Cover La Boîte à Chroniques

La Boîte à Chroniques

Livres chroniqués à retrouver également sur le blog de la librairie : http://laboiteahistoires.fr/blog/

Liste de

20 livres

créee il y a environ 11 ans · modifiée il y a presque 11 ans

Sweet sixteen
7.3

Sweet sixteen

Sortie : avril 2013 (France). Jeunesse, Roman

livre de Annelise Heurtier

La Boite à Histoires l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

C’est dans ce contexte houleux et électrique que neuf jeunes Noirs vont se porter volontaires pour s’inscrire dans un prestigieux lycée de l’Arkansas. Cette procédure d’intégration mettra trois ans à prendre forme, sans cesse repoussée et déboutée par les ségrégationnistes.

En 1957 pourtant, Molly et huit autres étudiants vont faire leur entrée au lycée de Little Rock sous les insultes et les crachats des deux mille cinq cents autres élèves, tous blancs.

Malgré les brimades incessantes, les intimidations et les humiliations quotidiennes, Molly va tenir bon, encouragée par sa grand-mère qui croit en un avenir meilleur. Cette année scolaire se déroulera, pour elle et les huit autres dans une violence inouïe, sous la pression du Ku Klux Klan et la sourde hostilité de tous les autres.

« Un blanc pouvait vous insulter, vous cracher au visage, vous frapper, vous pendre à un lampadaire… il aurait toujours raison. Les Noirs, eux, avaient simplement le droit de se laisser faire sans broncher (…) Personne ne pouvait se mettre à leur place. Personne à part eux neuf, ne pouvait savoir ce que c’était que d’avoir quinze ans et d’être humilié à longueur de journée. De se sentir si … inférieurs. Et d’être seuls. »

Isolée à l’école, Molly l’est aussi désormais dans sa propre communauté qui imagine avec effroi les conséquences de ce désir d’égalité. Le roman est très justement mené à deux voix : celle de Molly évidemment et celle de Grace, une jeune blanche au départ assez inconséquente, qui évolue au fil du récit jusqu’à porter un regard critique sur le racisme viscéral de son entourage.

Cette histoire très touchante, inspirée évidemment de faits réels est ici portée par une belle écriture, simple et directe qui n’élude rien de la violence et met en avant l’incroyable force d’âme de ces neuf jeunes gens.

J’ai adoré ce roman qui se lit d’une traite et illustre avec force une page d’histoire tellement proche.

Les horreurs décrites se passaient hier, elles ont été vécues en vrai par Minnijean Brown-Trickey, Elisabeth Eckford, Glorai Ray Karlmark, Thelma Mothershed, Terence Roberts, Jefferson Thomas, Carlotta Walls Lanier, Ernest Green et Melba Pattillo Beals.

Kiki fait caca
7.2

Kiki fait caca

Sortie : 4 avril 2013 (France).

livre de Vincent Malone

La Boite à Histoires l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Avant de faire caca Kiki était le king de la banquise où il taquinait le cachalot avec une pique et jouait à cache-cache avec le Coco le pélican. Mais un jour la banquise a craqué et Kiki s’est retrouvé tout seul, sans papa et sans maman .

Il a dérivé contre vents et marées et nous le retrouvons ici en très mauvaise posture: autour de Kiki les requins pullulent.

Mais quoi ? Keskisepasse ? Kiki est bloqué et n’écoute pas. Que se passe-t-il Kiki ? Tu fais caca ?!

Pour les connaisseurs, du Vincent Malone tout craché !

Ce type, auteur, chanteur et compositeur est complètement perché et ça fait un bien fou. Ses albums font rire aussi bien les petits que les grands . Il manie le second degré avec brio et joue avec bonheur sur les allitérations et les sonorités. Les illustration naïves et expressives de Jean-Louis Cornalba sont tout simplement craquantes !

Sachez que vous retrouverez Kiki dans un grand format pour les histoires au long cours et Kiki dans un petit format pour les petites histoires du quotidien ( là Kiki fait caca c’était en petit, par exemple).

Pour se marrer dès 3 ans !

Cet élan est à moi
7.9

Cet élan est à moi

Sortie : 21 mars 2013 (France). Conte

livre de Oliver Jeffers

La Boite à Histoires l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Un jour dans la forêt Wilfried a rencontré un élan et depuis cet élan est devenu SON élan. Même que Wilfried lui a donné un prénom: Marcel. Jusque là tout est normal. (ben quoi ?)

Pour que tous deux coulent des jours heureux, il s’agit d’inculquer à Marcel quelques règles élémentaires de savoir-vivre. Certaines sont faciles à suivre (« règle 11: offrir un abri contre la pluie ») et Marcel les applique sans même sans rendre compte.

Mais la plupart du temps il faut bien avouer que Marcel fait à peu près ce qu’il veut, quand il veut. Wilfried heureusement n’en prend pas trop ombrage et s’organise avec les moyens du bord : « Et comme l’élan appliquait vraiment mal la règle 7: Ne pas trop s’éloigner de la maison, Wilfried prit vite l’habitude d’emporter une pelote de ficelle, ce qui lui permettait de retrouver aisément le chemin du retour ».

