Cover Gérer les attentes, ce fléau

Gérer les attentes, ce fléau

Il arrive qu'une œuvre nous touche de telle manière qu'on ne semble jamais tomber à court de mots pour décrire toute l'intensité du spectacle. Et parfois, lorsque la lumière dans la salle s'estompe progressivement au même rythme que notre respiration, et que nos yeux avides se dilatent dans l'attente ...

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6 films

créee il y a plus de 5 ans · modifiée il y a environ 5 ans

007 Spectre
5.9

007 Spectre (2015)

Spectre

2 h 28 min. Sortie : 11 novembre 2015 (France). Action, Aventure, Thriller

Film de Sam Mendes

Lestiboudois a mis 5/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Spectre mérite bien de trôner en tête de liste tant je ne me souviens pas avoir éprouvé pareille déception. James Bond fait parti de ces personnages qu'on ne présente plus. Le précédent film de Mendes s'était aventuré là où aucune autre déambulation de l'espion britannique ne l'avait emmené précédemment, à savoir dans son passé, sans pour autant réaliser une immersion intrusive et complète de sa vie. Bond, figure quasi fossilisée, évoluait dans un cadre très soigné, faisant paradoxalement peau neuve, comme si Mendes et son équipe étaient parvenus à lui trouver une potion magique pouvant concurrencer ses homologues en collants. Avec autant de trophées et de succès sur son étagère, Mendes pouvait compter sur ma confiance aveugle pour pérenniser une des franchises les plus vieille et longue de l'histoire. Donc forcément, lorsque "Spectre" est parvenu sur nos écrans, avec sa démarche faisant machine arrière dans le but de "renouer" avec le vieil esprit de James Bond, j'ai méchamment déchanté.

Mon avis de l'époque :
https://www.senscritique.com/film/007_Spectre/critique/79733292

Jason Bourne : L'Héritage
5.4

Jason Bourne : L'Héritage (2012)

The Bourne Legacy

2 h 15 min. Sortie : 19 septembre 2012 (France). Action, Aventure, Thriller

Film de Tony Gilroy

Lestiboudois a mis 3/10.

Annotation :

J'ai toujours été un grand fan de la trilogie "Jason Bourne". C'est un triptyque que je trouve très complet et passionnant, tant chaque opus marque profondément son personnage à plusieurs échelles. Une fois l'aventure de Matt Damon close, je ne m'attendais pas franchement à ce qu'on vienne y greffer de nouveaux chapitres. Mais quand on y réfléchit quelques secondes, la démarche n'est pas totalement irréfléchie, la trilogie originale ayant eu l'effet indésirable de voir naître toute une chiée de pseudos-héritiers de Bourne sans jamais trouver son pareil. Voir émerger des suites en surfant sur la réputation du personnage lui pendait donc au nez... (faut bien faire tourner la planche à billets, m'voyez). L'annonce du "Bourne Legacy" avait de quoi susciter mon intérêt, Jeremy Renner m'étant très sympathique, et le postulat de base étant tout de même assez couillu : raconter l'histoire d'un agent semblable à Bourne, si ce n'est meilleur que lui, et couvrir les angles morts de la trilogie de Greengrass/Liman. Impossible également de ne pas être excité à l'idée de revivre une immersion dans cet univers sombre et violent, où les scènes de castagnes constituent aujourd'hui une norme sur laquelle beaucoup se rompent encore les dents. Alors que le logo d'Universal prend possession de la totalité de l'écran, la musique de John Powell suggérée en fond, mes attentes se rappellent à moi et hantent l’entièreté de la séance, ne trouvant satisfaction qu'une fois le spectacle clôturé par Moby.

Dragons 2
7.1

Dragons 2 (2014)

How to Train Your Dragon 2

1 h 45 min. Sortie : 2 juillet 2014 (France). Animation, Action, Aventure

Long-métrage d'animation de Dean Deblois

Lestiboudois a mis 6/10.

