Cover Quelques citations d'Une histoire du jeu vidéo en France

Quelques citations d'Une histoire du jeu vidéo en France

Une histoire du jeu vidéo en France par Alexis Blanchet et Guillaume Montagnon est le nouvel ouvrage de référence sur l'arrivée du jeu vidéo en France, si mal connue et pourtant si riche. Ils ont fait un travail de dingue en épluchant de nombreuses sources très diverses mais aussi en s'entretenant ...

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17 jeux vidéo

créee il y a 6 mois · modifiée il y a 19 jours

Space Invaders
7

Space Invaders (1978)

Supēsu Inbēdā

Sortie : 1978 (France). Arcade, Shoot'em up

Jeu sur Arcade, Atari 2600 VCS, Atari 8-bit, Atari 5200, ZX Spectrum, MSX, SG-1000, NES, Game Boy, Saturn, NEC PC-98, Virtual Boy, PC, WonderSwan, Game Boy Color, Game Boy Advance, J2ME, iPhone, Wii, iPad, Android

Annotation :

« Dès [le 4] septembre 1979, le succès au Japon de Space Invaders suscite un reportage à la télévision française au journal de 20 h. Le commentaire du correspondant d'Antenne 2 au Japon se révèle pour le moins inquiétant : « Le Japon est envahi des extraterrestres et des soucoupes volantes. Il s'agit d'un nouveau jeu électronique qui fait fureur et qui fait des ravages, surtout chez les jeunes. Tout est fait ici pour harponner, conditionner, faire appel aux instincts agressifs, amoindrir aussi les réflexes des joueurs par un déluge de décibels, par le scintillement des lumières, par l'éblouissement des couleurs, par le jeu de la guerre et de la survie. [...] Ces envahisseurs ont déclenché bien plus qu'une mode, c'est une épidémie, un fléau national ! Les tout jeunes s'y laissent prendre, ils volent même leurs parents ou leurs amis pour jouer et certaines mineures se sont même prostituées. La pègre des grandes villes, toujours à l'affût, y voit là une nouvelle source profitable de revenus. Elle tente de contrôler ces nouveaux jeux qu'on peut installer partout, sans autorisation. » Le propos, extrêmement stigmatisant vis-à-vis de la pratique vidéoludique, mêle des éléments de panique morale concernant l'émergence d'une nouvelle culture médiatique à un soupçon de xénophobie à l'endroit du Japon et de ses nouveaux contenus culturels. »

Page 104

Atari 50

Atari 50 (2022)

Atari 50: The Anniversary Celebration

Sortie : 11 novembre 2022. Arcade, Action, Casse-brique

Compilation sur PC, PlayStation 4, Xbox One, Nintendo Switch, Xbox Series X/S, PlayStation 5

Annotation :

« Guy Millant [ancien PDG d’Atari France] met aussi en œuvre une campagne de communication autour de son produit [l’Atari 2600], en y investissant de grands moyens : « J'ai engagé DVB comme agence de publicité. J'ai acquis quelques pages de réclames sur TF1, chose vraiment exceptionnelle à cette époque, puisque des moyens conséquents étaient nécessaires. Sans télévision, ce produit me paraissait difficilement vendable Pour l'occasion, j'ai obtenu dix millions de francs [de budget communication]. En janvier 1981, j'avais six personnes qui s'affairaient sur la question. Au mois de mai, j'ai eu la visite du PDG d'Atari, Ray Kassar. Il me demande [les détails du lancement français]. Tout était prêt pour septembre. Je lui explique les manœuvres en cours. J'étais un peu gêné en lui disant que j'allais dépenser dix millions de francs. Il me clame que ça ne va pas. Je lui réponds qu'on peut toujours baisser, s'il le désirait. Il me rétorque qu'il faut dépenser cinquante millions de francs ! C'est bien la première et seule fois dans ma vie que cela s'est produit. » »

Page 172

1815

1815 (1984)

Sortie : 1984. Stratégie temps réel

Jeu sur Oric 1, Thomson MO5, Thomson MO6, Thomson TO7, Thomson TO8, Thomson TO9, Amstrad CPC

Annotation :

