Cover Josef von Sternberg - Commentaires

Josef von Sternberg - Commentaires

Cinéaste d’une très grande renommée, dont l’univers romantique et décadent me plaît beaucoup, et dont les ornementations baroques me semblent en accord parfait avec la philosophie désabusée.


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1. L'impératrice rouge (1934)
2. L’ange bleu (1930)

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12 films

créee il y a presque 11 ans · modifiée il y a presque 8 ans

Les Nuits de Chicago
7.6

Les Nuits de Chicago (1927)

Underworld

1 h 20 min. Sortie : 20 août 1927 (États-Unis). Muet, Gangster, Drame

Film de Josef von Sternberg

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

L’alcool interdit coule à flots dans les speakeasies, le héros, épaulé par des acolytes facétieux ou dandys, dévalise des banques qu’il fait sauter, sa planque donne sur un hangar où sont entassées de grosses caisses de contrebande, les mitraillettes crachent feu et fumée dans des fusillades ravageuses, les automobiles nourrissent l’iconographie nocturne et parachèvent les motifs stylistiques de ce qui, cinq ans avant "Scarface", s’affirme comme le premier vrai film de gangsters de l’histoire. Sternberg y impose un style expressif qui dramatise les situations, fait jouer en abondance le matériau urbain, la prohibition, la bestialité, la vitalité, tout en étudiant les turbulences d’une relation triangulaire malmenée par les aléas de l’amour et de l’amitié, de la confiance et de la trahison. Un beau prototype.

Crépuscule de gloire
7.2

Crépuscule de gloire (1928)

The Last Command

1 h 28 min. Sortie : 21 janvier 1928 (États-Unis). Drame, Historique, Romance

Film de Josef von Sternberg

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Emil Jannings, le dernier des hommes, est un vieillard bousculé et houspillé par une horde de bourreaux, un débris de la Russie tsariste abandonné au sein d’un gigantesque cloaque où la lutte de tous contre chacun est la règle, et qui a pour nom Hollywood. Dans "Mirages", Vidor concevait la figuration comme le point de départ d’une fiction, le premier pas sur le chemin de la gloire. Sternberg, foncièrement négativiste, propose l’itinéraire inverse. Il se livre à la description d’un double enfer : réaliste en dépit des apparences dans la cité du rêve, imaginaire à propos d’un évènement historique qui compare les préparatifs d’une bataille et ceux d’un tournage, détermine la capitale du cinéma comme une machine militaire, et souligne les ambigüités du jeu, de la politique et des sentiments.

Les Damnés de l'océan
7.2

Les Damnés de l'océan (1928)

The Docks of New York

1 h 16 min. Sortie : 15 septembre 1928 (États-Unis). Drame, Policier, Muet

Film de Josef von Sternberg

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Fidèle au Kammerspiel, Sternberg concentre sur vingt-quatre heures le récit d’une rencontre sur les quais de New York, traversé par la poésie de la mer et des oiseaux, par la surface miroitante de l’océan que viennent troubler les humeurs sulfureuses des tripots portuaires. Des êtres frustes et déchus sont soumis à d’inévitables amertumes, la fille de la rue épouse le soutier sous le regard triste d’une bistrotière blessée qui a connu la même expérience, les ombres et les lumières contrastées exaltent l’intrigue et l’envoient dans le domaine de la pensée, jouent du fin lacis des reflets aqueux, de la plasticité du charbon, des fumées de cigarettes, des corps en sueur, des dentelles à deux sous, et instillent cette forme de fantastique social qui aura une influence décisive sur le cinéma français des années trente.

L'Ange bleu
7.3

L'Ange bleu (1930)

Der Blaue Engel

1 h 46 min. Sortie : 22 juillet 1930 (France). Drame

Film de Josef von Sternberg

Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Au début du film, le serin mort dans sa cage annonce le trajet figural du héros, professeur bourgeois à la moralité très stricte, soudain saisi par la débauche et possédé par le démon de midi. À la fin, ce dernier pousse le cri du coq sur scène, ridicule et humilié, devant ses anciens élèves venus voir sa déchéance. Peu soucieux de satire sociale, Sternberg élabore entretemps un univers envoûtant aux intensités magnétiques, qui mêle désir et pulsion de mort, fétichise l’image de la passion en la tamisant de taffetas, de plumes, de strass et de soie. La créature à la sexualité rayonnante qui trône sur la scène d’un beuglant est un Méphisto femelle, et ce poème baudelairien nourri de pathétique et de romantisme pervers une version moderne de "Faust", éblouie d’érotisme, gouvernée par le fatum et la déraison.