Annotation :

Dragon, premier du nom, est un de ces films que j'ai accidentellement découvert à la télé durant un après midi. N'en ayant que très peu entendu parler, je ne savais pas à quoi m'attendre. Mais devant toute l'ampleur du spectacle, avec ses scènes de voltiges faisant l'effet d'un grand huit, la version française exquise et le récit miroir et intemporel de l'amitié de deux marginaux de peuples différents, je n'ai absolument eu aucun mal à refouler l'envie de zapper jusqu'à la fin du film. Dragon est un de ces films d'animation qui n'infantilise pas son propos, bien au contraire, et malgré l'aspect un peu "Disney" de certains passages, la sauce poétique prend bien, et prouve qu'il est possible de concilier tous les publics devant un film d'animation. Et je crois que ce qui a le plus chagriné mes attentes à la fin du visionnage du deuxième, c'était de voir que j'avais plutôt apprécié l'ensemble. Car si ce deuxième opus est loin d'être mauvais, il lui manque toute la fraîcheur et l'entrain de son aîné. L'animation, toujours au top, ne parvient pas à donner de l'intensité à cette histoire affreusement banale que l'on a déjà vu et revu. C'est peut-être ce point qui a achevé mes attentes, voir que la suite du spectaculaire "Dragons" pouvait être aussi plate et sans saveurs.

En rajouter plus serait bien inutile, d'autres l'ont déjà fait avant moi, et en mieux :
https://www.senscritique.com/film/Dragons_2/critique/35603126

Glass
6.3

Glass (2019)

2 h 09 min. Sortie : 16 janvier 2019. Thriller

Film de M. Night Shyamalan

Lestiboudois a mis 5/10.

Annotation :

Le projet super-héroïque de Shyamalan est un des plus ambitieux que l'on ait pu voir porté à l'écran. Il prouve qu'il est possible de concilier le genre du drame avec celui de la question des super pouvoirs, tout en dépeignant des personnages très attachants. Dans sa démarche, Shyamalan aime à donner des repaires quantitatifs concernant les facultés de ses personnages (l'incroyable bench press de David, Kevin et les barreaux en aciers, le fusil de chasse...) pour mieux en situer le caractère exceptionnel. Il n'était donc pas si idiot de chercher à les rationaliser dans Glass, qui prend ce travail très au sérieux et tranche véritablement avec ce qu'on était en mesure d'attendre de la réunion de Kevin David et Elijah. Il faut reconnaître à Shyamalan une volonté de s'aventurer hors des sentiers battus, proposant véritablement quelque chose de neuf et personnel. Et c'est peut-être à ce niveau là que mes attentes ont joué un rôle déterminant. A savoir de ne pas réussir à fermer les yeux sur certaines faiblesses de cette conclusion, comme les facilités d'écritures assez déroutantes (le trèfle à quatre feuilles en tête), l'asile à la sécurité plus que douteuse compte tenu des personnalités qu'il abrite, ou encore ce manque de maîtrise dans la séquence du parking, bordélique et assez faible sous certains aspects (le pugilat de David et Kevin est vraiment mou). Malgré ça, je pense que la trilogie super-héroïque de Shyamalan regorge de qualités, comme son goût pour la mise en scène, sa réalisation très soignée et ses personnages vraiment fouillés. Mais avec le duo dantesque d'Incassable et Split, mon niveau d'exigence envers Glass s'est vu rehaussé de manière très (trop ?) significative, occasionnant une déception assez amère.

Midnight Special
6.5

Midnight Special (2016)

1 h 51 min. Sortie : 16 mars 2016 (France). Drame, Science-fiction

Film de Jeff Nichols

Lestiboudois a mis 6/10.

Annotation :

