Les Inrocks Spécial n°200 - Critiques films

Des livres, des disques, des films magnifiques ou passionnants, toujours attachants. Pas nécessairement des oeuvres d'inconnus, mais aussi des merveilles négligées par les biographies officielles de stars du cinéma, de la musique ou de la littérature. Inutile de raconter les bagarres, manoeuvres et ...

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59 films

créee il y a presque 6 ans · modifiée il y a plus d’un an

Kid Blue

Kid Blue (1973)

1 h 40 min. Sortie : mai 1973 (États-Unis). Comédie, Western

Film de James Frawley

Annotation :

Où Dennis Hopper s'aperçoit qu'être hors-la-loi est un métier obsolète dans un Ouest qui déjà rêve d'ailleurs. Warren Oates veut recréer l'utopie amoureuse des anciens Grecs, un prédicateur construit une machine volante et, pendant ce temps, le grand capital recycle la mythologie du Far-West en produits dérivés. Sarcastique et tendre, ce western révisionniste d'un discret artisan de la TV (Colombo, les Muppets) soutient la comparaison avec John McCabe d'Altman, voire le Cable Hogue de Peckinpah.

Dementia
6.4

Dementia (1955)

56 min. Sortie : 22 décembre 1955 (France). Policier, Épouvante-Horreur

Moyen-métrage de John Parker

Annotation :

Une femme court dans la nuit, c'est l'année de En quatrième vitesse ; mais les rues sont désertes comme chez Chirico, à part un fleuriste aveugle qui offre une main coupée. L'héroïne n'a pas fini de courir. Un jour, dans Etoiles et toiles, Frédéric Mitterrand avait montré cet extrait. Il disait le film invisible, son auteur, un millionnaire hanté qui avait financé de ses propres deniers ce long rêve dont ne voulait aucun studio. On a fini par le voir, en 16 mm incertain, cauchemar lacunaire entre Caligari et Eraserhead. En tout cas, on en jurerait.

Le Gai Savoir
6.1

Le Gai Savoir (1969)

1 h 32 min. Comédie dramatique, Expérimental

Film de Jean-Luc Godard

Annotation :

Juliet B. (Berto ?) n'a jamais été aussi belle, la politique rarement aussi sourde. Mai : JLG, le contrebandier, ne peut plus rien articuler, alors il susurre dans un micro aphone un journal de révolte, de faits et de désir, invente une palpitation d'images montées, une accélération de l'oeil, vingt ans avant les Histoire(s) du cinéma.. De ce montage d'éclairs, de ce tonnerre d'images, nous pouvons témoigner qu'il reste le seul journal télévisé digne d'un Mai 68 regardé (furieusement) en face.

The Fearmakers
6.5

The Fearmakers (1958)

1 h 25 min. Sortie : octobre 1958 (États-Unis). Drame, Policier, Thriller

Film de Jacques Tourneur

Annotation :

Ce spéléologue de l'ombre qu'était Tourneur s'attaque ici... aux instituts de sondage ! Mais ne pas attendre de la part de notre sculpteur de la nuit favori une fiction de gauche ­ ni de droite d'ailleurs. En poète éternellement hanté par les ténèbres, Tourneur voit les instituts de sondage et les élites médiatico-politiques comme une secte dangereuse qui manipule les masses : c'est la part documentaire du film. Washington et ces célèbres monuments, symboles de la démocratie américaine, sont ici filmés comme un cauchemar expressionniste. Heureusement, le fragile mais obstiné Dana Andrews veille.

Du Pôle à l'Équateur
7.7

Du Pôle à l'Équateur (1987)

Dal Polo all'Equatore

1 h 38 min. Sortie : 19 septembre 1987 (Italie).

Film de Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi

Annotation :

Deux archivistes décomposent un sommeil vieux de soixante-quinze ans. Le cinéma muet est suffisamment incunable comme ça. Le cinéma expérimental est assez défoncé comme ça. Le temps s'est assez résorbé comme ça. L'image est assez attaquée comme ça. La lumière du projecteur bat assez comme ça. Mon pouls s'est assez ralenti comme ça. Je suis assez addict de ça: le temps, dans sa version de cellulose.

