Cover Nicolas Roeg - Commentaires

Nicolas Roeg - Commentaires

Réalisateur aussi réputé auprès des cinéphiles qu’inconnu du grand public, le britannique Nicolas Roeg fait partie de l’avant-garde des années 70. Il n’y a pourtant rien d’ardu ni de particulièrement exigeant dans cette œuvre, mais un degré d’intensité hypnotique qui rend son œuvre particulièrement ...

Afficher plus

Liste de

6 films

créee il y a plus de 10 ans · modifiée il y a plus de 7 ans

Performance
6.1

Performance (1971)

1 h 41 min. Sortie : 7 janvier 1971 (Royaume-Uni). Drame

Film de Nicolas Roeg et Donald Cammell

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Il ne faut pas limiter l’intérêt du premier film réalisé par Nicolas Roeg à sa dimension sociologique. Concomitant à la veine contestataire britannique portée notamment par Lindsay Anderson, sans doute conçu pour promouvoir Mick Jagger, il excède cependant cette seule lecture et recherche un nouvel agencement des images, de leur temporalité et de leur rapport, multiplie les propositions esthétiques visant à brouiller les frontières entre transe et réalité, désir et conformisme. La tonalité cocasse et grotesque du polar naturaliste cède la place au trip : héros vampirisé par la rock star décadente dans un double processus de transfert et d’émulation, personnages aux contours indécis (la jeune fille androgyne), rigidité de l’establishment grignoté par un imaginaire fantasmatique... L’exercice est totalement fascinant.
Top 10 Année 1970 :
http://lc.cx/AU6

La Randonnée
7.5

La Randonnée (1970)

Walkabout

1 h 40 min. Sortie : 23 février 1972 (France). Aventure, Drame

Film de Nicolas Roeg

Thaddeus a mis 10/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Bien avant Weerasethakul ou Van Sant, Roeg dessine une géographie mentale qui offre aux personnages de découvrir l’inconnu contenu en eux-mêmes. Le bush australien où ils se perdent puis se ressourcent figure autant l’envers de la civilisation, remisée dans la rouille et l’oubli, que le surgissement d’une virginité des origines, et catalyse tout un spectre d’états affectifs, de bribes de mémoires, d’associations agencés par un montage visuel et sonore d’une totale liberté. A la fois espace de jeu, vecteur d’illusion, monde en sursis, piège morbide et menaçant, ce territoire éveille les corps, stimule les consciences, exsude un mysticisme dévorant, estompe les frontières entre l’ancien et le moderne, l’homme et l’animal, la nature et la culture, et fige la beauté évanescente d’un bonheur lustral, enseveli par le retour à la ville – eau, roche, soleil, faune et flore mêlés. Le choc intégral.
Top 10 Année 1971 :
http://lc.cx/AUL

Ne vous retournez pas
7

Ne vous retournez pas (1973)

Don't Look Now

1 h 50 min. Sortie : 18 septembre 1974 (France). Drame, Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Nicolas Roeg

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Ce qui frappe avant tout c’est la maestria de la prise de vue, l’ambiance lourde, mortifère, inquiétante exhalée par cette Venise brumeuse aux mille terreurs endormies. Le cinéaste s’y connaît en climats vénéneux et la recherche d’une enfant morte, par médiums interposés, lui permet de jouer sur toute une gamme de figures diffuses à l’étrangeté malaisante – une tache de sang sur une photographie, un passé oublié qui remonte à la surface, un nain tueur au visage flétri dont la soudaine apparition glace le sang. Hélas la progression du cauchemar souffre d’une étrange atonie, et son dispositif ne vaut guère plus que pour la somme de ses effets : à mon regret, jamais je n’ai été vraiment captivé par ce classique du fantastique, pourtant l’œuvre la plus renommée de son auteur.

L'Homme qui venait d'ailleurs
6.3

L'Homme qui venait d'ailleurs (1976)

The Man Who Fell to Earth

2 h 19 min. Sortie : 6 juillet 1977 (France). Science-fiction, Drame

Film de Nicolas Roeg

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Lorsque Nicolas Roeg investit le champ de la SF allégorique, celle du "Jour où la Terre" s’arrêta, il en offre une désinence singulière. Extraterrestre à la silhouette étique et à la chevelure de feu, David Bowie s’efforce de s’adapter à la vie terrienne mais se heurte à l’incompréhension d’une société de consommation hostile aux marginaux. Influencé par le psychédélisme et la libération sexuelle de son époque, toujours prompt à fuir les conventions pour privilégier les climats étranges, composer des images équivoque et mystérieuses, bousculer la logique traditionnelle du récit, le cinéaste trouve une tonalité bien particulière, conforme à la personnalité déphasée de son héros peu à peu réduit à l’impuissance et à l’anonymat. Mais son film intrigue bien plus qu’il ne touche.

Enquête sur une passion
7

Enquête sur une passion (1980)

Bad Timing

2 h 03 min. Sortie : 18 juin 1980 (France). Drame, Thriller

Film de Nicolas Roeg

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Vienne. Une fille borderline vit une liaison tumultueuse avec un professeur de psychologie. Sa tentative de suicide attire les soupçons d’un flic teigneux qui flaire le truc pas net. Roeg braque sa grande focale sur cette histoire de doutes, d’orgueil et de jalousie morbide, la disséquant à la manière d’un puzzle kaléidoscopique, développant une investigation brisée, hachée, rétrospective, aux multiples détours mentaux et temporels. Ce jeu complexe de la vérité pourrait n’être qu’un stimulateur de neurones, une introspection fascinante et glacée aux allures d’autopsie. La fièvre du sujet, qui se penche sur les vertiges intérieurs et les affres de la passion, et l’intensité des acteurs, particulièrement Theresa Russell en jeune femme déboussolée, fragile, bipolaire, lui apportent une véritable épaisseur humaine.

Eureka
6.6

Eureka (1983)

2 h 10 min. Sortie : 5 mai 1983 (Royaume-Uni). Drame, Thriller

Film de Nicolas Roeg

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Casting stellaire et sujet ambitieux pour un film construit comme un déroutant mille-feuille, chaque couche venant recouvrir et altérer la précédente : évocation historique mâtinée d’occulte, portrait d’un puissant retranché dans son for intérieur, feuilleton familial, roman d’amour fou, jusqu’au procès final qui apporte l’ultime métamorphose à cette œuvre polymorphe, foisonnante, baroque, volontiers grandiloquente et soumise à tout un nébuleux barda ésotérique. L’équilibre instable des registres auxquels elle recourt est comme dicté par la nécessité d’une forme plus convulsive que jamais, qui tente de rendre sensible les contradictions d’êtres ambigus et complexes, livrés qui à une névrose destructrice de la possession, qui à une consumante passion, qui aux insatisfactions d’un rêve inaccompli.

Thaddeus

Liste de

Liste vue 961 fois

3