Mes sorties ciné et visionnages streaming 2025
Suite de ma liste de 2024 :
https://www.senscritique.com/liste/mes_sorties_cine_et_visionnages_streaming_2024/3726845
Planning :
Déjà sortis :
À rattraper :
Bird / Babygirl / La Chambre d'à côté / Totto-chan / Maja / Les Damnés / La Pampa / On ira ...
62 films
créée il y a 6 mois · modifiée il y a 1 jourL’Amour au présent (2024)
We Live in Time
1 h 47 min. Sortie : 1 janvier 2025. Drame, Romance
Film de John Crowley
Full Metal Critic a mis 4/10.
Annotation :
2025 dit un grand BONJOUR bien neuneu au public français avec L'Amour au présent, ou dans son titre original We Live in Feminist Times... euh, je veux dire We Live in Time... et le public français est censé se satisfaire de cet énième mélodrame insipide qui tente de lui vendre du réchauffé sous couvert de modernité ? Sous prétexte que ça y a un cancer, que ça y pleurniche, et qu'on ne rigole pas avec le cancer et les pleurnicheries ? Nah. Quelle est la plus-value de cette histoire archi-générique si ce n'est de jouer à la poupée avec ses deux belles gueules de stars hollywoodiennes... ici même pas particulièrement charmantes ? Pour les féministes, peut-être le couple que forme Garfield, les yeux perpétuellement baignés de larmes tellement il est émotionné et en phase avec sa part de féminité, avec Florence Pugh, qui porte tellement la culotte qu'on ne s'intéressera pas plus de quinze secondes à son métier à lui (mention à la scène où elle assume fièrement son refus d'avoir un enfant à la trentaine et où c'est LUI qui finit par s'excuser comme une merde de l'avoir mal pris) (ou quand l'héroïne parle d'"hétéronormativité") ? Encore désolé, try again. On me parle dans l'oreillette de la très jolie scène de l'accouchement dans les toilettes de la station-service : mmmmh ouais, LA scène, quoi, paumée au milieu d'un océan de moments giga-tartes à la crème et autrement plus oubliables, dans un film à la dramaturgie flinguée d'office par sa structure narrative complètement éclatée au sol, le montage non linéaire, censé apporter de la profondeur, ne faisant qu'ajouter à la confusion et à l'ennui, comme souvent. On se retrouve avec un puzzle temporel qui ne sert qu'à masquer la vacuité du scénario. Les dialogues, truffés de clichés éculés sur la vie, la mort et l'amour, n'apportent aucun caractère, et ne suscitent donc que rarement l'émotion. Les personnages secondaires, à commencer par la môle du couple, uniquement là quand on a besoin d'elle, sont à peine esquissés, laissant toute la place au un duo principal qui ne méritait pas d'être au centre d'un long-métrage. La mise en scène manque cruellement d'inspiration, se contentant d'enchaîner des scènes sans impact. En somme, L'Amour au présent est une tentative foireuse de relancer au cinéma la mode des histoires tristes de couples de gens très beaux séparés par la maladie - on est trèèèèès loin de Love Story.
Un ours dans le Jura (2025)
1 h 52 min. Sortie : 1 janvier 2025. Comédie, Policier, Drame
Film de Franck Dubosc
Full Metal Critic a mis 6/10.
Annotation :
Quand on m'a dit "va voir ce film de Franck Dubosc, tu vas aimer", j'ai eu un peu de mal à prendre "on" au sérieux. Parce que le Dubosc n'a pas exactement tout fait pour que l'imaginaire commun associe son patronyme à la qualité, si vous voyez ce que je veux dire. Il m'a fallu une dizaine de jours pour tenter le coup, vaguement motivé par les échos étrangement positifs ("on vous le jure, ça n'a rien à voir avec Camping !!") et par les références enneigées à Fargo. J'ai bien fait de me laisser convaincre : sans être un nouveau classique de la comédie populaire, c'était très amusant. ET émaillé d'éruptions de violence étonnamment bien fichues. Le film surprend vraiment par son mélange audacieux de comédie et de thriller noir : comme l'a dit un critique, le film de Dubosc n'est jamais QUE une comédie, ni totalement un drame, et contre toute attente, la sauce prend. La créativité et l'énergie de la mise en scène de Dubosc m'ont agréablement surpris, ainsi que sa façon de brosser ses personnages (correctement développés) et de construire avec sérieux son intrigue - s'il avait traité le truc comme une farce à la Y a-t-il un pilote, ladite sauce n'aurait pas pris. En somme, cet Ours dans le Jura est une comédie noire assez réussie, qui surprend par sa personnalité, sa maîtrise du mélange des genres, et... son absence d'abus d'humour scato, et qu'il serait dommage de dédaigner sous prétexte que Dubosc.
Bernie (2011)
1 h 44 min. Sortie : 8 janvier 2025 (France). Comédie, Drame, Policier
Film de Richard Linklater
Full Metal Critic a mis 7/10.
Annotation :
Quatorze ans pour voir dans nos salles un film de l'insaisissable Richard Linklater (Génération rebelle, Before Sunrise, Boyhood...), qui plus est un qui s'est avéré être un de mes préférés du réalisateur : la honte. La honte pour ce retard soviétique qui a trop longtemps privé le public français d’un film si précieux. Bernie – à ne pas confondre avec celui réalisé quinze ans plus tôt par un Français ami des hyènes – a tant à offrir, à commencer par son portrait fascinant d’un homme VRAIMENT sympa (à la Crodocile Dundee !), et pas juste un brave type, non, une incarnation presque irréelle de la bienveillance dont la seule présence semble combler les solitudes et apaiser les rancœurs... jusqu'à ce que paf la vieille, évidemment, fait divers authentique qui donne tout son sel à l'intrigue, parce que sinon, ce serait quand même un peu tarte. La vraie force du film est justement sa façon de jouer avec l’ambiguïté du protagoniste : jusqu’où peut aller une gentillesse absolue ? À quel moment la bonté devient-elle suspecte ? Et dans un sens, n'est-il pas suspect de suspecter la bonté ? Linklater, avec sa mise en scène faussement simple et ses touches de documentaire, tire un immense profit du contexte texan, de ces petites villes où tout le monde se connaît et où la morale publique est plus volatile qu’on veut bien le croire. L’utilisation des témoignages de VRAIS habitants, détail qui m'a bien retourné le cerveau sans pour autant être parfaitement maîtrisée (les deux aspects du film ne s'articulent pas et ça se perçoit), ancre le film dans une dimension quasi-ethnographique, et renforce l'ambivalence du film, dont l'atmosphère est à la fois chaleureuse et... doucement étrange. Et au centre de tout ça, il y a un Jack Black que personne n’avait vu venir, à ce niveau. Un Jack Black JOUANT, mais genre, vraiment, changeant même sa façon de chanter, un rôle tout en nuances, et se révélant dans un registre où il n’avait jamais mis les pieds : probablement un des meilleurs rôles de sa carrière. Ouais, les Français méritaient qu’on leur présente Bernie proprement, et pas dans quelques salles, au creux de l'hiver 2024, comme une obscure curiosité rattrapée à la va-vite. Parce qu’un film aussi délicieusement déroutant et aussi généreux dans son regard sur l’humanité méritait bien mieux !
Hiver à Sokcho (2024)
1 h 44 min. Sortie : 8 janvier 2025. Drame, Animation
Film de Koya Kamura
Full Metal Critic a mis 4/10.
Annotation :
[In progress] Un film qui ne dit absolument rien sur ses supposés thèmes, que ce soit celui de la solitude, celui de la rencontre atypique, ou même celui de la double-culture de l'héroïne, et qui ne fait absolument RIEN pour nous intéresser au personnage monodimensionnel joué par Rochdy Zem, peut-être parce que la réalisatrice s'est dite que pondre une histoire aussi austère que son cadre serait une bonne idée ?
Wolf Man (2025)
Wolf Man
1 h 43 min. Sortie : 15 janvier 2025 (France). Épouvante-Horreur
Film de Leigh Whannell
Full Metal Critic a mis 5/10.