Les choses se compliquent quand une vieille dame croisée lors d’une promenade croit reconnaître SON élan. Elle en est même sûre. D’ailleurs il ne s’appelle pas du tout Marcel il s’appelle Rodrigo. Furieux, Wilfried décide de rentrer chez lui mais dans sa hâte il s’emberlificote les pieds dans sa pelote de ficelle. Le voilà prisonnier alors que la nuit tombe …. qui pourra le tirer de ce mauvais pas ?

Peut-on apprivoiser un animal sauvage, peut-on obliger les gens qu’on aime à être tels qu’on le souhaiterait ou encore qu’est-ce que c’est qu’aimer vraiment ? Eh oui ! Voilà en seulement quelques pages toutes les questions que soulève cet album de Jeffers dont on apprécie une fois de plus l’humour et la plume impertinente.

Les illustrations sont splendides, on croirait voir de vrais paysages en toile de fond (d’ailleurs ce serait pas un peu ça le truc, de véritables paysages retouchés ? Je vais enquêter et je reviens vous dire), les couleurs sont éclatantes et Oliver Jeffers nous surprend une nouvelle fois !

Un album que j’ai adoré, à savourer dès 5 ans !

Là où je vais

Là où je vais

Sortie : janvier 2013 (France).

livre de Fred Paronuzzi

La Boite à Histoires l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Leurs tourments, leurs états d’âme ne se ressemblent pas. Chacun avance avec ses doutes, ses peurs, dans cet âge fragile où tout semble se jouer.

Léa est amoureuse de quelqu’un qui semble l’ignorer : « Car j’ai beau lutter, me traiter d’imbécile à répétition, mes yeux, sans cesse, reviennent vers Julie. Je pourrais presque la toucher en tendant le bras. Je voudrais être contre elle, oui, tout contre. C’est incompréhensible. J’ai le coeur en morceaux et je brûle de désir pour celle qui l’a mis dans cet état ».

Ilès le taiseux a longtemps souffert de son statut de primo-arrivant. Les mots qu’il a tant peiné à apprendre c’est grâce au théâtre qu’il les a apprivoisés. Depuis le théâtre c’est toute sa vie: « J’adore le moment qui précède celui où on se glisse dans la peau d’un personnage, une seconde peau collée à la sienne, au plus près, cet instant où les mots écrits par un autre trouvent un écho au plus profond de soi, deviennent vos propres mots. »

Depuis le décès de sa soeur, Clément s’enfonce, se laisse submerger par la douleur : « Mais pourquoi je raconte ces trucs ? Pourquoi je ferme pas ma gueule comme d’habitude? Est-ce que ça regarde quelqu’un si ma mère est un zombie qui se shoote aux médicaments, si mon père a perdu son boulot et me hurle dessus dès que je bouge le petit doigt? Est-ce que ça regarde quelqu’un s’il aurait préféré que ce soit moi qui meure plutôt que Laurie ? »

Et puis il y a Océane qui se sent paumée, décalée, plus encore que d’habitude, au point d’aller frapper à la porte de la CPE sans trop savoir pourquoi : « Mais non, je sais bien pourquoi (…) C’est son rire qui éclate à l’improviste sans aucune retenue, comme si elle se fichait du monde entier dans ces moments là (…) un rire qui fait la lumière. Ne ment pas. Un rire qui a trouvé sa place. Moi je n’ai jamais su rire de cette façon. Moi, j’agis en fonction des autres, pour plaire, être acceptée, quitte à faire l’inverse de ce dont j’ai envie… »

Tour à tour, chacun va prendre la parole. Ces courts récits entremêlés, l’unité de lieu restreinte au lycée, l’unité de temps ramassée en cinquante-cinq minutes, tout cela concourt à l’acuité de ce bref roman porté par l’écriture dense et ciselée de Fred Paronuzzi. Le style est sec, sans fioritures mais il nous semble pourtant entendre les silences et les respirations de ces quatre jeunes.

Un beau roman qui brosse le portrait d’une adolescence complexe et tourmentée où la parole, les mots dessinent les contours

Nos étoiles contraires
6.9

Nos étoiles contraires (2012)

The Fault in Our Stars

Sortie : 2013 (France). Roman, Jeunesse

livre de John Green

La Boite à Histoires l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Si Hazel se balade sans quitter sa bombonne d’oxygène, la première chose qu’on remarque chez elle c’est son humour chevillé au corps, ce mélange détonant de lucidité ironique, de cynisme un peu désespéré. Dans le groupe de parole pour jeunes cancéreux que sa mère l’oblige à fréquenter, Hazel va rencontrer Augustus. Grand, brun, les yeux clairs…. un vrai canon. Avec une jambe en moins. Lui c’est l’ostéosarcome qui l’a propulsé de l’univers des bien portants qui s’ignorent à celui des pauvres malades qui ne méritaient pas ça… Mais Augustus est sur une bonne pente ascendante, presque en rémission complète.

Entre eux deux la magie opère en un clin d’oeil , même si Hazel se sachant condamnée refuse d’abord l’idée de s’attacher et surtout que quelqu’un s’attache à elle. Mais la vie est plus forte et les sentiments aussi :

« Je suis tombée amoureuse pendant qu’il lisait, comme on s’endort: d’abord doucement et puis tout d’un coup ».

