Cover Patrice Chéreau - Commentaires

Patrice Chéreau - Commentaires

Un cinéma écorché, tourmenté, plein d’éclats psychologiques et physiques violents. Souvent je me dis que Chéreau va finir par sombrer dans l’excès hystérique, la sur-théâtralisation ; à chaque fois sa fièvre et son expressivité rattrapent le coup. Et puis "La Reine Margot" est quand même une sacrée ...

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6 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a presque 9 ans

La Chair de l'orchidée
5.8

La Chair de l'orchidée (1974)

1 h 54 min. Sortie : 29 janvier 1975. Drame, Thriller

Film de Patrice Chéreau

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Chéreau qualifiera plus tard son premier film de "fantasmagorie indigeste". Autoflagellation assez injuste car la façon dont il parvient, à force de stylisation hallucinée, à créer malaise et fascination est plutôt courageuse. Il s’agit d’un faux polar bizarre où l’on croise une jeune héritière mutique, une grande bourgeoise bottée et voilettée de noir, des fous errant dans un parc parmi des voitures luisantes comme des coléoptères, un type louche qui finit énucléé, ou bien encore deux frères assassins presque aussi laconiques et effrayants que le Chigurh des frères Coen. Toute cette sanglante affaire de crime, de folie et d’argent est traversée de bouffées d’humour noir, filmée dans des intérieurs de pénombre ou dans une campagne de vapeurs grises, et marquée par un sentiment d’inexorable fatalité.

L'Homme blessé
6.4

L'Homme blessé (1983)

1 h 49 min. Sortie : 25 mai 1983 (France). Drame

Film de Patrice Chéreau

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

D’une certaine manière, ce film est aux années 80 ce que le "Théorème" de Pasolini était à la fin des années 60 : même histoire de gens très ordinaires foudroyés par un regard, un corps, une étreinte, et qui sortent brusquement d’eux-mêmes pour révéler au monde que l’enfer et le paradis, c’est ici et maintenant. Incidemment, il nous dit aussi que la chair est triste, que tout est souffrance, que les tourments de la famille, de l’enfermement, du dévouement brutal à un être-ange (ou démon) convergent toujours vers des murs invisibles, des lieux condamnés, une mort forcément tragique. Analyse crue et glauque d’une passion dévorante, irrationnelle, l’œuvre est d’une radicalité sans compromis, mais sa complaisance pour les toilettes de gare, les amours cradingues et le voyeurisme sexuel peut fatiguer.

La Reine Margot
6.9

La Reine Margot (1994)

2 h 39 min. Sortie : 13 mai 1994. Biopic, Drame, Historique

Film de Patrice Chéreau

Thaddeus a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

À la cour du roi Charles IX, querelles, haines et inimitiés s’exaspèrent en complots occultes, meurtres violents, relations incestueuses. Sauvagerie et débauche règnent dans les palais et les rues, derrière les portes dérobées, sous la lueur des chandelles. Tel un Visconti possédé (tendance "Les Damnés"), Chéreau plonge dans le nœud de vipères des intrigues familiales et en extrait un hallucinant opéra de sang et de larmes, un feuilleton shakespearien marqué par un romantisme noir, la promiscuité organique et nauséeuse de la mort, la fièvre tumultueuse de passions exacerbées. J’ai été particulièrement secoué et fasciné par la jungle des personnages, le baroquisme hanté des images et du score de Bregovic, leur expressionnisme funèbre (avec en point d’orgue une nuit de la Saint-Barthélémy proprement cauchemardesque).
Top 10 Année 1994 :
http://lc.cx/UPY

Ceux qui m'aiment prendront le train
6.6

Ceux qui m'aiment prendront le train (1998)

2 h 03 min. Sortie : 13 mai 1998 (France). Drame

Film de Patrice Chéreau

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

On peut rester allergique aux névroses et aux excès exsudant de ce portrait de famille en crise, montrée comme une petite société fonctionnant comme une cour, avec ses secrets, ses courtisans et ses cabales. Mais il est difficile de nier que Chéreau administre une leçon de mise en scène qui en impose : les chassés-croisés de ses personnages torturés sont filmés avec une trivialité parfois mélodramatoc, une fièvre brûlante qui chemine comme la lave d’un volcan, traversé d’éclats hystériques, d’accalmies réparatrices, de soubresauts virevoltants. Solitude, homosexualité, drogue, violence des rapports amoureux y constituent les éléments tourmentés d’un chant choral aux fulgurances douloureuses et aux acteurs convulsifs – comme un Sautet qui serait détraqué par Bergman et Pasolini.

Intimité
6.5

Intimité (2001)

Intimacy

2 h. Sortie : 28 mars 2001 (France). Drame

Film de Patrice Chéreau

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Autopsie d’une passion charnelle, où la frénésie des corps ouvre bientôt sur la possibilité d’un amour non désiré mais irrépressible. Seulement chez le cinéaste, il n’y a pas d’amour heureux : le rapport physique est aussi un rapport de classes, qui s’accomplit comme un cérémonial dans l’espoir de donner une dimension supplémentaire à une existence épuisée. Reposant sur une insolite inversion des rôles, le film envisage l’acte sexuel comme les prémices d’une connaissance réciproque, et capte sous tension, avec l’ardeur brutale et animale qui est celle du cinéaste, le développement d’une relation ancrée dans la réalité sociologique londonienne. Chéreau trouve un bel équilibre entre épure et stylisation, charge émotionnelle et sobriété, bien servi par deux acteurs très investis.

Son frère
6.7

Son frère (2003)

1 h 35 min. Sortie : 10 septembre 2003 (France). Drame

Film de Patrice Chéreau

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

C’est quoi un frère ? Chéreau fouaille ce dilemme à la lumière d’un corps souffrant – la nudité chez lui est souvent violente, jamais impudique. Encore une fois, il est question d’êtres tourmentés, filmés au plus près de leur douleur. À nouveau, le regard de l’auteur se fait assez cru, saisissant la lente désagrégation d’un homme rongé par la maladie avec un réalisme parfois éprouvant. Mais pour le coup, le cinéaste s’éloigne des outrances hystérisantes pour capter, avec pudeur et sensibilité, le regain d’humanité, la consolidation des rapports fraternels, le lent cheminement vers l’apaisement face à la proximité de la mort, tandis que l’un s’éloigne de la femme qu’il aime et l’autre du garçon avec qui il vit. Peu à peu, le film est gagné par une sérénité, une acceptation qui suscitent une jolie émotion.

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