« Brocard et Bertin [Bertrand Brocard et Gilles Bertin co-fondateurs de Cobra Soft] constituent petit à petit leurs équipes pour assurer la duplication des programmes et le travail de commercialisation : « Après le commercial, nous avons embauché du monde pour la fabrication. Il fallait dupliquer. Nous avions seize magnétophones sur une étagère, et un ReVox pour le master : des fils partaient de la tête du ReVox et attaquaient celles des seize magnétophones Philips, qui y étaient directement connectées. Il fallait mettre tout en enregistrement avec la pause, lancer le ReVox et enlever vite les seize pauses pour démarrer [la duplication]. S'il fallait cinq minutes pour dupliquer, il fallait alors attendre cinq minutes. C'était très artisanal. Par la suite, nous sommes passés par un prestataire [qui le faisait pour les bandes audio]. » »

Page 214

Meurtre à grande vitesse

Meurtre à grande vitesse (1985)

Sortie : 1985 (France). Aventure textuelle, Aventure

Jeu sur Commodore 64, Amstrad CPC, Oric 1, Thomson MO5, Thomson TO7, EXL 100

Annotation :

« Meurtre à grande vitesse, je l'ai fait tout seul, je l'ai même terminé à la maternité, en attendant la naissance de ma fille. J'avais amené l'Oric, je me revois travailler dans la chambre où se trouvait ma femme. Je n'avais besoin de personne. » Bertrand Brocard

Page 215

Alone in the Dark
7.5

Alone in the Dark (1992)

Sortie : 1992 (France). Action-Aventure, Survival horror

Jeu sur PC, 3DO, Mac, iPhone, iPad, iPod

Annotation :

Dans un entretien donné en 1998 à France Culture [le 24 novembre], Bruno Bonnell détaille la genèse de ce projet entrepreneurial [la création de la société de jeux vidéo Infogrames], très éloignée au départ de l'informatique : « C'est d'abord une volonté commune de faire quelque chose ensemble très tôt, parce que probablement... un certain esprit entrepreneurial. À l'origine, ça devait être des pizzas. L'idée originale d'Infogrames devait être une grande chaîne de pizzas. Je vous rappelle que McDo n'existait pas encore en France et qu'on avait cette idée de faire des pizzas industrielles [...]. Nous avons surtout pensé, en tant que Lyonnais, [que] nous allions nous faire conspuer par les gastronomes locaux, on a donc préféré une autre spécialité". »

Page 227

Saphir

Saphir (1986)

Sortie : 1986 (France). Plateforme

jeu vidéo sur Thomson MO5

Annotation :

« Bruno Bonnell se rappelle les conditions rocambolesques d'un accord avec Matra pour un programme intitulé Le jeu des 6 lys pour l'Alice : « J'ai absolument besoin de faire du chiffre Je suis chez Matra, devant le patron du marketing qui va lancer l'Alice. Il me demande si on a un jeu pour lui. Je lui dis qu'on est en train d'en préparer un. Derrière lui, il y avait un vase avec six lys. Je lui dis alors: "C'est Le jeu des 6 lys." Il me demande ce que c'est. Je lui réponds: " C'est confidentiel, mais bon, à vous, je peux le dire. C'est un jeu d'aventure formidable avec une princesse, un dragon..." Bref, n'importe quoi ! Il me dit que si nous le faisons, il nous en prend 20 000 qu'il met en même temps dans la boîte [de l'Alice]. […] On livrait un master et eux achetaient le droit d'en dupliquer 20 000. C'était cinq ou six francs la cassette, ça faisait donc 100 000 francs. Avec cette somme, on vivait deux mois. C'était juste génial. [...] Je m'en vais et, tellement pris dans le quotidien, je zappe totalement. Trois mois après, coup de fil de l'usine de production de Matra : ils attendent notre master dans deux jours. Et moi, je savais pas de quoi il parlait. C'était Le jeu des 6 lys. On a écrit, codé et réalisé le jeu en trois jours pour l'Alice 4K133. »

Page 241-242

Méwilo

Méwilo (1987)

Sortie : 1987 (France). Aventure

jeu vidéo sur PC, Atari ST, Amstrad CPC, Amiga

Annotation :

