Cover Lectures 2021

Lectures 2021

(en couverture : photographie de Ragnar Axelsson, de la série Faces of the North)

Liste de

8 livres

créee il y a plus de 2 ans · modifiée il y a plus de 2 ans

La Plus Secrète Mémoire des hommes
7.5

La Plus Secrète Mémoire des hommes (2021)

Sortie : 19 août 2021. Roman

livre de Mohamed Mbougar Sarr

Antoine Chevreau a mis 8/10.

Annotation :

14 octobre 2021.

"D'un écrivain et de son oeuvre, on peut au moins savoir ceci : l'un et l'autre marchent ensemble dans le labyrinthe le plus parfait qu'on puisse imaginer, une longue route circulaire, où leur destination se confond avec leur origine : la solitude."
(p. 15)

Marseille 73
6.8

Marseille 73 (2020)

Sortie : 10 juin 2020. Roman

livre de Dominique Manotti

Antoine Chevreau a mis 7/10.

Annotation :

23 octobre 2021.

"Nous sommes confrontés ici à Marseille à une vague de terrorisme anti-immigrés maghrébins, dans le prolongement de la guerre d'Algérie, et sans doute dans le prolongement du terrorisme de l'OAS. Et apparemment, la consigne donnée à la police et à la justice est de regarder ailleurs. Cela ne peut pas être sans conséquence. Les répercussions seront lourdes sur la société, mais aussi sur le fonctionnement de nos services. Vous le savez aussi bien que moi."
(p. 89)

L’Histoire est une littérature contemporaine
7.1

L’Histoire est une littérature contemporaine

Manifeste pour les sciences sociales

Sortie : 11 septembre 2014 (France). Essai

livre de Ivan Jablonka

Antoine Chevreau a mis 8/10.

Annotation :

28 octobre 2021.

"Ce constat incite à considérer la fiction autrement, non comme une représentation (fût-elle stupéfiante de réalisme), mais comme une opération cognitive. La fiction n'est plus un calque, le dédoublement d'un "donné" qu'on appelle le réel ou l'Histoire, mais un outil qui aide à construire un savoir sur le monde. Au lieu de considérer, comme dans la théorie du reflet, que des faits déjà là sont repris par le roman, on peut supposer que certaines fictions participent d'un raisonnement capable d'établir des faits."
(p. 196)

Cyrano de Bergerac
8.2

Cyrano de Bergerac (1897)

Sortie : 1897 (France). Théâtre

livre de Edmond Rostand

Antoine Chevreau a mis 9/10.

Annotation :

7 novembre 2021.
Au théâtre Ranelagh, Jean-Philippe Daguerre à la mise en scène.

"Plus tu me prends de coeur, plus j'en ai !..."

Six Promenades dans les bois du roman et d'ailleurs
8.2

Six Promenades dans les bois du roman et d'ailleurs (1994)

Six Walks in the Fictional Woods

Sortie : 1996 (France). Essai

livre de Umberto Eco

Antoine Chevreau a mis 8/10.

Annotation :

11 novembre 2021.
Poursuivre les lectures théoriques sur la fiction et ses vérités. Ici sur la place du lecteur. Court essai conseillé pour entrer dans le travail d'Umberto Eco, je commence moi-même le chemin.

"Le lecteur empirique, c'est tout le monde, nous tous, vous et moi, quand nous lisons un texte. Il peut lire de mille manières, aucune loi ne lui impose une façon de lire, et souvent, il utilise le texte comme réceptacle de ses propres passions, qui proviennent de l'extérieur du texte ou que le texte suscite fortuitement en lui."
(p.15)

"Outre certaines autres raisons esthétiques - très importantes -, je pense que nous lisons des romans parce qu'ils nous donnent le sentiment confortable de vivre dans un monde où la notion de vérité ne peut être remise en question, alors que le monde réel semble être beaucoup plus insidieux. Ce "privilège aléthique" des mondes narratifs nous aide même à mettre au jour quelques paramètres pour savoir si la lecture d'un texte narratif franchit ce que j'ai appelé ailleurs "les limites de l'interprétation"."
(p.97)

Le Bateau-usine
7.9

Le Bateau-usine (1929)

Kanikōsen

Sortie : 9 octobre 2009 (France). Roman

livre de Takiji Kobayashi

Antoine Chevreau a mis 7/10.