Cœurs brûlés
7.1

Cœurs brûlés (1930)

Morocco

1 h 32 min. Sortie : 2 janvier 1931 (France). Romance, Drame

Film de Josef von Sternberg

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Premier film hollywoodien pour Dietrich, et suite logique de la thématique précédemment explorée. Le cinéaste transfigure les stéréotypes du roman de gare et redéfinit en rêveries et en artifices toutes les conventions du Maroc colonial. Il poursuit la mythification de son actrice, authentique Circé des brasseries, chanteuse habillée en homme (frac et haut-de-forme) posant un baiser sur la bouche d’une spectatrice, lançant une fleur au beau légionnaire assis dans l’auditoire, acceptant les avances d’un riche soupirant à la dévotion chevaleresque avant de s’abandonner à la vérité de ses sentiments et de rejoindre pieds nus, dans les dunes brûlantes et le sirocco sifflant, la cohorte des femmes fidèles à leur amour. C’est par ces images fortes que le film dépasse la relative minceur de ses enjeux.

Agent X27
7.5

Agent X27 (1931)

Dishonored

1 h 31 min. Sortie : 24 octobre 2012 (France). Drame, Guerre, Romance

Film de Josef von Sternberg

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Les réseaux des services secrets lors de la guerre 14-18 n’ont devant la caméra de Sternberg absolument rien de crédible et de documenté. C’est un monde déréalisé de voltes, de dupes et de faux-semblants, consacrés dans une fuite et une dérision menées sous le couvert de l’art de la lumière. Imposant sa volonté de transformer une vie misérable en destin héroïque, l’espionne recueillie dans la rue glisse insensiblement du statut de la vamp à celui de la tragédienne, traverse un monde impénétrable coupé de cloisons ajourées, de filets, de paravents, de serpentins, de masques, et se sacrifie enfin, hautaine et stoïque, par amour pour son ennemi – les balles du peloton d’exécution résonnant ainsi comme la forme la plus flagrante du destin tragique et de la fatalité.

Shanghaï Express
7.3

Shanghaï Express (1932)

Shanghai Express

1 h 22 min. Sortie : 22 avril 1932 (France). Drame, Aventure, Romance

Film de Josef von Sternberg

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Direction la Chine révolutionnaire et un train roulant vers Pékin au travers du chaos : l’inspiration de Sternberg se déploie à nouveau à la faveur d’un cadre radicalement étranger dont l’altérité et la plénitude sont les gages de l’authenticité artistique. C’est un espace de rêve et de convention qui favorise l’évolution de plus en plus fétichiste de ses motifs et de sa thématique : ici, chacun joue un double rôle et cherche à cacher la nature de ses motivations et de ses sentiments. Jeu dangereux où la séduction et la trahison entament un peu de deux avec la mort, où la sincérité se drape dans des voiles de venin, et dont l’irréalité est magnifiée par la maîtrise impériale de la lumière : ici deux mains jointes au milieu de l’obscurité, là le visage tremblant de l’héroïne, incliné vers le haut, dans un îlot de blancheur.

Blonde Vénus
7.2

Blonde Vénus (1932)

Blonde Venus

1 h 33 min. Sortie : 25 novembre 1932 (France). Drame

Film de Josef von Sternberg

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Le cinquième opus du couple Sternberg-Dietrich marque un net retrait de folie, d’excentricité et d’exotisme. Pas de subterfuge ou de décor fantaisiste, un formalisme moins poussé, et l’unique personnage de mère incarnée par la star. En rien préjudiciable, ce gain de sobriété stylistique se double d’un surplus de sensibilité, et si le film est peut-être le plus touchant de leur collaboration, c’est aussi le plus mésestimé. Car sur un canevas mélodramatique très pur, il laisse poindre la tristesse d’une trajectoire tiraillée entre la vie familiale, tendre mais sans attrait, et la séduction dangereuse d’une liaison adultère. Passant de la pureté à la dépravation, de la liberté rebelle à la soumission, l’héroïne gagne une humanité, une fragilité que la poésie de la mise en scène rend particulièrement expressives.

