Top : le Rap FR en 2024, en 24 projets

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SCH étant mon artiste favori, j'aurai du mal à être objectif et risque surtout de passer pour le normie de service, mais tans pis, j'assume : SCH a réalisé l'exploit de sortir les deux meilleurs albums de l'année, et sans doute les deux meilleurs albums de ce début de décennie. Il pose lui-même la question dans l'intro d'Ad Finem : qui peut s'asseoir à sa table ? Et il faut être honnête : cette année, ou plus simplement à l'heure actuelle, aucun artiste dans l'industrie du rap francophone ne peut s'asseoir à sa table. SCH est à des années-lumière de ses concurrents, rien que par l'engouement, l'aura qu'il crée autour de lui, mais évidemment aussi par sa musique, la façon dont il parvient à nous surprendre encore et encore après presque 10 ans de carrière, d'abord avec le contre-pied du Prequel puis avec cette conclusion si attendue des JVLIVS. Je développerai un peu plus dans ma critique, et me contenterai ici d'exprimer à quel point je suis heureux d'avoir vécu ça, d'avoir vécu l'épopée JVLIVS et ce final majestueux. Merci SCH. Et merci à tous ceux qui ont contribué à la légende, et en particulier à cette œuvre d'art qu'est Ad Finem, notamment Seezy, Augustin Charnet, Vito Bendinelli, Guilherme Alves ou Luc Blanchot (entre autres) qu'on retrouve sur la majeure partie du projet et qui nous ont régalés avec leurs prod' et toute cette instrumentalisation aux petits oignons (mention spéciale aux pianos qui ont ravi le pianiste que je suis).

https://www.senscritique.com/album/jvlivs_iii_ad_finem/critique/314274511

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Indépendamment d'Ad Finem, à la sortie de ce Prequel, SCH était très attendu, voire dos au mur pour certains auditeurs. Il a su répondre par ce que je considère comme une petite bombe nucléaire qui, réécoute après réécoute, se surprend à faire jeu égal ou presque avec JVLIVS tome 1 dans mon esprit. Ce qui est certain, c'est qu'il n'a rien à envier aux autres projets de la discographie de SCH. Là aussi, je garderai mon analyse pour ma critique et me contenterai de réitérer mon commentaire au-dessus.

https://www.senscritique.com/album/jvlivs_prequel_giulio/critique/306742065

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La grosse claque de l'année. BEN plg a pris son temps pour préparer son projet et le résultat est brillant. Tout y est dans cet album : le flow, la voix, les envolées, les instrus, et surtout les thèmes abordés. Il faut dire qu'on a pas souvent l'habitude, dans l'industrie du Rap FR, de voir un artiste s'ouvrir autant et dédicacer les siens au point de leur faire une véritable déclaration d'amour. Si je devais trouver un point noir à cet album quasi parfait, ce serait peut-être un léger ventre mou autour du feat avec Georgio, que j'ai trouvé moins convaincant que les autres feats de l'album, comme la collaboration avec Niro et Sofiane Pamart qui m'a scotché, et le feat avec B.B Jacques que j'ai trouvé très solide (même si le Keuj manque un tout petit peu de présence). Mais ce « ventre mou » est presque logique voire nécessaire tant l'album part fort. Quoi qu'il en soit, la première écoute était poignante et je suis très curieux de voir ce que donnera la réécoute.

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Lui aussi était attendu : après deux EP plutôt intéressants (HORIZON 25 et Honeymoon que je ne classerai pas dans ce top car trop courts et donc incomparables), B.B Jacques revient avec un album de haute volée. Bien aidé par BBP, Twinsmatic et le Chroniqueur sale toujours aussi bons à la prod', B.B Jacques a su élargir un peu plus sa palette, sans se séparer de sa plume unique, donnant vie à un album très riche qui se sublime à la réécoute. Mention spéciale à Pygmalion, l'une des meilleures outros que j'ai pu écouter en Rap FR, et peut-être la meilleure outro de 2024 avec Lumière blanche sur Ad Finem.