Et c’est une histoire d’amour sublime qui nous est offerte, rendue plus émouvante évidemment par les blessures des deux jeunes gens, leur volonté de tout vivre le plus intensément possible.

Dans ce roman au sujet si désespérant, c’est la vie qui l’emporte à chaque page dans ce qu’elle peut avoir de plus surprenant et de plus fulgurant. Dire que l’on ressort de cette lecture bouleversé, en miettes mais terriblement heureux , c’est peut-être un cliché mais c’est l’exacte vérité.

Les dialogues sont plein de drôlerie et de finesse , les répliques sont sans pitié (« La seule chose qui craint plus que de crever d’un cancer à seize ans c’est d’avoir un gosse qui crève d’un cancer ») et nous laissent parfois exsangues. Les personnages secondaires quant à eux (les parents d’Hazel, Isaac le pote, le vieil écrivain…) ne sont pas là pour faire de la figuration mais donnent vraiment corps au récit.

John Green m’avait déjà vraiment touchée avec le très beau « Qui es-tu Alaska ? » paru en 2007 chez Gallimard. Il a ce talent très rare de camper des personnages avec une telle véracité, une telle densité psychologique, qu’il nous semble, dès les premières lignes, les connaître intimement.

Ne craignez pas de faire lire à vos ados ce roman a priori si grave, ils en ressortiront bouleversés sûrement, mais ressourcés aussi par ce récit lumineux.

Noir sur Blanc
7.2

Noir sur Blanc

Sortie : 25 mai 1993 (France). Jeunesse

livre de Tana Hoban

La Boite à Histoires l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Quand on évoque un livre d’Art pour enfants on pense automatiquement aux Editions Palette…

Quel chouette travail ! Quelle audace ! Des livres sur une thématique aussi peu évidente à aborder avec les enfants qui plaît autant aux enseignants qu’aux parents, voilà tout est dit Palette est passé par là !

L’art des bébés est un titre qui va très vite devenir un incontournable de la petite enfance… En reprenant des chefs-d’oeuvre de l’art contemporain les Editions Palette invite le bébé lecteur à regarder, voir, contempler de l’ART, et oui rien que ça ! C’est une manière audacieuse de stimuler les touts-petits et de les éveiller au monde qui les entoure.

Une dizaine d’artistes modernes, 12 pages cartonnées, du noir et du blanc qu’on a envie de toucher c’est un bel objet il fallait y penser ! A la manière de la géniale photographe/illustratrice Tana Hoban, le noir et blanc est sublimé.

Pour des bébés à partir de 2 ou 3 mois c’est tout simplement le livre idéal le noir et le blanc sont les couleurs qu’il distingue le mieux le contraste éveille sa curiosité. Essayez pour voir sur un bébé c’est complètement bluffant !

L'art face à l'histoire : 50 évènements racontés par les artistes

L'art face à l'histoire : 50 évènements racontés par les artistes

Sortie : 21 septembre 2012 (France). Beau livre

livre de Nicolas Martin et Eloi Rousseau

La Boite à Histoires l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Si l’actualité prête rarement à sourire elle est un matériau vivant pour les artistes qui s’en sont de tout temps emparés pour exprimer leurs convictions, leurs angoisses.
En nous livrant leur vision du monde, ils nous aident à mieux le comprendre et nous donnent, peut-être, les clés pour le changer.

Ce documentaire éclaire le lien étroit qu’entretiennent Art et Histoire. De la Révolution française au 11 Septembre, c’est plus de deux siècles qui sont retracés et racontés par les artistes engagés dans leur temps. L’éclairage se fait ainsi sur 5o événements-clé, révolte, guerre, coup d’état, personnage marquant… La démarche ne se veut évidemment pas exhaustive de même que ce ne sont pas les tableaux les plus connus qui sont mis en avant.

La mise en page au look journalistique donne beaucoup de peps à la lecture tout en faisant la part belle aux reproductions. Un court texte resitue l’événement dans l’Histoire tandis qu’un autre détaille la démarche artistique, le contexte de création.

C’est passionnant et très intelligemment fait, comme à peu près tous les bouquins des Editions Palette qui proposent depuis près de 10 ans de mettre l’Art à la portée des plus jeunes.

Les adultes évidemment y trouveront à coup sûr leur compte tant l’iconographie est riche et les textes éclairants.

Une vraie réussite éditoriale, récompensée d’ailleurs au Salon de Montreuil par la Pépite du documentaire, c’est dire…

A copier 100 fois
7.7

A copier 100 fois

Sortie : 6 janvier 2013 (France). Recueil de nouvelles, Roman, Jeunesse

livre de Antoine Dole

La Boite à Histoires l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Ce roman résonne comme un cri ! Le cri de rage d’un jeune garçon qui se fait frapper, malmener, insulter, traiter de pédé par la bande de sales types qui le traquent à chaque interclasse. Le cri d’amour d’un fils qui voudrait tant que son père le regarde tel qu’il est, le défende; mais la rupture entre eux deux semble presque consommée : "Je cesse lentement d’être son fils, comme si, à force de déceptions, son esprit faisait le flou sur moi."

Le texte est court percutant, comme la plupart des textes de cette collection qu’on adore. D’une écriture intense et vibrante, Antoine Dole dénonce l’homophobie ordinaire ; ça se lit d’une traite, dans un souffle et c’est à offrir à tous les ados, ceux qui souffrent en silence, ceux qui ricanent et ceux qui s’en foutent.

