Diola : peuple d'Afrique de l'Ouest (Gambie, Sénégal, Guinée Bissau) essentiellement cultivateur, c'est aussi une langue nous dit Wikipédia.


Boy Diola, j'ai envie de le nommer "déraciné", celui qui vient de la Brousse et quitte tout pour un monde meilleur.


Le narrateur (l'auteur) nous raconte avec beaucoup de simplicité, de respect, d'amour et d'humour le destin de son père Apéraw, Boy Diola originaire de Kagnarou , un petit village de Casamance.


Ce premier roman débute en 2010, un bateau laisse des réfugiés sur une plage corse. Dans les yeux des naufragés Apéraw voit ceux qui ont fait le voyage avec lui en 1969. C'est une révélation pour son fils qui veut savoir et reconstituer le parcours de son père, lui qui croyait qu'il était arrivé en France par avion.


Il se souvient quand il avait onze ans, en juillet 2001, son premier voyage au pays natal d'Apéraw. La découverte de ses origines, de ses racines, la case au village, la précarité, la chaleur, les moustiques. Son père lui conte les us et coutumes et traditions, la rudesse de la vie d'agriculteur, d'un producteur d'arachides.


Apéraw est né en 1944. La date exacte, on l'ignore, c'est parfois le 31/12, le 01/01 ou encore le 08/04/44, c'est comme ça là-bas. Apéraw a grandi au village mais très vite il a voulu autre chose. Trouver du travail en ville, apprenti menuisier ou apprenti mécanicien, survivre à Dakar puis l'appel du large vers une vie meilleure. Au port guettant chaque bateau qui l'emmènera ailleurs, il saisit sa chance, quitte tout, ce sera la France.


On voyage dans le temps et dans l'espace avec ce récit sans réelle chronologie entre Paris et La Casamance. Arrivé en France, à Paris, Apéraw trouve du travail, d'abord manoeuvre puis ouvrier à la chaîne chez Citroën durant 14 ans jusqu'à son licenciement. La vie est dure mais jamais il ne baisse les bras, il est vaillant et travailleur, rebondit et veut le meilleur pour ses enfants.


C'est un récit intimiste sur la vie d'un déraciné, un témoignage puissant sur une autre culture, la construction d'une identité.


Une plume simple, fluide, proche de l'oralité non dénuée d'humour que nous propose Yacounba Diémé dans ce premier roman.


J'ai juste été un peu perturbée par le manque de chronologie, cela me semblait un peu décousu mais peut-être est-ce le but recherché, se créer une identité sur base d'éléments disparates.


Un joli témoignage qui nous permet l'ouverture sur une autre culture et un autre regard sur les déracinés. Touchant de sincérité.


Ma note : 7/10


Les jolies phrases


Comment peut-il avoir vécu à la fois à l'époque où l'on faisait griller la viande de cochon et celle de l'école coranique ? L'époque des accouchements dans la forêt et celle des premiers dispensaires ?


Si tu as peur de la forêt, toi tu peux pas devenir un homme. Le Diola il peut pas avoir peur de la forêt, si tu as peur comment tu vas faire pour vivre ?


Ne pas aimer nos produits ne revient pas à ne pas nous aimer.


Étudier pour aller où ? "Est-ce qu'on a attendu quelqu'un pour apprendre à manger ? Ils croient qu'on est bête mais laissez-les croire ce qu'ils veulent, nous on s'en four. Ce qui est dans notre tête c'est ce qui était dans la tête de nos pères, la vie c'est comme ça. Tu prends les choses dans la tête de ton père et tu augmentes.


Dans le temps, porter un costume c'était devenir quelqu'un. C'était l'orée de l'indépendance, de promesses de développement et des chimères.


On peut pas retourner dans la souffrance. C'est pour ça quand on sort on fait attention maintenant? ON peut pas retourner. C'est beaucoup la souffrance


https://nathavh49.blogspot.com/2019/08/boy-diola-yancoube-dieme.html

NATHAVH
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le 19 août 2019

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