Annotation :
Avec Wolf Man, Leigh Whannell semble vouloir moderniser le mythe du loup-garou en y injectant à la fois une approche intimiste et la brutalité graphique d'un certain cinéma contemporain... oubliant juste d’en faire un vrai film marquant (c'est con). L’intrigue tente d’aborder les traumatismes familiaux – notamment la peur des pères d’abîmer leurs enfants, qui finit par être ce qui les abîme – mais le traitement reste convenu, alourdi par des personnages aux attitudes parfois incohérentes et des dialogues globalement peu inspirés. La toujours mimi Julia Garner peine à convaincre en mère et les fausses pistes inutiles (le voisin chelou, le mystère trop vite éventé) n’aident pas à instaurer un suspense digne de ce nom, même si certains moments de tension surnagent. Parce que Whannell SAIT trousser une scène d’épouvante (il n'avait plus qu'à s'offrir des scènes dignes de ce nom à l'écriture du scénario !), l’ingé son s’est visiblement amusé avec les rugissements impressionnants des créatures, et Christopher Abbott, remarqué dans le génial Black Bear, est excellent dans le rôle-titre. Quelques idées visuelles intrigantes émergent, par ailleurs, notamment dans la gestion du point de vue du héros en pleine transformation ou un maquillage progressif plutôt réussi, joli hommage aux années 80. Mais côté horreur, ça manque cruellement d’impact : des "jump scares" basiques, une baston (LA baston) entre loups-garous incroyablement molle, et un final qui laisse surtout un goût d’inachevé. Un ami m'a parlé d'"un Incassable du film de loup-garou" (pour le côté génèse), j'ai envie de lui demander ce qu'il a fumé. Wolf Man ne fait JAMAIS décoller son mythe. Il a ses moments, mais ne cesse de s'empêcher, comme si le mythe l'intimidait. Whannell, autrefois prometteur avec son premier long Upgrade, semble poursuivre sa downgrade entamée avec Invisible Man, autre film d'horreur regardable mais aux ressorts fatigués (Wolf Man, lui, ne gonfle pas avec un message social... mais il n'offre pas grand-chose à la place). Bref : mes films de loup-garou préférés restent le déjanté Le Loup-garou de Londres, de John Landis, et le sous-estimé Wolf de Mike Nichols, tous deux bien à l'abri depuis un bail...
Je suis toujours là (2024)
Ainda Estou Aqui
2 h 15 min. Sortie : 15 janvier 2025 (France). Biopic, Drame, Thriller
Film de Walter Salles
Full Metal Critic a mis 8/10.
Annotation :
Ça faisait douze ans qu'on n'avait pas eu de nouvelles de Walter Salles, cinéaste talentueux mais inégal (Carnets de voyage, yay, son remake de Dark Water, aouch). Douze ans que son adaptation mal aimée d'On the Road avec K-Stew était son dernier film en date. Ce début d'année 2025 nous vient avec une heureuse mise à jour : son 8ème long-métrage, de facture assez classique et pourtant un très grand film, est ce qui s'appelle un putain de retour en force, et un visuellement somptueux, au passage, et les prix qu'il a valus à la grande Fernanda Torres sont amplement mérités (le degré de nuance de son jeu m'inciterait à lui souhaiter de gagner l'Oscar si je ne pensais pas que les Oscars devraient être réservés aux films US !)... il ne faut juste pas oublier pour autant les performances incroyables des actrices qui jouent les filles, dont chacune a habité son personnage, et sans qui la dramaturgie sophistiquée du film n'aurait pas si bien fonctionné. Bien qu'il ménage ses effets et évite de bout en bout le mélodrame (la musique du film mêle intelligemment des hits emblématiques de l'époque à une compo originale toute en retenue), Je suis toujours là a le pouvoir de rendre le spectateur plus inquiet de la fragilité de ses droits civiques que la moyenne des films traitant de la tyrannie. Son impressionnante reconstitution du Brésil du début des années 70, notamment dans les scènes filmées au Super 8, qui le rendent très proche en apparence de l'Amérique de la même époque, est une façon maline de mettre le spectateur en confiance, car il ne s'attend pas à voir s'immiscer le poison de la dictature dans un décor ressemblant au San Diego idyllique du début d'Almost Famous. Ce qui frappe également, c'est la capacité de Salles à évoquer la terreur politique sans jamais sombrer dans le didactisme : comme l'irruption sans transition de la machine fasciste dans la sphère censément intime de la maison familiale, les scènes d'arrestation et d'interrogatoire sont traitées avec une sobriété glaçante, rendant la violence du régime encore plus palpable - et la complexité de la situation est également retranscrite par la photographie, qui souligne magistralement le paradoxe d'une époque à la fois vibrante et sombre avec ses tons chauds contrastant avec la froideur des événements. Et les deux bonds dans le temps du 3ème acte, qui m'ont au début perplexisé, sont finalement parfaitement justifiés par son propos convenu, mais fort, sur le devoir de mémoire.
Le Quatrième Mur (2025)
1 h 56 min. Sortie : 15 janvier 2025. Drame
Film de David Oelhoffen
Full Metal Critic a mis 7/10.
Annotation :
[In progress] Sacré film. Dans l'ensemble solidement écrit, si l'on met de côté un épilogue thriller pas forcément nécessaire. Bien dialogué ("La tragédie, c'est sans espoir, c'est pour les rois. Jouez comme des rois, mourrez comme des rois."), notamment parce qu'il a su bien caster ses acteurs (à commencer par les impériaux Laffite et Abkarian). Et portée par une mise en scène immersive qui n'est pas sans moments d'inspiration inoubliable - comme l'après-coup de Sabra et Chatila, qui offre quelques plans qui calment. Avec un tel standing de production, on s'étonne presque de ses fonds cocorico.
Vol à haut risque (2025)
Flight Risk
1 h 31 min. Sortie : 22 janvier 2025 (France). Action, Policier, Drame
Film de Mel Gibson
Full Metal Critic a mis 4/10.
Annotation :
Ouais, ben... c'était aussi foireux que le laissait craindre la bande-annonce. Je n'ai jamais été fan de L'Homme sans visage, premier long trop souvent oublié de Mel Gibson, mais Flight Risk peut sérieusement être considéré comme son premier MAUVAIS film. J'espérais un petit thriller au scénario bête et méchant transcendé par la maestria de la mise en scène et le goût de Mel pour la violence sans édulcorant, j'ai eu... très peu de ça. En tout cas, bieeeen trop peu pour excuser les cascades en carton aux CGI bien dégueus, le surjeu d'un Mark Wahlberg grotesque à faire passer le loup de Tex Avery pour du Dostoïevski, et faire avaler les trop nombreuses pilules mortelles de l'intrigue, qui enchaîne les twists prévisibles (notamment concernant l'identité de la taupe), les clichés du genre (le trauma de la fliquette), et les décisions improbables (la fliquette ne vérifiant pas l'identité du pilote, la fliquette s'acharnant à ne pas le descendre, les protagonistes décidant de se mettre tous les deux à l'avant de l'avion pour bieeeen laisser le méchant se libérer de ses entraves tranquille, etc.). Sans oublier l'abus d'humour un peu lourdingue avec un Topher Grace qui, comme d'habitude, fait du Topher Grace pour un résultat au final un peu trop tarte - que ce soit ça ou l'espèce d'idylle téléphonique entre la fliquette et le pilote, TELLEMENT tarte que j'étais sûr [spoiler alert] que le gars faisait partie des méchants. Le seul aspect de ce film qui m'a surpris en bien est la façon dont ladite fliquette n'est PAS mise sur un piédestal, à rebours du délire girlboss de l'ère woke, elle a ses moments de winneuse, mais elle se prend aussi des pains dans la gueule quand elle se bat contre un homme baraqué, on voit qu'il y avait un affreux réac aux manettes.
Better Man (2024)
2 h 14 min. Sortie : 22 janvier 2025 (France). Biopic, Musique
Film de Michael Gracey
Full Metal Critic a mis 7/10.
Annotation :
"How can you not know who you are when there are thousands of people screaming your name ?" Grosse, grosse surprise. Contrairement aux Gen Z étasuniens, en Frenchie de la génération Y, je vois très facilement qui est Robbie Williams, la carrière solo du gars ayant décollé alors que j'étais au lycée et son album Escapology s'associant instantanément à la plus inoubliable romance de mon époque étudiante... mais ça fait vingt ans, de l'eau a coulé sous les ponts, et un SINGE, vraiment Robbie ? Et le Robbie, il dit oui. Et ça marche. D'abord parce qu'il s'est entouré d'artisans talentueux, à commencer par le réalisateur Michael Gracey, à qui l'on devait déjà l'épatant The Greatest Showman, avec Hugh Jackman, dont la mise en scène de Better Man est d'une créativité parfois sidérante. Better Man, sous ses dehors de biopic classique dont l'apparence simiesque du protagoniste semblerait être la seule originalité, écarquille en fait souvent les yeux de sidération réjouie, avec des moments totalement inattendus comme ce numéro musical très broadway-esque où le boys band électrise les rues de Londres ou encore la scène du crash où Robbie, flottant dans les ténèbres, se retrouvaille assailli par des hordes de fans. Ensuite parce que le singe a) est une prouesse visuelle phénoménale, dans le sens où il n'a rien à envier à ceux des nouveaux films La Planète des singes, et b) finit par se fondre dans le décor, dans le sens où il finit par s'intégrer à la normalité de l'univers du film (si Robbie s'était donné des scènes de sexe, là, ça aurait pu distraire, mais c'est bien tout ce qui aurait pu merder). Ensuite parce que le scénario, écrit à six mains sur la base des mémoires du chanteur, évite assez intelligemment la dimension "ego-trip" de l'exercice, il y a certes un ego là-dedans, c'est un film sur un chanteur parlant de lui, MAIS il n'y a pas de narcissisme, le film ne présente pas Robbie comme un personnage irréprochable, notamment dans ses relations amicales et amoureuses (pauvre Nicole !). Better Man est spectacle conflictuel, un chouïa névrotique, mais d'une franchise désarmante, qui exhibe souvent le talent de chanteur de sa popstar, mais sans jamais perdre de vue la haine de soi qui l'habite et peut apparaître à tout moment. Seul grief : que Robbie n'ait pas eu l'inspiration de placer dans le film SON chef-d'oeuvre, Love Somebody. En revanche, pas eu de problème avec le fait que le bô climax père-fils se fasse sur un tube qui n'est pas de lui, par
Companion (2025)
1 h 37 min. Sortie : 29 janvier 2025 (France). Épouvante-Horreur, Thriller
Film de Drew Hancock
Full Metal Critic a mis 6/10.
