Jean Painlevé, de la science à la fiction scientifique

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("Film scientifique")

Ce court résume parfaitement la raison de l'attrait des adeptes du surréalisme pour Painlevé. Une fois passés les intertitres décrivant très sobrement le contenu des prises de vue, la musique de François de Roubaix commence à déployer tous ces effets. Elle résonne brillamment avec la myriade de formes et de couleurs. L'ordre naturel prend le pas sur le chaos apparent. Magistral !

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(Film scientifique)

Quelle transition aussi brutale que celle qui scinde ce court après une poignée de secondes d'apparence banale ? J'aime lorsque Painlevé nous présente d'abord "ses" créatures dans leur milieu naturel, pour ensuite les placer dans un décor reconstitué propice à de meilleures prises de vue. Nous quittons donc rapidement le limon qui l'accueille et le nourrit pour faire place à un décor extrêmement dépouillé. Quasi lunaire. C'est alors que l'acéra révèle toutes ces qualités picturales. Oui ce vulgaire hermaphrodite pataugeant dans la vase se révèle doté de traits d'une infime délicatesse. Du noir profond surgissent ses formes imprécises et ses reflets lumineux qui nous caressent le regard.

Puis vient le début des réelles festivités, en même temps que les premières notes de free jazz. Ils se meuvent à leur guise. Libres. Mystérieux. Je n'en révèle pas plus, mais la surimpression d'une Loïe Fuller au sommet de son art devrait vous mettre sur la piste. Du grand art.

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(Film scientifique)

Ce n'est que son second film scientifique, et pourtant tous les éléments qui caractérisent son approche sont présents, presque comme s'il avait déjà son oeuvre-somme. Les premiers plans montrent toute l'inclinaison à vouloir construire un récit construit, même si cela passe par l'extraction de la pieuvre de son milieu naturel. Pour autant on trouve l'honnêteté de montrer la présence humaine lorsqu'elle exerce une influence sur l'observation, afin de ne pas leurrer le spectateur.

"L'oeil ouvert, très humain". Les intertitres sont déjà empreints du regard anthropomorphique et un poil provocateur qui va hanter toute sa filmographie. De même pour les agrandissements dont les limites techniques offrent déjà des prises de vues quasi expérimentales tellement elle dépasse le simple cadre de l'observation froide.

Aucun accompagnement musical, mais déjà un sens du rythme dans le montage. Toujours cet ancrage dans notre quotidien avec des inserts de plages, pour bien nous rappeler que toutes ces merveilles de la nature sont à notre portée.

Un premier contact avec le grand public plus que réussit.

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(Film scientifique)

Il y a de vraies intentions cinématographiques et une véritable poésie dans la construction du récit. Le commentaire prend un caractère quasi ludique sans jamais écorner le contenu informatif. L'équilibre trouvé nous captive et nous charme.

Le DVD contenait également la version muette d'origine qui dévoile toute la puissance du montage et des prises de vues qui sont dirigés par un sens du récit certains. Le commentaire scientifique apporte bien évidemment tout le vocable nécessaire pour pleinement comprendre la portée scientifique mais il n'est pas indispensable pour comprendre l'essentiel. C'est assez impressionnant de voir cette facilité à vulgariser un savoir avec autant de simplicité.

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1932 (année du tournage), c'est aussi l'année où il écrit le scénario que devait tourner son ami Jean Vigo, Le Café du bon accueil.

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(Film de commande de la Section mathématique du Palais de la Découverte.)

Le démarrage est extrêmement terre à terre, puis glisse peu à peu vers un commentaire plus d'apparences plus fantaisiste, mais toujours inscrite dans une certaine rigueur.

Je suis bluffé par sa capacité à vulgariser les différentes théories entourant le concept. Il les rend parfaitement tangibles en les incarnant par le vivant, non sans un certain humour qu'on lui connait bien.

