J'aurais bien mis 8. Ou même 9. Car j'ai dévoré ce bouquin, et non sans plaisir. Je reproche plein de trucs à Stephen King : ses persos et son style ne varient pas, un écrivain ou prof de lettres fait toujours office de perso principal ; ses nouvelles sont pour la plupart vraiment originales et réussies, mais concernant les romans, et donc les histoires plus développées, il est infoutu de ne pas bâcler la fin. Si ses personnages pleins de sarcasme venaient à lire ses bouquins, ils en diraient surement autant d'ailleurs. Et pourtant quand je le lis je reste plongé dans ses histoires, avec quelques facepalms de temps en temps.
Ça est à mes yeux la meilleure histoire de King que j'ai lue (bon je me suis pas tapé toute sa biblio non-plus). Je suppose que c'est en partie à cause de l'ambiance de Derry, ville fictive du Maine au développement urbain déplorable, polluée, grise, hideuse, qui me rappelle étrangement le coin où j'ai grandi (ok je vais pas raconter ma vie). Ce mec s'est débrouillé pour créer un univers, voir un multivers assez complexe et cohérent, à croire que tous ses romans sont liés ; actuellement en train de lire 22/11/63, j'ai eu droit à un bon chapitre qui référençait les événements de Ça. Et souvent Derry, qui a eu droit à la création d'un background relativement complet pour les besoins du livre, est la charnière de ce multivers (ainsi que les événements de Ça ; un type qui n'aurait pas lu ce roman n'aurait sans doute rien calé aux histoires de clowns et de tortues qui viennent de bouffer un chapitre de 22/11/63. C'est sympa pour les fans de King qui ont lu le livre et connaissent les méthodes et autres romans de l'auteur, moins pour ceux qui le testent pour la première fois).
Bref, alors pourquoi seulement 7 ? Parce-que putain c'est déjà assez chiant de se farcir des passages où on a l'impression de partager les délires pré-pubères d'un auteur qui se touche devant sa machine à écrire (King était vraiment en rut en écrivant ce roman), mais là le mec a quand même mis en scène une fillette s'offrant à une bande de garçonnets dans les égouts. Je veux dire, putain, les héros quoi, Le Club des Ratés. Sans déconner. Merde. Pédophilie morbide. Couplé à l'humour cucul et redondant de King ("Bip-bip Richie" olol) ça passe très difficilement (bon en fait dans n'importe quelle circonstance ça passerait pas, là c'est "Les garçons stressent parce-qu’ils sont perdus, la nana va les calmer"). Ils ont NEUF ANS. NEUF PUTAIN DE DIEU, DÉJÀ POUR DES ADULTES C'EST TRASHISSIME COMME COMPORTEMENT. Mode epic rage off.
Autre raison, la chute : la ville s'en prend plein la gueule, une nana explose sur ses WC (ouep), une tortue multivers et une araignée géante maléfique. On était parti sur l'idée d'un clown diabolique sournois et mystérieux, on fini sur du wtf total, et assez mal emmené (et King se permet de taquiner les hippies fumeurs de joints en plus de ça, l’hôpital se foutant de la charité).
Bon j'ai tout de même vraiment apprécié ce bouquin ; en tant qu'histoire c'est un truc à lire, ça change pas la vision du monde, ça fait pas réfléchir trop méchamment, mais c'est sacrément addictif et plaisant. Je me serais tout de même, encore une fois, vraiment passé du délire pédophile de King, qui est vraiment à gerber.