Annotation :
The Boogeyman, MaXXXine, Heretic... après m'avoir épaté en exploratrice spatiale adolescente dans l'excellent petit film de SF indé Prospect, et avoir confirmé l'essai dans l'alors prometteuse série Yellowjackets (qui s'est sévèrement gâtée par la suite, mais ce n'est pas de son fait !), la magnétique Sophie Thatcher semble s'être un peu paumée dans le registre de l'horreur médiocre, accumulant les projets sans en trouver un qui la propulse au rang qu'elle mérite. Par exemple, le très décevant Heretic n'a pas changé la donne – pas le 2ème bon film de sa carrière, contrairement à ce que j'espérais – et avec ce Companion, bien qu'il y ait du mieux, là encore, pas de quoi casser trois pattes. Car le film, qui aurait dû capitaliser sur son intriguant postulat SF et nous faire goûter aux vertiges de l'IA, se contente d’être une parabole lourdingue parasitée (et alourdie) par un féminisme revanchard, et il en ressort un thriller... honnête mais terriblement limité, qui aurait pu se hisser au-dessus de la mêlée s’il avait été un peu moins prisonnier de son époque. Certains diront que du cinéma de genre « divertissant », par les temps qui courent, c’est déjà pas si mal, soit... mais Companion aurait dû être bien moins oubliable, une aventure tendue du string sur l'éveil à la conscience de l'héroïne, où l’angoisse n'aurait pas été parasitée par un discours surligné au marqueur. Si seulement il avait été produit à une autre période que celle de l’âge d’or du wokisme... Enfin. Reste que ce premier long, rondement mené mais sans génie aucun, a pour lui trois atouts notables : a) sa protagoniste, qu'on prend grand plaisir à voir passer du rose bonbon au rouge noirâtre façon Ready or Not, b) son interprète Sophie, impeccable même dans des rôles qui ne la méritent pas, et c) une poignée de twists assez bien dosée, que le réalisateur exploite avec un sens certain du timing. Dommage qu'il lui manque a) une approche un tant soit peu nuancée des rapports H/F (être dévouée à son homme, c'est être un robot, vraiiiiment ?), b) un discours qui tranche avec le féminisme revanchard susmentionné plutôt que de s’y vautrer, et c) [spoiler alert !] Un personnage de boyfriend récupérable, puisque le film ne pouvait se permettre qu'il soit autre chose qu'une caricature de mâle toxique, affligé de surcroît d’un attribut viril sous-dimensionné, histoire d'être bien subtil. En bref, Companion fait peut-être illusion le temps de sa projection parce que son emballage et sa courte durée, mais
Un parfait inconnu (2024)
A Complete Unknown
2 h 21 min. Sortie : 29 janvier 2025 (France). Biopic, Drame, Musique
Film de James Mangold
Full Metal Critic a mis 8/10.
Annotation :
Comme espéré, ACU n'est PAS le Maestro de l'hiver 2024. Certes, James Mangold avait déjà montré de quoi il était capable avec Walk the Line, mais qualitativement, sa carrière fait des zigzags, donc on ne pouvait être sûr de rien. Comme craint, Un parfait inconnu n'atteint néanmoins PAS les sommets du génial WtL, cours magistral de biopic musical que le cinéaste avait consacré il y a vingt ans (!) à Johnny Cash. L'expérience n'en a pour autant pas été désagréable, notamment grâce à la performance d'un Chalamet en état de grâce, pour quelque chose dans la classe dingue de ce film pas parfait dans son écriture, et un peu empêché par une mise en scène qui méritait d'être libre comme son protagoniste, Nouvelle vague style, MAIS remarquable a) dans sa peinture du rapport fasciné/intimidé des gens dits "normaux" au génie artistique et b) dans sa peinture de la quête d'identité d'un mec pour qui la musique est tout. Oui, c'est un biopic de facture assez classique, avec une narration conventionnelle, on n'est pas dans l'expérimental I'm Not There... et ? Rien à foutre. L'important, c'est de faire passer l'émotion, ou le message. Il faut juste accepter la froideur théorique du traitement : Mangold n'a pas filmé son Dylan comme il a filmé son Cash : alors que WtL était l'exploration intimiste d'un Cash limite TROP humain, ACU traite son Dylan comme une légende in progress, raison pour laquelle on ne saura pas davantage QUI il est à la fin. Certains y voient un problème, j'y vois une simple question d'approche. Et ça ne m'a pas empêché de vibrer là où il fallait vibrer, comme face à l'énorme scène où Chalamet chante The Times they are a-changin, ou face aux interactions avec une Joan Baez elle aussi remarquablement interprétée par la révélation Monica Barbaro. Non, mon seul grief à ce stade, en plus peut-être d'un personnage féminin fictif joliment joué par Elle Fanning mais peut-être pas assez incarné, est sans doute la rareté du personnage de Cash, campé formidablement par un Boyd Holbrook que je n'ai à AUCUN moment reconnu : à défaut d'avoir la reconstitution de l'enregistrement d'un des plus beaux duos masculins de l'histoire de la folk, Girl From the North Country, car datant de 69, j'aurais juste aimé plus de scènes entre eux deux. Me voilà à espérer qu'ACU aura droit à sa version longue, comme WtL. Et que Mangold consacrera un 3ème biopic à Leonard Cohen.
Sing Sing (2023)
1 h 45 min. Sortie : 29 janvier 2025 (France). Drame
Film de Greg Kwedar
Full Metal Critic a mis 8/10.
Annotation :
"Who would have thunk, that the beginning of the healing for this planet would start right here, behind the walls of Sing Sing?" Ok, c'est peut-être un peu grandiloquent, mais après tout, c'est un film dédié à la passion du jeu et à son caractère salvateur. Et puis... j'ai beau être un affreux jojo conservateur qui grince des dents quand il entend des mots tartes, j'avoue n'avoir aucun problème à employer au premier degré le terme d'humaniste pour qualifier ce film. Sing Sing mérite sa réputation. Certes, il a un petit côté "film conçu pour plaire à l'académie des Oscars, celui-là, au moins, je comprendrais pourquoi il plait. Ce n'est pas un film axé sur son intrigue, dans l'ensemble assez convenue et prévisible (le seul imprévu est un décès de personnage... qui sort un peu de nulle part, pour être franc), mais un film consacré 1) à ses personnages (sans être "character-driven"), 2) à son propos sur le pouvoir réhabilitateur de la scène (on peut parler de déclaration d'amour au théâtre), ET 3) à son portrait de l'univers carcéral... ET de ces trois points de vue, le film de Greg Kwedar, dont l'apparence documentaire colle parfaitement audit univers, est une franche réussite, mention à la photographie naturaliste de Pat Scola et au choix du 16mm. Rares sont les films carcéraux à faire ressentir à ce point au spectateur qu'il y a une vie, dans ces mondes, et le convertissant ainsi à une vision plus nuancée de la population carcérale. La révélation, lors du générique de fin, que bien des acteurs sont en fait d'anciens détenus jouant leur propre rôle, a été un grand moment, et bien que Colman Domingo y soit impeccable, c'est surtout la révélation du diamant brut Clarence Maclin, dont les scènes avec Domingo sont chargées d'abord de tension, puis d'amitié, qui m'a bluffé (ainsi que le vétéran Paul Raci, formidable en metteur en scène plein de compassion). Un tel film, animé par une telle cause, ne pouvait pas fonctionner sans être connecté le plus possible au réel, et il l'est sacrément. C'est cette force qui en fait un plaidoyer si convaincant pour la réinsertion, la ré-humanisation par l'art, ce cher programme RTA, sans jamais verser dans un angélisme à la ramasse. Un film qu'il serait bon de diffuser dans les trop nombreux pénitenciers amerloques pour faire comprendre aux détenus que, comme l'a dit Maclin lors d'une table ronde, "it ain't over for us, man". Humaniste, je vous dis.
Presence (2024)
1 h 25 min. Sortie : 5 février 2025 (France). Drame, Épouvante-Horreur
Film de Steven Soderbergh
Full Metal Critic a mis 5/10.
