Andromaque
7.5
Andromaque

livre de Jean Racine (1667)

Racine, le classicisme resplendissant qui fait trembler les coeurs.

Oreste, fils d'Agamemnnon, est ici une figure maîtresse de cette tragédie. Elle s'ouvre sur lui et se referme sur sa plainte "Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes", furieux et fou d'amour pour celle qui l'a berné, Hermione, fille de Ménélas (cousine d'Oreste, donc). Mais que font ces deux fils deux ici, en Épire, dans le Palais de Pyrrhus, fils d'Achille ? Ils courent. Courent à la poursuite d'un destin qui se profile, la tragédie allant, devant eux.
Oreste,scène d'ouverture, arrive à la cour et annonce l'objet de cette venue : les Grecs réclament la tête d'Astyanax, l'enfant troyen, dangereux ennemi, qui ronronne dans le Palais de Pyrrhus. Il s'agit, comme dans nombre de tragédie racinienne, d'un amour impossible, fondement du canevas dramatique. En effet, le descendant d'Achille, du côté des Achéens, et épris d'Andromaque, la belle troyenne, femme d'Hector, le fils de Priam. Cette passion transgresse les dissensions politique entre la Grèce et la Troade, décide d'éluder la grande guerre, qui a causé la mort des maris et des fils des deux côtés. Il aime Andromaque envers et contre tout, il pourrait même répudier Hermione, à qui il a promis sa main, mais dont la main de cette dernière n'est pas si excitante que celle de la troyenne. Malheureux roi tyran, il va user de son pouvoir de mort sur Astyanax pour la faire céder à sa proposition, et cette dernière, prisonnière et soumise, devient souveraine du cœur de son bourreau et centre de la tragédie, pouvant influencer les amours des autres, car elle est au sommet de la chaîne des amours (aimée de Pyrrhus, aimé d'Hermione, aimée d'Oreste).
La beauté de cette emprise, de cette tension constante (et si Pyrrhus aimait finalement Hermione et renonçait à la veuve ? Mais c'est impossible ?) est parachevée par à une écriture fine et sensible. Racine transforme une passion destructrice et alimentée par la jalousie et l'amour propre, en un sentiment merveilleux, chanté par le vers racinien.
La beauté du verbe éclaire la puissance qui agit dans les cœurs des personnages, celle de l'amour, de la haine, de la mélancolie.
Mansfield
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Khâgne 2013 2014, en route vers de nouveaux cieux !

Créée

le 21 déc. 2013

Critique lue 975 fois

4 j'aime

Mansfield

Écrit par

Critique lue 975 fois

4

D'autres avis sur Andromaque

Andromaque
Galadriel
8

Critique de Andromaque par Galadriel

J'offre ma première critique à Andromaque puisque je viens juste de le terminer. Je l'avoue, je ne m'y suis pas mise par simple envie : le bac de français à la fin de l'année m'a fortement motivée...

le 29 nov. 2010

19 j'aime

6

Andromaque
Hunky-Dory
8

La tragédie des enfants

Commençons par une rapide mise au point contextuelle. Éris, seule déesse à ne pas être invitée au mariage du roi Pélée et de la nymphe Thétis, jette par dépit une pomme d'or dans la salle du banquet...

le 29 mai 2011

17 j'aime

3

Andromaque
Mr_Chouette
9

Du Racine et du zèle

Troie est tombée mais de ses cendres vit le jour, Le plus brûlant et le plus cruel des amours. Un jeu fatal où chacun devra bien choisir, S'il écoute son cœur, ou renie ses désirs. Oreste aime...

le 25 juil. 2015

12 j'aime

2

Du même critique