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Voici l’une des découvertes et claques de l’année 2024 et qui s'intègre facilement à mon top 5 : Jolagreen23 sur +99XP. Le projet est une odyssée musicale aux sonorités parfois imprévisibles, portée aussi bien par divers beatmakers underground que par d’autres plus expérimentés comme Boumidjal, Holo Mobb ou l’inévitable BBP ; et tous profitent à merveille de la place de choix qui leur est laissée, chose que j’apprécie particulièrement dans le rap. Mais une bonne prod’ ne peut offrir du bon rap sans un rappeur digne de la sublimer, ce que Jolagreen23 a réussi de la plus belle des manières, avec une large palette de flows et des références manga, pop culture et vidéoludiques qui me parlent beaucoup. Plus encore, un élément qui me parle davantage est son identité vocale et musicale qui me rappelle beaucoup Laylow, l’un de mes artistes favoris dans ce genre musical. Les feats sont quant à eux très solides, même si celui avec Lesram m’a un peu moins convaincu que les deux autres. En tout cas, une chose est certaine ; je risque de suivre Jolagreen23 d’une oreille très attentive dans les années à venir.

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888, c’est le titre du 8ème projet d’un artiste né en août 1988. Mais si Infinit’ a choisi une symbolique numérale pour le titre de ce nouvel album, la vocation du projet est bel et bien la musique elle-même, et non pas les chiffres ou les streams. Et franchement, qu’est-ce que ça fait du bien d’entendre un tel album, de voir un artiste respecter son art, son rap, en proposant un projet sans concessions, quitte à ne pas poursuivre un succès médiatique qu’il mériterait pourtant amplement. La direction artistique empruntée par 888 se caractérise par une instrumentalisation raffinée avec un petit côté wavy, portée notamment par des basses soyeuses, des accords planants, des pianos élégants. Le terrain est idéal pour permettre à Infinit’ d’exprimer une nouvelle fois ses talents de lyriciste et sa plume atypique : « Quand j'écoute un de leurs morceaux, j'ai besoin de remonter le temps et de prendre la décision de ne pas écouter leur morceau ». En ce qui concerne le format, 888 dure une bonne trentaine de minutes avec une tracklist de 15 titres dont une interlude, deux excellents feats (je salue le tour de passe-passe avec 3010) et une haie d’honneur à VEUST sur Fitness Park. En bref, ce projet rafraîchissant est assez court et à la fois très riche, et nous laisse tout le temps de faire plaisir à nos oreilles, devant un joli coucher de soleil, un verre de Pastis à la main.

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Deux ans après REPLICA, court EP produit par Hologram Lo’ que l’on connaît surtout pour ses nombreuses collaborations avec Alpha Wann ou Nekfeu, Huntrill remet le couvert avec REPLICA 2, toujours accompagné du beatmaker dondadaïste. Le résultat est une petite demi-heure d’un rap cossu, assez comparable d'ailleurs à 888 sur le plan musical, mais dans un registre lyrique bien différent. Les prod’ sont léchées, avec une ambiance lounge, et pour mettre à profit ces instrus luxueuses, Huntrill flex comme jamais en trouvant toujours une nouvelle punchline, une nouvelle façon de rappeler qu’il ne manque de rien : « Mille balles la shoes mais j'fais tout l'trajet à pied juste pour gratter ma pièce », ou encore « J'calcule mon IMC, Indice de Masse de Cash ». J’ai beaucoup aimé aussi le fait de mettre en bonus les trois tracks de l’EP original, qui incluent Rotschild Flow, un morceau un peu plus enlevé, et un très bon feat avec le susmentionné Alpha Wann.

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SDM, que je ne connaissais que sur ses feats avec Booba, a vraiment explosé cette année, assez pour me convaincre de lui prêter une oreille. Et je dois admettre que sa proposition, qu'on pourrait juger de « mainstream » et dont je pensais être à priori moins friand, m'a agréablement surpris. Beaucoup de sons se ressemblent mais le format en 14 titres et leurs transitions très efficaces nous maintiennent dedans, nous laissant apprécier pleinement la tracklist. J'ai beaucoup aimé Cartier Santos, Alvalm et Merci (le meilleur son de l'album selon moi), et je trouve aussi le choix des feats très bon avec Werenoi, Hamza, Josman et Tiakola qui rentrent parfaitement dans le sujet. Et si j'aime les artistes sans concessions comme Infinit' cité un peu plus haut, j'aime aussi voir des artistes plus accessibles comme SDM ne pas tomber dans la facilité et faire l'effort de proposer un projet construit et cohérent.

