Diane, Filippa et Marguerite, filles d’Aymar de Fontjoie, châtelain atypique de la région de Poitiers héritent de leur père : d’un nom, d’un château, d’un compte en banque vide, de droits de succession importants, de quatre jeunes peintres « en résidence » et d’une maitresse dans les bras de laquelle, tel un Félix Faure des temps modernes, il semble être décédé.

Les trois filles d’Aymar, avec l’aide de la maîtresse de leur père, présidente de l’association qui gère le château et la présence des quatre peintres, avec laquelle elle sont plus qu’en bon termes, décident de conserver le château et les quatre peintres aux quatre personnalités bien différentes.

Elles vont commencer par mettre en place des visites du château puis des ateliers des artistes avec cours de dessin. Ces différentes options ne suffisent pas à renflouer les caisses de l’association et payer les droits de succession. Qu’à cela ne tienne, l’association va proposer aux dames de la bourgeoisie locale de se faire tirer le portrait. Et pas que le portrait d’ailleurs, ce qui sera la cause des tourments du château et de l’intrigue du roman.

A travers une jolie fable à l’eau de rose (tout y est bien qui finit bien), Janine Boissard dresse le portrait d’une bourgeoisie de province que l’on a envie de secouer : maris volages, femmes au foyer dociles…. Cette conception d’un classicisme éculé et ringard va vite voler en éclat sous les coups de pinceau, entre autre, des peintres réalisant les portraits d’une frange féminine de la population qui prend petit à petit autant conscience de sa vraie valeur que de celle proche du néant de leurs maris. Telle les peintres du château de Fontjoie qui tout en rajoutant des couches de peintures sur leurs toiles grattent un peu plus le mascara des faux-semblants de leurs modèles, si cher à la bourgeoisie de province, affairiste ou politique, tellement attachée à l’image et au paraître, Janine Boissard écaille le vernis policé de ce monde en en dressant un tableau peu flatteur aux couleurs de l’infidélité, du mensonge, de l’apparence, de l’indifférence.

Alors soit, il y a bon nombre d’incohérences (quelle est la probabilité que Filippa ait une relation totalement platonique avec un de ses collègues d’agence de communication lui-même homo et copain avec un galeriste mondialement reconnu qui viendra ausculter le travail des peintres ? que le notaire local connaisse suffisamment la ministre aux affaires féminines pour obtenir une distinction pour la présidente de l’association du château de Fontjoie ? Que chaque peintre ou presque ait une aventure avec les rombières poitevines qui sont en fait des Desperate Housewives à la retraite qui s’ignorent ? etc, etc...), dont on se contrefiche « royalement » finalement, soit on voit venir les retournements de situations ou les rebondissements à des kilomètres à l’avance, mais Janine Boissard distraie le lecteur fort plaisamment pour parler de sujets plus profonds comme l’amour, l’honnêteté, l’estime de soi, la recherche d’un bonheur simple quelques fois à portée de la main…

Un très agréable moment (et ce n’est pas péjoratif) passé avec l’écriture fluide et directe de Janine Boissard dans un roman à la première personne, en l’occurrence Filippa. Un petit remontant à prendre si on a deux heures de détente devant soi à occuper sans se prendre la tête.
Ga_Roupe
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le 13 mars 2015

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Ga Roupe

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