapport au "calme" des éditorialistes traitant les manifestations.

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Le renvoi à la prétention : "ce que tu dis est d'une prétention !", "tu te rends pas compte de la prétention de ton propos". La forme la plus extrême peut aller même jusqu'à ne pas faire de distinction entre l'intellectualisme et la prétention histoire de disqualifier la personne avec le filet le plus gros possible malgré un manque de subtilité évident.

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L'idée que toute idée est forcément facile à comprendre, rendant toute argumentation longue, complexe ou sinueuse disqualifiée dans son principe comme cette citation à la con de Boileau qu'on sort si souvent "Ce que l'on conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément".

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"Qui es-tu pour prendre la parole ?" ou "qu'as-tu fait dans ta vie pour oser parler de ce sujet" "es-tu un expert du sujet ?" etc. Autres phrases pas mal employées pour disqualifier un adversaire.

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Évidemment le renvoi à la bêtise peut être utilisé aussi, un classique.

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L'argument philosophique du "principe de raison suffisante" à savoir que rien n'arrive sans raison (« jamais rien n'arrive sans qu'il y ait une cause ou du moins une raison déterminante, c'est-à-dire qui puisse servir à rendre raison a priori pourquoi cela est existant plutôt que non existant et pourquoi cela est ainsi plutôt que de toute autre façon » (Leibniz, Théodicée, I, 44).) utilisée comme argument pour justifier de l'autocensure. C'est un peu plus subtil, mais si on arrive à justifier une causalité dans les évènements, on disqualifie par cela même indirectement toute prise de parole puisque par définition elle en vient à remettre en cause cette causalité même. Par ex. le fait d'expliquer que la situation économique difficile d'un individu présenté comme un résultat naturel viendra contrecarrer toutes explications de causes extérieures dans son principe puisque rien n'arrive sans raison.