Lors de mon arrivée à Nantes, je me suis, comme à mon habitude précipitée dans une petite librairie indépendante -car oui, je suis une espèce de petite snob- afin de me détendre après un premier jour assez peu concluant. Je suis donc allée flâner, par errance plus que par volonté d'achat, dans les rayons puisque je dois vous confier que je ne me sens jamais aussi bien qu'entourée de livres. C'est au rayon littérature étrangère, que je suis tombée sur cette petite trouvaille, Atlas des reflets célestes de Goran Petrovic. Pour être honnête, en plus de ce titre empli de poésie, je dois dire que le nom de l'auteur n'était pas sans m'évoquer mon propre patronyme et ainsi éveiller en moi tout un imaginaire lié à mes origines.


En rentrant chez moi, je me suis donc installée afin de me plonger dans l'univers de l'ami Goran, qui soit dit en passant est un prénom qui a de la gueule. Et qu'elle ne fût pas ma surprise de constater, qu'en plus d'une histoire pleine de poésie, le style et les mots de l'auteur me pénétraient et convoquaient en moi toute une palette d'émotions et de sentiments que seul le maniement parfait des mots peut faire ressentir. Cependant, assez rapidement j'ai du arrêter la lecture de ce roman afin de me consacrer à la lecture des œuvres au programme de ma licence.


C'est 8mois après, que j'ai pu le terminer, après l'avoir évidemment recommencé. Maintenant, au lieu de vous raconter ma vie, je vais m’appesantir sur le roman puisque je vous vois venir, c'est bel et bien pour lire une critique que vous êtes venus et non pour lire mon autobiographie alors trêve de digressions promis !!


Pour contextualiser brièvement le roman, il nous dépeint la vie d'une maisonnée et de ses membres dont on ignore les liens de parentés, le lecteur sait simplement que ce sont des liens très forts qui les unissent. Un jour, ils vont décider de se séparer du toit de leur maison afin de se rapprocher de l'univers. Cependant, cette connexion cosmique ne se fait pas seulement à travers la suppression d'un toit. Le mobilier et notamment les miroirs le permettent eux aussi, ils sont les portes vers d'autres mondes et vers d'autres possibles. La place faite aux rêves est elle aussi importante dans ce roman puisque les personnages voyagent dans leurs rêves et dans ceux des autres. Ils sont d'ailleurs ce qui construit les personnages, ce qui les rend par la même humain. Tout l'univers dans lequel évolue les personnages est une invitation faite aux lecteurs pour qu'ils se connectent à cette vision du monde pleine de symboles et mysticisme. Alors oui, c'est un macrocosme extrêmement marqué qui pourra laisser les moins rêveurs d'entre nous sur le carreau, mais si, vous vous laisser happer par ce monde, je vous promets que vous ne le regretterez pas. La beauté de ce roman, tient également dans la candeur qui s'en dégage, l’innocence des personnages m'a à plusieurs reprises frappées. Ils ont quelque chose de très enfantins qui me touche particulièrement. Avec eux, la vie semble facile, même les drames et les chagrins prennent une toute autre dimension :


« Nous n'en avons jetés aucun (même pas le plus désagréable), car on ne jette pas les souvenirs, pour éviter qu'un jour puisse se trouver aux ordures une partie de nous-même plus grande que celle qui nous reste. »


Ce livre, qui peut sembler pour le moins étrange voir même un peu obscur est en réalité une invitation à la rêverie, à la flânerie mais aussi à l'errance. Or ce sont trois thématiques qui me sont chères et qui sont remarquablement bien traitées ici. Je fais encore une fois le choix de ne pas trop dévoiler l'intrigue car pour moi, toute la force de ce roman tient dans l'univers plus que dans l'intrigue. L'ambiance quasi magique qui se dégage de ce roman lui confère une aura qui ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais à défaut de l’apprécier, la lecture de ce roman est une réelle expérience littéraire qui ravira les amoureux des mots et les éternels rêveurs.


Mon année scolaire aura commencée avec ce livre et se sera terminée avec lui, car parfois, tourner les pages d'un livre signifie également tourner les pages de sa vie.


-petite parenthèse pour vous recommander très chaudement un autre de ses romans, Sous un ciel qui s'écaille-

Elise_Trukovics
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Des fois je mets un marque page dans un livre pour faire croire aux gens que je lis

Créée

le 22 mai 2016

Critique lue 431 fois

22 j'aime

4 commentaires

Okrutt

Écrit par

Critique lue 431 fois

22
4

D'autres avis sur Atlas des reflets célestes

Atlas des reflets célestes
LongJaneSilver
7

Roman-Gigogne

Il est des livres dans lesquels on se promène comme dans un rêve : oubliant la narration linéaire, mêlant différents genres littéraires, réinventant sans cesse leur propre matière fictionnelle, ils...

le 16 sept. 2015

17 j'aime

3

Atlas des reflets célestes
Cinephile-doux
7

L'imagination pour seule limite

Atlas des reflets célestes n'est pas un livre pour tout le monde. Mais chacun devrait tester son aptitude à lire de quelque chose de différent, loin de tout réalisme dans un univers onirique et...

le 9 févr. 2017

Du même critique

Austin Powers - L'Espion qui m'a tirée
Elise_Trukovics
9

L’espion qui m’a tirée… (Droit dans le cœur)

Bon j’avoue ce film a mis du temps avant de trouver grâce à mes yeux et de devenir UN de mes chouchous. En effet, depuis des années je refusais catégoriquement de le regarder… Avant même de le...

le 23 sept. 2015

45 j'aime

18

Lovesick
Elise_Trukovics
8

Chlamydia ? Mais c'est pas une fleur ça ?

Imagine, scène classique, t'es là, fixant alternativement ta teube, le bocal, le bocal, ta teube.. Tu le sais que tu dois pisser, mais là pas moyen, t'es bloqué. Alors tu imagines le bruit des...

le 28 sept. 2016

39 j'aime