Annotation :
En me rendant à ma séance de Presence sans préparation aucune, j’ai pensé : "c’est quand même cool de revoir un film de Soderbergh en salle, c'était quoi, son dernier film, Unsane ?" Je sais, la honte. Le pire, c’est que j’ai vu deux des six films (!!) qu’il a pondus dans les années 20 pour des plateformes de streaming, The Laundromat et No Sudden Move... ils étaient juste tellement nuls que je les avais oubliés, et les quatre autres n’ont pas l’air de relever le niveau. Du coup, comme la nature est bien faite (ou pas), Unsane, le dernier film sorti en salle du cinéaste, était peut-être son dernier film à mériter une sortie en salle. Jusqu'à l'arrivée de ce Presence ? Meh. Avec son "high concept" (pour un budget pas du tout "high" de 2 millions de dollars) et sa distribution à l’étranger, on était en droit de l'espérer, mais en termes d'inspiration, ce Sexe, Mensonges et Surnaturel n'arrive pas à la cheville d'un Sexe, Mensonges et Vidéo. D’une, la sauce dudit "high concept" ne prend que partiellement : ses défenseurs ont beau répéter extatiquement que c’est un film de fantôme filmé du point de vue du fantôme (tan-tan-taaaaan), il y a un PAQUET de scènes où la fantômette du film se comporte bieeeen trop comme un caméraman, notamment dans son rapport aux acteurs (il y avait de quoi faire tellement mieux !) ; sur le papier, ça claquait, mais à l’écran, on a une mise en scène flottante, manquant de caractère et d'esprit d'initiative, alternant plans mollement intrusifs et postures trop "cadrées" pour être crédibles, résultat : ça peine à générer autre chose qu’une distanciation gênée. De deux, pour un scénario du répertoire du thriller écrit par David Koepp (Hypnose, quand même), ça se goupille plutôt bien (mention à l’idée de rupture en deux d’un noyau familial observée par la présence, même si le père est un miscast et Lucy Liu écope dun person age à la ramasse), mais n'a aucune idée de la direction à prendre, se paume en chemin, et se fourvoie carrément à la fin avec un twist parasitaire qui n'apporte RIEN au schmiblick (quant au dénouement, on peut parler d'un des plus torchés de l'histoire du thriller hollywoodien récent) (1h25, en même temps). Quant aux personnages, entre la mère autoritaire à peine esquissée et les ados interchangeables, l’investissement émotionnel est proche du néant. On est loin d'un naufrage, contrairement au Here de Zemeckis, que Presence m'a parfois rappelé, mais... ça reste décevant. Une expérimentation soderberghienne mineure.
5 Septembre (2024)
September 5
1 h 31 min. Sortie : 5 février 2025 (France). Drame
Film de Tim Fehlbaum
Full Metal Critic a mis 7/10.
Annotation :
Précis, resserré, pertinent, en toute humilité. Trop d'humilité, peut-être ? Tim Fehlbaum semble tellement attaché à éviter tout sensationnalisme, avec une approche docu faisant passer le cinéma de Paul Greengrass pour du Michael Bay, que son 5 septembre manque parfois un peu de... sensations. Il y en a, notamment celle de l'électricité dans l'air, et le casting, impeccable (à commencer par Magaro et le toujours immense Peter Sarsgaard), joue parfaitement la sidération, qui était notamment l'émotion clé du United 93 de Greengrass. Mais autant l'idée de ne quasiment jamais sortir du studio se tient, tant sur le papier que dans l'exécution, car l'idée est d'épouser le point de vue de ces employés de CBS à la fois super malins et totalement dépassés, autant le manque d'articulation quasi-absolu entre la régie et le plateau est légèrement problématique : personnellement, j'aurais préféré qu'on reconstitue les interventions du présentateur Jim McKay en le faisant jouer par un acteur pour le faire interagir avec les autres personnages. Je sais, attendre ça du film est peut-être passer à côté de l'essentiel, c'est-à-dire son propos sur la responsabilité des chaînes dans leur couverture en direct... d'où le fait que je lui donne un 7. Et puis, je bricole un peu cette critique sans avoir pris de notes, aussi me revient-il seulement maintenant ce moment assez génial où Ben Chaplin dit à Sarsgaard "There's still shooting going on at the airport"... au rayon sensations, ça se pose là. Peut-être en attendais-je juste TROP, trop émoustillé par le concept. Indépendamment de mes attentes, 5 septembre aurait pu être plus ambitieux formellement, mais n'en est pas moins un solide petit thriller plein d'une tension dramatique qui ne redescendra vraiment que dans les dernières minutes, des minutes de silence endeuillé.
Note : En revanche, soit le personnage joué par Zinedine Soualem est AU MOINS inspiré d'un personnage de Franco-Algérien (ou quelque chose de proche) embauché par CBS, soit le gars a le meilleur agent du monde parce que WTF.
Maria (2024)
2 h 04 min. Sortie : 5 février 2025 (France). Biopic, Drame
Film de Pablo Larraín
Full Metal Critic a mis 7/10.
Annotation :
Le voici donc. Le troisième film de la trilogie de Larraín consacrée à trois grandes dames de l’histoire du XXe siècle. Une trilogie dont l’équilibre dépendait de sa réussite. Allait-il être le canard boiteux, en comparaison des flamboyants Jackie et Spencer, ou allait-il me rappeler que le cinéaste chilien compte décidément parmi mes préférés en activité ? Réponse… A. Du moins dans l’ensemble. Dans l'ensemble parce qu'on parle de Larraín, tout de même, un cinéaste doté d'une patte, une vision, une élégance formelle innée qui évitent à son cinéma d’être inepte, même lorsqu'il n'est pas dans sa meilleure forme. Mais c’est indéniablement le moins réussi des trois, et ce pour une raison simple : autant Jackie et Spencer donnaient l’impression d’entrer dans l’esprit de leurs héroïnes respectives, autant Maria semble plus distant, plus en surface, comme si le réalisateur s’était heurté à un mur en tentant de percer le mystère Callas. Natalie Portman était devenue Jackie, Kstew était devenue Diana... Angelina Jolie a eu plus de mal, peut-être parce qu'elle est la moins talentueuse des trois actrices... peut-être aussi parce que son personnage est le seul des trois à avoir un don que l'interprète a dû singer (Jackie et Diana se contentaient d'être là...). Il y a bien quelques fulgurances, des moments où l’on croit toucher du doigt la douleur, la solitude, le poids du mythe, mais l’ensemble paraît plus appliqué que véritablement incarné, plus illustratif que viscéral. Reste que Larraín est un putain d’esthète. Il compose chaque plan avec un raffinement à faire pâlir bien des biopics actuels, refusant la reconstitution paresseuse et l’académisme lisse qui gangrènent tant d’œuvres du genre. En ce sens, même remarque, dans une moindre mesure, qu'au sujet du Complete Unknown de James Mangold : Maria réussit là où le pudding Maestro de Bradley Cooper a échoué : le film ne se noie jamais sous son propre poids, ne succombe pas à la tentation de la performance grandiloquente et du pathos téléphoné. Il y a une retenue, une pudeur qui forcent le respect, même si, paradoxalement, c’est aussi ce qui l’empêche de décoller complètement. Alors oui, Maria s’impose comme le volet le plus fragile de la trilogie, celui qui laisse une sensation d’inachevé, comme s’il manquait cette étincelle qui faisait toute la différence dans les précédents films, c'est un beau film, soigné, mais qui laisse une légère frustration... au demeurant, avec moi, la sauce a quand même pris.
Love Me (2024)
1 h 32 min. Sortie : 24 janvier 2025 (États-Unis). Drame, Science-fiction
Film de Andrew Zuchero et Sam Zuchero
Full Metal Critic a mis 6/10.
Annotation :
Soyons francs, il faut être complètement demeuré pour ne pas trouver fascinant le pitch de Love Me, avec ses deux IA entretenant tant bien que mal la mémoire de l’espèce humaine à travers les âges et ne comprenant son essence qu’à quelques secondes de la fin du monde, alors que notre soleil transformé en géante rouge absorbe l'insignifiante petite Terre (même s'il est fort peu probable que l'interweb fasse long feu après notre disparition !). Une idée vertigineuse, à la fois tragique et mélancolique, qui aurait pu donner naissance à un chef-d’œuvre de la SF indé. Soyons tout aussi francs : le film des frères Zuchero n’est, hélas, pas à la hauteur dudit pitch. Ce n’est pas un désastre, loin de là, mais il est aussi frustrant que fascinant, tant il donne l’impression de constamment osciller entre éclairs de génie et maladresses adolescentes. Seulement, en cette époque obsédée par l'IA et l'identité, Love Me a au moins deux choses pour lui. D’abord, son premier acte sous perfusion de Wall-E, aussi drôle qu’adorable ("I am… lifeform?"), le meilleur sans hésitation car son deuxième souffre un peu de la pauvreté de son animation (même si celle-ci est justifiée par l’histoire) et son troisième s’enlise dans un excès de tarte à la crème so 2010’s (contre lequel ni la toujours sublime Kristen Stewart ni Steven Yeun ne peuvent grand-chose). Ensuite, sa collection de moments précieux, qui réussissent l’exploit de faire ressentir quelque chose de rare ET poétique sur l’insignifiance de notre histoire, cf. cet hilarant prologue animé, illustrant la création de la Terre et son règne humain aussi bruyant que bref, qui parvient à capturer en quelques minutes toute la futilité de notre passage sur cette planète, ou encore à la scène des verres d’eau, où l’émotion naît de la décision de donner du sens à ce qui n'en a pas. Ces instants suffisent à rendre le film unique en son genre, même si l'on aurait aimé qu'ils soient plus nombreux et avoir moins affaire à des dialogues parfois maladroits et une écriture trop préoccupée par les névroses contemporaines de la génération Z californienne (désolé, Kstew, mais non, on ne peut PAS être ce qu'on a envie d'être...). C’est donc inégal, mais ce que donne à voir Love Me, avec son attachement à définir le "me", est si rare qu’on n’a pas vraiment envie de jouer les ingrats, peu importent les ratés d’écriture et les petits coups de propagande woke qui l'ancrent, au moins, dans son époque...
