Top 17 Films 2017

Annotation :

La douleur que m'a laissée Lou, presque un creux dans le cœur, a mis un coup à mon amour pour Yuasa. Alors je craignais cet autre film, je craignais le coup supplémentaire, qui me ferait me craqueler.

Mais quel bonheur de vivre ça. Le rire, mais au dela du rire. La sensation d'être chez soi, ou plutôt d'être au dessus de chez soi, dans un plan supérieur, dans ce que l'on a envie d'être. Atteindre l'élastique, dépasser les corps, s'extasier, vivre plus intensément que jamais. La poésie de l'absurde qui tombe juste à chaque instant, ne laisse rien au hasard, et trahit une philosophie qui me plaît, dans laquelle je me reconnaît.

Et un personnage principal féminin qui fait du bien, qui donne du courage et l'envie de courir sur l'eau comme dans Mind Game.

Annotation :

J'adore Bruno Dumont, notamment parce que ses films sont ambigus, qu'ils nous présentent des choses qui nous secouent et ne nous force pas ce qu'il raconte. Les choses sont comme ça dans mon film, voilà tu te débrouilles avec, à toi de voir si ce type est un mec bien ou un monstre psychopathe, mais vas y il peut même être les deux.

Il n'y a jamais été si bon, pour moi, qu'avec P'tit Quinquin. En fait c'est prodigieux : on peut être ridicule, drôle, mais pas ridiculisé, porté en icône à la place, en personnage beau, humain et terriblement touchant. Comment il fait, sérieux, pour atteindre cette double sensation paradoxale, entre humour noir et grâce ?

Dans Jeanne d'Arc, il reprend les armes et fait quelque chose de neuf, avec toujours cette pointe de drôlerie décalée ici mieux dosée que dans Ma Loute (qui est selon moi un film qui tombe à l'eau, ou l'équilibre est rompu, on y rigole sans amour). Le rapprochement entre Jeanne d'arc et le headbanging, au départ, on dirait une blague, mais en fait non. Le fanatisme musical et la transe religieuse, mélangée, ça donne un film qui transmet des choses, qui donne à voir l’extrémisme religieux sous un nouveau jour, qui éclaire les choses différemment.

C'est ambigu, toujours, et pas évident de se positionner. Mais il ne fait ni un film qui prône la figure de Jeannette, ni un film contre elle. Il fait un film autour de cette figure qui le fascine, et il apporte quelque chose.

Annotation :

La fin de Sayonara est unique. Le film nous permet de vivre ce qu' A Ghost Story échoue à nous transmettre : la longue durée, le prolongement à n'en plus finir de l'existence, au delà de l'humain. Et même au delà du film.

Il y a une sensation proche du cauchemar dont on ne peut pas s'échapper. Hé, le film est fini la, alors pourquoi ça continue ? Pourquoi je suis toujours la, est ce que ce film peut réellement se finir, ou est ce que je vais rester enfermé dans la salle toute ma vie ? L'angoisse.

A part cette fin hypnotisante, presque traumatisante (qui perd toute sa force, malheureusement, au deuxième visionnage - il y a des films comme ça, et ça n'enlève rien à leur valeur), je retiendrais deux séquences magnifiques : celle du film de famille et celle de la danse autour du feu.

L'apocalypse autrement. Le film est plein de trouvailles, va jusqu'au bout de ses idées, ne nous prends jamais pour des débiles, et c'est agréable, non ? Il est la, on est secoué, et on ressort avec plein de pensées qui tournoient.

Annotation :

Les films un peu fleuves de Sono Sion, c'est toujours un peu mes préférés de lui !

J'aimerais revoir celui la, encore une fois c'est très riche. Un peu plus en bazar que d'habitude, et c'est difficile de se positionner, il y a des trucs qui paraissent maladroits, un peu limite idéologiquement, et les tentatives stylistiques marchent plus ou moins bien.

Mais le cocktail Sono Sion a la saveur unique que j'aime tant, il est là : ça surprend, c'est parfois drôle, parfois tragique, ça réfléchit plus que ça en a l'air et, dans l'émotion, ça tombe souvent très juste, pour toucher quelque chose en moi que seuls les films de Sono Sion peuvent toucher.

Annotation :

A Silent Voice, futur plaisir coupable non ? Au vu de l'affiche. Ce sera un nouveau Your Name, plaisir régressif en salles, qui te prend par les sentiments sans que tu comprenne pourquoi.

Mais attends non pas du tout. Pourquoi c'est si beau ? Pourquoi c'est si juste ? Il y a tellement de choses qui résonnent avec moi, des personnages que j'ai connu, d'autres que j'ai été. Les gens ne sont pas simples, ils ne deviennent pas "bons", ils sont eux et ils posent problème. Ils essaient d'être heureux et de survivre à l'obligation de vivre en groupe, et déjà c'est pas mal.

Moi aussi à une époque j'ai mis une croix sur toutes les têtes, parce que de toute façon personne ne parle la même langue, alors est ce que vraiment ça vaut le coup ? Oui, on se reconstruit, au fur et à mesure, il y a des gens qui viennent, qui nous poussent, et les croix tombent.

C'est la plus belle fin de film de cette année, impossible d'hésiter.

Annotation :

La La Land. Il y a quelque chose qui vibre dans ce film, quelque chose qui me transperce et plonge profondément, jusqu'à mon moi de 15 ans, pour lui raconter plein de choses. Alors on peut regarder le film objectivement, est ce que c'est poseur, est ce que c'est virtuose, est ce que c'est un film qui surfe sur ce qu'on a fait avant lui ou un film-hommage...en fait je m'en fiche de tout ça, de trouver un quelconque regard objectif sur la valeur de ce film.

Ce que j'y ai aimé c'est l'amertume de ces rêves qui se rencontrent, cette frénésie idéaliste qui dépasse l'entendement humain et déchire les possibles, ces gens qui pensent qu'avec de l'amour et de la passion, tout devient possible, parce qu'à 15 ans moi, c'était comme ça dans ma tête. Et puis l'effondrement, la prise de conscience. Les rêves, une fois qu'on les réalise, ils arrêtent d'en être, faut travailler, faire des choses qu'on aime pas tant que ça, des compromis. Et l'amour dans tout ça, il devient quoi ? Avec la fatigue, l'argent, les déplacements ? Tout est beau dans la tête, mais moins dans la vie, alors on le fait ou on le fait pas ?

Le film nous montre tout ça, mais sans dramatiser. Voila, c'est comme ça, est ce que tu peux vivre avec ça ? Vivre avec le fait que la vie est pas une comédie musicale, mais un peu quand même ? Le film me parle, m'inspire, et je l'aime bien. J'aime cette passion tragique qui doit faire avec la morne routine du réel. Réconciliation directe et sans bavure avec Ryan Gosling.