Routine Pleasure

Routine Pleasure (1986)

1 h 20 min. Sortie : 1986 (France).

Film de Jean-Pierre Gorin

Annotation :

Où l'on retrouve Jean-Pierre Gorin, membre éminent du groupe Dziga Vertov, réalisateur de Tout va bien au côté d'un certain Jean-Luc Godard, tombé au champ de déshonneur du maoïsme français, avant de réapparaître vers San Diego en professeur de cinéma et en grand documentariste. En se penchant sur de doux cinglés de trains électriques, Gorin en profite pour parler du paysage américain, du mythe et de ses transformations, de son pays d'accueil et de sa place de cinéaste. Drôle et malin, son film fictionne plus et mieux qu'une superproduction.

Le Professeur
6.6

Le Professeur (1972)

La prima notte di quiete

1 h 52 min. Sortie : 18 octobre 1972 (France). Drame, Romance

Film de Valerio Zurlini

David Mennessier a mis 7/10.

Annotation :

Si Zurlini est maintenant considéré comme un immense cinéaste, Le Professeur demeure son chef-d'oeuvre méconnu. Exploité en France dans une version raccourcie, ce film est pourtant le sommet du romantisme zurlinien, malade et sans issue, poisseux et sans illusions. Portée par un Delon au sommet de son art, mélancolique et déglingué, cette histoire d'amour fou et de malédiction sociale laisse un sentiment de somptueux désastre. D'autant qu'à la beauté malade de Rimini s'ajoute le charme mortifère de Sonia Petrova. Un sommet de viscontisme

Le Survivant
6

Le Survivant (1971)

The Omega Man

1 h 38 min. Sortie : 24 novembre 1971 (France). Action, Science-fiction, Thriller

Film de Boris Sagal

Annotation :

Dans cette adaptation du classique Je suis une légende de Richard Matheson, Charlton Heston est le dernier homme sain sur terre après qu'un virus a décimé la population de la planète (dans une scène restée célèbre, il se projette en boucle Woodstock dans un immense cinéma vide). La nuit, notre surhomme futuriste doit lutter contre une secte de renégats contaminés, transformés en vampires médiévaux. L'utilisation du Scope pour filmer Los Angeles désertifié est impressionnante et Le Survivant difficile à oublier, surtout si on l'a vu à 13 ans, un mercredi après-midi.

Une aventure de Billy le Kid
5.7

Une aventure de Billy le Kid (1971)

1 h 20 min. Sortie : 25 janvier 1971. Comédie, Western

Film de Luc Moullet

Annotation :

Tandis qu'une Nico des montagnes glapit le célèbre slogan fullérien "A girl is a gun", Jean-Pierre Léaud, campant le fameux hors-la-loi, parle "indien" sous-titré en anglais, se bat contre des cowgirls impitoyables et s'extirpe, par la seule force de sa nuque, en Munchhausen pistolero, d'une faille rocheuse où on l'a emprisonné, au fond d'un canyon de Haute-Provence. Le voir ne suffit pas pour le croire, surtout quand le projectionniste introduit de l'aléa dans les bobines. A moins que... On en frissonne.

Le cirque des horreurs
5.8

Le cirque des horreurs (1960)

Circus of horrors

1 h 31 min. Sortie : 1960 (France). Épouvante-Horreur

Film de Sidney Hayers

Annotation :

Un chirurgien esthétique, un rien maniaque, est obligé de changer d'identité et trouve refuge dans un cirque, constituant une troupe d'anciens criminels et de femmes défigurées auxquelles il a redonné un visage. Le thème du savant fou et l'univers forain réconciliés par ce sommet du film d'épouvante anglais, aussi perversement logique dans son scénario que flamboyant dans sa facture. Et il est difficile de ne pas y voir une parodie du personnage de James Stewart dans Sous le plus grand chapiteau du monde, médecin devenu clown car meurtrier par amour.

