Un rock 'n' love qui sonne juste

La musique, on l'entend tous les jours. On l'aime. On la déteste. Il y a des morceaux qu'on réécoute encore et encore. D'autres qu'on ne veut plus jamais entendre. Parfois, elle nous remémore des époques de notre vie. Parfois, notre vie toute entière...

Rob Sheffield est un amoureux de la musique et en a d'ailleurs fait son métier puisqu'il est journaliste musical pour le magasine « Rolling Stones ». Dans « Bande originale », son premier roman autobiographique, l'auteur laisse parler son amour pour la musique mais surtout celui pour sa défunte femme, Renée.

Ces deux amours, c'est ce qui a rythmé la vie de Rob Sheffield pendant les 5 années passées aux côtés de Renée. Renée et lui avaient créé des compilations pour chaque activité. Il y a une compil': pour faire la vaisselle, rouler en voiture,... Et à chaque cassette appartient ses souvenirs.

« Qu'est ce que l'amour ? Les grands esprits se sont de tout temps pris la tête avec cette question [...]. Mais la réponse est simple. L'amour est une compilation. » p.254

Sur fond de chansons rock des années 90, Rob Sheffield nous fait partager les moments qu'il a passés avec Renée. Ces moments de bonheur qui ont été nombreux mais qui lui laissent un goût de trop peu.

« Il y a eu plein de chouettes nuits. Nous en avons eu bien plus que notre part [...] seulement j'en voulais quand même plus. » p.23

« Bande originale » c'est aussi le témoignage d'un veuf qui tente petit à petit de remonter la pente. Ce qui n'est pas chose aisée avec toutes ces choses qui lui rappellent sa défunte femme. Toutes ces chansons qu'il écoute en boucle et qui remues ses souvenirs d'elle mais dont il a besoin pour rester en vie.

« [...] Astrogirrrl et moi allons voir notre groupe de bar préféré, Hold Steady, chaque fois qu'il passe. Leurs concerts s'achèvent toujours avec notre chanson favorite [...] parfois je pense à toutes les personnes avec qui j'entends cette chanson et je me dis : « Merde, on se manquera quand on sera morts. Quand on sera morts, on deviendra des chansons, et on s'entendra mutuellement, et on se rappellera les uns les autres. » » p.252

Dans son livre, Rob Sheffield nous parle d'une chose triste: la perte d'un être cher. Cependant, jamais il ne s'apitoie sur son sort, on n'entend jamais les violons pointer à l'horizon et c'est pourquoi « Bande originale » sonne si juste. Il y a de la retenue lorsque l'auteur évoque la mort de Renée.

Ce roman ne pourra que raviver les souvenirs des quadragénaires à l'évocation des cassettes et des tous ces groupes, tels que Nirvana et Pavement, qui ont vu le jour dans les années 90. Les plus jeunes ne seront cependant pas en reste, ce livre leur permettra d'en apprendre sur cette époque qu'ils n'ont pas connue.

Quoi qu'il en soit, ce livre vaut la peine qu'on appuie sur « lecture » tellement les paroles qui s'y trouvent sont bien écrites.

« J'ai bâti ma vie entière autour de mon amour de la musique. [...] je n'arrête jamais d'écouter mes compilations. Tous les fans en enregistrent. Les périodes que vous avez vécues, les gens avec qui vous avez partagé ces époques – rien ne leur redonne vie aussi bien qu'une vieille compilation. [...]Chacune d'entre elle raconte une histoire. Rassemblez-les, et vous avez l'histoire d'une vie. » p.39

« Bande originale », Rob Sheffield. Paris, Edition Le livre de poche. 2011. 259 p.