Une des particularités de Coktel Vision est également la part importante que représentent les femmes dans ses équipes de développement. Un journaliste de Micro News [Jean-Michel Berté] en fait état en 1988 [Micro News n°12, juillet-août 1988], par des propos au sexisme débridé dont nous laisserons le/la lecteur/trice seul/e juge : « Mais là où Coktel Vision fait très fort, c'est sur leur manière de travailler et leur façon de recevoir les journalistes... L'équipe de Coktel est en effet constituée en grande partie de femmes, ce qui présente deux avantages immédiats. D'abord, pour les quelques hommes qui travaillent chez Coktel, l'ambiance est sympathique, pour le moins. Ensuite, pour le pauvre journaliste exténué (le métier est dur) qui se retrouve chez Coktel, dans un inespéré havre de paix et de douceurs exquises, une oasis du monde machiste de la micro, un véritable harem - n'ayons pas peur des mots-, bref le repos du guerrier ! Et de plus, cette fois-ci, ils ont vraiment mis le paquet puisque les deux émirs du harem ont poussé la délicatesse jusqu'à s'absenter afin de me laisser mieux profiter de la compagnie de leurs dames. Il faut dire qu'ils avaient peut-être besoin d'un break, car tant de femmes à la fois... Yannick Chosse, graphiste éméritus, s'éclipsa discrètement en ce début de vendredi après-midi, manifestement exténué par une semaine passée en si galante compagnie... Quant à Roland Oskian, le PDG, je ne le vis point, il était probablement en réanimation à l'hôpital du coin, rien de tel qu'un bon shoot d'oxygène pour vous requinquer son homme ! C'est donc Manuelle Mauger qui m'accueillit. »

Pages 269-270

Hurlements

Hurlements (1988)

Sortie : 1988 (France). Aventure

Jeu sur Amstrad CPC, PC

Annotation :

« Ubi Soft semble vouloir assez vite superviser la création des programmes en rassemblant ses équipes de programmeurs dans un lieu inattendu, comme l'explique Yves Guillemot : « Nous travaillions avec beaucoup de jeunes programmeurs externes, dont la moyenne d'age était de 18 ans. Ils étaient très créatifs, mais peu adaptés à la vie d'entreprise. Ils ne respectaient pas souvent les délais. Ce n'était pas leur souci. Après quelques frayeurs, nous avons donc décidé de louer un château. Là, nourris et hébergés, nos programmeurs se sentaient comme chez eux et étaient beaucoup plus efficaces, avec des horaires de travail décalés : ils bossaient jusqu'à 2 heures du matin et se réveillaient à midi ... » En échange d'une participation au financement de la rénovation du château de La Grée de Callac, près de Monteneuf en Bretagne, Ubi Soft a installé jusqu'à une vingtaine de jeunes programmeurs pour constituer des « équipes de développement » [Tilt N°56, juillet-août 1988].

Pages 285-286

Ilyad

Ilyad (1991)

Sortie : 1991 (France). Shoot'em up

Jeu sur Amiga

Annotation :

« Marc Albinet, issu de Commando Frontier, un groupe de demomakers pour Commodore 64, a passé deux étés au château [loué par Ubi Soft pour ses développeurs, cf citation plus haut] et se rappelle avec amusement cette expérience : « Une moitié du château était louée par Ubi Soft, alors que l'autre était encore habitée par le châtelain. La partie qui nous était réservée comprenait des locaux pour travailler et des chambres individuelles. Nous étions nourris par un traiteur et nous ne manquions de rien. Il faut imaginer une quinzaine de gamins de 18 à 20 ans cohabitant dans un château à deux pas de la mystérieuse forêt de Brocéliande. Autant dire que nos activités étaient plutôt nocturnes. Certaines nuits ont même fait l'objet de recherches de passages secrets et autres souterrains. L'ambiance restait toujours bon enfant et cette situation stimulait franchement le côté créatif. Ce fut une expérience très amusante et vraiment peu commune. »

Page 286

Space Harrier
6.8

Space Harrier (1985)