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(Film scientifique)

De la voix volontairement hypnotique aux nombreux bruitages en passant par la musique expérimentale, il lorgne clairement sur de la SF. Son final est particulièrement marquant. J'aime aussi le fait qu'il s'est pour une fois cantonné au milieu naturel sans sacrifier la mise en valeur de l'esthétisme de l'animal.

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(Film scientifique)

Seul et unique reportage dédié à un mammifère, né d'une maturation relativement longue 39-45. Impossible d'ailleurs de ne pas voir le sous-texte associé dont la saillie la plus évidente concerne le salut du vampire.

Sa première partie constitue une très belle symphonie de toute son oeuvre, assez émouvante. Painlevé cite même plusieurs passages du Nosferatu de Murnau avant de rentrer dans le vif du sujet, avec un sens de la lenteur propice au déploiement d'une ambiance très pesante.

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(Film d'animation)

Les "écarts" de Painlevé illustrent bien son statut d'artiste se laissant porter par son imagination. Ce film d'animation musical est une adaptation du conte de Perrault. Il impressionne dès ses premières secondes avec la transformation très fluide du livre en son protagoniste principal. La direction artistique est éblouissante, de son jeu de couleurs intensément vives aux détails architecturaux du château et de ses environs. Rien de révolutionnaire dans le traitement narratif, mais la simplicité de sa construction fonctionne. Une belle petite pépite.

Dans plusieurs interviews Painlevé établit le lien très étroit entre l'animation et l'étude des mouvements. L'une des séquences présentant un cheval au galop est d'ailleurs un hommage appuyé aux travaux d'Etienne Jules Marey.

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(Film scientifique)

Un reportage aussi agité que son protagoniste principal. Au point il y a un vrai jeu entre la cadence des plans et les vibrations continuelles de l'animal, et ceci sans jamais sacrifier la lisibilité. L'apparition d'une hydre, son ennemi naturel, change alors totalement la nature du récit. Un David hyperactif tente de s'échappée des tentacules d'un Goliath nonchalant. Une vraie puissance se dégage de leur confrontation.

Et comme toujours, Painlevé souligne cette notion de cycle et nous un effet miroir nous rappelant que ces batailles arrivent quotidiennement à notre insu.

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(Film scientifique)

Tout premier reportage, cadencé par un Bellini en frôlant presque le mickeymousing bien pompeux. Le commentaire fait état de la parfaite conscience de l'effet des choix formel. "Avec le grossissement, on fait un monstre de ce charmant animal".

La critique des autres documentaires faussant l'hostilité entre les anémones et les bernard-l'hermite représente déjà toutes les intentions de Painlevé, dans le sens où il a toujours eu coeur à dévoilé ses effets pour ne jamais tromper le spectateur, mais, au contraire, stimuler son esprit critique.

Le parallèle ironique entre l'animal cherchant refuge et la crise du logement fait de suite mouche, donnant bien la couleur du ton captivant qu'il va employer à préserver tout au long de sa carrière.

Un vulgarisateur vient d'éclore.

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(Film scientifique)

Oursins de sable. Oursins de roche.

Un peu déçu qu'il ait recours plusieurs fois à des schémas ou des annotations animées, alors même que ses prises de vues ont toujours été suffisantes pour transmettre des informations similaires.

Il a beau être sorti près de 30 ans avant son alter ego, il y a un vrai hypnotisme qu'on ne retrouve pas dans l'autre. Il y a une véritable impression de "cités organiques". Les plans où les tentacules émergent d'un noir opaque prennent même un caractère quasi horrifique assez troublant.

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(Film scientifique)

Deux mollusques qui excellent dans l'art du camouflage, se "grimant" avec les éléments de leurs environnements (mousse, algues...).

Les prises de vues sont évidemment plus pénibles à saisir, et toute l'ironie du court, c'est qu'il ne décolle réellement que lorsqu'une troisième espèce rentre en jeu en éclipsant totalement les deux autres : le ver spirographe. Le Chopin de la bande original prend alors tout son sens et renforce le contraste entre le grotesque des transformistes et la grâce du ver qui déploie sa parure avec une élégance certaine, très justement comparé à celle d'un feu d'artifice.

