Gaspar Noé - Vus & Annotations

Annotation :

Le cinéaste sulfureux réalise un moyen-métrage où le thème principal est le cinéma lui-même et donne sa vision chaotique d’un tournage. Comme ses autres films, il monte le ton petit à petit pour aboutir à une ultime destruction et met alors magistralement en scène la difficulté d’un tournage, notamment grâce au système du split-screen. Noé s’amuse aussi à faire un hommage aux réalisateurs qu’il aime en les citant (principalement Dreyer), pour argumenter son propos et mettre en valeur son essai cinématographique. Ce final magistral et stroboscopique anime une déconnexion totale avec notre environnement pour nous emporter totalement dans une apparition psychédélique, à l’image de la pression inhumaine qu’ont les personnages dans ce tournage et encore une fois, l'auteur arrive à créer ce malaise qui fait l’authenticité de son cinéma.

Annotation :

Le cinéaste déjoue ses propres codes avec "Vortex" en ne filmant pas une descente aux enfers insoutenable, mais en concentrant son récit sur la lente mort d'un couple âgé. Plus minimaliste, Noé réalise son film en split-sceen pour suivre sous deux angles différents les actions de l'homme et celui de sa femme. Sa façon de diviser le cadre permet de diffracter deux êtres en opposition, l'un continue d'avoir un cercle social et à communiquer, l'autre (touchée par Alzheimer) n'est plus lucide et n'a plus de contact avec le monde extérieur. Cette scission emprisonne également les deux personnages comme dans une case, les mettant d'avance dans un motif mortuaire et funèbre. Enfin, ce choix confronte deux cinémas que Noé adule, Argento (le genre, le giallo) et Lebrun (Eustache, "auteur"). Rien n'est vertigineux ou spectaculaire, l'œuvre est pesante par son déroulement lancinant d'un quotidien dépérissant et par le cloisonnement étouffant de l'appartement. L'auteur délaisse ses effets de style tripant et agressif pour mieux renforcer la léthargie physique et mentale du duo. "Vortex" est un objet cruel mais touché par une tendresse pétri de douleur, faisant de l'œuvre une longue errance maladive à la fois crue et humaine.