Une folle envie d'aimer
5.9

Une folle envie d'aimer (1969)

Orgasmo

1 h 31 min. Sortie : 18 juillet 1972 (France). Comédie dramatique

Film de Umberto Lenzi

Annotation :

Cinéaste opportuniste, Lenzi a donné le meilleur de lui-même dans une vénéneuse trilogie aux ingrédients immuables : histoire de manipulation et de folie, entre Aldrich et Répulsion, combinatoire érotique, hallucinations psychédéliques, pour des récits piégés et troublants où héroïne et spectateurs s'abandonnent à un vertige des sens. Suprême abîme : un visage de femme (ici Carroll Baker, ex-Baby doll), toujours opaque, toujours double. C'est la leçon de Vertigo que Lucio Fulci récrivait au même moment dans Perversion story.

Le Porteur d'eau est mort

Le Porteur d'eau est mort (1977)

السقا مات

1 h 40 min. Sortie : 20 novembre 1977 (Égypte).

Film de Salah Abou Seif

Annotation :

Aussi grand que Chahine, ce pilier du cinéma égyptien, souvent associé à Naguib Mahfouz, excellait autant dans la fresque épique que dans les drames sociaux violemment incarnés qui ont fait sa gloire. Mais ce film de vieillesse, porté par l'immense Farid Chawki, transcende toutes les catégories. C'est une histoire de deuil surmonté, de mort filmée depuis la tombe (tentation dreyérienne) et de survie têtue et sensuelle, dont les constantes ruptures de ton n'ont guère d'équivalent que chez Ford.

1974, une partie de campagne
7

1974, une partie de campagne (2002)

1 h 30 min. Sortie : 20 février 2002 (France). Politique

Documentaire de Raymond Depardon

David Mennessier a mis 8/10.

Annotation :

Toujours bloqué par Valéry Giscard d'Estaing, coproducteur et principal "acteur" de ce document unique, 50,81 % n'a été projeté que dans les festivals et lors de quelques séances clandestines. Depardon n'a pourtant pas cherché à piéger Giscard. En se souvenant de Primary de Richard Leacock, il a montré de l'intérieur comment fonctionne la machine politique. S'il est normalement manoeuvrier et plus "bête politique" que jamais, Giscard y apparaît comme plutôt ouvert et sympathique, figure du bourgeois contemporain et éclairé. Allons, Valéry, encore un effort pour être moderne !

Nature Morte

Nature Morte

1 h 29 min. Drame

Film de Sohrab Shahid Saless

Annotation :

A l'instar du cinéaste, mort dans l'oubli à Chicago l'été dernier, le héros de Nature morte, un vieux garde-barrière, vit en ermite avec sa femme près d'une voie de chemin de fer perdue dans la campagne. Routine ascétique, gestes lents et mécaniques, souvent filmés en longs plans-séquences. On pense à Ozu en plus dépouillé : dialogues et psychologie réduits, litotes à foison. Immense pudeur du vieil homme qui n'échange pas trois mots avec son fils, mais qui en le voyant dormir s'inquiète de sa maigreur. Plan sublime du départ du fils vu de loin à travers une vitre sale.

Mon XXe siècle
7.2

Mon XXe siècle (1989)

Az én XX. századom

1 h 44 min. Sortie : 10 février 1990 (France). Comédie, Drame, Science-fiction

Film de Ildikó Enyedi

Annotation :

A la fin du siècle dernier, deux jumelles, Lili, anarchiste, et Dora, voleuse de charme, sont courtisées par le même homme et parcourent le monde. Ce film mosaïque, placé sous le signe de l'électricité et de la zoologie, est une féerie souvent nocturne, au noir et blanc raffiné proche du style classique hollywoodien, mais à la narration impressionniste, décousue, pleine de fantaisie. Après cette dense première oeuvre, la prometteuse cinéaste n'a plus donné de nouvelles, jusqu'à son retour, il y a peu, avec une fiction de la série télé 2000 vu par...

