Les grands romans jeunesse, tellement grands qu'on finit par oublier qu'ils sont destinés aux enfants

Annotation :

Que dire, à part que c'est mon roman jeunesse préféré - et sans doute l'un des romans préférés tout court ?
Bref, épuré, porté par une écriture fluide et lumineuse, accessible à partir de 12 ans, "Le Passeur" est une merveille d'intelligence, un véritable roman philosophique qui confronte ses lecteurs à des questionnements fondamentaux sur l'amour, la guerre, les inégalités, la souffrance, la tendresse...

Lois Lowry ne néglige jamais pour autant la mécanique du suspense, mise en place avec subtilité dans les deux premiers tiers du roman, pour mieux jeter Jonas, le héros du roman, dans les affres d'un dilemme terrible et dans une fin aussi haletante qu'émouvante.

A noter que deux autres romans complètent celui-ci : "L'Elue" (où il n'est pas question de Jonas ni de son monde) et "Messager (où l'on retrouve Jonas adulte, ainsi que l'héroïne de "L'Elue"). L'un et l'autre également intéressants, mais moins forts que ce "Passeur" tout simplement exceptionnel.

Annotation :

Alors, oui, le premier tome de la saga est de loin le plus accessible aux jeunes lecteurs (à partir de 8 ou 9 ans pour les meilleurs) : écrit simplement, facile à lire, plein de péripéties rigolotes, animé par un mystère binaire (Rogue, grand méchant ou pas ?) et traversé de considérations souvent plate-bandes. Des sept romans de la série, c'est incontestablement le plus enfantin. Mais le travail de J.K. Rowling étant ce qu'il est, c'est-à-dire hyper bien pensé, beaucoup plus ambitieux et moins manichéen que ses détracteurs se complaisent à le dire, il est impossible de laisser de côté la clef d'entrée de l'oeuvre globale.

Annotation :

Ce deuxième tome a longtemps été celui que j'aimais le moins. Peut-être que, passé l'effet de surprise du premier tome (ah oui, c'est de la littérature pour la jeunesse, mais c'est quand même fichtrement bien !), celui-ci paraissait déjà plus convenu, moins original. Je le trouvais aussi moins bien écrit - ou moins bien traduit... Il faudra que je le lise en anglais pour me prononcer définitivement sur ce sujet.

Cependant, après l'avoir relu récemment, éclairé du jour nouveau que représente l'ensemble de la saga, on voit déjà y poindre des thématiques beaucoup plus ambitieuses et moins enfantines qu'une simple chasse au basilic géant. Outre la critique, facile mais amusante, du star system à travers le personnage de Gilderoy Lockhart, J.K. Rowling met en place le sous-texte qui soutient toute la saga, à savoir les références à la Seconde Guerre mondiale, au nazisme (Salazard Serpentard... S.S., quand même !), à l'épuration ethnique, à la pureté de la race, etc.
En ce sens, même s'il reste plein d'aventure, de mystère et d'un accès facile aux jeunes enfants, ce deuxième tome apparaît comme le véritable fondement de la série Harry Potter, bien plus que le premier volume qui n'est qu'une présentation des personnages et une mise en place générale des intrigues.