Le Trou
8

Le Trou

Sortie : 18 avril 2013 (France).

livre de Oyvind Torseter

La Boite à Histoires a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Je rebondis, je sautille je fais Oups ! Comme cet album est trop joli ! comme j’ai trop envie de le chroniquer ! vite,vite, un ordi, je brûle d’impatience. Je me jette sur le blog pour partager avec vous cette très belle trouvaille : « Le trou » à La Joie de Lire.

Un dessin minimaliste, une histoire complètement décalée, un super chouette album comme nos amis suisses savent en trouver…

C’est un personnage qui emménage (il faut 2 m je crois… De toutes façons, j’ai un correcteur d’orthographe ambulant à la librairie, elle passe tout le temps derrière moi…), donc, je reprends, qui emménage dans un nouvel appartement et qui voit un trou au mur. Un trou qui n’a rien d’ordinaire puisqu’il bouge, il passe de pièces en pièces, la cuisine, la buanderie, par terre, au mur, il n’arrête pas de bouger. Notre homme va l’attraper, le mettre dans un carton pour le faire examiner. La page est vraiment trouée, un petit trou tout joli, tout mimi.

Oh petit album ! Je dis youpi tu es trop joli. Et même si tu es hors de prix (presque 25 Euros !) j’appelle Harmonia Mundi, mon fournisseur, pour te recommander.

Bazar Circus

Bazar Circus

Bazar Circus

Sortie : 21 mars 2013 (France). Conte

livre de Carl Norac et David Pastor

La Boite à Histoires l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

C’est un conte musical des éditions Didier Jeunesse : « Bazar Circus » je suis complètement sous le charme. Un grand format carré comme je les aime qui raconte l’histoire d’une troupe de saltimbanques. Attention panique au Bazar Circus, le roi veut assister à la représentation. Tout le monde tremble, ce roi s’ennuie absolument partout et ne rigole jamais il s’agit pour la troupe de le divertir. Hélas, rien ne se passe comme prévu et chacun en fait beaucoup trop devant sa majesté. Résultat : les acrobates tombent, le cracheur de feu enflamme le manteau du roi, l’homme-canon disparait dans les airs, c’est la catastrophe. Le roi, furieux chasse le cirque de son royaume. Le Bazar Circus traverse alors la frontière et triomphe de l’autre côté, où il fait bon vivre quand on vit dans une caravanne…

C’est un très joli conte musical écrit par Carl Norac et entrecoupé de somptueux morceaux du répertoire musical russe (Rachmaninov, Chostakovitch entre autres). Les illustrations d’Isabelle Chatellard, la voix de l’acteur Dominique Pinon, le texte de Norac c’est une petite merveille.

Ça pousse comment ?

Ça pousse comment ?

Ça pousse comment ?

Sortie : 19 avril 2013 (France). Conte, Récit, Beau livre

livre de Gerda Muller

Annotation :

Tous les ans quand les beaux jours arrivent, je suis prise d’une frénésie de jardinage. Je creuse, je bine, je désherbe, je plante des graines qui vont pousser, des fleurs déjà toutes poussées, des plants de tomates et des tournesols oranges. Je regarde tout ce petit monde prospérer avec les yeux de l’amour, j’arrose tendrement… et puis j’en ai marre (appelez-moi Ténacité). Quinze jours après tout a crevé. Et quand ça me reprend, rebelote, je cours chez Marius Ferrat qui grâce à moi a pu parait-il, installer des robinets en or dans sa salle de bain.

Mais là j’ai pris des bonnes résolutions et surtout j’ai un coach : Gerda Muller;

Cette grande dame de l’édition jeunesse, notamment connue pour sa production au Père Castor (Les bons amis, Pivoine mon âne…vous connaissez ? J’adore !) a décidé paraît-il d’écrire ce livre pour les enfants des villes -c’est tout moi- ceux qui ne connaissent que les fruits des supermarchés et les légumes en barquette.

Nous suivons ici la petite Sophie qui passe ses vacances à la campagne chez ses grands-parents. Dès son arrivée ils lui proposent un petit carré de terre à cultiver et plein d’outils de jardinage juste à sa taille. Sophie va pour la première fois goûter des petits pois tout crus, aussi sucrés et doux que des bonbons. Elle va aussi apprendre à repiquer les petits plants de salades, à pailler les oignons et même à défendre les pommes de terre contre l’attaque de doryphores !

En revenant aux vacances d’hiver Sophie verra la nature changer et s’apercevra surtout que le travail d’un jardinier n’est jamais fini, malgré le froid.

A mi-chemin entre l’album et le documentaire cet ouvrage allie le charme d’un texte plein de douceur à la précision des explications. Procédant par doubles-pages, il fait une large place aux illustrations gracieuses et pleines de finesse de Gerda Muller.

Un vrai régal ! C’est plein de fraîcheur, de poésie et c’est en même temps d’une grande clarté. Une mine d’informations pour les jardiniers en herbe qui pourront d’ailleurs se référer au glossaire et à l’index en fin d’ouvrage.

A découvrir dès 6 ans !