The Brutalist (2024)
3 h 35 min. Sortie : 12 février 2025 (France). Drame, Romance
Film de Brady Corbet
Full Metal Critic a mis 5/10.
Annotation :
Ouaiiiiiiiiiiiiiiiiiis non. J'avais pourtant sacrément envie de dire oui, hein. Depuis sa grandiose première bande-annonce, en bon bobo de droite crédule, j'attendais de ce Brutalist un 9, fourchette basse. Mais non. Résultat des courses, j'ai eu... allez, un honorable 7 pendant la première moitié, la première heure quarante-cinq, loin d'être aussi sophistiqué scénaristiquement que ses ambitions démesurées le laissaient espérer, mais portée par la performance effectivement brillante de Brody dans un rôle à la fois complexe et pas méga-fascinant (zéro évolution d'un point A à un point B) et par la puissante photographie (mention à l'accomplissement de faire passer la Hongrie pour les US)... puis la seconde partie est arrivée. Plus précisément, [spoiler alert !] la scène du viol par le méchant WASP xénophobe, qui, en plus de sortir de nulle part et d'alourdir le portrait déjà un peu manichéen des riches de ce monde, met un coup d'arrêt atrocement artificiel à l'intrigue initialement intéressante du chantier immobilier, tuant toute chance pour The Brutalist de tenir un discours sur l'architecture qui lui donnerait une quelconque substance. Non, on a juste un protagoniste supposément écorché vif et sa passion pour cette horreur de brutalisme qui ne sera jamais expliquée. Et un discours se croyant pertinent sur ces salauds d'Américains. Dans un film qui, plutôt qu'un chef-d'oeuvre "monumental", relève de la caricature boursouflée et égocentrique de chouchou de festival méga-surcoté que la presse se sent obligée d'aimer à partir d'un certain point de notoriété. Non, vraiment, au rayon surchargé des "films qui commencent bien avant de se vautrer", The Brutalist, avec son affreuse seconde moitié qui rend injustifiable sa durée, se pose là. Oh, et puis cet épilogue expliquant bien tout au public, mon dieu que c'était tarte. Pas suicidaire comme celui de Babylon... mais parachevant un film-fleuve et -monstre dans l'ensemble BIEN moins réussi, de mon point de vue, que le film de Chazelle. Lui donner 5 n'a pas été agréable, mais réflexion faite, comment un tel emballement a-t-il été possible autour d'un film pondu par le réalisateur de l'affreux Vox Lux, que j'avais abandonné au bout d'une demi-heure une nuit de 2018 ?
Captain America: Brave New World (2025)
1 h 58 min. Sortie : 12 février 2025 (France). Action, Aventure, Science-fiction
Film de Julius Onah
Full Metal Critic a mis 3/10.
Annotation :
Ouais, ben... comme prévu, ce 5ème film de la calamiteuse 5ème phase du MCU, qui continue sa descente aux enfers post-Endgame après une tout aussi calamiteuse 4ème phase (d'aucuns diront que la 5ème a au moins le 3ème Gardiens de la galaxie...), a autant de qualités qu'Anthony Mackie n'a de charisme ou le tâcheron nigérian Julius Onah, réalisateur de The Cloverfield Paradox (!), n'a de talent, c'est-à-dire très, très peu. C'est Le Soldat de l'hiver, mais en pas bon, et avec un Orangina rou... euh, un Hulk rouge aux effets ruinés par le marketing d'un studio SI PEU confiant en la qualité de ce qu'il produit qu'il s'est senti obligé de placer le putain de climax dans la putain de BA. Seul intérêt de cette régurgitation hystérique, pleine de cet humour marvelesque toujours là où il faut pas, visuellement inepte, musicalement inepte (non seulement aucun morceau ne reste en tête, le réal trouve le moyen de les monter n'importe comment), et bavarde au point de donner l'impression qu'elle dépasse largement les deux heures : Harrison Ford jouant un peu plus que d'habitude, mais j'insiste bien sur LUI, et non son personnage, le scénario écrit à dix mains (!) s'avérant aussi nul à causer géopolitique qu'à jouer au buddy movie entre l'insipide protagoniste (franchement, Mackie, qui y a cru ?) et son encore plus insipide sidekick latino Joaquin. Décidément, tout ce qui reste au MCU, c'est l'habitude que les gens ont pris d'aller le voir, gagnée dans les glorieuses (du point de vue du fanboy) années 2010. Et cette habitude ne durera pas. Mention au personnage de "Beth", la chargée de la sécurité du président, et à ses 1m20 les bras levés (sic) : avec elle, on tient le pire du D.E.I. alors que Trump part 2 est en train de mettre un heureux terme à ce cirque grotesque. On n'est clairement pas dans l'âge d'or de Disney. "New World" ? La bonne blague.
Prima la Vita (2024)
Il tempo che ci vuole
1 h 50 min. Sortie : 12 février 2025. Biopic, Drame
Film de Francesca Comencini
Full Metal Critic a mis 8/10.
Annotation :
Grosse surprise. Je m’attendais à un film plutôt sage, alourdi par de bonnes intentions familiales ou par une mise en scène trop illustrative. À la place, je me suis retrouvé face à une proposition bieeen plus sensorielle, poétique (ce motif récurrent de la baleine, wow, ce moment onirique où le père donne le soleil à sa fille, double-wow !) et stimulante sur le plan formel que je ne l’anticipais — au détriment de la réalité biographique et de l’intrigue, parfois limite cryptique, certes (elle va à l'enterrement de QUI, au juste ?), MAIS ça fonctionne. Parce que la combinaison de l’authenticité des sentiments exprimés (l'amour qu'il lui porte et la sensation qu'elle a de ne pas être digne de cet amour, triple-wow) et du brio de l’interprétation de ce magnifique duo comble aisément ce que le film laisse dans le flou. Il y a une justesse immédiate qui suffit à nous immerger, sans qu’on ait besoin d’en savoir plus (cf. la formidable scène du couloir). L’image n’y est pas pour rien. Le film a cette matière, ce souffle visuel un peu irréel qui m’a happé dès les premières minutes. A-t-il été filmé sur pellicule ? C'est mon impression. Il y a là-dedans une lumière presque palpable, une sensualité discrète du cadre qui donne à cette histoire familiale un halo étrange, flottant entre souvenir recomposé et geste d’amour suspendu. Prima la Vita m'a un peu rappelé le Marcello Mio d'Honoré, autre hommage d'une Italienne à son illustre père, mais il est autrement moins mineur, parce que tout y est plus enfoui. Il y a une vraie pudeur dans la manière dont la cinéaste approche la figure paternelle, on sent l’émotion, mais on sent aussi la distance, car la révérence. Et cette tension entre la mémoire, reconstituée à hauteur d'enfance (la première partie avec elle petite fille reste ma préférée), et la mise en scène, produit quelque chose de poignant. Fun fact : Prima la Vita n’est PAS le titre original ? Dafuq ? Sauf que si, c’était bien le titre prévu à l’origine, et de fait, paradoxalement, le titre "français" est plus fidèle à l'esprit initial du projet que le titre utilisé en Italie ! Bref. Une œuvre en équilibre instable entre l’hommage personnel, la fiction assumée, et la rêverie cinématographique, dont l'âme puissante fait passer les excentricités les plus casse-gueule, comme la "trip sequence" dans le cinéma en noir et blanc, et qui s'avère, au final, digne d'un hommage au grand réalisateur des Aventures de Pinocchio.
Le Mohican (2024)
1 h 27 min. Sortie : 12 février 2025. Drame, Thriller
Film de Frédéric Farrucci
Full Metal Critic a mis 7/10.
