La Saga des Rougon-Macquard

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Rang de chronologie : 7
Prétexte : la terrible vie de Gervaise
Géographie : un quartier populaire de Paris
Contexte historique : la révolution industrielle

1er sommet de la saga, l'Assommoir mérite son succès. Ce roman, dur, âpre, très cru pour l'époque, sans concession (mais avec complaisance ?), décrit et dénonce la condition ouvrière, et le problème de l'alcoolisme, celui-ci étant à la fois une cause et une conséquence.
Je garderai un souvenir très fort de Gervaise, et peut-être plus encore de Lila, personnage certes secondaire, mais au destin terrible.

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Rang de chronologie : 4
Prétexte : le microcosme provençal des notables de Plassans
Géographie : Plassans, aka Aix en Provence
Contexte historique : l'Empire

Après les opportunistes provinciaux puis parisiens, après les commerçants des halles, Emile s'attaque au clergé, essentiellement à traver l'abbé Faujas, mais également d'autres figures ecclésiastiques secondaires.
Ou certes la piété est une vertu, mais l'important, c'est le pouvoir. Le pouvoir sur les âmes, celle des hommes avides, celles des femmes qui se cherchent une position sociale outre la maternité, c'est l'accès au pouvoir absolu.
Tel un thriller, où l'on voit la mise en coupe réglée d'une maison puis d'une ville, jusqu'à son dénouement tragique, cet épisode des RM est le plus réussi des 4 premiers.

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Rang de chronologie : 2
Prétexte : la fortune rapide d'Aristide Saccard aka Rougon à Paris
Géographie : Paris
Contexte historique : le IIème empire sous Napoléon III et les grands travaux hausmaniens

Toujours aussi énervé, Emile dégomme à tout va. Mais cette fois-ci, que les bourgeois. On est un peu moins dans l'action, mais plus dans la description des moeurs parisiens, et notamment chez les bourgeois qui font fortune rapidement, par réseau, opportunisme et, visiblement grâce aux grands travaux. A noter : la cible est plutôt ceux qui s'élèvent dans le niveau de vie que ceux qui y sont installés. Zola aurait-il encore moins d'indulgence pour les premiers ?

Sans que cela ne soit expressément présenté ainsi, j'y vois là une dénonciation du patriarcat avant l'heure, où de très jeunes femmes sont mariés pour des raisons financières à des hommes mûrs qui les délaissent. Celles-ci n'ont plus qu'à passer leur temps à froufrouter, blablater et fricoter, dans une sorte de prison dorée.

Je continue d'apprécier la contextualisation historique, qui nous plonge dans la transformation de Paris de l'époque en en faisant un des ressorts de l'action.

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Rang de chronologie : 6
Prétexte : hype et contre-hype d'Eugène
Géographie : Surtout Paris, un peu Niort, un peu Compiègne
Contexte historique : au coeur du 2nd Empire

Sur une libre inspiration du personnage d'Eugène Rouher, conseiller puissant de LNB, Zola nous parle des jeux de pouvoirs, relativement dépourvus de vraie vision politique, complètement pourvus de vision politicienne, l'essentiel étant d'avoir suffisamment de poids pour exister aux yeux du big boss.

On continue ici de nous démontrer que la société française du XIXème ne vaut pas tripette. Il est arrivé que certains opus nous permettent de nous attacher à quelque (un voire deux) personnages, mais là, point de salut pour quiconque.

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Rang de chronologie : 1
Prétexte : la naissance de la fortune des Rougon
Géographie : Plassans (Aix-en-Provence) et la Provence
Contexte historique : coup d'état de décembre 1851 : passage de la IIème république au IIème empire, mais avec le même bonhomme : Lous-Napoléon Bonaparte aka Napoléon III.

Découverte de Zola (j'avoue, humblement), avec une pointe de déception. La misanthropie vis-à-vis des hommes et des femmes, pauvres ou riches, m'a presque écoeuré. Le naturalisme visant à se départir d'une vision idéaliste, certes, mais de là à voir le mal partout...

Heureusement, Silvère et Miette trouvent grâce aux yeux de ce bon Emile, mais pour le coup, on sort complètement du naturalisme, tellement cette idylle est idéalisée ! En réalité, les enfants et adolescents sont globalement les seuls épargnés dans cet ouvrage, tant qu'ils n'ont pas été trop pourris par leurs éducateurs.

Par ailleurs, l'écriture, sans être brillante, est fluide et l'histoire se lit facilement, et on rentre avec plaisir dans le contexte de la province provençale, que ce soit la vie quotidienne ou les impacts des grands événements historiques.

