Au soleil couchant, c’est un bouquin qui parle de tension. A travers l’histoire contée de Minwoo, l’architecte au bon cœur inconscient des méfaits que son activité professionnelle apporte à la société sud-coréenne, et Uhee, jeune femme de 29 ans qui voudrait réellement vivre de sa passion du théâtre mais qui doit se contenter de petits boulots ingrats et exténuants pour survivre dans la jungle de Séoul.


Il est agréable de découvrir tant de facettes de la Corée du Sud dans une histoire si courte, qui prend pourtant quelques détours faciles pour faire ressentir des émotions au lecteur. La vie de Minwoo se prête bien à un descriptif complet de la culture et de la société sud-coréenne : Il nait dans une famille de classe moyenne rurale, passe son adolescence à trimer dans le quartier le plus populaire de la capitale pour rentrer dans la meilleure université du pays, et réussit finalement à atteindre le poste de directeur d’un grand bureau d’architectes, à l’apex de l’échelle sociale.


Le pays que nous décrit Hwang Sok-yong est dirigé par des personnes dénuées de morale, et ce autant dans les années 70’s et 80’s par les diverses interventions militaires ayant pour objectif de maintenir la paix sociale, que dans les années 2010’s où l’on découvre que la Corée du Sud s’est vite transformée en une forêt de béton peuplée par des quasi-esclaves soumis constamment à la tentation du suicide pour fuir la pression exercée sur eux.
Une bonne partie du passé qui nous est raconté par Minwoo reste néanmoins assez caricatural, et décrédibiliserait presque ce récit amère et si réaliste. Ces rixes entre gangs de cireurs de chaussures dans le quartier de Dalgol par exemple, possèdent plus la fragrance de drama cocasses que de documentaires tragiques.


Les deux histoires du diptyque finissent par se joindre par l’intermédiaire d’un homme héroïque et impersonnel, taiseux et mal à l’aise avec les exigences de la société sud-coréenne, et dont les sobres T-shirt noirs contrastent avec les couleurs indiscrètes des affiches de K-Pop qu’on imagine omniprésentes dans les rues de Séoul.
Peut-être aurait-il dû respecter les règles du jeu, et lui aussi sacrifier sa jeunesse pour rentrer dans une grande école et devenir un homme de renom ? Les dernières pages du récit nous exposent pourtant l’avenir aliénant qui attend ceux qui se plient à ces politiques civiles d’apparence, mais martiales dans leur cœur.

Oceanologue
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le 19 avr. 2018

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