Jusqu'à présent, je l'avoue, je n'ai pas été un grand fan de Philippe Besson. Hormis quelques premiers romans qui possédaient un regard doux mais franc sur les sentiments humains, le reste de sa production, agréable à lire mais aux reliefs un peu arasés par une écriture tendre et un peu éthérée, donnait la sensation d'ouvrages un peu consensuels. Mais, cette année, grosse claque, le Besson 2017 est absolument formidable !
L'auteur a suivi l'injonction entendue durant toute son enfance d'arrêter de raconter des histoires et il a bien fait ! Pour la première fois, il parle de lui et de son premier grand amour lors de son adolescence à Barbezieux. Sans se départir de sa sensibilité habituelle, en évoquant avec une multitude de détails le début des années quatre-vingts qui revivent ici avec une netteté absolue, sans jamais jouer avec une nostalgie pourtant bien à la mode, Philippe Besson nous raconte son histoire avec Thomas, lycéen taciturne et secret. Avec une franchise absolue mais sans impudeur, revit sous nos yeux cette relation dont le qualificatif d'amoureuse n'est jamais écrit mais qui suinte de tous les mots, de tous ces instants qu'ils volaient en secret à une vie de provinciale étriquée. Et c'est dans cette réalité, que l'écriture de Besson fait merveille. Elle noue, drape, caresse, cette histoire avec un tendresse évidente mais avec aussi un recul des plus émouvants. La sortie du livre est accompagnée de l'expression "mise à nu de l'écrivain". Pour une fois, j'ai eu l'impression que ce n'est pas un terme marketing mais une réalité. En racontant cet épisode de sa vie, il nous émeut comme jamais et livre en plus ses secrets d'écrivain, cet amour adolescent se révélant être l'élément fondateur de son oeuvre dont on retrouve un peu partout dans ses romans précédents des éléments, éparpillés comme un puzzle qui, après plus de 20 ans de publications, viennent soudain former un ensemble cohérent et passionnant.
La fin sur le blog
http://sansconnivence.blogspot.fr/2017/01/arrete-avec-tes-mensonges-de-philippe.html

pilyen
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le 7 févr. 2017

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