Sortie : 17 octobre 1985. Arcade, Shoot'em up

Jeu sur Arcade, ZX Spectrum, Commodore 64, Master System, Amstrad CPC, FM-7, NEC PC-6001, NEC PC-88, Sharp X68000, Amiga, Atari ST, Sharp X1, PC Engine, NES, Game Gear, 32X, Saturn, PlayStation 2, Wii, Nintendo DS, Nintendo Switch

Annotation :

« Michaël [Sportouch, chez Delphine Software], qui était déjà un commercial averti, était directement allé voir Elite, une boîte assez importante en Angleterre qui faisait beaucoup d'adaptations de jeux d'arcade. Grâce au culot de Michaël, nous avons décroché l'adaptation micro de Space Harrier [SEGA, 1987] ! Cela tombait mal, car j'étais en plein service militaire. Néanmoins, étant à Paris, je pouvais quand même revenir chez moi certains soirs pour programmer le code. Michaël avait assuré la partie graphique ; Denis [Mercier] ne pouvait pas trop participer, car il passait son bac à ce moment-là. ». Ne disposant d'aucune documentation sur le jeu fournie par Elite, l'équipe doit se constituer ses propres sources à partir de l'observation du titre pour programmer le portage : « [...] il fallait se débrouiller. Nous allions filmer la borne en cachette - c'était interdit - sur les Champs-Élysées. Pendant l'un que de nous y jouait, Patricia [son épouse] repérait les scripts et prenait des notes sur les vagues d'ennemis, leur comportement, etc. Heureusement, nous avions une version Master System pour nous aider. [...] Mais cela a bien fonctionné et les critiques ont été bonnes. » [Propos attribués par Michaël Sportouch mais il semble s’agir d’une coquille, peut-être Paul Cuisset]

Page 291

Les Voyageurs du temps
7.6

Les Voyageurs du temps (1989)

Les Voyageurs du temps : La Menace

Sortie : 1989 (France). Aventure, Point’n’click

Jeu sur Amiga, Atari ST, PC, NEC PC-98, Sharp X68000

Annotation :

« Delphine [Software] tente également d'exporter ses productions au Japon, sans manquer d'audace, comme l'explique son responsable marketing: À l'époque, il y avait des choses qui passaient avec du culot, de la passion, et puis d'autres choses qu'on nous pardonnait parce qu'on était jeunes et parfois un peu arrogants. Comme de se dire: " Tiens! Je vais prendre l'avion, passer quinze jours au Japon et rencontrer des éditeurs, alors que je n'ai pas un seul rendez-vous. Je vais taper à des portes et me faire jeter à coups de pied aux fesses ! [...] On cherchait à l'époque un partenaire japonais et on avait trouvé un éditeur, Chun Soft, spécialisé dans les jeux de rôle. On s'était dit: "Tiens, les jeux de rôle, ça va les intéresser. " [...] J'étais donc au Japon, pour rencontrer cette société d'édition. On voulait travailler avec eux. Après moult tentatives – je ne parle pas japonais –, on me [refourgue à] un mec. Les Japonais n'aiment pas vous dire non ; ils ont dû avoir pitié de moi et se dire: "Ce petit jeune qui vient de France, qui essaye d'avoir des rendez-vous, on va le recevoir..." Je pensais que je rencontrai un grand patron, et je lui fais une présentation de notre boulot pendant deux heures. Le lendemain sur [un salon professionnel local], la personne qui m'avait reçu distribuait des prospectus avec une chasuble jaune ! Visiblement, ils m'avaient mis quelqu'un dans les pattes qui ne connaissait rien ni au publishing, ni au développement, ni au business. Ils n'avaient absolument pas l'intention de travailler avec nous. [...] Parce que le principe des point'n click n'avait pas du tout de succès au Japon. Eux, c'étaient les RPG, c'était le début des Square, Enix, des Final Fantasy. » Propos de M. Sportouch

Pages 296-297

Another World
7.7

Another World (1991)

Sortie : novembre 1991. Action-Aventure

Jeu sur PC, Amiga, Atari ST, Mega Drive, Apple IIgs, Super Nintendo, Mac, 3DO, Zodiac, Game Boy Advance, Jaguar

