Le Japon de l'ère Meiji, vers un Japon occidental ?
1868 - 1912
https://www.youtube.com/watch?v=bB3AgE946kA
Liste de 31 livres
créee il y a plus de 4 ans · modifiée il y a environ 4 ans
Dialogues politiques entre trois ivrognes
Sortie : octobre 2008 (France). Essai
livre de Nakae Chômin
Τουρκοφάγος a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Magnifique livre de fiction politique, son auteur Nakae Chômin qui vécut vers la deuxième moitié du XIXe siècle fût l'un des instigateur de la culture philosophique et politique française au Japon. Dans ce récit, il fait intervenir trois personnages qui — autour d'une bouteille de whisky — dissertent sur la meilleure politique que devrait adopter le Japon dans l'avenir. Deux intervenants s'affrontent : l'occidentalisé pacifiste et le vaillant guerrier; deux conceptions du monde se font face, l'une utopiste, l'autre réaliste et belliqueuse. Et c'est à travers ces deux points de vue caricaturaux que Nakae Chômin réussit brillamment à nous immerger dans la période de bouleversement que connue le Japon après son ouverture forcée au monde par les occidentaux, en 1854. L'auteur — sans créer une dichotomie réelle entre les deux opposants — exploite sa thèse d'un syncrétisme culturel où la philosophie européenne se trouve justifiée par la pensée chinoise afin de souligner l'universalité de certaines théories (comme celle de la paix perpétuelle). Cependant, on remarque que les théories de Spencer (le promoteur d'une forme de darwinisme social) ont le vent en poupe et que le Japon se doit d'imiter les politiques extérieurs des puissances coloniales afin qu'il ne disparaisse pas à son tour. Pour terminer un troisième personnage intervient à la fin du livre, c'est le professeur Nankai, figure de sagesse qui arbitre le débat et met un point final au débat apportant la thèse de l'auteur:
"Les esprits des gens sont comme les greniers des idées du passé. toutes les pratiques sociales sont le résultat des idées du passé. C'est pourquoi pour bâtir du nouveau, nous devons tout d'abord planter l'idée nécessaire dans les cerveaux, pour qu'elle devienne un jour une idée établie, une idée du passé. Pourquoi ? Une action porte toujours dans l'immédiat, mais une idée s'enracine toujours dans le passé [...] tout ce qui est arrivée aux nations est le résultat de leurs idées. Mais idées et actions ne s'alignent pas d'elles-mêmes dans les rangs. Elles forment une courbe tortueuse, et cette courbe c'est l'histoire des nations."
Le Japon face à la Corée à l'époque Meiji
Sortie : 5 juin 2002 (France). Histoire
livre de Lionel Babicz
Τουρκοφάγος a mis 8/10.
Annotation :
La Corée est, pour le Japon, un moyen essentiel d'acquérir une place dans l'échiquier des nations. L'ouvrage porte majoritairement sur une histoire des perceptions du Japon envers la Corée. Lionel Babicz étudie, à travers un paquet de sources japonaises, la construction du Japon moderne, puisque le Japon bâtit son identité nationale au regard de l'autre, formant ainsi une "imagologie" asiatique. Bien que l'arrivée des Européens sur la scène asiatique soit un choc majeur pour les Japonais, l'auteur entend redonner de l'importance aux relations japonaises avec ses pays limitrophes. Et dans cet imbroglio asiatique, le Japon se place comme sauveur de "la race jaune" face à l'hégémonique "race blanche" (représentée en grande majorité par les Russes). Cependant, dans le Japon de l'ère Meiji, il n'existe pas une pensée simple, mais deux gros courants de pensées qui s'affrontent: l'une "pro-occidentale" qui veut lancer le Japon dans la "civilisation guizotienne" (universaliste), représentée par Fukuzawa Yukichi qui veut "se dégager de l'Asie et rejoindre l'Occident", et l'autre, plutôt "panasiatique", de Tarui Tokichi, intellectuel formé par les classiques chinois qui souhaite une "fédération de l'Orient". Néanmoins, ces deux pensées se rejoignent, elles cherchent toutes deux à justifier la domination du Japon envers ses voisins asiatiques. On remarque alors, l'incroyable capacité du Japon à s'approprier un code de pensée importé d'Occident, avec son dictionnaire et ses images. Il y a clairement une révolution des mentalités durant l'ère Meiji, le Japon intègre de nouvelles notion comme civilisation, progrès, race. Et La Corée est un outil, une barrière pour Japon, elle est le moyen d'accès à une supériorité qui permettrait de rivaliser avec le danger russe. D'autant plus que ce conflit conduira indirectement à la guerre russo-japonaise de 1904-1905, première grande victoire (toute symbolique) d'un pays non-occidental sur une grande puissance.
quand les français armaient le Japon
La création de l'arsenal de Yokosuka, 1865-1882
Sortie : 6 mars 2003 (France). Essai
livre de Elizabeth de Touchet
Annotation :
Il est chimérique de penser que le Japon s'est préservé de toute influence étrangère tout au long de l'ère Edo (1603-1868). Les échanges avec l'extérieur sont limités à la ville portuaire de Nagasaki dans laquelle, dès le XVIIe siècle, des marchands chinois s'y installent. Les Japonais s'intéressent aussi à la science occidentale, à travers le Rangaku, terme qui désigne la science hollandaise, puisque les marchands néerlandais sont les seuls Européens à pouvoir résider dans la ville de Nagasaki.