Lettre pour un ange

Lettre pour un ange

2 h. Drame

Film

Annotation :

(de Garin Nugroho)
Sauvage, primitif, naïf, le meilleur film de Nugroho se déroule sur une île perdue d'Indonésie où un chef de gang sanguinaire déguisé en Elvis Presley sème la terreur dans les villages, pendant qu'un enfant rêveur de 9 ans découvre le pouvoir magique de l'image photographique. Cette oeuvre semi-documentaire (avec sacrifices d'animaux, guerre tribale, cérémonies funéraires), filmée au jugé, aussi fruste que poétique, cruelle qu'onirique, dépasse tout ce que les surréalistes les plus barrés (Buñuel compris) auraient osé imaginer.

Les Bons Débarras
7.7

Les Bons Débarras (1980)

1 h 55 min. Sortie : 29 février 1980 (France). Comédie dramatique

Film de Francis Mankiewicz

Annotation :

Sorti en France cinq ans après sa réalisation, ce chef-d'oeuvre méconnu du cinéma québécois est l'une des descriptions les plus intenses d'une relation passionnelle entre un enfant et sa mère. Dans cette oeuvre lyrique, située dans le contexte de la vie quotidienne d'une famille marginale, la lecture des Hauts de Hurlevent par une adolescente (incroyable Charlotte Laurier) devient le terreau d'un terrorisme amoureux visant à détruire tout ce qui s'interpose entre elle et sa chère maman. Pour Mankiewicz (neveu de Joseph), l'amour, c'est la guerre.

Le Plein de super
7.2

Le Plein de super (1976)

1 h 37 min. Sortie : 7 avril 1976. Comédie dramatique

Film de Alain Cavalier

David Mennessier a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Cavalier n'avait rien tourné depuis huit ans lorsqu'il signa cette comédie maussade, sorte de road-movie carburant à la testostérone : quatre hommes se retrouvent dans une bagnole que l'un d'entre eux est chargé de convoyer vers le sud de la France. Chacun a laissé derrière lui des embrouilles sentimentales qui le rattrapent en route, via les aires de service, et les rancoeurs battues en neige à mesure que défile le paysage autoroutier. A travers la déconne crue et cul de ces apprentis machos mal dans leur vie s'ébauche une réponse au féminisme radical qui dominait l'époque.

La Mort en prime
6.5

La Mort en prime (1984)

Repo Man

1 h 32 min. Sortie : 19 juin 1985 (France). Action, Comédie

Film de Alex Cox

Annotation :

Le désert Mojave, les friches suburbaines de LA, une Chevrolet Malibu au coffre surprenant, un Emilio Estevez en pleine période punky et en plein décollage, un Harry Dean Stanton deanstantonesque (génial, tout simplement), Iggy sur la bande-son, des répliques et des scènes cultissimes sur tous les campus de l'époque, le Kiss me deadly d'Aldrich en référence suprême.

Mona et moi
6.4

Mona et moi (1990)

1 h 30 min. Sortie : 4 avril 1990. Comédie dramatique

Film de Patrick Grandperret

Annotation :

Ne pas oublier que son précédent film s'intitulait Courts-circuits. Avec Mona, et sous l'égide du romantisme destroy de Johnny Thunders, Grandperret faisait s'accoupler les pôles de la fiction et du documentaire, plaquait ses plans avec la même fièvre brouillonne et incandescente que le loser magnifique ses accords, trouait son récit comme l'autre lardait ses veines. Les deux doigts dans la prise, le cinéma français s'en trouvait tout électrisé.