Annotation :
Quelques mois après le superbe Le Royaume, la Corse revient au cinéma avec ce thriller... uuuun peu moins percutant, mais quand même plein de caractère et d'authenticité, et l'on ne peut que s'enthousiasmer de voir l'"Île de beauté" inspirer à ce point. Le casting de gueules du cru, l'électricité identitaire dans l'air, les panoramas aussi majestueux que magnétiques, la musique atmosphérique de Rone (qui avait gagné un César pour ce qu'il avait composé sur le premier film de Farrucci), le portrait non pas d'un homme (le protagoniste n'a rien d'intéressant) mais d'un sentiment, dire non à la tyrannie, qu'elle ait la forme de la mafia corse ou de la mondialisation marchande, le processus de folklorisation dudit protagoniste par une société d'en bas qui a toutes les raisons du monde de se ranger de son côté (géniale scène du concert de rock)... ce petit Mohican a beaucoup de choses pour lui, et le fait qu'Alexis Manenti n'ait pas un charisme de malade (il évoque un peu Karim Leklou, mais sans le regard hanté) n'est pas vraiment un problème en ce que son personnage est censé être le Monsieur Tout-le-monde le plus rasoir possible. Et surtout, il y a la dualité entre le protagoniste, qui incarne l'histoire en action, et sa nièce Vannina (jouée par une bien plus expressive Maria Taquin), qui incarne, à travers ses messages sur les réseaux sociaux, l'histoire en train de s'écrire, l'articulation des deux est clairement la plus agréable surprise du film... Donc... oui, désolé, les gars, mais Bibi donne deux étoiles de plus à ce petit thriller qui ne paie pas de mine qu'à votre Brutalist, la vie peut être injuste (ou pas).
The Gorge (2025)
2 h 07 min. Sortie : 14 février 2025. Action, Épouvante-Horreur, Romance
Film de Scott Derrickson
Full Metal Critic a mis 4/10.
Annotation :
Avec son postulat un peu portnawak mais fort séduisant rappelant au départ Cabin in the Woods (la présence de Sigourney Weaver dans les deux films aide un peu), son réalisateur capable du pire (son insipide remake du Jour où la Terre s'arrêta) COMME du meilleur (Sinister, son fait d'armes le plus marquant à ce jour), et l'irrésistible Anya Taylor-Joy s'essayant à l'accent des pays de l'est, The Gorge commence plutôt bien. Quand sa première partie commence à prendre ses aises dans le registre de la romcom en dépit du contexte dramatique, il semble même faire partie de ces films qui inspirent un instant des réflexions du type : "ah ouais, celui-là pourrait faire partie des exceptions, on est loin d'une merde à la Red One, AppleTV+ est quand même au-dessus de la mêlée." La dynamique entre les deux protagonistes fonctionne, le ton balance habilement entre romance, action décomplexée et fantastique prometteur, et tout laisse penser que Derrickson tient un nouveau hit. Puis, à mi-chemin, son film change radicalement de crèmerie... et de style... et c’est là que les choses commencent à coincer. Sans trop spoiler, ce qui était une romcom d’action assez rafraîchissante bascule dans un survival d'horreur à la croisée de The Mist, Stranger Things et Annihilation… mais sans le fascinant mystère du premier, ni la fluidité ludique du deuxième, ni l'épaisseur intellectuelle du troisième. La 2ème partie de The Gorge se noie dans un monde artificiel tapissé de fonds verts pas toujours très heureux, où l’intrigue, jusqu’ici plutôt engageante, devient un prétexte à enchaîner des péripéties archi-génériques où les deux acteurs paraissent un peu largués. On sent pourtant bien que ce qui intéresse Derrickson reste la relation entre ses deux personnages de solitaires trouvant l'âme soeur, mais il l'étouffe sous ses CGI... d’autant que le dernier acte finit par ressembler à une énième soupe d’influences mal digérées. Et à la toute fin – spoiler alert ! –, Derrickson et son scénariste, l’homme derrière les crétinissimes Tomorrow War et Fast X (sic), pompent allègrement La Mémoire dans la Peau, jusqu’au dernier putain de plan. En résumé, The Gorge se hisse au-dessus de la masse des "téléfilms" tristement génériques pullulant sur les plateformes, ne serait-ce que parce qu’il a un peu de personnalité et un duo d'acteurs faisant le job... mais sitôt fini, sitôt oublié.
When the Light Breaks (2024)
Ljósbrot
1 h 20 min. Sortie : 19 février 2025 (France). Drame
Film de Rúnar Rúnarsson
Full Metal Critic a mis 6/10.
Annotation :
Les films islandais étant rares dans nos contrées (ou bien tout court ?), je me suis empressé de donner sa chance à celui-là, décidant d'ignorer l'horripilant anglais de son titre international, même pas une traduction du titre original (sic), et d'ignorer également les troublantes similitudes de son pitch avec celui du (mauvais) film japonais La Mélancolie, sorti l'année dernière. Et ça m'a touché... modérément. Pour cause de cinéma trop modéré, peut-être ? When The Light Breaks est porté par une Elín Hall qui impressionne de retenue et joue bien le vertige de son personnage, ça, ça marche... malgré une regrettable direction cosmétique sur laquelle je reviendrai en fin de critique, il capte avec finesse la douleur muette de son héroïne, bien mieux que La Mélancolie ne le faisait avec la sienne, et il filme à sa hauteur la beauté froide des paysages lumineux d’Islande. En 24 heures, entre deux couchers de soleil (jolie symbolique), il explore les tourments de son héroïne dans toute l'âpre complexité de sa situation, dans une atmosphère musicale pleine de mélancolie (mention au magnifique Odi et Amo de feu-Jóhann Jóhannsson), avec une caméra à l'épaule qui a ses moments d'intensité (belle scène de danse collective à corps perdu sur du death metal), et avec une simplicité qui a ses moments (voir toute le prologue avec le compagnon où l'intimité du jeune couple est joliment filmée, préparant d'autant "mieux" le spectateur au drame à venir), sans jamais trop en faire. Seulement, ça manque justement parfois d’élan, à cause de cette modération mentionnée plus haut... on aurait aimé plus de cette intense caméra à l'épaule, ou plus de scènes créatives comme celle de l'"envol" devant l'église, et l’émotion reste un peu en surface. En gros, ça a de beau moments d'inspiration, comme la plongée sur les deux filles s'enlaçant sous les draps ou ce somptueux dernier plan aux airs de requiem, mais le tout qu'il forme n'est pas inoubliable, il mérite tout au plus un 6/10 pour la justesse des sentiments et la photographie. Ce qui aurait aidé, c'est que son réalisateur soit davantage sensible à la beauté féminine, parce que ce qu'il a fait à son héroïne, que j'ai trouvée trop laide pour une lead tout le long du film alors que des photos d'elle indiquent qu'elle est plutôt jolie, m'a fait penser que le gars était de l'autre bord, si vous voyez ce que je veux dire, un peu aidé par l'ubuesque réplique "Je ne suis pas lesbienne, je suis pan".
L'Attachement (2024)
1 h 46 min. Sortie : 19 février 2025. Drame
Film de Carine Tardieu
Full Metal Critic a mis 7/10.
Annotation :
Premier film de Carine Tardieu que je vois... et le courant passe. Dans l'ensemble. Pas comme si la nana n'avait pas semé d'embûches le parcours, hein, autant dire par exemple qu’elle n'a pas pris de gants en m'imposant comme protagoniste une vieille militante féministe confinant à la caricature et dans le rôle du jeune fils un môme semblant tout droit sorti 3ème d’un concours de sosies de Mireille Mathieu. Et pourtant, le courant a passé. Par la seule magie de cette sensibilité propre à la cinéaste, cette sensibilité qui ne force jamais le trait, ce don pour capter les tensions et les élans qui se jouent dans l’intime, sans appuyer là où ça ferait cliché, oui, ce petit détail d'une formule qui fait toute la différence, et grâce auquel TOUTES les scènes dramatiques de L'Attachement - magnifique titre - sonnent juste. Pas tant grâce à la mise en scène, qui s'avère plutôt sage, que grâce à l’attention portée aux gestes, aux silences et aux maladresses des personnages - ce qui peut certes relever de la mise en scène. L’émotion surgit sans fracas, presque par surprise. Et elle doit beaucoup à Valeria Bruni-Tedeschi, qui livre une performance absolument remarquable, oscillant entre fragilité et dureté contenue... raison pour laquelle on ne peut finalement pas dire que TOUT tient à la sensibilité de l'écriture (et Pio Marmaï fait plutôt bien son boulot, moins mollasson que d'habitude). L'actrice, peu importe que son personnage m'ait plusieurs fois donné envie de lui coller un post-it "la ferme" sur le front, capte toute l’ambivalence du film, ce mélange d’agacement et de sincérité qui finit par toucher plus qu’on ne l’aurait cru, et exprime avec la plus grande justesse toute la complexité de l'attachement, lien invisible unissant les êtres que la cinéaste traite avec beaucoup de maturité, sans se détourner des couacs qu'il peut causer, quand les êtres ne savent pas clairement formuler ce qui les pousse à s'accrocher aux autres – parfois malgré eux. Seule vraie ombre au tableau : je n'ai pas cru un instant à l'attirance sexuelle du personnage de Pio, alors âgé de 39 ans, pour celui de VBT, 60 balais, désolé les gars. Après, on parle d'un veuf dépressif en quête de bouée de sauvetage, donc allez, glissons dessus et apprécions l'ensemble. Sans jamais sombrer dans l’angélisme, Tardieu capte cette vérité simple : on ne choisit pas toujours les attachements qui nous définissent.
