Cover RENOIR Jean - Critiques & Annotations
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4 films

créée il y a environ 5 ans · modifiée il y a 23 jours
La Nuit du carrefour
6

La Nuit du carrefour (1932)

1 h 15 min. Sortie : 18 avril 1932. Policier, Drame

Film de Jean Renoir

SimBoth a mis 6/10.

Annotation :

C’est dans une atmosphère brumeuse et noire que Renoir situe son adaptation du livre de Simenon et de son célèbre commissaire Maigret, joué par son propre frère. Le sujet s’inscrit comme un fait divers crapuleux, qui tourne autour d’un diamantaire néerlandais, assassiné dans son véhicule au sein d’un village français campagnard. Malheureusement, le sentiment d’une œuvre inachevée est présent, car le montage est confus, mal organisé et parfois incompréhensible, donnant cet effet qu’il manque des parties dans le récit. Mais le film reste intéressant pour toute la sensibilité renoirienne que l’on trouvera ultérieurement dans sa filmographie, comme la cocasserie et l’authenticité des protagonistes, l’humour cynique, la sensualité et la vanité d’une femme fatale, ou encore l’avarice des êtres humains. On y voit aussi un visage plus obscur et pessimiste du cinéaste, ainsi que des personnages qui sont tous ambigus, malhonnêtes et goguenards. L’œuvre est aussi obscure pour la nuit pesante et ce brouillard épais qui donne un cachet plus mystérieux et inquiétant à cette enquête complexe. En bref, un film à voir si on veut plonger en profondeur dans la carrière du patron.

Toni
7.1

Toni (1935)

1 h 24 min. Sortie : 22 février 1935. Policier, Drame, Romance

Film de Jean Renoir

SimBoth a mis 7/10.

Annotation :

Œuvre ô combien naturaliste et pagnolienne, qui anticipe avec force le néo-réalisme italien, Toni puise dans un fait divers macabre pour offrir un joyau brut et passionnel. Brut pour son atmosphère méditerranéenne sèche, ses forts accents latins, ses personnages ingrats et pauvres, ou encore son sillon social qui traite de la rudesse paysanne et de l’illusion de bonheur pour des ouvriers immigrés tentant de survivre. Passionnel pour le fort désir sexuel qui s’en émane, la passion destructrice qu’ont les personnages entre eux, ou encore le récit construit comme une tragédie grecque. Renoir enferme ses sujets — malgré la nature environnante de la garrigue — dans une fatalité dont il est impossible de s’échapper. Notamment Toni, faisant face à l’amour impossible de Josepha et à son incapacité à aimer sa femme, Marie. Il affronte aussi l’ingratitude d’un patron parisien, à la fois machiste et baratineur, reflétant la part cruelle de l’humain. Par conséquent, dans cette fausse utopie multiculturelle et cynique, la mort s’invite. Toni meurt sur une ligne ferroviaire, la même où il est arrivé dans son village quelques années plus tôt. Les trains partent et viennent, amenant les futures victimes de ce système. La boucle est bouclée.

Le Crime de Monsieur Lange
7.2

Le Crime de Monsieur Lange (1936)

1 h 20 min. Sortie : 24 janvier 1936. Comédie dramatique, Policier

Film de Jean Renoir

SimBoth a mis 7/10.

Annotation :

Aidé par des ambitions communistes et par son scénariste anarchiste-poète, à la veille de la création du Front populaire, Jean Renoir signe la plaidoirie d’un homme ayant assassiné son patron souilleur et cruel. Cet homme, c’est Monsieur Lange, un auteur de petite envergure qui écrit des feuilletons de cow-boy et travaille dans une imprimerie dirigée par Batala, l’archétype de l’ordure, à la fois escroc et menteur. Comme souvent chez Renoir, le cadre est vivant, le ton jovial et festif, le rythme spontané et enthousiasmant. Le film fourmille de personnages et de dialogues, comme Valentine, la petite amie lumineuse de Lange, qui raconte cette tragique histoire dans un flash-back rétrospectif. Renoir vise la force de la collectivité et met en exergue la solidarité de ces imprimeurs populaires, dans des espaces mi-clos entre l’intérieur de l’imprimerie et la cour, où le réalisateur, à la fin, exécute un splendide plan-séquence en 360° pour donner une vitalité supplémentaire à l’acte de Lange, qui devient le héros vengeur d’un soir. Un dernier mot sur la figure sarcastique du patron, que Jules Berry porte avec diablerie et malignité.

La Marseillaise
6.7

La Marseillaise (1938)

2 h 06 min. Sortie : 2 février 1938. Drame, Historique, Guerre

Film de Jean Renoir

SimBoth a mis 7/10.

Annotation :

"La Marseillaise" est une épopée humaniste sur une période clé de l'Histoire : celle de la Révolution française. Renoir offre un tableau très vivant où se confrontent la monarchie aristocratique et des révolutionnaires provinciaux aux forts accents sudistes. Sous un apport réaliste et naturaliste, Renoir met en évidence ses idéaux ouvriers (le film a été beaucoup aidé par la CGT). La Marseillaise est un long-métrage engagé qui tombe dans une période charnière, celle de la fin des années 1930, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. L’œuvre s’intéresse au peuple et aux anonymes ; elle est portée par des visages et des voix à la fois caractériels et attachants. Évidemment, l’hymne national inspire ces hommes, transportés par des chants et des mouvements de caméra grandiloquents. Mais le cinéaste dépeint de façon authentique le quotidien de ces insurgés, mais également des aristocrates, vers qui il tend une critique fâcheuse. Anti-spectaculaire dans ses batailles et son patriotisme, Renoir met en lumière une vision cocasse et terre-à-terre de la Révolution pour tendre un miroir à sa propre époque.

SimBoth

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