Le Plongeon
7.8

Le Plongeon (1968)

The Swimmer

1 h 35 min. Sortie : 18 septembre 1968 (France). Drame

Film de Frank Perry

David Mennessier a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

Découvert au Festival de Locarno 97, The Swimmer est un authentique chef-d'oeuvre caché. D'abord, parce que Perry n'est pas estampillé "auteur", ensuite, parce que c'est un pur prototype, sans ascendance ni descendance. Situé dans un monde très easy et très sixties, plein de fêtes élégantes et de légèreté de vivre, le film retrace le calvaire aquatique d'un homme qui a perdu tout contact avec le réel. De piscine en piscine, Burt Lancaster y exhibe un corps splendide mais déjà marqué par le doute et le vieillissement. L'un des films les plus étranges de toute l'histoire du cinéma.

L'Ange
7.1

L'Ange (1984)

1 h 04 min. Sortie : 4 avril 1984 (France). Animation, Fantastique, Expérimental

Film de Patrick Bokanowski

Annotation :

Approche obsessionnelle et démultipliée du réel, théâtralité extrême, humains comme des poupées mécaniques au masque figé, musique lancinante : la répétitivité des rituels organisés par Patrick Bokanowski dans son unique long métrage laisse planer un danger imminent bien qu'abstrait. Dépourvu de dialogues comme de récit, le film est composé d'une suite de scènes de genre inspirées par la peinture ancienne, entrecoupées par l'image récurrente d'une silhouette gravissant un escalier sans fin. La plus belle expérience plastique du cinéma français.

Cocksucker Blues
6.8

Cocksucker Blues (1972)

1 h 33 min. Sortie : 1972 (États-Unis). Musique

Documentaire de Robert Frank

Annotation :

Sollicité par les Rolling Stones eux-mêmes pour filmer leur tournée américaine en 1972, alors qu'il vient de réaliser la pochette de leur disque, Exile on Main Street, Robert Frank s'attarde sur les à-côtés sulfureux de leurs concerts. Et découvre la défonce comme mode de vie, partagée entre les drogues et le sexe, avec un peu de musique pour accompagner le festin nu. Les images de Keith Richard et de sa copine shootés au dernier degré, de Mick Jagger moulé dans sa petite culotte, déambulant dans sa chambre à coucher, illuminent Cocksucker blues. En captant au plus près la vie extrême de ces temps morts ­ la vie en avion, à l'hôtel ­, le photographe et cinéaste suisse offre des Stones une image à la hauteur de leur réputation. Qu'ils refusent pourtant d'assumer puisque le film n'a jamais pu être distribué, pour cause de subversion aggravée et aggravante.

Point limite zéro
7.4

Point limite zéro (1971)

Vanishing Point

1 h 39 min. Sortie : 12 mai 1971 (France). Drame, Road movie, Action

Film de Richard C. Sarafian

Annotation :

Oubliez Easy Rider et Sugarland express, le road-movie ultime de la charnière contestataire 60-70's : c'est Vanishing Point, course folle gonflée aux amphètes, gorgée de soul vintage et des imprécations de Cleavon Little. Le final sucidaire, qui voit la Dodge Challenger de Kowalski s'immoler contre un barrage de Caterpillar, n'a rien à envier aux explosions apocalyptiques qui clôturaient Zabriskie Point. Le groupe anglais Primal Scream, pas le dernier dépositaire du bon goût, ne s'y était pas trompé en rendant hommage à Sarafian avec leur dernier album.

Celles qu'on n'a pas eues
6

Celles qu'on n'a pas eues (1981)

1 h 46 min. Sortie : 25 février 1981 (France). Comédie

Film de Pascal Thomas

Annotation :

Cinéaste sensible, doué pour filmer le bonheur, directeur d'acteurs sous-estimé (Menez n'a jamais été meilleur sinon chez Rozier, Ceccaldi, idem, sinon chez Truffaut), Pascal Thomas a très vite été confiné dans des valises, de "naturalisme lyrique bourgeois" à "nouveau naturel publicitaire". Celles qu'on n'a pas eues est son film le plus âpre. Le sketch du thanatopracteur, en particulier, est proprement ahurissant.

