Georges Bataille et compagnie

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Un roman joyeux. Rieur. Solaire. Frénétique. Erotique ? Non, pas tout à fait. Angoissant ? Non. Pas tout à fait. Aussi angoissant que le fait de se curer les ongles, mais en plus clair. En plus évident. Epoustoufflant ? Assurément ! Et Bien d'autres choses encore : c'est le livre d'un homme qui a surmonté la folie et l'a regardée en face avec toute la légèreté d'un enfant (Lisez Le Petit, et les interview télévisées d'André Masson pour y voir un peu).

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Oeuvre paradoxale, inachevée. Michel Surya, avec sa biographie, a fait qu'on a beaucoup parlé du père. Ce roman, la confession du Bleu du Ciel, les éléments donnés dans le tome II des oeuvres complètes, les Réminiscences d'Histoire de l'oeil devraient nous faire considérer avec autant d'attention la place et le rôle de sa relation avec sa mère. Elle était mélancholiquue, c'est à dire, plus ou moins, maniaco-dépressive, c'est à dire, plus ou moins, bipôlaire. On a là, sans doute l'exploitation littéraire d'une partie de cette pathologie. Il y a de plus une référence à Nietzsche, EVIDENTE, que personne ne remarque jamais, bizarrement ...

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Pas un joli objet, pas une édition indispensable (on a la même chose dans les oeuvres complètes), ne vaut malheuresement que pour les reproductions des oeuvres de Masson, et pour le plaisir de posséder un livre qui est encore fabriqué à l'ancienne.

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Bataille fait intervenir ses poèmes pour briser les chaînes du langage rhétorique, structuré, pour manifester, au sein d'un essai, un moment, LE moment où la pensée s'annihile en un mouvement de bacchanale (joyeuse ou angoissée, rire ou désastre). On ne peut donc pas sans dommage les séparer de leur contexte. C'est pourtant ce qui est fait ici, sans jamais qu'aucun texte ne vienne les resituer. Cela ravale Bataille au rang d'un simple poète, d'un aligneur de vers, ce qu'il a toujours refusé d'être, ce qu'il n'a jamais été que malgré lui, par la faute de ce livre, qui refuse de donner les clés qui pourraient permettre d'entendre ces poèmes, à défaut de trouver la voix pour les lire.

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Pourquoi j'ai passé l'après-midi à rentrer dans SC les tomes des oeuvres complètes, et à m'efforcer de le faire au mieux ? Parce que souvent, les éditions séparées sont criminelles. CRI-MI-NELLES. Celle-là ne mérite pas d'être. Aucune des illustrations qui devaient normalement illustrer ce livre qui à la base est un "Beau-livre", comme le Manet, comme le Lascaux. Le texte est indiscociable des images ! L'absence de notes, de renvois aux précédents essais de Bataille (dont ce livre est une synthèse tardive est extraordinairement belle de concision et de précision), rend ce livre illisible pour n"importe quel lecteur qui n'est pas un Bataillien averti.
Dès lors, ce qui devait être l'équivalent littéraire d'une pointe de diamand, pour m'envoler lyrique à mord-moi-le-noeud, devient un brouillamini rapide et d'apparence stupide, inepte. Inintéressant. On ne peut pas en vouloir aux lecteurs maladroits, l'éditeur là est seul coupable ... (bonne note quand même, mais par simple adulation)

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Recueil de poème et de nouvelles plus justifié que L'Archangélique et autres textes, puisque de toute évidence ces textes sont pour l'essentiel de petites bêtises d'auteur espiègle (et non de jeune taureau en rut) qui n'avaient pas pour vocation de s'insérer dans des oeuvres plus grandes, sauf, me semble-t-il, pour une ou deux nouvelles (rattachées à la Sissiparité, ou mettant en scène Dirty). Une petite curiosité, quelques textes remarquables ("j'entrouvre tes jambes nues, etc). Bien plus grivois et bien meilleur que les petits oiseaux d'Anaïs Nin et l'opus pistorum de Miller. De là à le conseiller pour mettre une fille dans votre lit ...

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Celui là et le XII sont indispensables pour avoir une vision juste de Bataille, qui n'a pas cessé d'être angoissé, impliqué, engagé par et dans l'anctualité de son temps. Des articles qui sont à la fois le commentaire précieux d'une époque de transformations, de débats vifs, et une vue privilégiée sur le laboratoire de Bataille, plusieurs articles étant en effet les étapes préparatoires aux chapitres de plusieurs de ses livres, ou la mise à l'épreuves des thèses qu'il y soutient.

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Pareil. Avec ce plus qui est un véritable trésor : la liste des emprunts, établie par Le Boulet, qui est, sans déconner, un extraordinaire commentateur de Bataille, un chercheur érudit et patient qui a écrit des articles tout à fait précieux sur le passage de Bataille à l'Ecole des Chartes, que l'on peut lire dans divers numéros de la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes (BEC, disponibles sur Persée, ainsi que dans un numéro de 1991 il me semble de la revue d'histoire de la littérature française).