Annotation :

« À l'issue d'un long développement, [Eric] Chahi entre un temps en discussion avec Virgin Games, par l'entremise de Philippe Ulrich, pour la publication de son jeu [Another World] : « Eric Chahi était venu me voir avec Another World. Il ne voulait pas signer chez Delphine, il prospectait ailleurs. Il m'avait donc confié le jeu et j'étais allé voir Virgin [...]. Ils l'ont vu et ils m'ont dit que c'était trop " frenchy sophisticated ". J'ai écrit à Éric pour lui dire que j'étais désolé : "J'ai cru bien faire, je me suis planté. Ils ont rien compris, c'est des cons. Va signer chez Delphine. » Finalement publié chez Delphine Software, le titre offre à Chahi, avec plus de 400 000 ventes, une reconnaissance internationale. Il est ensuite adapté sur d'autres supports, notamment les consoles Nintendo et SEGA: Quelque temps après, Virgin rachète le jeu à Interplay, qui [l']exploitait pour des millions de dollars, afin de le convertir pour Mega Drive. Alors qu'Eric ne demandait qu'un an de salaire au SMIC ! » La diffusion massive du titre participe à la reconnaissance internationale de son créateur : plusieurs game designers japonais de renom, dont Hideo Kojima (Metal Gear Solid), Fumito Ueda (ICO) ou Goichi Suda/Suda 51 (Killer 7), citent Another World parmi leurs jeux de référence et l'œuvre d'Éric Chahi comme une influence majeure sur leur travail. »

Page 299

KULT: The Temple of Flying Saucers
6.9

KULT: The Temple of Flying Saucers (1989)

KULT

Sortie : 1989 (France). Aventure

Jeu sur Amiga, Atari ST, PC

Annotation :

« Pour lancer le label Exxos, les fondateurs d'Ère informatique organisent à partir de l'été 1988 différents happenings décalés et grandiloquents dont la presse se fait l'écho. Le premier a lieu le 12 juin 1988 au Studio 102, sur les Champs-Élysées, en présence d'Alejandro Jodorowsky : empreint de mysticisme et de science-fiction, Philippe Ulrich y déclame des textes en hommage à la divinité Exxos et lui sacrifie du matériel informatique. »

Page 303

Bob Morane : Jungle

Bob Morane : Jungle (1987)

Sortie : 1987 (France). Action-Aventure

Jeu sur PC, Atari ST, Amstrad CPC, Thomson MO5, Thomson MO6, Thomson TO7, Thomson TO8, Thomson TO9

Annotation :

« Le commercial [Henri Coron chez Infogrames] se remémore des pertes considérables sur un titre en particulier : « Je me rappelle l'année de Bob Morane ; on l'avait sur douze formats ! Donc douze boîtes, douze unités de stockages différentes. En outre, nous n'avions pas à cette époque de statistiques de vente des ordinateurs. Chaque machine avait ses spécificités qui les rendaient incompatibles [entre elles]. Je me rappelle, pour Bob Morane, on en a pris 80 000 en précommande pour la France. » Et de poursuivre : « En plus, on savait que ce jeu était une daube. Il n'était pas aussi bien qu'espéré : on a freiné des quatre fers avec la presse magazine. Et on a repris 50 000 [invendus] dans la gueule. C'était l'année où l'on a fusionné après avec FIL. On avait facturé huit millions de francs en décembre et repris cinq millions en janvier de produits invendus. En 1988, il y a eu une prise de conscience d'arrêter de développer sur tous les formats. »

Pages 307-308 

Purple Saturn Day
6.6

Purple Saturn Day (1989)

Sortie : 1989 (France). Inclassable, Sport

Jeu sur Amiga, Atari ST, Amstrad CPC, ZX Spectrum, PC

Annotation :

