La Greg Eganide, ou la Science-Fiction

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Ce recueil fulgurant est sans aucun doute le meilleur point d’entrée dans l’œuvre de Greg Egan : au cœur de chaque nouvelle, une idée de SF très-dure aux implications philosophiques ou morales difficiles (l’infini, la conscience et l’identité, le dualisme corps-esprit, le solipsisme…).

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Un chouya en-dessous d’*Axiomatique*, mais de pas grand-chose. J’ai trouvé la traduction française excellente. On y trouve des riffs sur des thèmes déjà vus : la digitalisation de la conscience, ce qui fait un individu lorsqu’il peut se changer à volonté… Et quelques questions un peu plus générales comme la signification de la vie face à la finitude dans un exercice de réécriture shakespearienne passablement réussi.

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Ce que *Diaspora* a de fascinant, c’est sans doute son univers : une humanité qui se divise en « naturels », cyborgs et consciences digitalisées après avoir fait le choix de lignes évolutives radicalement différentes. La catastrophe cosmique qu’ils doivent affronter au cours du roman, pas si improbable que ça lorsque l’humanité s’est assurée une longévité inimaginable, n’est que le fond sur lequel on discute l’air de rien de la question : c’est quoi, une conscience ? comment ça se forme ? est-ce que deux consciences peuvent être si différentes de nature qu’elles ne peuvent plus se comprendre ?

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*Isolation*, c’est un roman très porté sur la physique quantique. Beaucoup de lecteurs n’aiment pas et/ou renoncent à lire du Greg Egan parce qu’ils ne comprennent pas le technobabble, et je me demande si c’est parce qu’ils n’acceptent pas de ne pas tout comprendre ou parce que Greg Egan échoue à leur donner une vision intuitive des concepts dont il joue. Certaines scènes du roman m’ont donné l’impression d’être régis par une « logique » très onirique et je me dis que c’est en se laissant porter comme par un rêve qu’il faut lire ce roman-là.

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*Permutation City* a beaucoup d’axes thématiques intéressants : la conscience, l’immortalité, la cosmogénèse, la rencontre avec d’autres formes de vie et d’intelligence ; mais c’est sans doute dans ce roman-là qu’on perçoit le plus cruellement la faiblesse de Greg Egan en matière de personnages.

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*Zendegi* prend le contre-pied de toutes les histoires de SF qui parlent d’une découverte ou invention scientifique puis de tous les malheurs provoqués par sa mise en place en racontant l’histoire du développement de la cartographie du cerveau humain — donc notamment de ses échecs ! — et de tous les malheurs provoqués par la possibilité même qu’on puisse développer certaines technologies. C’est aussi plaisant de voir une intrigue située à Téhéran en 2027-28, lors de la démocratisation de l’Iran.

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Il me semble qu'il faut lire *Isolation*, dont l'histoire repose beaucoup sur le concept de décohérence, avant de s'attaquer à *Schild's Ladder*, où une compréhension au moins approximative de ces concepts est nécessaire. Ici, Egan va beaucoup plus loin que la (oh si simple et triviale !?) question du chat de Schrödinger ; il est possible que ça soit son roman le plus aride, où les personnages sont traités trop froidement par le narrateur malgré des scènes de backstory intéressantes et où les phases de technobabble (dont le spécialiste ou le très-féru sera peut-être capable de goûter la vraisemblance et cohérence ?) ne suffisent pas à transmettre le sentiment de totale étrangeté qui court dans une très grande partie du roman.