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Quelques essais tardifs, sur l'art. Trop peu lus hélas (sauf pour ce qui est de la littérature et le mal) qui s'intéressent, comme beaucoup de textes de bataille, aux débuts de l'humanité, qui commence avec la mise en oeuvre de sa souveraineté (sa libération par rapport au règne de la nécessité), et qui observe par l'exemple comment l'homme, encore aujourd'hui, se réalise humainement, dans le mal, qui n'est rien d'autre que la rupture des liens qui nous lient aux autres et nous astreignent à l'utilité.

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Un incontournable, évidemment, que dire de plus. Le surréalisme au jour le jour est un document extraordinaire sur les relations que Bataille a entretenu avec les surréalistes, comment il a connu, comment il considérait les différents acteurs du mouvement. La préface à l'histoire de l'érotisme, en plus de ses nombreuses autres qualités, permet de comprendre le changement de ton qui s'opère, qui fait rupture par rapport à la somme athéologique, à laquelle on réduit trop souvent le bonhomme. La souveraineté est aussi un livre très étonnant, tirant le bilan d'un long compagnonnage avec le communisme, permettant d'offrir une autre vue du communisme en tant qu'idée, espoir, tendance, idéal.

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Je l'ai peu lu jusqu'à maintenant celui-là, en grande partie parce que j'ai pris l'habitude de lire La Part Maudite en édition séparée. Il y a pourtant des choses tout à fait nécessaires là-dedans, je n'en doute pas.

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Pour les oeuvres littéraires, maintenant, préférer les oeuvres en Pléiade, qui offrent un arsenal critique jouissif, incroyablement serré, sérieux, profond, une mise en page agréable, toutes les illustrations que l'on peut souhaiter ainsi qu'une chronologie détaillée.

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Lisez l'expérience intérieure dans cette édition plutôt que dans l'édition de poche. La numérotation des pages reste rigoureusement la même, les notes, les documments annexes (texte du rabat de couverture, notes, passages raturés, enlevés, réécrits, autres plans, notes marginales, etc, donnent une intelligence au texte que la version poche permet d'atteindre, oui, mais bien plus difficilement et avec moins d'éléments.
Le coupable est évidemment un texte indispensable, témoignage précieux au jour le jour, déchiré, déchirant, passionnant, etc, etc.

Ce n'est quand même pas la période de son oeuvre que je préfère.

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Sur Nietzsche est difficile, comme les autres livres du bonhomme datant de cette période. Non pas qu'il soit incompréhensible, non. Loin de là. Mais on lit Bataille avec un certain nombre d'a priori : l'érotisme, l'excès, l'angoisse, Bataille broie-du-noir, l'horreur, la nausée, le dégoût. Tout ça n'est en fait qu'un détour rhétorique. Il en faut de la clairevoyance, de l'habileté, de l'habitude, pour saisir tout le poids et l'importance de quelques petites phrases de rien du tout, éparses, qui donnent un tout autre portrait, une toute autre lumière.
"On m'imagine sombre : c'est à mourir de rire."

Il y a une collection de citations de Nietzsche qui en disent long sur lui, sur la manière dont il lisait Nietzsche.

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Comme le trois, en musique, préférez l'impair.

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A conseiller qu'aux amateurs fous de Bataille, à ceux qui aiment le surréalisme et veulent en savoir plus sur les affaires d'éviction, d'accusation, autour du second manifeste, telles qu'elles ont atteint Bataille (à la grande nuit, pour ce qui est d'Artaud). Certains textes (les schémas de l'hétérologie) sont d'une obscurité redoutable, un casse-tête pour amateurs et dialecticiens chevronnés.

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Ces articles sont incroyables. Bataille dans ce qu'il a de plus exalté, de plus destructeur, de plus amusé, de plus pertinant-impertinant, de plus parodique, de plus iconoclaste, de plus visionnaire, de plus déroutant, de plus grinçant. C'est là que l'on voit le mieux la manière dont toujours il fait un pas de côté par rapport à ce qui serait attendu de lui, ses revues, sous leurs allures respectables et austères, sont des brûlots cathartiques anti-bourgeois, anti-surréalistes aussi oui, mais profondément surréalistes aussi, et ça, on ne le dit pas assez. quand il écrit dans la très respectée revue politique et économique de Boris Souvarine, il commence par parler de Krafft-Ebing, c'est à dire de perversions sexuelles, et écrit des articles avec lesquels personne n'est d'accord, mais que tous se retrouvent contraints d'admirer et de publier, voyant bien qu'il y a là, énoncées clairement, vicieusement, des vérités qui ne peuvent que signer la dissolution du cercle Souvarinien et de la revue. D'autres très belles choses.

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Tout Bataille est là, exprimé de la manière la plus posée et la plus claire. Un des exposés les plus rigoureux qu'il ait publiés, avec traduction klossovskienne des actes du procès de Gilles de Rais. Sans doute la meilleure introduction à son oeuvre, encore qu'il ne faille s'y tenir que dans l'idée, et non dans la lettre : le style est un des sujets d'interrogations les plus durs à envisager chez lui, et le style est loin d'être innocent ou séparable du fond : le fond est bousculé, transformé, parfois anéanti par le style. Enfin bon ... Pour ce qui est des idées, on a là le plus clair.