Fight or Flight (2024)
1 h 41 min. Sortie : 28 février 2025 (Royaume-Uni). Action, Comédie
Film de James Madigan
Full Metal Critic a mis 7/10.
Annotation :
Avec un titre aussi peu inspiré, je m'attendais à une énième merde (assez) coûteuse de plateforme streaming... j'ai eu droit à une petite surprise, ce qui est assez rare pour être noté. Avec cette espèce de Bullet Train dans les airs avec un budget moindre, certes, mais aussi bieeeen moins de blabla tarantineux, ou encore cette espèce de Non-Stop mais PAS pour boomers, l'un peu sorti de nulle part James Madigan trousse de l'entertainment délicieusement over-the-top (d'où le "salissant", parce que le dernier acte bascule dans un "gorefest" parfois surprenant) porté par un Josh Hartnett en pleine Hartnettnaissance. Même si les vibrations "girlboss" très contemporaines font partie des quelques points négatifs que je lui ai trouvés (en plus du prêchi-prêcha politique sur le "child labor", dont on se fout royalement dans le cadre d'un tel film, et de quelques incohérences scénaristiques inévitables avec un pitch à ce point nawak), on doit quand même mentionner son casting féminin, d'une Katee "Starbuck" Sackhoff prenant un plaisir évident à jouer son personnage de requine du renseignement à la tout simplement craquante révélation qu'est Charithra Chandra. Vous voulez un film d'action aérien "non-stop" interdit aux boomers ? Oubliez Liam Neeson, voici la relève.
A Real Pain (2024)
1 h 30 min. Sortie : 26 février 2025 (France). Drame, Road movie
Film de Jesse Eisenberg
Full Metal Critic a mis 7/10.
Annotation :
“No one wants to be alone” dit l'écorché vif Benji à l'affable David. La ligne pourrait être banale, elle est déchirante. Comme souvent dans A Real Pain, c’est dans ce qui semble improvisé, jeté comme une vanne, que le film est le plus juste/intéressant, entre deux piques bien senties du style "money’s like fucking heroin for boring people", même si l'humour du film ne fait pas TOUJOURS mouche. Officiellement proches comme des frères, ses deux protagonistes sont en fait des pôles opposés : l’un poli, rationnel, souvent effacé, Eisenberg lui-même, l’autre instable, intense, un peu casse-couilles, campé par un Kieran Culkin recyclant un peu son personnage de Succession version névrosé middle-class. Le gars cabotine parfois, mais il donne aussi au film sa pulsation, son imprévisibilité. Sa haine des riches (qui sort d'où, au fait ?), sa gaucherie sociale, sa manie de saboter les instants solennels (cf. la scène absurde avec la statue ou ses interventions lourdes auprès du guide touristique) nourrissent une tension permanente, si bien qu'on peut le voir comme la dramaturgie d'A Real Pain incarnée. Eisenberg, en comparaison, reste un peu en retrait, trop bien élevé pour être traversé par quoi que ce soit de vraiment puissant. Sauf, peut-être, lors d’un craquage bref mais saisissant au restaurant, sommet émotionnel du film, là, le film cogne fort, porté par l’imprévisibilité de Culkin, vraie dynamo dramatique. Dommage que ce climax arrive si tôt : la dernière demi-heure, plus centrée sur les liens entre cousins, retombe un peu à plat, cf. la scène des deux cailloux devant la porte, bif-bof, quoi. Il reste des choses précieuses : la musique de Chopin distillée avec parcimonie, la réjouissante quête nocturne du coin où fumer un joint, l'intimidante scène de camp sans musique (un peu prétentieuse dans l’intention mais bouleversante dans l’exécution). Et surtout, une fin pudique, poignante, qui rachète les flottements. Sorte d'étrange complément à La Zone d’intérêt, A Real Pain est un beau film, à la fois désinvolte et sincère, objet bancal mais attachant... pas un chef-d’œuvre, mais un film qui reste dans un coin de la tête.
Black Dog (2024)
Gou Zhen
1 h 50 min. Sortie : 5 mars 2025 (France). Drame
Film de Guǎn Hǔ
Full Metal Critic a mis 7/10.
Annotation :
On connaît la chanson de ces films indés chinois qui squattent les festivals, ces œuvres où l’atmosphère, ciselée jusqu’au moindre grain de poussière, surpasse souvent des récits chancelants, perdus dans les brumes du symbolisme ou des trous narratifs. Black Dog semble d’abord s’installer dans ce registre familier : une Chine rurale à l’abandon, des silences lourds comme des enclumes, une caméra qui scrute la désolation avec une précision quasi-chirurgicale. Mais Guan Hu, malin, joue avec nos attentes. Le film démarre en douceur, avant de trouver son souffle à mi-parcours, quand tout s’alignera dans une alchimie discrète mais percutante. Le cœur, c’est ce tandem bancal : Lang, l’ex-taulard mutique revenu dans son bled ravagé par les lendemains des JO, et ce magnifique chien errant, maigre à faire peur, au regard qui vous transperce. Eddie Peng incarne Lang avec une économie de gestes et de mots qui n’a rien d’un tic : c’est une humanité à fleur de peau, abîmée, qui se dévoile dans ses silences (même si ça lui coûte malgré tout un point car jamais expliqué et un peu pénible à la longue...). Face à lui, ce cabot noir, présence magnétique, tisse un lien si brut, si vrai, qu’on jurerait l’acteur et la bête élevés ensemble depuis toujours. Ces moments où ils se jaugent, se cherchent, puis s’apprivoisent, sont le joyau du film. On regrette juste qu’ils soient trop rares : le clébard, qui donne quand même son titre au film, squatte à peine un tiers du métrage alors qu'il aurait mérité d’en bouffer la MOITIÉ tant il porte l’âme de cette histoire. Car le scénario, reconnaissons-le, n’est pas exactement là pour briller par sa maîtrise : fragile, tortueux, il intrigue avec son pitch – un ex-rockeur devenu chasseur de chiens errants dans une ville fantôme – mais s’égare parfois dans ses propres méandres et manquements. Mais ça se tient : cette trame, originale mais bancale, n’est clairement qu’un prétexte pour la mise en scène à la fois rugueuse et poétique de Guan Hu. Chaque cadre, saturé de textures – la rouille, la crasse, les ciels plombés –, vibre d’une beauté âpre, presque animale. Le film ne cherche pas à tout expliquer, il se vit, porté par une mélancolie qui cogne sans prévenir. Black Dog, c’est un ovni imparfait qu'apprécieront d'autant plus les fans de rock'n'roll... et d'un autre OVNI parlant de canidés, le hongrois (et plus réussi encore) White God !
Mickey 17 (2025)
2 h 17 min. Sortie : 5 mars 2025 (France). Science-fiction, Action, Comédie
Film de Bong Joon-Ho
Full Metal Critic a mis 5/10.
Annotation :
Au moment de noter Mickey 17, j'ai vu qu'une poignée de mes éclaireurs SC l'avaient déjà fait, et qu'ils lui avaient tous collé un 6/10. Pas certains un 3 et certains autres un 8, non : que du 6. Je me suis rendu compte que j'oscillais moi-même entre un 5, qui exprimerait mon état d'indécision face à ce très inégal huitième opus bonguien, et un trèèèès miséricordieux 6 sous prétexte que son humour m'a suffisamment diverti. En gros, avec Mickey 17, dans le meilleur des cas, le (trop ?) célébré réalisateur sud-coréen a reproduit l'effet super-mimolette de ses précédents films de SF anglophone, Le Transperceneige et Okja, plutôt que le miracle de Parasite, seul de ses quatre derniers films à tenir un discours de gauche (marxiste) suffisamment sophistiqué pour être intéressant. Non, avec Mickey 17, Bong a retrouvé sa subtilité de marteau-piqueur dans une salle d’opération, son manichéisme d'adolescent énervé qui flinguait les antagonistes de ses précédents films comme il le fait ici avec les personnages lourdingues dans la lourdeur que jouent Mark Ruffalo (à qui Bong a clairement demandé de jouer sa vision de Trump) et Toni Collette, et son goût pour les histoires archi-tartes de gentils monstres contre les méchants humains. Du coup, autant le premier acte du récit, celui qui se consacre au quotidien peu enviable du protagoniste, fonctionne plutôt bien, y compris dans le registre de l'humour... autant ça se gâte par la suite, Bong passant dans le 2ème acte à un récit de clones pas mal fichu, et toujours bien porté par un Robert Pattinson en forme malgré le portnawak qu'a dû être la direction du cinéaste, mais dont on peine à voir où il veut en venir, et qui n'expliquera jamais pourquoi les différences de caractère entre clones (Multiplicity, c'était une comédie !)... et dans le 3ème acte à une sorte de croisement grotesque entre le Muppet show et Avatar, qui fait VRAIMENT penser que puuuutain, il aurait pu durer une bonne vingtaine de minutes en moins, ton film, Bong. Et puis puuuutain, quel film de "cuck", comme dirait l'autre. Bref, un film très inégal, donc, et par conséquent flanqué d'un certain nombre de scènes donnant envie de l'aimer, comme la scène de la cérémonie publique partant en live à l'apparition d'une des bestioles ou encore toute la première partie susmentionnée... qu'on aurait aimé, du coup, ne PAS découvrir dans la BA sur le génial Ain't That A Kick In The Head de Dean Martin, dont l'absence se fait sentir dans ce film tonalement incertain.