Meilleur jeune espoir féminin

Meilleur jeune espoir féminin

Meilleur jeune espoir féminin

Sortie : mars 2013 (France). Roman

livre de Marie-Sophie Vermot

La Boite à Histoires l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Damienne est fille de bonne; la fille de l’employée de maison, quoi. Pas plus. Sa mère est au service d’un riche couple qui a la vie facile et habite une somptueuse bâtisse au bord de mer. Mais tout ça ne lui appartient pas. En échange du toit Damienne doit rendre de menus services comme servir à table ou jouer la nounou pour les jumeaux de 6 ans.

Mais cet été Damienne ne supporte plus la situation. Elle voudrait être une autre, pas celle à qui l’on donne des ordres même gentiment, pas même celle qui profite des largesses de sa patronne en récupérant la moitié de sa garde-robe. Damienne se sent gênée aux entournures; elle rêve de plus grand, elle rêve de plus beau, elle rêve même de cinéma.

Alors c’est décidé, sa nouvelle vie commence aujourd’hui. Adieu Damienne, bonjour Isild nettement plus classe. Un vrai prénom de fille de bonne famille. Alors Damienne-Isild s’invente la vie qui va avec et la raconte avec force détails à la nouvelle bande d’amis qu’elle vient de se faire, trois garçons et trois filles, archétypes d’une jeunesse dorée.

« Les choses se passent presque aussi facilement que je l’avais imaginé quand je projetais de changer d’identité. Me voilà donc devenue Isild pour un petit noyau de gens. D’ici peu, le noyau grossira, et bientôt Damienne ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Quand je dis presque c’est juste une façon de parler, bien sûr. Disons que je n’ai aucun mal à inventer ma vie. Les détails me viennent naturellement. Je n’ai pas besoin d’y penser des heures à l’avance comme je le craignais au début. D’ailleurs la plupart du temps,j’improvise. Le truc c’est de rester naturelle. Ne pas avoir l’air d’être prise en faute. »

Mais dans la bande il y a un certain Nathan, loin de la laisser indifférente. Ses talents de comédienne suffiront-ils à lui faire garder le cap, surtout dans cette petite station balnéaire ou tout le monde connaît tout le monde ? Et puis peut-on réellement aimer et être aimé quand on s’invente une vie qui n’est pas la nôtre ?

Marie-Sophie Vermot s’aventure sur un terrain un peu plus léger que d’ordinaire et cela lui va à merveille. Cette jeune fille un peu insatisfaite est très attachante jusque dans ses mensonges. On s’émeut sur les efforts qu’elle déploie pour accéder à un monde qui n’est pas tout à fait le sien, sans en être dupe pour autant.

La plume légère et vivante de l’auteur rend cette lecture vraiment très chouette, à partir de 13 ans à peu près. Essayez, vous verrez !

Chien pourri
7

Chien pourri (2013)

Sortie : 23 mai 2013. Roman, Jeunesse

livre de Colas Gutman

Annotation :

J’en veux pour preuve l’histoire édifiante de Chien Pourri. Lui non plus n’est pas né sous une bonne étoile. Il est couvert de puces, il ne ressemble à rien et il schlingue à 20 mètres.

Rajoutez à cela qu’il est bête comme un âne et n’a pas un seul brin de jugeote : la preuve, il lui arrive de se prendre pour un labrador. Mais sous ce physique ingrat se cache un coeur d’or, qui ne demande qu’à aimer et être aimé.

Ça tombe bien, son ami Chat Raplapla (pas un top model non plus) vient de lui apprendre qu’il existe ce qu’on appelle « des maîtres », des personnes aimantes qui prennent soin de vous, vous envoient des ba-balles et vous donnent des su-sucres.

Chien Pourri décide de partir en quête du maître idéal, avec sa légendaire naïveté en bandoulière.

Et croyez-moi, être aussi con c’est pas permis et Chien Pourri va tomber absolument dans tous les pièges imaginables, du trafic de viande à chiens au kidnapping d’animaux éclopés.

Un premier petit roman réjouissant, c’est normal puisque c’est Colas Gutman qui l’a écrit et avec lui vous pouvez y aller les yeux fermés ! Très dialogué, plein d’humour, le texte est encore plus bondissant grâce aux illustrations géniales de Marc Boutavant. Expressives et pleines de drôlerie, elles sont en plus pleines de couleurs ce qui apporte beaucoup de fraîcheur et d’allant à cette première lecture.

Courrez tout de suite dans une bonne librairie pour acheter Chien Pourri, il vous le rendra au centuple.

Il faisait chaud cet été-là
6.8

Il faisait chaud cet été-là

Sortie : 29 mai 2013 (France). Roman

livre de Agnès de Lestrade

La Boite à Histoires l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

« Je te regardais tournoyer dans ta robe jaune et je me disais que ce prénom avait été inventé pour toi. Violette… ça sent bon, ça virevolte, brille, étonne, égaie. Comme toi. Moi je m’appelle Blanche, comme la page blanche, celle qu’on n’arrive pas à écrire. Comme les gens qui ont peur. Blanche, blême ou invisible, c’est pareil, non? Je me suis toujours demandé ce que tu me trouvais. »

Dans la chaleur écrasante de cet été Blanche va pourtant découvrir une autre facette de son amie, une part d’elle sombre et violente qui peut la faire basculer en un clin d’oeil.