Cutter's Way - La Blessure
7

Cutter's Way - La Blessure (1981)

Cutter's Way

1 h 46 min. Sortie : 10 février 1982 (France). Drame

Film de Ivan Passer

Annotation :

Un des plus beaux films américains de la précédente décennie et le chef-d'oeuvre d'un cinéaste scandaleusement oublié. Fleuron de la Nouvelle Vague tchèque, contemporain et collaborateur de Milos Forman, Passer a débuté sa carrière américaine en 71 par un autre beau film oublié, Born to win. Dans Cutter's way, deux hommes et une femme (sublime Lisa Eichhorn) tentent de retrouver un peu de dignité à leurs propres yeux. Un éloge de la constance et du refus de "s'adapter". The Big Lebowski sera l'écho parodique de cette fable subtilement désenchantée.

So Dark the Night
5.6

So Dark the Night (1946)

1 h 10 min. Sortie : 10 octobre 1946 (États-Unis). Policier

Film de Joseph H. Lewis

Annotation :

Malgré une trentaine de réalisations de 1937 à 58, Joseph Lewis est resté comme l'homme d'un film, Gun crazy, qui servit de matrice à Godard pour A bout de souffle. A ce classique de série B, on peut préférer le très étrange So dark the night, l'histoire d'un homme qui enquête sur un crime et s'aperçoit progressivement qu'il en est lui-même l'auteur. Troublant par son thème, le film l'est aussi par sa structure et son esthétique : il débute comme une bluette naturaliste, une banale histoire d'amour dans une France bucolique passée au filtre des clichés américains. Puis, une inquiétante étrangeté s'insinue, la nuit prend le pouvoir et le film plonge le spectateur dans les gouffres délicieux de la schizophrénie.

Maciste contre la reine des Amazones

Maciste contre la reine des Amazones (1974)

1 h 28 min. Sortie : 15 mai 1974 (France). Aventure, Érotique

Film de Jesús Franco

Annotation :

On ne présente plus l'extravagant Jess Franco, réalisateur de plus de cent quatre-vingts films, de série B ou Z, sous différents pseudos. Maciste contre la reine des Amazones (également titré Les Amazones de la luxure et signé Clifford Brown) est une sorte de péplum grivois, mais surtout un objet filmique à peine identifiable, peut-être la chose la plus étrange conçue par ce diable de cinéaste, qui parvient ici à plonger ses plus irréductibles fans dans un état de torpeur ou de crise nerveuse. La débilité considérée comme un des beaux-arts. A consommer avec modération tout de même.

Colorado
7.4

Colorado (1966)

La resa dei conti

1 h 26 min. Sortie : 4 juin 1969 (France). Western

Film de Sergio Sollima

Annotation :

Moins connu que Leone ou Corbucci, Sollima a réalisé deux westerns italiens magnifiques, Le Dernier face-à-face et Colorado, haletante chasse à l'homme opposant un chasseur de primes (sobre Lee Van Cleef) et un péon injustement accusé de viol (génial Tomas Milian). Ou comment un petit western bis, admirablement servi par l'intelligence de sa mise en scène (une fois de plus aidée par la musique de Morricone) et l'inventivité de ses dispositifs (un duel couteau contre pistolet), est également une astucieuse métaphore politique sur la lutte des classes.

La Nuit porte-jarretelles
5.9

La Nuit porte-jarretelles (1985)

1 h 25 min. Sortie : 20 mars 1985 (France). Comédie dramatique

Film de Virginie Thévenet

Annotation :

Comédienne chez Truffaut, Chabrol, Rohmer ou Assayas, Virginie Thévenet a transformé un coup d'essai en coup de (petit) maître. Envers foutraque et amateur d'un chef-d'oeuvre répertorié (Les Nuits de la pleine lune, où elle apparaît), son film va du Palace à l'Olympic en passant par les Halles pour saisir la pulsation nocturne des si douces et si légères années 80. D'un érotisme gentillet et pré-sida, il sera revu utilement par les sociologues et les nostalgiques des Pacadis-Emaer. Et par tous les garçons qui avaient 17 ans en 84 et ne savaient encore rien faire au lit.

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