« Les développeurs témoignent de problèmes récurrents à percevoir leur dû à cette époque [en 1988-1989 Infogrames est au bord de la faillite], fragilisant sérieusement leur situation financière, comme l'explique Bertrand Brocard : « Tout d'un coup, plus d'argent. Quand on leur présentait la facture du mois - on avait fait Full Metal Planète [1989]- ils ne payaient pas. J'étais dans la merde, nous n'étions que sous-traitants. Cela donnait des situations absurdes. Thomas Schmider me demandait de combien j'avais besoin pour me dépanner, alors que je présentais une facture de 20 000 francs. Il m'avançait sur 10 000 francs pour que je puisse au moins payer les salaires. Mais chez eux, la facture [...] créait un bordel avec comptabilité. [...] La facture retournait chez Schmider et disparaissait au bout d'un moment, partant à la poubelle. Nous, on avait touché 10 000 francs d’Infogrames pour lequel il n'y avait pas de facture. Pour eux, on leur devait cette somme, parce qu'ils nous avaient prêté 10 000 francs, sans facture. II avait un trou de 30 000 francs. Le mois d'après, rebelote, on avait 60 000 francs d'écart. Le coup d'après, il y avait les charges et les factures disparaissaient. À la fin, il y avait un million de francs d'écart dans les comptas ! » Philippe Ulrich est également le témoin et la victime des difficultés financières d’Infogrames : « Infogrames a survécu miraculeusement. Je me rappelle un été [probablement 1988] où leur personnel dépiautait les disquettes pour les recycler car les duplicateurs qui n'étaient plus payés depuis un moment refusaient de le faire. [...] Pour les paiements [de nos royautés], nous étions dépendants d'Infogrames. Ils n'ont jamais vraiment honoré leurs contrats et on est arrivés un stade où Ère informatique a dû fermer après Purple Saturn Day [1989] et Kadt [1989]. »

Pages 308-309

L'Arche du Captain Blood
7.5

L'Arche du Captain Blood (1988)

Sortie : mai 1988. Aventure, FPS

Jeu sur PC, Amiga, Atari ST, Commodore 64, Amstrad CPC, Thomson MO5, Thomson MO6, Thomson TO7, Thomson TO8, Thomson TO9, ZX Spectrum, Apple IIgs, Mac

Annotation :

« Le salut financier d'Infogrames, dans cette fin des années 1980 marquée par le développement à tout-va du groupe, vient de quelques beaux coups d’édition comme L'Arche du Captain Blood d’Ère informatique : « Au premier jour, en Angleterre, on avait fait 1 500 pièces et on n'arrêtait pas le réapprovisionnement. Je l'ai vendu pendant deux ans. [...] Captain Blood, c'était 30 000 pièces en Angleterre. Ça crackait [piratait] pas mal à cette époque, mais est-ce que ça avait vraiment une incidence sur les ventes ? Tu n'avais pas de contrôle. Faire plus de 50 000 unités en Europe, c'était déjà beau. [...] Avec Captain Blood, on obtient le prix du meilleur jeu étranger en Angleterre [Overseas Program Award]. J'avais ramené le premier award pour un jeu français" [Propos d’Henri Coron]

Page 310

Sim City
7.4

Sim City (1989)

Sortie : 31 décembre 1989 (France). City-builder, Gestion

Jeu sur PC, Acorn Archimedes, Amiga, Atari ST, Commodore 64, Amstrad CPC, ZX Spectrum, BBC Micro, FM Towns, NEC PC-98, Sharp X68000, Super Nintendo, Game Boy Advance, Mac, iPhone, Linux, Android, Wii, Wii U

Annotation :

« L'entreprise obtient également l'édition pour l'Europe de Sim City, un des best-sellers de la fin des années 1980: « Sim City nous avait fait faire une année exceptionnelle, aucun éditeur européen n'en voulait. En même temps, chez Electronic Arts sort Populous. En 1991, je vais les voir, je leur propose de le vendre en dual pack. Je le fais, j'en parle à Bruno, je suis sûr de mon coup: " On va mettre les deux au prix d'un ! " On l'a mis à 19,90 £ les deux. On a fait 300 000 pièces sur ce pack en Europe. Et comme EA n'y croyait pas, on leur reversait 50 pence de royautés. [Bruno] Bonnell avait eu le nez de signer Sim City. [...] Quand on faisait 100 000 en Europe, jusqu'en 1989-1990, c'était beau. »[Propos d’Henri Coron]

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