Au XVIIIe siècle, avec leur poussée en extrême-orient, les Russes tentent de rentrer en contact à deux reprises avec les Japonais, ces deux tentatives se soldent par un échec, mais sont, pour les Japonais, un choc majeur. Le pays cherche alors à développer sa science géographique pour faire face à l'avidité colonisatrice des Russes, en particulier sur les îles Kouriles et les îles Sakhalines.
Le livre d'Elizabeth de Touchet s'intéresse à la période charnière de la seconde moitié du XIXe siècle japonais. Le Shogun, en 1635, avait limité sa flotte navale, réduite seulement à quelques navires. Le gouvernement s'empresse, dès son ouverture au monde, en 1854, à chercher une aide étrangère afin de rattraper son retard en science navale. La France est ravagée par une maladie qui annihile sa sériciculture. Le pays cherche un fournisseur étranger pour relancer sa production. Les deux pays vont lancer une politique d'entente afin d'échanger leurs biens dont ils ont mutuellement besoin. C'est pourquoi la France va établir le premier arsenal du Japon à Yokosuka, en 1865. L'arsenal est dirigé par Léonce Verny, jeune polytechnicien ambitieux, mais cette aventure est vite terminée, puisque le jeune gouvernement impérial destitue le Shogun (suite à la guerre civile de 1868), il voit, dorénavant, d'un mauvais œil la France, ancienne alliée du Shogun. Petit à petit, l'autorité nippone va "nationaliser" l'arsenal pour en faire une institution 100% japonaise.
Je ne sais pas trop quoi penser de l'ouvrage d'Elizabeth de Touchet. D'un côté, il répond avec une extrême précision aux problématique apposées au début du texte, mais d'un autre, on se perd et on s'ennuie profondément dans ces suites d'études microstructurales sur l'arsenal (fournitures, salaires, évolution de carrière etc). J'imagine qu'il faut en passer par la pour comprendre en profondeur la rapidité de la modernisation du Japon.
Images des Occidentaux dans le Japon de l'ère Meiji (2006)
Sortie : 5 janvier 2006. Essai
livre de Hartmut O. Rotermund
Annotation :
L'essai de Hartmut O. Rotermund porte sur la construction du Japon pendant l'ère Meiji à travers sa vision de l'occident. Cet occident est caricaturé, observé à la fois comme une menace, mais aussi comme une opportunité. L'auteur fait un panorama de tous les aspects sociétaux du Japon, grâce aux différents discours qui s'établissent toujours dans une analogie envers ce "petit cap d'Asie" (cf Paul Valéry pour désigner l'Europe). De la mode féminine aux nombreux changements religieux, tout y passe, se fait et se défait en fonction de cette image de l'altérité; même la coiffure devient un moyen d'affirmer sa position politique vis-à-vis l'occident : ainsi une coiffure demie rasée désigne un japonais traditionaliste; une tête chevelue est la marque d'un monarchiste; et des cheveux coupés à la militaire sont l'illustration d'une ouverture à l'occident . Finalement, l'ouvrage souligne l'image d'un Japon divisé envers une Europe civilisatrice, mais aussi critiquée, avec son lot de nouvelles mœurs, parfois opposées à celle de la piété filiale qui régit encore le Japon de cette époque.
Faits et imaginaires de la guerre russo-japonaise (2005)
Sortie : 25 mai 2005. Essai
livre de Dany Savelli
Τουρκοφάγος a mis 8/10.
1905, Autour de Tsoushima (2005)
Sortie : 3 mars 2005. Histoire
livre de Jean Jaurès, Lénine, Claude Farrère, Léon Tolstoï, Jack London et Gaston Leroux
Port-Arthur (2015)
8 février 1904 - 5 janvier 1905
Sortie : 1 juillet 2015. Essai
livre de Bruno Birolli
Τουρκοφάγος a mis 3/10.