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C'est peut-être l'année des Prequels chez les grosses têtes du Rap FR. Après avoir annoncé son prochain (et dernier ?) album pour mai 2025, Damso arrive de nul part avec J'AI MENTI, que je vois d'ailleurs plus comme une mixtape qu'un véritable album, si on le compare avec un Ipséité ou Lithopédion. C'est d'ailleurs le point sur lequel repose mon propos : ce projet est incomparable avec les autres projets de Damso. Dire qu'il est mauvais parce que c'est un 11 titres et qu'il est différent serait donc une grave erreur selon moi. Au contraire, j'ai le sentiment que Damso a clairement saisi ce qu'on pourrait attendre d'une mixtape d'une tête d'affiche : de vraies propositions musicales, et de vraies prises de risque. À titre d'exemple, SCH, présent dans cette liste, avait justement fait ce choix sur Rooftop, qui est une compilation de tracks où il kick beaucoup plus qu'à son habitude, et de feats inattendus avec des artistes comme Soolking, Heuss l'Enfoiré ou Maître Gims, des feats qui n'auraient leur place sur aucun autre projet de SCH. Malgré cela, Rooftop est quand même considéré comme un classique par beaucoup d'auditeurs. Et c'est pour cette raison que je considère J'AI MENTI comme un bon projet, n'en déplaise aux adeptes du « William bashing » visiblement très à la mode. C'est la représentation d'un artiste au sommet de son art, versatile, capable de se renouveler encore avant de tirer sa révérence, capable d'oser Schéma, d'oser Conséquences, d'oser 24h plus tôt, des tracks sur lesquelles il montre d'ailleurs qu'il sait transmettre des émotions, chose qui manque beaucoup à d'autres grosses têtes d'affiche dont je tairai les noms...

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La présence de BAD BOY LOVE STORY dans un top de Rap FR peut faire débat, mais selon moi, ce projet, même s'il s'affranchit de certains codes, est bel et bien placé sous le prisme de la culture hip-hop, ce qui lui laisse aussi son mot à dire. Plus encore, je trouve particulièrement intéressant le fait de mettre en lumière un projet aussi riche pour montrer jusqu'où les nouveaux artistes hip-hop sont capables d'emmener le genre. Quoi qu'il en soit, cette richesse est pour moi la qualité première de l'album. BAD BOY LOVE STORY propose un mélange très homogène d'inspirations et d'influences rap, afro trap, pop, RnB avec même une touche de synthwave sur SORRY SORRY SO, produisant ainsi une véritable pièce musicale (et ce n'est peut-être pas un hasard si Theodora a préféré le mot « entracte » au conventionnel « interlude » au milieu de son 13 titres). Cette mosaïque de sonorités offre un terrain de jeu immense à Theodora, sur lequel elle parvient à exprimer toute sa palette vocale (qui m'a fait un peu penser à Kali Uchis), sa versatilité, et sa plume à la fois originale et attachante. Bref, rap ou pas rap, mieux vaut parfois ne pas se poser la question et profiter simplement de ce qui passe par nos oreilles.

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Belle surprise avec cet EP de Tiakola, un artiste que j'apprécie sans forcément être le plus fervent supporter, et qui a profité de cet EP pour s'ouvrir un peu plus, sortir de sa zone de confort vers des prod' différentes, mais sans pour autant s'affranchir de son style et son identité musicale. Je dois admettre que ce Tiakola me parle beaucoup plus, j'avais l'impression d'entendre Hamza sur certains sons et ce n'était pas pour me déplaire. Je pense que cet EP est très prometteur pour la suite, et j'attendrai le prochain projet avec beaucoup d'attention. Du moins, c'est ce que je disais après l'écoute mais arrivé fin de 2024, je me rends compte que j'ai eu la flemme d'écouter BDLM VOL.1, c'est un peu contradictoire...

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Petite découverte pour moi d'un artiste que je connaissais pas mais dont j'ai entendu beaucoup de bien. Je ne peux pas dire que j'ai pris une claque, mais la proposition musicale de TH, en tout cas sur E-TRAP, est vraiment unique et j'ai beaucoup apprécié mon écoute. Mention spéciale à BBP, qui montre une fois de plus qu'il sait sublimer un projet. Car j'ai la sensation que cet EP prend une autre dimension avec le morceau Pilule, que j'ai d'ailleurs trouvé assez poignant et touchant, avec une thématique qu'on entend très peu dans le Rap FR et que je partage totalement dans ma vie personnelle : la peur d'enfanter, de ne pas pouvoir assurer financièrement, mentalement, une peur accentuée par notre regard souvent pessimiste sur l'avenir.