Le Secret de Khéops (2025)
1 h 37 min. Sortie : 5 mars 2025. Aventure
Film de Barbara Schulz
Full Metal Critic a mis 4/10.
Annotation :
Quand j'ai vu la bande-annonce - qui ne payait pas de mine - de ce Secret de Khéops, j'ai fait l'erreur d'y croire. Luchini, même quand il cabotine, a ce petit quelque chose qui peut tirer un film vers le haut si on a tiré le bon numéro, quant à la charmante Barbara Schulz, comédienne qui méritait meilleure carrière au cinéma, elle m’a toujours inspiré une franche sympathie qui me rendait curieux de voir ce qu'elle donne en réalisatrice... et puis le récent souvenir d'une réjouissante romcom française que personne d'autre n'a calculée, À toute allure, m'a fait espérer une surprise du même acabit. Problème, mes chers compatriotes : ce que la Barbara Schulz réalisatrice nous a pondu en guise de premier film est NETTEMENT moins charmant qu'elle lorsqu'elle était jeunette, et relève, au mieux, du téléfilm TF1, avec sa mise en scène d’une platitude scolaire, comme si fifille avait passé l'entièreté du tournage le nez dans le manuel et sans jamais oser une idée personnelle (allez, il y a un panorama des pyramides et un plan d'une petite souris qui me sont restés), son scénario pompé sur ce qu'Hollywood a cent fois fait en mille fois mieux (fifille a dû se taper 300 fois Indiana Jones et la Dernière croisade avant le tournage) et s'égarant parfois du côté du vaudeville, sa ringardise qu'on tolère tout juste un mercredi d'hiver pluvieux, son actrice dotée du charisme d'une plante verte pour jouer le rôle ingrat de la fille, son duo de flics moins réalistes que des Playmobil, son climax souterrain en carton (le dernier Indiana Jones tapait aussi dans l'aventure gériatrique, mais avait au moins un budget approprié...), son comique souvent poussif qu'aggrave souvent le cabotinage luchinien frisant parfois l'hystérie (mon dieu, cette énième imitation de Johnny !) (mon dieu, ces cris !), en bon film pour vieux, quoi... et le pire, c'est que Barbara Schulz n'a que 53 ans ! Est-ce parce qu'elle dédie son film à son père ? Quoiqu'il en soit, le geste est louable, mais... que croyait-elle apporter au schmilblick, avec son histoire de réconciliation père-fille tout ce qu'il y a de plus convenu ? Peut-être avait-elle juste envie de s'amuser. Reconnaissons au moins à sa récréation qu'elle traite la vérité historique avec une jolie rigueur et rend la génération alpha presque sympathique...
The Insider (2025)
Black Bag
1 h 33 min. Sortie : 12 mars 2025 (France). Drame, Thriller
Film de Steven Soderbergh
Full Metal Critic a mis 7/10.
Annotation :
Le mois dernier, avec Presence, j'espérais tomber sur le premier bon Soderbergh en huit ans, depuis le charmant Logan Lucky. Broucouilles. Mais il ne m'aura fallu attendre qu'un mois de plus, avec ce (faux ?) petit film d'espionnage ridiculement intitulé "The Insider" pour sa distribution française alors que le titre original, Black bag, est une réplique que répètent plusieurs fois les acteurs (sic). Attention, j'ai dit "bon", pas "génial", hein. Ce Soderbergh de mars, qui ne peut s'apprécier QUE comme un portrait de couple déguisé en pastiche de film d'espionnage et non pas comme un thriller d'espionnage à l'ancienne, a) peut paraître parfois un peu vain, comme ça arrive parfois chez Soderbergh, dont la distance cérébrale qu'il entretient avec ce qu'il filme peut parfois jouer les tue-l'amour, b) peut rebuter au début par sa verbosité, et, à mon immense regret, c) l'immense Cate Blanchett s'est officiellement ajoutée à la sinistre liste des actrices qui se sont fait plastifier la tronche pour AUCUNE RAISON VALABLE. Mais bon... en réponse au a), force est de reconnaître que dans le cas de Black Bag, le filmage clinique du cinéaste colle parfaitement au sujet et à l'univers, au point d'en faire un intéressant complément "intello de salon" à son castagneur Haywire ; en réponse au b), la verbosité ne devient plus un problème une fois qu'on réalise que David Koepp (encore) était inspiré dans son portrait de cet univers de tordus (les personnages sont les premiers à le reconnaître)... et en réponse au c), le grimage de Michael Fassbender fait oublier, bon an mal an, ses huit ans d'écart avec Cate Blanchett, aussi leur couple fonctionne-t-il malgré tout. Non, Soderbergh et Koepp proposent ce mois-ci quelque chose de distingué, mais pas artificiellement, et d'assez divertissant, dont j'aurais volontiers suivi une déclinaison en série, avec les mêmes obsessions et la même fixette sur le cul... et puis comme le cinéma est avant tout de l'image, n'oublions pas de mentionner l'impressionnant boulot que le réalisateur a fait en tant que chef op, car Black Bag est visuellement délicieux, notamment dans ses scènes de nuit, qui me semblent avoir été éclairées en lumière naturelle. Donc pas du GRAND cinéma... mais le rappel utile que le gars a encore des bonnes choses à offrir, contrairement peut-être à David Fincher, dont le personnage que joue Fassbender dans Black Bag m'a rappelé celui qu'il a joué dans l'abominable The Killer...
Parthenope (2024)
2 h 16 min. Sortie : 12 mars 2025 (France). Drame, Romance
Film de Paolo Sorrentino
Full Metal Critic a mis 5/10.
Annotation :
Un des films les plus esthétiquement impressionnants de Paolo Sorrentino, au service d'un des scénarios les moins inspirés de Paolo Sorrentino, si bien qu'en dépit de la photographie susmentionnée et, surtout, de la performance ensorcelante de la sensationnellement attirante Celeste Della Porte, Parthenope est le premier film authentiquement chiant de Paolo Sorrentino, qui va forcément apporter de l'eau au moulin des détracteurs de son cinéma de poseur né. Un pensum interminable (entre 1h20 et 1h25 surviennent une poignée de scènes donnant vraiment l'impression qu'on est à la fin du film) sans direction claire, ni tension dramatique, ni personnages accessibles, ce qui pose légèrement problème car, si l'interrogation du Paolo sur ce que signifie être beau et comment cette perception peut façonner une existence est pertinente, ça ne lui offrait pas un permis de ne rien raconter d'intéressant. Oui, la beauté y est présentée comme fardeau autant qu'un don (la gauche américaine gonfle son monde avec le privilège blanc, mais quid de l'autrement plus réel "privilève beau" ?), oui, les attentes masculines peuvent retirer aux belles femmes une part de leur individualité, tout ça, c'est bon sur le papier, mais QUI est Parthenope ? Oui, sa jeune interprète est une oeuvre d'art vivante... mais ça ne dit toujours pas QUI est Parthenope. "À quoi penses-tu ?" lui demandent souvent les personnages masculins, comme pour s'assurer que l'intérieur est à la hauteur de l'extérieur... et ? À rien de fascinant. Et dans une fresque s'étirant sur des décennies, le temps n'a claiiiiirement pas assez prise sur l'héroïne. Au moins, on peut admirer tout du long sa plastique, soit tout ce qu'il reste au spectateur dans son interminable dernière heure, hormis l'inutile épilogue. Non, le seul aspect de la réflexion de Sorrentino sur le sujet qui a donné quelque chose d'intéressant est son association de la beauté à la mythologie. Mais c'est tout. Si vous voulez voir un film de Sorrentino sur ce que la beauté féminine fait aux hommes, regardez plutôt son autrement moins vide Youth. Et autrement moins pudique. Quand même : faire pschiiiit avec un film SI élégant et, de prime abord, SI sexy ? Allez, je lui donne la moyenne de justesse rien que pour elle... ET pour avoir fait chouiner les E-wokes de Libé & consort sous prétexte de "male gaze" (sic). Finir (ou presque) sur la jeune héroïne prenant plaisir à se faire doigter par un vieux prêtre catholique, en 2025, fallait oser.