2022 : Rétrospective Bruno Dumont

Annotation :

Après la découverte de "La vie de Jésus", au tour de Flandres. Et celui-ci est tout aussi juste, beau, brutal et déconcertant que le premier. Voire même davantage dans sa sincérité au réel à travers les relations entre les personnages. Chaque regard, mouvement de tête, sourire, ou encore gestuelle des mains par exemple parviennent à retranscrire avec beaucoup de force les émotions des protagonistes et l'on peut se mettre au même niveau que les personnage et sentir leur peine ou leur joie. C'est très fort. Certains gros plans sur les regards arrêtent le temps et donnent encore plus de profondeur au moment présent.

Les séquences à la campagne sont très belles grâce au silence, ces moments de simplicité et tout ce langage non verbal entre les personnages qui signifient beaucoup. Ce film n'est pas bavard. L'opposition avec le bruit et le fracas de la guerre donne encore plus de beauté à cette campagne.

Le film ne prend pas par le spectateur par la main pour que l'on ai des réponses, tout est proposé au spectateur de manière brutale et honnête. Aucun parti pris, le film est généreux et authentique. Libre à nous d'en capter la beauté et l'authenticité. On passe par beaucoup de sentiments, et chaque spectateur aura sa manière d'appréhender les éléments qui peuvent caractériser l'être humain et toutes ses ambiguïtés dans le film. 

Annotation :

Pharaon, meurtri par un passé douloureux, nous permet à travers ses errances du quotidien de vivre le quotidien morne dans un village du Nord-Pas-de-Calais. Dans la veine de La vie de Jésus, ce film est très fort par son réalisme. Pharaon semble totalement incompris, son entourage égaré dans un quotidien banal, l'enquête policière est passée au second plan. Certaines séquences m'ont laissé perplexe quant à leur interprétation, notamment le baiser de pharaon à l'auteur du crime en fin de film... Et cette scène finale avec Pharaon menotté.
J'ai été dans l'incompréhension vis à vis de certaines séquences qui ne m'ont pas parlé et cela m'a largué, malgré un réalisme et une immersion que j'ai aimé suivre durant toute la durée du film, ce quotidien morne et banal mise en scène sans artifice, ces paysages brutes et vivants qui sont cadrés dans leur plus grande simplicités. Et enfin ces personnages cassés par la vie dont Dumont parvient parfaitement à retranscrire les émotions à l'image de Flandres et la Vie de Jésus.

Annotation :

Huit clos entre folie et désespoir, le personnage de Camille Claudel laisse planer un doute sur mon ressentie quant à son enfermement. C'est pesant, les paysages sont beaux on dirait des peintures. La première partie du film est intéressante à suivre. Arrive le personnage du frère, Paul Claudel, qui décidera du sort de sa sœur : pourra-t-elle sortir de l'asile ou non ? Cet homme, pensant détenir la vérité, s'avère être un orgueilleux. Les séquence de correspondance sont longues et distillent beaucoup d'éléments, ce qui a tendance à me larguer. Peut être à revoir pour cerner davantage le propos de Dumont ?

Annotation :

C'est aride, vaste et dépeuplé. On passe son temps aux alentours de la municipalité de Twentynine Palms en Californie. La séquence sur les roches avec ce soleil au zénith et ces corps qui cramemt m'a particulièrement marqué. On ressent cette chaleur extrême et ces corps qui se fossilisent durant un instant.

J'ai trouvé que les émotions de chacun des deux amoureux vont se manifester selon la langue qu'ils vont employer (le français, l'anglais, le russe).
Du moins c'est ce que j'ai pu percevoir et ressentir : selon la situation et le ressenti personnel chacun va communiquer dans la langue avec laquelle il se sent le plus apte à faire passer son émotion.

Par exemple concernant Katia, lors de ce moment de tendresse et d'amour quand décident de manger une glace ensemble, elle le regarde tendrement et parle en français. Tandis que lui est manifestement énervé et communique en anglais.
Plus tard dans le film David, dans un excès de violence, vient frapper Katia en plein de milieu de la route. Cette dernière, folle de rage et désespérée, va se mettre à parler en russe (sa langue natale, celle qui sort des tripes). J'ai beaucoup aimé ces alternances.