Le titre annonce la couleur (ou plutôt l'absence de couleur). L’eau noire, celle du lac de montagne près duquel se déroule l’intrigue, est aussi sombre que l’âme des héroïnes. Des femmes sans hommes entretenant un rapport tellement particulier et étroit avec les morts qu’il relèverait presque d’une malédiction. Elsa la grand-mère fait des rêves prémonitoires où celles et ceux qu’elle voit sombrer sous les flots vont disparaître ou tomber malade. Pour sa fille Onda c’est encore pire puisqu’elle est capable de dialoguer avec les défunts, ce qui la mènera au bord de la folie. Seule Fortuna, la petite-fille et narratrice, semble avoir échappé au mauvais sort. Mais après dix ans passés loin du village, elle y revient pour affronter sa mère et un secret qui la mine depuis trop longtemps...

Je découvre Valentina d’Urbano avec ce roman et je dois lui reconnaître un vrai talent de conteuse. Chaque chapitre est construit comme l’épisode d’une saga familiale implacable prenant forme petit à petit sans aucun temps mort. La narration prend parfois des faux airs de thriller et la mécanique enclenchée dès la première ligne attrape le lecteur pour ne plus le lâcher jusqu’au point final. Le problème en ce qui me concerne, c’est que je ne suis pas du tout fan de ce genre de texte à la limite du surnaturel. Surtout, il n’y a ici aucune lumière et cela fini par être très plombant. Le récit est glauque, morbide, recouvert en permanence d’une chape de tristesse étouffante. Dans ce village italien, sous un ciel bas et gris, la pluie est froide, les maisons humides, le lac glacé, les cœurs secs et la forêt sinistre. Pas un rayon de soleil, rien pour réchauffer une atmosphère lourde de silences et de non-dits. A la longue, ça devient plus déprimant que fascinant je trouve.

Au final, je suis ravi d’avoir découvert une auteure dont j’avais jusqu’alors (et à juste titre) entendu le plus grand bien. Mais je pense que son premier roman, dans une veine plus sociale, me conviendrait bien mieux.
jerome60
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le 14 mars 2015

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