Lectures 2025

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Après Tolstoï il fallait bien m'attaquer à au moins une oeuvre de Dostoïevski. C'est chose faite et bien faite avec ce classique des classiques. Même si au départ j'ai failli plusieurs fois abandonné ma lecture je ne peux que rendre grâce de ne pas l'avoir fait. On a beau le savoir, l'auteur russe a bel et bien l'art de décrire la psychologie humaine dans sa plus grande complexité. Et même si les débats et enjeux liturgiques n'ont pas été du plus grand intérêt à mes yeux, contrairement à beaucoup d'autres lecteurs j'ai l'impression, c'est bien Aliocha le plus sage des trois (disons même quatre) frères qui m'a le plus captivé. Dostoïevski donne une certaine hora à ce personnage de par son innocence voir sa naïveté là où Dmitri est trop impulsif et irraisonnable.

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Quelques longueurs surtout quand le personnage principal (narrateur et auteur qui plus est) se fait théoricien politique avec des réflexions parfois datées mais originale. A commencer par ce parcours du jeune Randal devenu voleur parce que volé par son oncle et parce que la société des nantis n'a pas plus de morale en la matière. Une morale qui, à l'en croire, est forgé plus pour bridé les plus modestes que pour servir le peuple et l'intérêt commun d'une minorité de nantie. On en attend pas moins d'un auteur classé anarchiste. Sinon les intrigues de ce voleur à principe sont plutôt réjouissant avec des personnages et des situations haut en couleur. La vision de l'amour est assez libertine. Celle de la société peut paraître manichéenne avec des prolétaires qui font avec les cartes qu'ils ont en main et des bourgeois avare et dédaigneux. L'adaptation de Louis Malle dans son film est largement librement inspiré.

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Première lecture de Constance Debré qui ne m'a pas totalement convaincu mais m'intrigue assez pour réitérer l'expérience. Je me dis que peut-être je n'ai pas commencé par le bon. Au moins le style à le mérite d'être limpide, simple. L'ancienne avocate en a gros en tout cas contre le système judiciaire et son point de vue un peu trop misérabiliste de la société reste quelque fois pertinent.

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"L'intimité du camp est faite de cette bureaucratie dirigeante, des passions qui la traversent, des intrigues pour le pouvoir, des aventures de son personnel supérieur dans le réseau compliqué des combinaisons S.S. Il en résulte corruptions et violences pour le commun des concentrationnaires, exaspération des appétits et des haines, approfondissements des dissensions nationales et personnelles, aggravation sinistre des conditions de vie."

David Rousset est un prisonnier politique déporté à Buchenwald et au camp de concentration de Neuengamme. Dans son témoignage, il est le premier rescapés à décrire avec minutie le mécanisme de l'univers concentrationnaire et rien que par ces quelques mots il en démontre le plus sordide. On y voit les batailles internes pour le moindre petit pouvoir ou comment les SS réussissent à monter les prisonniers les uns contre les autres notamment avec la nomination des kapos. Dans ces camps de travail se divisent les prisonniers politiques et ceux de droits communs, véritables criminels plus assouvis aux pouvoirs des S.S. Diviser pour mieux régner, les nazis l'auront ici bien compris. Le dernier chapitre est le plus émouvant laissant place davantage à l'hommage aux amis révolutionnaires et la dénonciation du capitalisme dont l'univers concentrationnaire ne serait que l’expression paroxystique.

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En parlant littérature irlandaise que je connais peu, un estimable connaisseur m'a conseillé ce livre : j'ai lu et j'ai été conquis. L'histoire parallèle de deux potes, deux paumés, l'un catholique, l'autre protestant dans leurs galères et leurs petites victoires. Dans le contexte et le lieu on imagine bien l'importance de préciser leurs confessions respectives même si ils n'en font pas eux-mêmes grand cas. Les autres s'en chargent. Et pourtant l'histoire tourmentée et les violences qui y sont liés ne font qu'accompagner les vicissitudes de Jake et Chuckie. Les évènements sont parfois tourné même en dérision sauf dans un chapitre sublime par sa cruelle amertume lorsque que l'auteur décrit sans filtre un attentat à la bombe. Un chapitre qui succède à une déclaration plus poétique à son bastion irlandais. Au départ il y a ce sigle tagué sur les murs, OTG, source de toutes les inquiétudes, les fantasmes mais aussi de ridicule. Le ton de l'auteur, son style renvoie au plus grands auteurs de style populaire anglo-saxons, un James Joyce moderne qui aurait trop traîné au Pub avec Bukowski entre autres.