Face à sa grand-mère déjà la jeune-fille est cassante et la tension entre elles deux est palpable.

L’attitude hostile de Violette va encore s’exacerber quand un certain Romain fait son apparition. Le jeune garçon est d’emblée séduit par Blanche qui ne cache pas son attirance. Inconcevable pour Violette qui se sent rejetée et n’a de cesse d’humilier son amie…

Plus le temps passe, plus le climat se crispe, Blanche se sent extrêmement mal à l’aise, effrayée même.

On comprend que l’histoire est racontée après, avec les mots de Blanche, quand tout est terminé.

Au fil des pages, Agnès de Lestrade distille une angoisse sourde qui transforme le roman en thriller psychologique avec pour toile de fond les troubles du comportement d’une jeune-fille borderline.

Il faisait chaud cet été là, mais ce court roman lui est du genre glaçant.

La vie des gens
7.6

La vie des gens

La vie des gens

Sortie : mai 2013 (France).

livre de François Morel

La Boite à Histoires l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

En 2012, Martin Jarrie a été accueilli en banlieue parisienne avec comme projet un travail autour de la ville et ses habitants. Il en ressortira l’idée de portraits .

Quinze personnes se sont donc prêtées au jeu en proposant aussi à l’illustrateur un objet fétiche qui a marqué leur vie d’une manière ou d’une autre.

Ont-elles également confié à François Morel des bribes de leur existence ou bien les a-t-il entièrement imaginées, réinventées ?

On ne sait pas vraiment mais après tout peu importe puisque la magie opère, puisque tous ces souvenirs font écho aux nôtres, avec leur cortège de désillusions, de petites joies et de blessures secrètes.

Marie-Claire : « Qu’est-ce que j’ai fait de ma vie ? J’ai perdu ma grand-mère. J’ai perdu des clefs, ma carte bleue, un pull-over, mon portefeuille, mon sang-froid. J’ai retrouvé des vieux copains de classe sur internet. J’ai aujourd’hui des tas d’amis que je ne connais pas. J’aime. J’aime pas.(…) Je me réinvente. Je me photoshop. Je retouche ma vie. J’adopteunmec. Je meetic. Je speedflirt. J’ai une double, une triple vie. J’ai mille vies. Quand les enfants rentrent du collège, je leur dis de ne pas passer tout leur temps devant l’ordinateur ».

Les peintures réalistes de Jarrie sont magnifiques. Visages fermés ou souriants, les gens semblent saisis dans leur intime vérité, sans faux-semblant, comme s’ils étaient en totale confiance.

Les textes de François Morel sont des petits bijoux, ciselés, du sur-mesure pour chacun, restituant avec des mots simples et beaucoup de finesse la poésie quotidienne ou la difficulté de ces vies ordinaires.

Christine (assistante sociale): « Qu’est-ce que je peux faire ? Je ne peux pas toute seule répondre à la détresse du monde. Quand je lui ai demandé de remplir un formulaire -j’étais obligée, il faut bien observer les consignes- il m’a traitée de salope, de connasse, de putain. Le directeur est intervenu. Quand je suis rentrée chez moi, j’ai arrosé les fleurs sur la terrasse. Mes larmes ont coulé toutes seules ».

Le duo Jarrie-Morel avait déjà produit un chef d’œuvre avec l’album « Hyacinthe et Rose » paru il y trois ans chez Thierry Magnier. En voici un nouveau, édité ce coup-ci par Les Fourmis Rouges, nouvelle maison déjà bien remarquée dans le paysage éditorial.

Un album à ne pas manquer, à s’offrir et à faire partager.

Les Aventures d'Itamar

Les Aventures d'Itamar

Sortie : 25 avril 2013 (France). Recueil de nouvelles

livre de David Grossman

Annotation :

Itamar est un petit garçon facétieux et sérieux à la fois. Il a des peurs incontrôlables (les lapins par exemple !) et se pose, comme beaucoup d’enfants, des questions totalement saugrenues et souvent existentielles.

Il fait régulièrement le même cauchemar la nuit, il peut parler aux animaux et même rentrer dans les jolis tableaux qui sont accrochés sur le mur de sa chambre. Pas étonnant quand on sait que son père possède un chapeau magique et peut se transformer en plein d’animaux différents !

Le petit Itamar a un beau jour l’idée de se transformer en lettre (oui, oui) et d’aller se poster pour que ses parents le reçoivent: « Peut-être que je peux m’envoyer moi-même à vous par la poste ? ». En voilà une bonne idée, ça fera une chouette surprise à l’arrivée. « Demain avant de partir au travail et de te déposer au jardin d’enfants, je t’enverrai par la poste, exactement comme une lettre, a dit papa. Qu’en penses-tu ? »

Le père, rouquin comme son fils, toujours présent et chaleureux, n’hésite pas une seconde à plonger dans l’univers décalé de son petit garçon. Cela fait tout le charme de ces histoires pleines de fraîcheur écrites (et traduites) dans une très jolie langue. Les illustrations naïves et colorées accompagnent à merveille le récit.