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On ne l'avait plus vu depuis son projet commun avec Kaaris en 2022 : Kalash Criminel revient avec un album plutôt solide, mais aussi un peu en dents de scie. Le début de l'album est très chaud, avec une excellente intro et un enchaînement de très bonnes tracks, qui n'exclut pas le feat avec Freeze, un tour de passe-passe grisant comme on en voit trop peu chez les grosses têtes du Rap FR (d'ailleurs, avec les punchlines sombres lâchées par Freeze sur ce morceau, et qui risquent encore de beaucoup faire parler, je trouve le titre du feat, Encore les problèmes, très bien choisi). Puis, j'ai un peu lâché sur Ngannou sans Bobby et les trois titres qui ont suivi, que j'appellerais clairement le ventre mou de l'album, avant de me remettre dedans avec Le flow de Mobutu sur une prod trap, qui ouvre une fin d'album très intéressante avec de bons feats avec La Fève et Josman, Traffic pour nous secouer un peu plus (probablement le morceau que j'ai préféré), une proposition déroutante avec Sauvagerie Radio et enfin une très bonne outro.

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Le 667 a encore frappé avec cette nouvelle anthologie d'un rap « claustro » qu'Osirus Jack maîtrise à la perfection. J'aime beaucoup cette ambiance, peut-être un peu niche, mais l'album passe vraiment très bien. Cela dit, on pourrait argumenter qu'Osirus Jack n'a rien montré de nouveau sur ce projet et que les propositions, comme Sous-marin avec son instru boom bap, sont peu nombreuses, mais il peut se rattraper sur des feats marquants avec des incontournables du collectif 667 comme Black Jack ou Freeze.

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Difficile d'être neutre vis-à-vis de Savage Toddy, que j'ai connu personnellement avec quelques classes communes au lycée, et pour qui j'ai forcément beaucoup de compassion après la perte de son frère Luv Resval en 2022. Personne n'est spécial intervient deux ans après cette terrible disparition, un thème évidemment évoqué dans le projet, avec notamment un hommage poignant sur Tout s'en va sauf les souvenirs, qui m'a donné quelques frissons et auquel je me suis même identifié avec la référence à Mennecy, où j'ai passé la majeure partie de mon adolescence. Le projet est scindé en trois parties, avec Spécial et Né spécial sortis en septembre, puis Personne n'est spécial en octobre. L'ensemble dure une bonne heure, et il peut être un peu répétitif pour certains auditeurs, mais le format en trois parties leur permet justement de pouvoir l'écouter de différentes manières, selon leurs propres préférences. Les transitions entre chaque track sont aussi très bien réalisées, rendant le projet assez fluide. Les feats sont solides, même celui avec So La Lune avec qui j'ai pourtant du mal à accrocher, et j'aime beaucoup la construction du projet, assez introspectif jusqu'à l'hommage à son frère et l'interlude, et qui bascule ensuite vers des sonorités plus trap, avec un Tod qui se réaffirme et montre qu'il est prêt à aller de l'avant malgré tout ce qu'il a vécu depuis deux ans.

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Après la découverte de TH sur E-TRAP, je suis allé écouter son projet précédent, SIGNAL II, un EP plus court, pas inoubliable mais très intéressant malgré tout, avec quelques excellentes tracks comme OVNI et ADN qui m'ont fait froncer les sourcils. Mention spéciale à MKHITARYAN également, avec une belle punchline qui fera sourire les amateurs avertis de sports de combat : « Une épine dans le pied, bâtard, c'est pas la mort »...

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Après 5 ans d'absence, la jolie garce revient avec Pourvu qu'il pleuve. Déjà, on peut noter une très jolie cover, avec un petit côté Société Générale certes mais qui ne l'empêche pas de faire partie de mes covers favorites de 2024. Mais parlons musique. Au fur et à mesure de l'écoute, je ne savais pas trop en quoi en penser jusqu'à cette line : « J'ai du mal avec la zumba quand elle n'est pas de qualité ». Et c'est un peu ce ressenti que j'ai eu. Les choix de prod' se veulent accessibles et sans trop d'originalité, on pourrait parler de facilité et pourtant, les instrus sont bien travaillées et efficaces avec des sonorités finalement assez plaisantes. L'album passe assez bien, même s'il n'y a rien de nouveau et pas vraiment de prises de risques : Shay nous fait du Shay, aussi bien musicalement que dans l'écriture. Cela dit, l'album aurait été bien meilleur selon moi si elle avait exprimé davantage cette énergie qui lui est propre, en se lâchant et en rappant un peu plus comme elle l'a fait sur Commando ou JGG. Autre point noir : les feats. Ceux avec Gazo et Niska sont d'une prévisibilité effarante ; celui avec SCH en outro relève un peu plus le niveau. Ironiquement, ces feats sont un peu le reflet des performances de ces artistes en 2024...