L'Impératrice rouge
7.6

L'Impératrice rouge (1934)

The Scarlet Empress

1 h 45 min. Sortie : 31 août 1934 (France). Drame, Historique, Biopic

Film de Josef von Sternberg

Thaddeus a mis 8/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Jamais l’art de Sternberg, l’un des plus authentiquement baroques que le cinéma ait produit, n’aura figuré son extravagance avec autant de faste et de profusion dans les détails, les symboles, les icônes. La cour vit au milieu de gargouilles grotesques et de crânes de pierre, la suite royale coulisse sur des antichambres de séduction et de mort, l’héroïne pénètre un monde de ténèbres cerclé par la folie, la jalousie et la divagation. D’un mariage "kouléchovien" où les émotions de Marlene hébétée se ne se lisent que dans les palpitations de la flamme d’un cierge à un final dément qui la voit gravir les marches du palais impérial à la tête d’une armée équestre, le cinéaste traduit en images hallucinogènes la conquête d’un pouvoir qui détruit l’identité, la transformation d’une oie blanche pleine de vie en un mythe sculptural.

La Femme et le pantin
6.6

La Femme et le pantin (1935)

The Devil Is A Woman

1 h 20 min. Sortie : 14 mai 2003 (France). Drame

Film de Josef von Sternberg

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Rien de plus logique, pour clore l’association entre le réalisateur et son actrice fétiche, que de revenir à la thématique du film qui l’a ouverte : la déchéance sociale et psychologique liée à la passion amoureuse. En refermant le cercle, Sternberg permet de mesurer l’évolution d’un style décanté qui n’aura cessé de gagner en abstraction – malgré la bride cette fois complètement lâchée à une comédienne qui minaude, appuie la moindre expression, outre chaque scène. Si l’Espagne lumineuse et funèbre, avec ses carnavals de pacotille, ses mantilles et ses fandangos, fournit un cadre encore très exubérant, la forme se défait des artifices les plus décoratifs pour ne laisser figurer, dans toute sa blancheur irrationnelle, que l’attraction magnétique d’une femme fatale sur des hommes incapables d’y résister.

The Shanghai Gesture
7

The Shanghai Gesture (1941)

1 h 35 min. Sortie : 2 décembre 1947 (France). Drame, Film noir

Film de Josef von Sternberg

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Une porte s’ouvre et la caméra pénètre dans le grouillant cabaret tenu par une tenancière autrefois séduite et abandonnée. On est en 1940 à Shanghai, colonie cosmopolite, sulfureuse, où les paumés de toutes races viennent se perdre et se noyer dans l’alcool et le jeu, vivarium faste et néfaste qui renverse toutes les valeurs selon un rituel initiatique dont les objets officiants sont des tentures, des portes de fer, des décors-piège, des fenêtres donnant sur des rêves étranges. De cette œuvre vue il y a trop longtemps, je garde le souvenir d’un mélodrame exotique croulant sous une débauche d’objets, de fumées et de reflets, et chargeant considérablement la mule de la dépravation, de la perversité et de la claustration infernale. Mais rien que pour les beaux yeux de Gene, la redécouverte s’impose.

Fièvre sur Anatahan
7

Fièvre sur Anatahan (1953)

The Saga of Anatahan

1 h 32 min. Sortie : 7 mars 1956 (France). Drame, Guerre

Film de Josef von Sternberg

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Auréolé d’une réputation assez surfaite de chef-d’œuvre testamentaire, l’ultime opus de Sternberg n’en reste pas moins une authentique bizarrerie dans sa genèse comme dans ses propositions. Le cinéaste tourne au Japon et en japonais, reconstitue une île du Pacifique en rêvant une flore de lianes et de feuillages qui emprisonne les personnages : plusieurs hommes et une femme unique, dernière incarnation de son fantasme féminin, objet des regards de tous ou peut-être créée par tous les regards. Dénudant les passions destructrices qui s’attisent au sein de l’espace clos, couvrant les dialogues d’une voix off de chœur antique, cette singulière expérience de condensation (vers l’épure, la synthèse, voire l’origine de l’humanité) souffre néanmoins d’une certaine raideur théorique.

Thaddeus

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