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Je digère encore ce livre troublent, déconcertant sur la transmission, l'héritage psychique, le cercle vicieux de la violence psychologique, physique et sexuelle. Tout est construit autour de cette relation malsaine car interdépendante entre une mère et sa fille (mère qui tient elle même de sa propre mère). Tout est décrit à travers les yeux d'Elsa à 7 ans puis 30 ans. Jamais les mots concret tel que inceste ne sont prononcés tout simplement parce que c'est ce qu'elle vit à l'instant, sa normalité et qui n'a pas besoin d'être nommé. La force de l'écriture de l'autrice est de décrire justement les instants les plus difficiles dans une triste normalité d'un quotidien bien lourd et qui ouvre à la réflexion par ses non-dits.

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Une des nouvelles les plus connus qui garde le charme du style romantique de l'auteur autrichien mais qui n'a pas aussi bien vieilli que Le joueur d'échecs pour moi.

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Tommy Orange avait fait sensation à la sortie de se livre qui offre un regard parfois drôle mais aussi désenchanté de la communauté amérindienne actuelle.

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Je n'ai pas l'habitude de lire ce genre de littérature entre fantastique, dystopie et policier mais je me suis laissé tenter sur les conseils d'une bibliothécaire et parce qu'on me promettait une œuvre digne héritier de Twin Peaks. Soyons franc ça n'ai pas pour son style littéraire que brille ce livre. Mais bien par son histoire addictive qui n'est pas tout à fait à la hauteur du chef d'œuvre de David Lynch mais en garde toutefois l'esprit. C'est une lecture divertissante, facile à lire pleine de rebondissement. On pense aussi à un scénario au scénario le plus pervers. A voir si la suite est aussi trépidante.

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Le style et le sens de la formule sont les deux atouts essentielles du texte de Marie Richeux. On sent parfois l'influence durasienne sans en être un pastiche. Il est beaucoup question de filiation, d'héritage, une étrange lignée de fille mère. Et tout au long du livre il y a le portrait tendre mais sans mièvrerie de la tante F. On se perd un peu dans les recherches notamment sur le textile qui a souvent permis aux aïeux de Marie à subvenir mais ce n'est pas désagréable à suivre.

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Une œuvre radicale dans la lignée du Mars de Fritz Zorn à ceci près que la mort de l'auteur est ici choisi comme on s'en doute et qu'il n'y a pas ou d'humour. Les deux partages pour autant un ton désabusé de l'existence et ses conventions. L'utilisation de la deuxième personne au singulier m'a laissé un peu perplexe mais je suis arrivé à m'y faire pour voir au-delà, l'expérience humaine et le témoignage poétique.

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Bon je pense que Constance Debré c'est pas trop pour moi. Le style est assez vide avec de la provocation gratuite de petite bourgeoise qui fait sa crise existentielle.

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Avec L'Amant, il s'agit peut-être de l'autre grand classique de Marguerite Duras. Et pourtant, ayant redécouvert l'autrice depuis l'année dernière qui m'avait complétement convaincu de son talent littéraire avec La Vie matérielle, je ne conseillerais à personne de commencer par l'un ou l'autre. Car disons-le le style durassien à quelque chose de particulier qui peut nous perdre comme ça été le cas parfois durant cette lecture. Et pourtant il serait dommage de passer à coté d'une telle sensibilité et singularité littéraire. Je suis très heureux d'avoir pu lire ce classique sur la figure immuable de Lol V. Stein. Mais je sais qu'il ne restera pas dans mes favoris de l'écrivaine. Peut-être à relire plus tard ?

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Un deuxième tome bien mené, plus inattendu et palpitant que le premier avec des dialogues un peu mieux écrits aussi. La fin laisse sans voix.

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Ici James Baldwin explore la quête amoureuse parfois destructrice dans un Paris des années 50, où il est question d'identité sexuel et de perversité narcissique à travers le personnage controversé, homosexuel misogyne, le beau Giovanni. Un sujet peu commun à l'époque abordé avec grande minutie dans les sentiments explorés par l'auteur américain (lui-même homosexuel).