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il manque Lautréamont. Il le dit lui-même. Une bagarre au coude à coude avec Sartre. Avec l'époque aussi. Avec notre époque aussi. Combien refusent à la littérature la puérilité, l'inutilité, la gratuité, l'excès ? Baudelaire : le vendeur de carreaux, renvoyé d'un coup de pied à bas les escaliers, voilà ! ça c'est la littérature !

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Il faudrait quand même voir à changer le titre. Ou a rajouter un sous-titre. Ou à lui adjoindre une introduction qui le replace en contexte car que de malentendus grossiers il génère aujourd'hui que le mot "érotisme" n'est plus une condamnation grossière et injurieuse. Des chapitres essentiels pourtant sur les débuts de l'humanité, un Second Discours tour aussi impénétrable, sur les débuts nécessaires du travail, des lois, de la propriété, du contrat social, débuts nécessaires de l'exploitation de l'homme par l'homme, nécessité tout aussi absolue d'aménager des niches qui permettent de s'en détacher, non de s'en libérer, pour vivre souverainement, c'est à dire : humainement, dans le luxe, l'érotisme, le meurtre sacrificiel, la foi, etc.

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Que dire de plus là dessus ? Un mode d'emploi paradoxal pour empêcher les guerres à venir. Personne ne l'a lu comme ça. A titre personnel, pourtant on le sait ; il suffit de s'expurger la fricadelle pour ne plus chercher querelle, vieille sagesse des cantons.

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Première lecture : enthousiasme fou !
Seconde lecture : ennui pas même amusé.
J'ai vu Marmande en conférence sur Bataille, parlant deux heures sans s'arrêter, usant des mêmes manières de faire que l'on trouve dans ce livre (longues digressions qui fournissent des illuminations et des aperçus sur l'oeuvre impossibles autrement, successions d'anecdotes personnelles qui ont toute à voir, plus ou moins directement, avec ce dont il est question, et le tout avec un humour, une énergie incroyables, une ouverture, une simplicité, une honnêteté sans faille.
Un grand bonhomme. Un très grand. Qui n'hésite pas en plus à se mettre en danger en jouant du jazz dans de mauvaises conditions.

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Un livre remarquable, un portrait de Bataille clair, vivant, aussi incontournable que ceux dressés par Leiris et Caillois, sur une période que les deux autres abordent assez rarement, pour cause d'éloignement : la période d'occupation et d'immédiate après-guerre. Nécessaire pour bien envisager le tournant qui s'opère alors dans son oeuvre, l'abandon de la somme athéologique et le début d'une autre somme. D'une autre vie aussi.

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Bataille n'est pas le plus personnel dans ses lettres. Cela rend difficile d'attribuer une valeur à ce livre. On appréciera les textes donné en début d'ouvrage, où Bataille parle de Leiris et inversement, et la chronologie croisée en fin d'ouvrage. Pour en savoir plus sur leur relation, mieux vaut abandonner celui-là au profit des actes du colloque Bataille-Leiris : l'insoutenable assentiment au monde.

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Pareil que pour celui du dessus, encore que les lettres de jeunesse valent vraiment le coup, ainsi que celles à la fin, rescapées du feu, issues de sa longue correspondance avec Blanchot. Quelques autres aussi, plus politiques.

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Surya apporte ici un complément indispensable à la biographie qu'il a donnée de Bataille. Fin, vif, précis, d'une intelligence absolument remarquable, d'une fluidité étrange, il aborde les points encore méconnus, peu défrichés, de la vie et de la pensée de Bataille. Absolument éclatant.

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Je ne sais pas ce qu'il fait là. Il est là, avec les autres, c'est tout.
Il y a des passages absolument hilarants.

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Sollers écrit bien. Très bien même. C'est fluide. C'est beau. Mais que de suffisance ! Que de secrets de polichinelles pour un type qui veut tout dire ! Quel mur il dresse entre lui et son lecteur, comme il aime montrer et dire que sa vie est loin au dessus de celle de son lecteur. Et bien tu vois, certes, tu es en accords avec Lautréamont (le poète est la santé, c'est le lecteur qui est malade), je ne suis pas sûr qu'un traitement de choc, administré avec autant de douceur, de nonchalance, de désintérêt, puisse être d'un quelconque effet. En tout cas, cela fait un livre particulièrement vide pour le coup.

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Elle écrit fluide. Mais elle ne sait pas construire un livre, le fabricant toujours à l'envers, même quand cela n'est pas justifié. Donne quelques menus éléments sur l'amitié avec Colette Peignot, pas assez, quelques éléments des conflits et relations avec Bataille, pas assez. Pas assez pour m'intéresser, pas assez d'éléments sur la pensée de Simone Weil. Bref, rien de substentiel, du creux. Quelques éléments quand même sur la personnalité, le courage, l'abnégation de Simone, mais jamais aucune persée décisive n'est faite ni dans la pensée, ni dans la psychologie.