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(Film scientifique)

La description analytique nous sort un peu du cadre, mais le caractère fascinant des deux animaux présentés rattrape froideur. Le premier étonne par le contraste entre son extrême agilité lorsqu'il se déplace sur des algues et le ridicule de sa démarche sur terre. Le second, sous ses airs d'araignée sous-marine, retient davantage l'attention.

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(Film scientifique)

Par le jeu du montage et de la musique grandiloquente, Painlevé nous laisse croire à une confrontation de l'impossible, mais il n'en est rien. De simples plans partagés indiquant seulement le partage du même milieu naturel, avec pour intention de nous faire prendre conscience l'implacable chaîne alimentaire par effet d'échelle. L'opacité du crabe et la transparence de la crevette donnent lieu à bel effet d'ensemble.

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(Film scientifique)

Peu de choses à retenir si ce n'est le dévoilement de certains dispositifs de tournages. La mise en avant de l'utilité du cinématographe dans l'observation du cycle de vie des méduses revient très souvent dans le commentaire. Les variations de vitesse permettant de mettre en lumière des phénomènes initialement insoupçonnés.

Assez inhabituel pour être souligné, la musique est extrêmement discrète.

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(Film scientifique)

Démarrant sur une touche d'humour costumés vantant les bienfaits de la pêche à la crevette, le film peine à se démarquer des autres. Le ton se veut certes plus lyriques qu'à l'accoutumée, mais ne s'écartent en réalité que très peu d'un documentaire académique. Reste la scène de la mue d'une crevette magnifiée par le jeu des éclairages. Un Painlevé sans le sens du récit qui fait habituellement toute sa force, ce n'est pas un Painlevé mémorable.

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(Court métrage)

Non pas un film scientifique, mais un court présentant une série de tableaux dansants. Initialement je m'attendais à quelque chose de plus expérimental, bien happé par le générique du début et son jeu de miroir très "vertovérien". Mais que nenni, s'il y a bien des excentricités formelles, la mise en scène peine à dépasser l'impression d'une simple captation filmée agrémentée de quelques trucages bien sentis.

Painlevé se révèle néanmoins bon chorégraphe (ce que ses autres courts illustraient déjà très bien dans un sens)

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(Supports vidéos projetées durant une pièce de théâtre)

Ce truc est tout bonnement "inotable". Dans le sens où il s'agit de séquences projetées en intermèdes d'une représentation de la pièce éponyme. Il y a un amateurisme assez dérangeant qui reflète possiblement la non totale maîtrise du médium. Les gags s'enchaînent plus ou moins adroitement... Painlevé y apparaît, grimé en officié.

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(Film scientifique)

Un documentaire un peu à part dans sa filmographie, qui provoque une certaine gêne avec l'évolution de l'éthique et de la condition animale. D'autant plus face à la froideur de l'exposition du protocole, notamment en ce qui constat des premiers signes d'agonie. Le happy end de la réussite de l'opération aura du mal à effacer l'expérience éprouvante...

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(BONUS DVD)

De nombreux timelapses qui n'ont absolument rien à envier à ceux qui nous voyons couramment via des techniques plus modernes. Ce sont les plantes grimpantes qui s'avèrent proposer les floraisons les plus surprenantes et surtout les plus esthétiques.

"A l’accéléré la vie des fleurs est shakespearienne" - Blaise Cendrars.

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(BONUS DVD)

Un champignon microscopique dont le mécanisme de chasse lui permettant d'attraper des vers est absolument fascinant. Des anneaux composés de trois cellules qui se contractent pour sceller le sort de la proie. L'étreinte du diable !

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(BONUS DVD)

Le docteur Doyen fut le premier, en 1898, à réaliser des films chirurgicaux de vulgarisation scientifique. Ce documentaire a été l'objet du scandale peu après sa sortie. Initialement destiné à rester dans le milieu académique, une copie a en effet été diffusée dans la fête foraine qui accueillait les sœurs siamoises. Immoralité bonjour.