On sait depuis que David Grossman a perdu ce fils lors de la guerre du Liban, ce qui colore un peu différemment la lecture… (Ça casse un peu l’ambiance aussi, mais n’hésitez pas à partager avec vos enfants ces histoires toutes mignonnes, j’insiste).

L’imaginaire enfantin et la poésie affleurent à chaque page. Sans être follement originaux, les textes ont quelque chose de fragile et de touchant, le vraie saveur de l’enfance pour les plus jeunes et le goût du paradis perdu pour les plus grands.

Coeur de Hibou
7.6

Coeur de Hibou

Coeur de Hibou

Sortie : mai 2013 (France). Beau livre, Conte

livre de Isabelle Wlodarczyk

Annotation :

Il en va des albums comme de la vie : parfois l’histoire commence très très mal mais le bonheur est quand même au bout du chemin. (Le contraire est vrai aussi remarquez bien, mais bon). Ici c’est un bébé loup qui a vu sa mère mourir, tuée par les chasseurs…

Un hibou était là sur sa branche ; la scène ne lui a pas échappé même s’il a dû tourner la tête pour ne pas regarder… Maintenant que la louve est morte, c’est lui qui tout naturellement va recueillir le petit loup orphelin.

« Entre ses ailes, le hibou tenait maintenant un bébé. Un louveteau qui serait désormais son nouveau-né ».

Tous deux ne se ressemblent pas, leur complicité pourtant est immédiate : entre parties de cache-cache et becquées ils vont très vite s’apprivoiser.

Petit Loup a trouvé son papa. Avec des plumes et des feuilles il s’amuse parfois à se faire un grand manteau, un peu comme un costume d’oiseau. On dirait même qu’il arrive à s’envoler !… Mais à peine, car ce n’est qu’un loup après tout.

La différence, l’adoption, ces thèmes sont évidemment bien là, en filigrane, mais ce qui court tout au long de l’album c’est bien l’amour inconditionnel d’un papa pour son fils.

Le texte est particulièrement réussi, il raconte une VRAIE histoire, avec un début, une fin, des moments forts. (Ça fait du bien je vous assure, les albums contemplatifs où rien ne se passe ça commence à bien faire).

Les mots soigneusement choisis composent une douce mélopée. Le texte rime pour sonner juste comme il faut, rien n’est en trop et en peu de mots tout est dit de ce lien indéfectible.

« Le petit fait comme son papa. Enfin, presque. Et le papa fait tout pour son petit. Même s’il ne lui ressemble pas. »

La finesse du texte fait écho à la délicatesse des illustrations, des formes très épurées, une palette de bleus, de verts et d’oranges et le regard si expressif des animaux… L’ensemble s’harmonise parfaitement, sans redondance.

Un album très équilibré et très réussi à mon sens que j’ai vraiment BEAUCOUP aimé !

Vous tomberez sous le charme aussi. C’est à partager sans hésiter avec les petits dès 4 ans !

Honte de tout

Honte de tout

Sortie : 2013 (France). Recueil de nouvelles

livre de Carole Fives

La Boite à Histoires l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Ado, en me trompant dans les touches d’un juke-box j’ai diffusé une musique super naze en essayant de séduire un grand blond au regard énigmatique dont j’étais raide dingue. Il était fan de métal et je voulais mettre une chanson qu’il écoutait souvent…
J’ai mis « Avoir un seul enfant de toi »

On n’en meurt pas comme on dit, hein ?

Le souvenir en revanche reste cuisant mais il est de ceux qui contribuent à construire une personnalité (Je me suis concentrée sur les bruns)

Ces sensations sont évidemment décuplées à l’époque charnière de l’adolescence et c’est ce qu’ a exploré Carole Fives autour de seize nouvelles qui sont autant de confessions.

Cet âge entre chiens et loups ne souffre aucune concession. Tout peut être blessant, des parents pas dans le coup, quelques centimètres en plus, une virginité encombrante, une meilleure amie un peu trop belle…

Ici ce sont seize adolescents qui s’expriment, évoquent un mal être diffus ou une situation particulièrement douloureuse, de celle où l’on se sent décalé, en marge ou complètement à côté de la plaque. Les parents parfois en sont la cause et au sentiment de honte se rajoute celui de la culpabilité :

« Quand on est en famille ça va mais dehors ça craint (…). Le truc avec mes parents c’est que même si ils ne parlent pas un mot de français, ils ne veulent pas que ça se sache. Ils font semblant de tout comprendre. Ils répètent oui monsieur, oui madame aux profs, mais ils ne calculent rien du tout en fait. Je le sais bien. Les profs de leur côté doivent bien s’en rendre compte aussi mais ils ne disent rien. Ils font plus court qu’avec les autres parents, c’est tout ».

Sur le mode du monologue, c’est le « je » qui est employé dans chacune des nouvelles, ce qui contribue certainement à les rendre tellement vivantes. Les situations décrites sont criantes de vérité mais d’un réalisme pudique où l’on sent poindre à chaque ligne la fragilité de ces adultes en devenir.

J’ai beaucoup aimé et je vous le conseille vivement pour vos ados; même les plus réticents à la lecture pourront s’accrocher à ces courts récits tellement proches de leurs préoccupations.