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Ma déception de 2024. Je suis un gros client de Wit, j'ai écouté toute sa discographie et No Future, son dernier album sorti il y a quatre ans, aurait facilement sa place dans les meilleurs projets de Rap Fr que j'ai écoutés dans ma jeune vie d'auditeur. Et c'est justement le problème : j'ai attendu avec impatience ce nouveau projet, et j'avais mis la barre des attentes très haut, espérant pouvoir reprendre les mêmes claques que sur Ailleurs, Proz, Halo, Loco... Malheureusement, je suis resté sur ma faim. La proposition est intéressante, et devrait certainement se bonifier à la réécoute, mais j'attendais beaucoup mieux. Ou du moins autre chose. J'ai été assez déçu aussi de ne pas entendre Laylow, qui n'a jamais manqué à un projet de Wit. Cela dit, la volonté de se détacher de cette image du « pote de Laylow » est tout à fait légitime.

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J'avais découvert Black Jack quelques années en arrière sur L'art de la guerre, son feat (très chaud) avec Freeze Corleone sur LMF. Mais Strangulation a été l'occasion pour moi de découvrir ses limites, qui se traduisent grossièrement par deux points noirs que j'ai trouvés à cet album : 1) En l'espace de 10 titres, je n'ai quasiment rien retenu de l'écriture. Peu voire pas de punchlines marquantes, et c'est finalement assez bateau. 2) Black Jack s'est essayé à la mélodie sur Tesla et Birkin, je salue la prise de risque mais je pense que cette formule n'est pas pour lui. Là aussi, même s'il y a bien quelques gimmicks qui pourraient plaire à l'auditoire, ça reste assez bateau et clairement pas pour moi. Pour rester sur une note positive, je ferai mention d'Intemporel, où Black Jack et Freeze se sont à nouveau réunis, cette fois sur une collaboration assez inattendue de Flem et Therapy. J'ai adoré la track, et surtout le fait que Therapy ait repris le sample de 0.9 (l'outro éponyme de cet album iconique de Booba) une octave plus bas. Jolie référence qui fait mouche dans cet univers plus sombre.

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En parlant de Booba, justement, je pensais comme beaucoup de monde qu'il avait tiré sa révérence, et j'avoue que je n'attendais pas vraiment cet album, qui à mon avis n'était clairement pas nécessaire. AD VITAM ÆTERNAM n'a rien amené de nouveau, et je pense ne pas trop me tromper en disant que ce projet est l'un des moins marquants de la discographie du Duc. Ceci étant, qui suis-je pour me plaindre de la sortie d'un nouveau projet de l'un des darons du Rap FR ? Après tout ce qu'il a apporté au genre, ma critique est-elle vraiment légitime ? Je garderai donc le positif en mentionnant quelques très bonnes tracks comme 6G ou Abidal, et en admettant que cette voix plus rocailleuse que Booba a pris avec l'âge, et qui transparait sur ces deux morceaux, ne laisse pas indifférent.

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J'ai découvert La Fève tardivement, en 2021, sur son projet ERRR avec lequel je n'avais pas réussi à accrocher. Mais en voyant la sortie de cette mixtape, et n'ayant pas écouté 24, je me suis dit qu'il serait bon de réessayer. Malheureusement, le constat reste le même : je trouve La Fève plutôt bon et singulier, mais la mayonnaise ne prend pas avec moi. Et j'ai le sentiment que cette mixtape est une bonne mixtape, avec de bonnes propositions, je n'ai juste pas réussi à vraiment rentrer dedans. Cela dit, j'en suis venu à me demander si c'est vraiment avec l'artiste que je bloque, ou si ce n'est pas la production qui me dérange. Car si je ne peux pas non plus pointer du doigt la présence de Lyele (qui est un peu le beatmaker de prédilection de La Fève) sur la majeure partie du projet, je dois reconnaître que les deux tracks que j'ai préférées et qui ont su vraiment capter tout mon intérêt sont, bizarrement, Sans plug et 25, donc les deux morceaux produits par Ponko...

