16 Lunes - Le Livre des lunes, tome 1 par Apha

Je trouve que les critiques manquent globalement de vécu, les livres que nous lisons viennent forcément de quelque part (cadeau, critique élogieuse, recommandation), j'aime bien connaître l'acheminement des choses, je ne vais pas me priver pour vous déballer ma version.

Il y a quelques semaines de ça, un dimanche matin, banal comme les autres, je me retrouve à zapper allègrement de chaîne en chaîne jusqu'à tomber sur le canal 72 de ma box : Nolife, Rêves et cris, une émission que je ne connaissais pas, consacrée à la littérature de l'étrange, SF, fantasy, horreur. Le bref teaser m'a fait saliver d'envie, je persiste et regarde.
Salon de la littérature jeunesse de Montreuil, Margaret Stohl. 16 lunes. On en apprend très peu sur le contenu du livre, peu importe, la couverture me tape dans l'œil, des fois ce genre de détail peut suffire.

Je dois avouer qu'en matière de bit-lit, terme absolument dégueulasse que l'on doit au succès de la plus que célèbre et plus qu'abominable tétralogie de Meyer (c'était juste pour ne pas dire Twilight), je suis plus que novice. J'étais tout de même plus que méfiante avant d'entamer 16 lunes, édité dans la collection Black Moon et visiblement best-seller, recommandé par les vendeurs de la Fnac, un constat pareil ferait fuir une personne saine d'esprit, ce que je ne suis pas, assurément.

On rencontre le personnage d'Ethan, adolescent en deuil, privé de sa mère et accessoirement de son père qui passe son temps enfermé dans son bureau, dans cette petite ville de Gatlin dont il rêve de pouvoir s'extraire un jour. Il compte les années et prévoit son avenir à travers ses lectures de Jack Kerouac. Il peut compter sur sa gouvernante Amma pour lui concocter des plats typiques de la Caroline du Sud et se présenter comme une mère de substitution, côté autorité.
Ethan est un adolescent normal, plutôt beau gosse, quelques petites copines, superficielles bien entendu, joueur adulé de l'équipe de basket du lycée, il peut compter sur ses potes, dont Link, son besta, musicien raté et repoussoir à gonzesse.
Si normal que ça? Peut-être pas, toutes les nuits, il rêve d'une mystérieuse jeune fille, belle à s'abîmer la rétine, mais qu'il va perdre chaque soir.
Jusqu'à ce qu'elle arrive à Gatlin, dans la vraie vie, cette ville où il ne se passe jamais rien.
Mais évidemment, il va s'en passer des choses. Mais je n'en dirai pas plus.

Lecture à conseiller aux fans du genre et aux autres aussi. On trouve un style fluide, plaisant, tantôt haletant, tantôt touchant, pas pompeux pour un sous, pas niais pour autant.
C'est un réel plaisir de trouver un protagoniste narrateur masculin, suffisamment peu commun pour avoir le mérite d'être mentionné.
Les personnages sont touchants et bien développés d'un point de vue psychique. Cette histoire d'amour surnaturelle ne se déroule pas sans accrochages ni sans menace, mais pour une fois, on dépasse les limites d'un manichéisme trop figé, la lutte du Bien contre le Mal n'est pas aussi simple que prévue.

Pour terminer avec une métaphore minable, ce livre est à l'image de Gatlin, il faut toujours se méfier des apparences.