L'impérialisme, le spectre du XXe siècle (1901)
Sortie : octobre 2008 (France). Essai
livre de Shûsui Kotoku
Je suis un chat (1905)
吾輩は猫である - Wagahai wa neko de aru
Sortie : 1978 (France). Roman
livre de Natsume Sōseki
La nation en marche
Sortie : 24 juin 1999 (France). Culture & société
livre de Jean-Jacques Tschudin et Claude Hamon
La naissance de l'Etat social japonais : Biopolitique, travail et cotoyenneté dans le Japon impérial (1868-1945)
Sortie : 10 septembre 2015 (France).
livre de Bernard Thomann
Japanese Society at War (2009)
Death, Memory and the Russo-Japanese War
Sortie : 5 mars 2009. Essai
livre de Naoko Shimazu
Annotation :
La guerre ne se limite pas au champs de bataille, elle imprègne les esprits, s'instrumentalise, et comme les ondes d'une pierre jetée dans l'eau, s'atténue au fil du temps. Naoko Shimazu nous offre ainsi une vue d'ensemble du conflit russo-japonais, à travers l'instrumentalisation qu'en fait le gouvernement japonais (qui ira jusqu'à inciter au suicide les épouses dont les soldats sont partis au front, un comble...) avec ses commémorations et sa propagande permises par l'apparition de nouveaux médias comme le cinéma. Elle fait ainsi le parallèle avec les mémoires des soldats, qui loin d'être des samouraïs sans peur et sans reproche, sont, en grande majorité, des petits paysans effrayés par une mort loin de leur foyer, et par le poids de la piété filiale dont ils ne peuvent plus respecter les codes. Le gouvernement japonais s'approprie la mémoire des défunts pour en faire des quasi-martyrs, qui deviendront des figures iconiques pour les guerres à venir. Cette ouvrage reste une étude approfondie et passionnante pour comprendre la lente marche vers une civilisation guerrière qui connaîtra son apogée avec la seconde guerre mondiale.
Conférences sur le Japon de l'ère Meiji
Sortie : 25 janvier 2013 (France). Essai
livre de Natsume Sōseki
La Photographie japonaise sous l'ère Meiji (2006)
(1868-1912)
Sortie : 19 septembre 2006. Photographie
livre de Patrick Bonneville
Entreprise et société dans le Japon d'avant-guerre
Regards croisés sur les maux et les idéologies de l’industrialisation autour de l’ère Meiji
Sortie : 18 novembre 2011 (France). Essai
livre
Du sabre à la plume (2014)
Mémoires de journalistes engagés de l'époque Meiji
Sortie : 19 mai 2014. Essai
livre de Christiane Seguy
Japon rêvé
Edmond de Goncourt et Hayashi Tadamasa
Sortie : 25 novembre 2001 (France). Essai
livre de Brigitte Koyama-Richard
Le Japon à Paris (2018)
Japonais et japonisants de l'ère Meiji aux années 1930
Sortie : 11 octobre 2018. Beau livre
livre de Brigitte Koyama-Richard
Interminablement la pluie
雨瀟瀟
Sortie : 19 mai 1998 (France). Récit, Recueil de nouvelles
livre de Nagai Kafû
Moderne sans être occidental (2016)
Aux origines du Japon aujourd'hui
Sortie : 11 mai 2016. Culture & société, Histoire, Essai
livre de Pierre-François Souyri
Τουρκοφάγος a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Bushido l'âme du Japon (1900)
Bushido, Soul of Japan
Sortie : octobre 2000 (France).
livre de Inazo Nitobe
Τουρκοφάγος l'a mis en envie.
La Vie du vieux Fukuzawa racontée par lui-même (1899)
Fukuô Jiden
Sortie : janvier 2007 (France). Biographie
livre de Yukichi Fukuzawa
Le Livre du thé (1906)
茶の本
Sortie : 29 novembre 2006 (France). Essai, Philosophie
livre de Kakuzô Okakura
Un bœuf dans la tempête
Une biographie de Tanaka Shozo, écologiste japonais
Sortie : 5 octobre 2015 (France). Biographie
livre de Kenneth Strong
Annotation :
Tanaka Shôzô fut le premier parlementaire de la fin du XIXe siècle à s'être opposé à la collusion de l'Etat avec le secteur industriel dans sa marche forcée vers le productivisme. Il défendit les paysans de la vallée de la rivière Watabe dont les terres avaient été dévastées par les eaux usées de la mine d'Ashio. Il lutta jusqu'à la fin de sa vie s'accoutrant d'un manteau de paille de riz qui remémore l'habillement des insurgés paysans du régime Tokugawa. Il resta aussi un partisan farouche de la Constitution (instaurée en 1890) qu'il ne cessa de défendre face aux exactions étatiques. En définitive, Tanaka Shôzô incarne à lui seul l'exemple même d'une pensée syncrétique entre tradition et modernité, reconnu plus tard, comme le premier écologiste de son temps.
Nuages flottants
浮雲
Sortie : 1887 (France). Roman
livre de Futabatei Shimei
Annotation :
Premier roman moderne qui dépeint la vie des petits gens de la ville en conflit entre une jeunesse nouvelle et les hommes du passé. L'ouvrage resta inachevé.
La Treizième Nuit (1894)
Jūsanya (十三夜)
Sortie : 1894. Recueil de nouvelles
livre de Ichiyô Higuchi
Annotation :
Higuchi Ichiyô est la première femme acceptée par ses homologues masculins dans le monde très restreint de la littérature. Malheureusement, elle décède de la tuberculose à l'âge de 24 ans.