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Vincent Lahouze
8 janvier, 19:08 · Toulouse ·


2ème chronique: Ça, de Stephen King :


Quand je suis arrivé en France, à l'âge de 4 ans, j'ai reçu comme premier cadeau une peluche de clown, il faisait ma taille, il avait les cheveux roses, un nœud papillon et un grand sourire écarlate. Il a dormi avec moi pendant des années, il me terrifiait et me fascinait à la fois, il était à la fois mon meilleur ami et mon pire ennemi. Il a fini par n'être qu'un vestige de mon enfance, dans ma chambre. J'ai fini par l'oublier tout en développant une solide phobie envers les clowns, refusant d'aller au cirque quand il y en avait un qui passait en ville. A l'âge de 14 ans, dix ans après, durant les grandes vacances et à l'heure de partir à ma première colonie, mes parents m'ont acheté Ça, de Stephen King, tome 1 et 2, (pour ne pas t'ennuyer durant le trajet en bus, tu comprends). Sur la couverture du livre me regardait mon clown, le même sourire écarlate, le même air narquois. J'aurai presque pu l'entendre me murmurer (tu croyais vraiment que j'allais t'oublier comme ça, mon petit Vincent?)


Bon nombre de personnes ayant lu ce livre le résument à une histoire de clown tueur d'enfants. C'est une grossière erreur. Ça est bien plus que cela. Ça est avant tout une histoire d'amitié, celle dont on rêve tous quand on est jeune adolescent, c'est l'histoire d'une bande de gosses, se définissant eux-même comme le Club des Ratés, c'est l'histoire d'un combat cyclique qui s'étale sur une durée de 27 ans. Ça est un roman fleuve, où le cours du récit s’entremêle entre présent et passé, où l'intrigue prend sa source à travers le regard de chaque personnage, à tour de rôle, et nous entraîne dans un tourbillon de sentiments contradictoires jusqu'à perdre pied. Indifférent aux gens autour moi dans le bus, j'ai lu sans relâche, malgré le mal de ventre, j'ai lu, j'ai couru dans les Friches avec Bill, Mike, Ben, Ritchie et les autres, j'ai pleuré Georgie et son bateau en papier, j'ai regardé amoureusement la chevelure rousse de Beverly, j'ai senti ma sueur glacée couler le long de mon dos quand Grippe-Sou m'a chuchoté (ils flottent, ils flottent tous en bas), J'ai hurlé intérieurement sous les égouts, j'ai pédalé en bégayant (Yahou Silver, en avant!), j'ai lu les 1400 pages d'une traite, le voyage était long et je lis vite, vous le savez déjà, je l'ai déjà dit. En refermant ce livre, j'ai su que je ne serai plus jamais le même. Et mon clown m'a murmuré (tu m'avais manqué, petit Vincent...)


Ça est un livre sur l'enfance, sur les monstres symboliques, les monstres cinématographiques, ceux dont on a peur la nuit, qui se nourrissent de notre imagination, ceux qui se cachent sous le lit, ceux dont on ressent juste le souffle dans notre cou, ceux dont on devine la présence dans le noir mais sans pouvoir la nommer. Mais pas seulement, pas seulement. Ça est aussi un livre sur les monstres véritables, ceux de la vie réelle, ceux qu'on peut croiser tous les jours, les papas incestueux, les mères castratrices, les maris violents, l'alcool, la drogue, l'enfer carcéral et les enfants cruels qui n'ont jamais été aimé. Ça est un livre sur l'adolescence, sur ce rituel quand nous devenons adultes, un livre sur nos pulsions, nos désirs, même les plus sombres. Ça est un tableau qui dépeint une Amérique des années 50, une Amérique violente, homophobe, raciste, indifférente aux malheurs des autres, amnésique et incapable de retenir les leçons du passé, une Amérique pas si différente de maintenant quand on y pense. Ça est la personnification des peurs qui nous rongent, enfant comme adulte. Que ce soit sous l'apparence d'un clown, d'un loup-garou, d'une momie, d'un oiseau géant, d'une araignée ou d'un Donald Trump, ce livre nous rappelle surtout que la peur peut survenir partout, peut s'infiltrer partout, peut infester l'esprit même le plus sain et peut prendre l'apparence de n'importe qui, n'importe quoi. Le Mal n'a pas de visage. Il en a des milliards. Mais ce livre nous enseigne aussi une chose. Que l'amour et l'amitié exigent de nombreux sacrifices mais que cela vaut la peine d'être vécue. Que Ça vaut la peine d'être vaincue. Encore et encore. Inlassablement.


Ce roman m'a fait grandir, vraiment. Stephen King est le seul écrivain à avoir su me faire pleurer, rire et à me dresser les poils de frayeur dans un seul et même livre. Cependant, réduire cet homme à cette seule œuvre ne serait pas lui faire honneur. Chaque livre de Stephen King est un voyage dans les profondeurs de la nature humaine, dans tout ce qui fait sa beauté, dans tout ce qui fait sa noirceur. Sa force réside dans sa capacité à conter, à narrer et à captiver chaque lecteur. Il nous entraîne là où il veut, comme il veut. Lisez le, vous verrez.


Aujourd'hui, j'ai 29 ans. Je n'ai plus peur de mon clown qui dort dans son placard, bien que je l'entende encore parfois la nuit me murmurer (serre-moi encore dans tes bras, j'ai froid, Vincent), je suis toujours coulrophobe mais je sais aussi que le Mal peut prendre n'importe quelle forme dans notre société. Alors, je reste sur mes gardes. J'ai grandi.


Vincent Lahouze

Tyler_Ledger
10
Écrit par

Créée

le 30 janv. 2017

Critique lue 374 fois

Vincent Lahouze

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