Annotation :

16 novembre 2021.
Traduction et superbe postface d'Évelyne Lesigne-Audoly.

"L'un des étudiants se souvint d'une représentation des enfers qu'il avait vue étant enfant dans un pavillon mal éclairé d'un temple bouddhique où sa grand-mère l'avait emmené. Avec ses yeux d'enfants, il avait cru voir des sortes de pythons rampants dans des marécages. C'était un tableau tout à fait similaire qu'il avait maintenant sous les yeux. - La fatigue du surmenage les empêchait paradoxalement de dormir. Au beau milieu de la nuit la pénombre du "merdier" était plein de bruits. Il y avait des grincements de dents lugubres, stridents comme des coups de lames sur du verre, des gars qui parlaient en dormant, des cris soudains provoqués par les cauchemars."
(p. 68)

Le Bruit du temps
7.7

Le Bruit du temps (1925)

(traduction Edith Scherrer )

Sortie : 1988 (France). Récit

livre de Ossip Mandelstam

Antoine Chevreau a mis 8/10.

Annotation :

20 novembre 2021.
Christian Bourgeois éditeur, traduction Édith Scherrer.

"Je désire non pas parler de moi, mais épier le siècle, le bruit et la germination du temps. Ma mémoire est hostile à tout ce qui est personnel. Si cela dépendait de moi, je ne ferais que grimace au souvenir du passé. Je n'ai jamais pu comprendre les Tolstoï et les Aksakov, les petits-fils Bagrov, amoureux des archives familiales avec leurs épopées de souvenirs domestiques. Je le répète, ma mémoire est non pas d'amour, mais d'hostilité, et elle travaille non à reproduire, mais à écarter le passé. Pour un intellectuel de médiocre origine, la mémoire est inutile, il lui suffit de parler des livres qu'il a lus, et sa biographie est faite. Là où, chez les générations heureuses, l'épopée parle en hexamètres et en chronique, chez moi se tient un signe de béance, et entre moi et le siècle gît un abîme, un fossé, rempli du temps qui bruit, l'endroit réservé à la famille et aux archives domestiques. Que voulait dire ma famille ? Je ne sais. Elle était bègue de naissance et cependant, elle avait quelque chose à dire. Sur moi et sur beaucoup de mes contemporains pèse le bégaiement de la naissance. Nous avons appris non à parler, mais à balbutier et ce n'est qu'en prêtant l'oreille au bruit croissant du siècle et une fois blanchit par l'écume de sa crête que nous avons acquis une langue."
(p. 97)

Croire aux fauves
7.6

Croire aux fauves

Sortie : 10 octobre 2019 (France). Récit

livre de Nastassja Martin

Antoine Chevreau a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

5 décembre 2021.

"Cette nuit-là, j'écris qu'il faut croire aux fauves, à leurs silences, à leur retenue ; croire au qui-vive, aux murs blancs et nus, aux draps jaunes de cette chambre d'hôpital ; crorie au retrait qui travaille le corps et l'âme dans un non-lieu qui a pour lui sa neutralité et son indifférence, sa transversalité. L'informe se précise, se dessine, se redéfinit tranquillement, brutalement. Désinnerver réinnerver mélanger fusionner greffer. Mon corps après l'ours après ses griffes, mon corps dans le sang et sans la mort, mon corps plein de vie, de fils et de main, mon corps en forme de monde ouvert où se rencontrent des êtres multiples, mon corps qui se répare avec eux, sans eux ; mon corps est une révolution."
(p.76)

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