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Je redoutais cette lecture de par son sujet mais je savais qu'il me fallait passer outre pour découvrir l'une des œuvres majeures du XXe siècle. Évitant le sordide tout en nous confrontant sans ambiguïté à la pédophilie, le style de Nabokov est d'une redoutable splendeur. Mais qu'on ne si trompe pas, Humbert Humbert est un homme ridicule dont on ne trouvera aucune excuse.

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Un essai d'anthropologie d'un chercheur sans partie pris qui ouvre pas mal les yeux sur notre rapport aux animaux, leurs exploitations mais aussi l'hypocrisie autour de la chasse. D'abord parce qu'il n'y a pas qu'une chasse. Et notre rapport à la mort des animaux que l'on préfère cacher dans les abattoirs mais que l'on n'accepte pas dans la chasse. Difficile de résumer correctement les propos de ce livre riche en réflexion mais avec un style limpide et agréable. Note spéciale consacrée au chapitre sur les perdrix, fascinant autant qu'acablant.

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Tristan Eglof, trop tôt disparu, a surement réussi en un livre à devenir l'héritier littéraire de Steinbeck et Faulkner à la fois. Si ce n'est la dernière partie qui traine un peu trop en longueur à mon goût, l'auteur déballe à un rythme effréné le chemin perturbé de John, mal mené dans sa petite ville de Baker et dont il saura se venger. La grève que sont père n'a pas pu mené, lui la fera et transformera la ville en tas d'ordure, poussant ces habitants aux pires débordements. On y retrouve le style parfois cru et violent ainsi que le portrait acerbe d'une société de faux semblants et de marginaux.

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Après avoir remis maintes fois à plus tard ma lecture j'ai enfin lu Aragon et qui plus est l'une de ses œuvres les plus saluées. Ça n'a pas été facile de m'y mettre mais une fois adapté à son style et embarqué dans ce qui pourrait se résumer en une énième histoire d'amour impossible je savais que j'avais entre les mains une œuvre majeure du XXe siècle. Pour autant je garde toujours quelques réticences et je ne pense pas qu'Aragon fera partie de mon panthéon personnel. Ce qui est intéressant c'est de suivre le personnage d'Aurélien pessimiste, aux illusions perdues après son retour des tranchées mais qui n'échappe pourtant pas aux affres et à la déraison de l'amour pour Bérénice. On traverse aussi les mondanités intellectuelles et bourgeoises de l'époque avec des formulations détaillées qui donnent un côté proustien. J'ai une petite tendresse pour ces vieilles collections "Livre de poche" même si ils ne facilitent pas toujours la lecture avec une taille de police bien souvent trop petite.

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Classique des classiques, j'aime profiter des vacances pour m'attaquer à ce genre de pavé. On m'avait prévenu mais c'est vrai qu'on peut être surpris par le souci presque encyclopédique de Melville pour décrire la vie et fonctionnement des baleiniers. On saura tout ce que l'on pouvait savoir à l'époque sur l'anatomie des cachalots et baleines voir comment les décortiquer. Pour le reste, l'histoire est connu: la vengeance aveugle du capitaine Achab contre la baleine blanche Moby Dick qui lui a valu de perdre une jambe. Ce que l'on découvre c'est le message de tolérance pour l'époque surtout dans la première partie avec la rencontre surprenante et drôle entre Ishmael et Queequeg.

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Première lecture d'Alexandre Dumas, un de ses classiques dont on ne retrouve pas grand chose de l'adaptation de Patrice Chéreau mais peu importe. Alexandre Dumas a la bonté d'encrer son histoire sans trop de description à rallonge dans un contexte pourtant complexe et sanglant de guerre de religion. Le récit commence avec le tristement célèbre massacre de la Saint Barthélémy des huguenots par les catholiques. Le futur Henri IV, lui même protestant mais repenti, doit alors prendre garde à sa vie et ses proches partisans. Pour cela il peut compter sur l'alliance et la complicité de Margot. Les deux époux ont été pourtant fait mari et femme dans un mariage d'intérêt et non d'amour. Mais ils doivent tout deux faire face aux pièges et complots fomentés par la reine mère Catherine de Médicis. Enfin un auteur du XIXe siècle qui laisse la place à l'intrigue. L'écriture est d'un grand classicisme, il fallait si attendre, avec un sens du rythme et des rebondissements qui emporte facilement le lecteur même si on pourrait être quelque peu déçu par l'importance relative du personnage de la reine Margot, pourtant rôle-titre de ce roman.