Bravo à l’auteur pour son regard et bravo à l’éditeur pour cette audacieuse collection de nouvelles (c’est LE genre compliqué par excellence en librairie). La plupart des titres que j’ai lus m’ont paru d’une grande qualité littéraire à chaque fois, dans des styles toujours très différents.

Celui-ci ne déroge pas à la règle alors n’hésitez plus!

Le bon Antoine
5.2

Le bon Antoine

Sortie : 1994 (France). Roman, Jeunesse

livre de Marie Desplechin

Annotation :

Son année de troisième Antoine la passe dans une nonchalante indifférence: il a comme qui dirait lâché l’affaire et passe ses longues heures de cours à assurer le minimum syndical.

Pour ça il peut compter sur l’appui sans faille de son pote Thomas, grand branleur devant l’Eternel. A eux deux ils forment une sorte d’équipe de losers magnifiques, l’un passionné par les jeux video l’autre spécialiste des tags.

Si Antoine est bourré de défauts il est aussi doté d’une très grande qualité : la gentillesse. C’est une bonne pâte, une vraie de vraie, limite bonne poire. Quand par un malheureux concours de circonstances il se retrouve accusé à tort d’avoir tagué un mur du bahut, Antoine ne moufte pas et endosse le mauvais rôle pour éviter à son pote Thomas la foudre parentale.

Le voilà donc obligé d’effectuer des travaux d’intérêt général, en l’occurrence rejoindre l’équipe de nettoyage qui officie avant l’ouverture du collège.

« Désormais, je suis un bon à rien pas comme les autres. Une sorte de pauvre martyr un peu taré. J’ai gagné une nouvelle identité et je fais tout ce que je peux pour lui ressembler. Je regarde autour de moi d’un air paisible et lointain. Je souris un peu comme Jeanne d’Arc quand il est bien clair qu’elle va finir au bûcher. Je marche doucement, comme si j’avançais sur un nuage (…). Ceux qui sont dans l’ignorance me persécutent bêtement. Ceux qui sont dans la vérité m’admirent en silence ».

C’est là qu’une dénommée Bébé fait son apparition. Préposée au nettoyage des classes c’est elle qui va devoir prendre Antoine comme binôme en lui inculquant l’art délicat de décoller les chewing-gums sous les bureaux. Et pour son jeune âge Bébé a déjà une sacrée vie…

Cette rencontre et ces quelques heures de ménage intensif vont bouleverser au plus haut point le quotidien déjà calamiteux d’Antoine.

Comment il se retrouve avec un bébé calé sous le manteau et aucune nouvelle de la mère, c’est encore une autre histoire que vous découvrirez en plongeant les yeux fermés dans ce dernier roman de Marie Desplechin: son art consommé des dialogues, ses personnages rendus si vivants et son style plein d’humour sont un ravissement. On le sait, mais on ne s’en lasse pas !

Toute une galerie de personnages gravite autour d’Antoine, brossés avec beaucoup d’humanité, ce qui est un peu la marque de fabrique de Marie Desplechin.
Une lecture d’été idéale, un roman léger et plein de rebondissements qui se lit le sourire aux lèvres à partir de 13 ans !

Papy est un rebelle

Papy est un rebelle

Sortie : mars 2008 (France).

livre de Chantal Cahour

Annotation :

Il s’appelle Joseph, il déteste tout ce qui ressemble de près ou de loin à une contrainte. Il a 91 ans et il n’aime pas trop les vieux: « Le problème, c’est qu’on est entre vieux. Et que font les vieux quand ils sont entre eux ? Ils radotent. Tu comprends, j’ai toujours côtoyé des gens plus jeunes que moi »

C’est pourtant lui qui a décidé tout seul de partir en maison de retraite pour éviter l’attention pesante de sa fille qui voudrait le garder chez elle.

Avec le caractère de Joseph la maison de retraite quand on y pense c’est un peu la liberté. D’autant que Papy est à deux pas de son arrière-petite fille chérie, Juliette.

Sans compter que Joseph ne s’embarrasse pas vraiment du règlement intérieur et son régime sans sel : il planque allègrement des saucissons dans son placard et se fait même la malle un midi pour aller manger une choucroute à la brasserie du coin.

Et dans une maison de retraite il n’y a pas que des vieux. Il y a aussi plein de vieilles. Youpi ! Il y en a même une, Suzanne, qui semble avoir tapé dans l’œil de Papy. Leur jeunesse d’esprit et leur goût commun de la musique vont vite les rapprocher. Beaucoup les rapprocher.

« - J’ai une grande nouvelle à vous annoncer, a-t-il commencé. Ah ! Je savais bien qu’il y avait du secret dans l’air ! Et la nouvelle devait être importante car Papy était pâle et ses mains tremblaient. Tout le monde le regardait, étonné, et il a repris : – Il m’est arrivé quelque chose d’incroyable, quelque chose qui a changé ma vie. J’ai rencontré une femme, Suzanne Verneuil. Nous nous aimons et nous avons décidé de nous marier ».

Et voilà l’air de rien un petit roman sans prétention qui aborde avec fraîcheur et simplicité le thème de la vieillesse sans les poncifs habituels et larmoyants qui souvent l’accompagnent.

C’est joliment écrit, plein d’optimisme et moi je dis que ça fait une super lecture qui change un peu et qu’on peut apprécier dès 9 ans et jusqu’à 99 ans !

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