J'ai beaucoup hésité à mettre Midnight Special dans cette liste. Car contrairement aux films précédemment cités, il ne s'agit pas d'une déception, d'une chute dans mon estime liée à des attentes bien trop rudes pour être satisfaites. Il faut le voir comme une sorte de surprise douce-amère. Jeff Nichols est de ces personnalités cinématographiques peu prolifique (seulement 5 longs-métrages depuis ses débuts, en 2007), mais qui parvient à susciter quelques attentes à chaque nouveau projet. Une des forces de Nichols se situe dans la variété des genres et des cadres qu'ils utilisent pour ces histoires, sans toutefois négliger la place de l'humain (et bien souvent la famille), centrale et prépondérante. Nichols s'intéressant à la SF, ça avait tout pour être lourd, surtout avec un tel casting (il est celui qui m'a donné goût au jeu de Michael Shannon, découvert dans Man Of Steel). Inutile donc de préciser l'état d'esprit dans lequel j'étais en entrant dans la salle, les jambes battantes d'excitation. Je ne sais pas ce qui m'a le plus dérouté. L'aspect non-conventionnel de la SF de Nichols, cette histoire dont on ne présente pas assez d'éléments pour en saisir toutes les subtilités, ou ce final assez décevant dans sa manière de se dévoiler. Pourtant, les qualités d'ordre esthétiques et scénaristiques sont là. Nichols accouche de belles images, comme cette séquence de lever de soleil qui n'est pas sans rappeler Superman. De plus, il invite le spectateur à s'identifier au seul personnage (Joel Edgerton) qui semble adopter un comportement similaire au notre, suivant l'histoire de très près (au sens physique, comme nous qui sommes proches de l'écran), sans pour autant s'en approprier le sens (comme ce fut mon cas à la sortie de la salle). "Midnight Special" est décidément un film un peu à part, très intéressant dans sa localité, mais dont l'aspect global est très déroutant, voir même un peu en décalage avec ce que l'on nous expose. Car après tout, ne pas expliciter certains enjeux (Il pourrait y avoir pléthores de raisons de convoiter l'enfant, d'ailleurs le film le montre assez bien), m'amène à penser que ce n'est pas là l'intérêt de l'histoire, qui réside à une échelle plus intimiste, celle de cette famille réalisant un acte de foi et devant accepter de laisser cet enfant spécial s'émanciper. Dans cette optique, je ne comprends donc pas l'intérêt de montrer cette "civilisation alternative", donnant de l'importance à ce que l'on ne voulait pas révéler.

Memories of Murder
8.1

Memories of Murder (2003)

Salinui Chueok

2 h 10 min. Sortie : 23 juin 2004 (France). Policier, Drame, Thriller

Film de Bong Joon-Ho

Lestiboudois a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Il fallait bien que j’ajoute un jour le film qui m’a inspiré cette liste en premier lieu. Habitué des têtes de classements des multitudes de listes recensant les perles du septième art, le film de Bong Joon-Ho s’est vite hissé en tête de mes priorités. Profitant d’une séance dédiée au long-métrage dans le cadre du programme UGC Culte, j’ai enfin pu mettre fin à quelques années d’attente. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que Memories Of Murder est un film très surprenant. Surprenant dans le mélange des tons qu’il aime alterner, notamment dans des séquences d’interrogatoires à la violence certaine, auxquelles on opposera un caractère grotesque très prononcé et faisant mouche, nous faisant prendre conscience de la nature profondément antagoniste du métrage : que ce soit dans la composition du duo d’enquêteur, opposant la brutalité presque animale à la démarche d’investigation conventionnelle, le choix des cadres, jonglant entre un milieu rural aux couleurs vives et enjôleuses, et les bas-fonds crasseux d’une salle d’interrogatoire mêlés aux extérieurs poussiéreux d’une carrière, ou encore dans l’alternance du jour et de la nuit, cette dernière, dans sa dimension la plus authentique, étant le repaire privilégié des méfaits du serial killer, et de manière plus artificielle, dans les cellules d’interrogatoires, laissant libre cours aux mondanités musclés des enquêteurs. Cette volonté d’opposition rentre en parfaite cohérence avec la volonté de BJH de peindre sur fond de son enquête une image d’une Corée en pleine transition, d’un mode d’investigation lui-même voué à se diriger vers des méthodes reposant davantage sur la science, les faits et le profiling. Le tout intégrant une dimension très humaine dans un final réalisant l’inversion de ses deux rôles titres : la frustration de déployer tout son temps et son courage dans le vent vient à bout des certitudes et des convictions les plus farouches, opérant un retour à une forme de violence primaire, parfaitement mise en scène au détour de ce tunnel très évocateur. Je crois pouvoir dire sans me tromper que j’ai adoré Memories Of Murder. Mais malgré toute cette maestria, je n’ai pas reçu la mandale, le K.O technique que j’attendais. Mais à présent que la hype du premier visionnage vient d'être enterrée, je n'ai qu'une hâte : redécouvrir Memories Of Murder, dans l'espoir d'en apprécier d'avantage le contenu.

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