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Rang de chronologie : 3
Prétexte : les aspirations révolutionnaires de Florent Quenu et la réussite commerciale de son frère avec Lisa Macquart
Géographie : les halles de Paris, essentiellement
Contexte historique : la construction des halles

On reste dans la misanthropie, mais contrairement aux deux premiers titres, un adulte trouve grâce aux yeux d'Emilie : Florent, un pur, naïf et révolutionnaire.
La description des halles au fil des premières pages (en réalité, une bonne partie du roman) a quelque chose d'hypnotique. Ca commence par sentir la félicité de la bonne chair, mais c'est un piège. Ce que vise Zola, c'est le dégoût, l'écoeurement.

La dialectique se situe sur le plan des justes, révolutionnaires, désintéressés, les maigres contre les commerçants, avides, manipulateurs, soucieux de stabilité politiques, les gras. On hésite, parfois, car Zola décrit les femmes grasses comme apétissantes, avec toutes ces gorges (enfin, vous voyez ce que je veux dire) apparentes et débordantes, mais on finit par comprendre : le salut de l'homme passera par la sobriété.

Roman faible en action, robuste en descriptions, un peu trop stéréotypique, mais qui me plaît par cette plongée dans ce Paris du quotidien assez méconnu. Zola nous met en visibilité les invisibles.

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Rang de chronologie : 12
Prétexte : vouloir le bonheur des autres
Géographie : Arromanches, sur la côte normande
Contexte historique : on est loin de tout ça

Régulièrement, Zola nous amène loin des tumultes de la ville qu'elle soit Paris ou Plassans. On est sur la côte, mais Arromanches n'est pas encore vraiment la station balnéaire qu'elle est aujourd'hui. Peu importe, on est presqu'en huis clos dans la maison ou Pauline vit avec sa famille lointaine devenue d'adoption. L'inexorabilité des destins chère à Zola joue ici à plein. A peine moins tragique que d'habitude.

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Rang de chronologie : 5
Prétexte : la religion est simplement une plaie
Géographie : la campagne provençale
Contexte historique : non pertinent

Emile n'aime pas les religieux, je ne peux lui en vouloir. Ce livre veut sans doute faire un contraste fort entre le bonheur de l'amour sur terre (on ne parle pas que de sexe, deux femmes portant une exaltation différente de cet amour), et celui de l'amour de Dieu, complètement vain.

Ode à l'innocence, ce roman pose la question de la découverte d'autre chose. Et, peut-être, appelle à en rester à ce stade de l'innocence. Très beau, mais pas assez souvent...

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Rang de chronologie : 8
Prétexte : en avoir ou pas (des sentiments)
Géographie : Pas loin de Paris, sans doute des collines avoisinantes à l'ouest (Auteuil Neuilly Passy, tel est notre ghetto)

Construit sur un schéma proche de "la faute de l'abbé Mouret", ce roman, quelque peu reposant (malgré l'histoire dramatique) après l'Assommoir, est également aussi longuet que "la faute".
On peut imaginer ce qu'un romancier contemporain spécialisé dans le thriller aurait pu faire de cette histoire. Mais Zola reste sur sa lignée : le naturalisme, et l'explication des comportements par l'hérédité et la sociologie. Et quand même, un soupçon de romantisme.
Avec une analogie des sentiments avec la ville de Paris vu d'en haut, à travers les saisons, le climat, les lumières.
Dispensable sans être inintéressant.

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Rang de chronologie : 11
Prétexte : les grands magasins
Géographie : le coeur de Paris, là ou Hausmann (Hartmann dans le roman) fait ses oeuvres

Premier de la série à se finir positivement et donc premier étonnement. Second étonnement : un personnage principal, Octave Mouret. Trosième étonnement : la mansuétude de Zola envers l'homme de pouvoir du roman, Octave Mouret. Et pourtant qu'a-t-il de plus que les autres ? Il part de rien et réussit à s'élever par son sens du commerce et du réseau ? Certes. A tel point que les commerçants ruinés n'ont presque qu'à s'en prendre qu'à eux-mêmes.
Une description du mécanisme de la mise en place des grands magasins, de la grande distribution, du marketing commercial, intéressante, une description des rayons du magasin interminable par ailleurs.

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Rang de chronologie : 9
Prétexte : la principale arme des femmes
Géographie : Paris, quoi qu'il arrive

Roman nimbé d'érotisme, ce qui, j'avoue m'a étonné un peu pour l'époque. Il s'avère qu'Emile n'y est pas allé de main morte histoire de bien vendre le bouquin. Je ne suis jamais rentré dedans. Peu d'actions, sans doute, que de la description de Nana manipulant ses amants complètement dépendants de ses charmes.

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Rang de chronologie : 10
Prétexte : la vie bourgeoise dans un immeuble
Géographie : Paris

Perplexe face à ce roman. Un début prometteur, un développement façon vaudeville pas drôle, une conclusion tragique comme d'habitude. Quand on va chercher un peu d'info sur le contexte, on se rend compte que Zola réglait ses comptes avec ses ennemis préférés, les bourgeois hypocrites se prétendant la référence de la vertu morale. Ceci ne fait pas un roman.