Cover CARPENTER John - Critiques & Annotations
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4 films

créée il y a environ 5 ans · modifiée il y a 27 jours
Assaut
7.5

Assaut (1976)

Assault on Precinct 13

1 h 31 min. Sortie : 5 juillet 1978 (France). Action, Policier, Thriller

Film de John Carpenter

SimBoth a mis 8/10.

Annotation :

Pris d'assaut par un groupe d'assaillants, un groupe formé par le hasard tente de survivre à l'intérieur d'un commissariat délaissé par la ville. Face à un ennemi insaisissable et non identifiable pour les personnages, ces derniers ne connaîtront jamais leurs motivations. Le Mal est donc à l'état pur, sans âme, et s'apparente à un groupe de zombies déployé par vagues, idée que l'auteur reprend de "La Nuit des morts-vivants". Mais surtout, on pense à "Rio Bravo", à qui il reprend l'idée de film de siège, mais surtout cette esthétique épurée allant à l'essentiel, comme les Hommes d'action burnés et courageux qu'il met en scène.

Tout cela donne une dimension d'angoisse et d'oppression dans un pur classicisme, duquel Carpenter joue avec l'espace clos de ce bâtiment délabré. L'attente et l'action sont les deux éléments qui régissent le mouvement des survivants, incarnés dans des conditions sociales différentes : un policier afro-américain, une secrétaire femme ou encore deux prisonniers futurs condamnés à mort. Ils doivent user de tout leur esprit et stratagème ainsi que créer une cohésion de groupe pour faire face à cet envahissement. Le spectateur est plongé dans un néant existentiel et cauchemardesque, mais progressivement, la veine classique du cinéma américain, chère à Carpenter, reprend le pas en mettant en lumière l'héroïsation du collectif.

Cette idée, très fordienne, selon laquelle, qu'importe son métier, son rang social, son sexe, son ethnie ou sa condition, l'Amérique est constituée d'une pluralité qui, tant qu'elle s'entraide solidairement, peut avancer ensemble vers un idéal, s'affirme face aux ambiguïtés et à la violence de la société américaine.

Le Roman d'Elvis
6.4

Le Roman d'Elvis (1979)

Elvis

2 h 30 min. Sortie : 22 août 1979 (France). Biopic, Musique

Téléfilm de John Carpenter

SimBoth a mis 7/10.

Annotation :

Plus un défi pour s'extraire du cinéma d'exploitation qu'un réel projet d'auteur, "Le Roman d'Elvis" est l'occasion pour Carpenter de se tester dans une commande télévisuelle. Le cinéaste dirige haut la main ce biopic dense sur Elvis Presley, que Kurt Russell (leur première collaboration d'ailleurs) incarne avec une parfaite nuance mimétique. Le film donne du respect et rend hommage à sa légende, en gardant son mystère, sa mysticité et son charisme. On pense à cette belle image où l'homme parle à son ombre, cette ombre qui représente le manque et le deuil traumatique d'un frère jumeau qu'il n'a pas pu connaître. L'œuvre déroule sans écueil et avec un savoir-faire carré son récit, il faut le dire académique, mais passionnant. Carpenter n'impose aucune patte particulière, il s'efface pour mieux laisser la place au rôle-titre, mais garde son goût pour critiquer les travers d'une Amérique étouffante, qui peut transformer ses artistes en produits de consommation que les gens s'arrachent. Quoi de mieux que le King, l'épicentre de la culture rock'n'roll, pour représenter la mythologie américaine et ce combat pour rester soi-même et garder son génie face aux démons de l'industrie.

Fog
6.6

Fog (1980)

The Fog

1 h 29 min. Sortie : 19 mars 1980 (France). Épouvante-Horreur

Film de John Carpenter

SimBoth a mis 8/10.

Annotation :

Carpenter exploite la tradition du fantastique maritime en mettant en scène des marins fantômes qui, pour le centième anniversaire d’Antonio Bay, viennent hanter et tuer la population pour faire justice contre un meurtre originel, celui sur lequel s’est bâtie la ville. Avec une lente progression, l’auteur installe une peur à partir des choses du quotidien, notamment par une astucieuse utilisation du brouillard pour dévoiler l’étendue d’une atmosphère spectrale. Il brise l’au-delà de l’horizon conquérant pour renvoyer aux racines violentes, aux secrets volontairement cachés et à la culpabilité refoulée de cette petite ville tranquille. Ce Mal insaisissable était déjà présent, car il rongeait de l’intérieur la communauté (à voir les grands angles inquiétants de la ville et de ses alentours avant le brouillard), et donc le brouillard est là aussi pour révéler ce voile enfoui d’une mauvaise conscience collective. La plasticité de l’image crée alors une tension continue et pouvant être surgissante grâce à l’alternance entre le visible et l’invisible, puis la lumière et l’extinction de celle-ci. Pour finir, la communauté se ressoude et peut faire lien face à cette contamination, certes défaite, mais qui va probablement revenir, car les fantômes réapparaissent toujours.

Prince des ténèbres
7

Prince des ténèbres (1987)

Prince of Darkness

1 h 42 min. Sortie : 20 avril 1988 (France). Épouvante-Horreur

Film de John Carpenter

SimBoth a mis 8/10.

Annotation :

Avec cette histoire d’un Mal absolu, enfermé dans un liquide verdâtre, qui contamine un groupe d’étudiants scientifiques, Carpenter continue d’explorer la coexistence du monde vivant avec celui des morts. Dans un doute constant de savoir ce qui est vivant ou mort, le cinéaste fait de son œuvre un huis clos étouffant et hallucinatoire, un film de siège littéral qui interroge le lien entre science et religion. Deux manières différentes d’appréhender l’horreur, mais la même conclusion face aux monstruosités du Mal, à la fois représenté par les mathématiques et Satan. "Prince des ténèbres" est aussi un film sur la circulation du Mal à travers un groupe et, comme souvent avec son pessimisme, l’auteur en montre sa dissolution face à cette épidémie vicieuse. Tout le monde se retrouve face à soi-même et à ses peurs dans un crescendo chaotique et fatal qui donne à voir des puissantes visions d’horreur ténébreuse et lovecraftienne. Jusqu’au bout, le cinéaste maintient une incertitude, comme l’expose l’idée des miroirs qui déforment la réalité dans laquelle sont les personnages, qui se déshumanisent face au cauchemar de l’anti-Dieu et d’une dimension qui nous tire vers la terreur de notre inconscience.

SimBoth

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