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J'ai l'impression de passer à côté de quelque chose avec Werenoi, et c'est assez frustrant, d'autant plus qu'il est visiblement l'artiste qui a le plus vendu cette année dans le Rap FR. Carré, Telegram et maintenant Pyramide, j'ai le sentiment que tous ces albums sont identiques et que chaque nouvelle sortie n'apporte pas grand chose à la discographie d'un artiste qui, à mon avis, a bien plus d'un tour dans son sac. À mon sens, il souffre beaucoup de la comparaison avec SDM dont le style se rapproche, mais qui se livre plus. Cela dit, pour sa défense, Werenoi nous a sorti l'un des meilleurs feats de l'année avec le titre éponyme de l'album, en collaboration avec Damso. En même temps, un feat avec Damso produit par BBP, est-ce que ça pouvait vraiment mal finir...

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Avec l'un des plus gros démarrages de l'année pour GOAT et certainement de gros scores en termes de ventes et de streams, je n'ai pas envie de me montrer trop condescendant ni de froisser ceux qui aiment, mais... GOAT, à mon humble avis, est un infâme album (ou mixtape, appelez-ça comme vous voulez). On parle d'une collaboration entre deux grands talents du Rap FR, qui ont montré par le passé qu'ils faisaient partie des meilleurs pour « découper les prod' » comme ils s'en sont si souvent vantés. Pourtant, il a fallu subir 7 tracks mielleuses avec les mêmes instrus et les mêmes flows pour entendre enfin kicker sur Ghetto Star, l'un des rares sons que j'ai appréciés sur le projet, avec le feat avec Koba LaD et la référence à 91 Super Thugz, et l'outro Authentique qui est la preuve parfaite que Ninho et Niska auraient vraiment pu proposer quelque chose s'ils en avaient pris la peine. Mais voilà, ni eux ni les nombreux beatmakers présents sur le projet ont su se démarquer avec de bonnes propositions. Même Flem, à qui on doit l'entièreté des feats iconiques de LMF, par exemple, nous a sorti une instru bancale pour Loin d'eux... Bref, il n'y a rien qui ressort de ce projet. Et même sur Jefe, qui marquait pour moi le déclin artistique (pas commercial, évidemment) de Ninho, on avait eu le droit à quelques gros bangers comme Sky Priority ou OG. Mais sur GOAT, que nenni. Je ne m'attendais à rien, et je suis quand même déçu. Si seulement cette collaboration avait vu le jour 5 ans en arrière, on aurait peut-être eu le droit à une petite claque.

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C'est Apocalypse qui ferme la marche de cette liste, une marche plus bas que GOAT. Car autant je n'avais aucune attente pour GOAT, autant je m'attendais à quelque chose de sympa sur Apocalypse, venant d'un artiste que j'appréciais plutôt bien, et dont la sortie d'un premier album studio laisse forcément place à une certaine hype. Mais là, disons-le, on est sur un raté complet, avec une direction artistique absolument abominable et incompréhensible. Lorsqu'on voit la cover, dans un premier temps, on s'attend à un album incandescent, agressif. La tracklist, avec le nom des producteurs et des artistes invités ne peut que conforter ces attentes. Idem pour l'intro, où Gazo kick déjà après 5 secondes d'écoute. Alors pourquoi ? Pourquoi un tel teasing pour finalement nous proposer cette compilation de sons redondants qui se ressemblent tous, avec cette écriture fatigante de Gazo qui ne parle de rien d'autre que des ses meufs, sans la moindre punchline marquante ? Quel rapport avec la cover, avec l'apocalypse ? Alors on se dit que les feats auraient pu sauver l'album, mais manque de pot, c'est clairement médiocre... Les feats avec Offset et La Mano 1.9 auraient pu être bien mieux développés, Morad n'apporte rien et le couplet de Jul sur Birthday est terrible ; Orelsan et surtout Yamê apportent quant à eux un vrai plus, sauf qu'ici, c'est Gazo qui n'est pas au niveau... Mais le plus frustrant dans tout ça, c'est sûrement le fait d'avoir dû attendre la quatorzième track pour enfin entendre Gazo rapper, mais avec, malheureusement, le même flow qu'on a entendu et réentendu à toutes les sauces dans ses dernières sorties. Aucune proposition. Bref, à part une intro et une outro acceptables et un excellent couplet de Yamê, le reste de cet album est à jeter pour moi. Et tans pis, quitte à terminer cette liste sur une note condescendante, je tiens à dire que les ventes réalisées par cet album, l'accueil médiatique qui lui a été réservé et les éloges d'un grand nombre de fans me font vraiment très peur.