Champagne !

Bonsoir ma douce,

Tout d'abord j'ai pensé que je t'avais choquée dans ton for intérieur de femme libérée qui avait, disons puisque tu viens d'avoir 60 ans, 13 ans (je ne sais pas si mes calculs sont bons ce soir) en 68. Soit l'année de la libération sexuelle (entre autres) etc.

Moi je suis née en 1969 et cela nous fait 15 ans d'écart. Je n'ai pas demandé la libération, on me l'a imposée. J'aimerais cette époque où les hommes descendent de voiture pour ouvrir la portière de la femme, forcément passagère, et marchent devant afin d'ouvrir les portes au "sexe faible".

Étant toutefois de cette génération passive et néanmoins sacrifiée, je possède les clés pour comprendre que la jeune femme que tu étais en 68 ne peut se résoudre à l'acceptation de ce que je t'ai confié sur ma vie de couple.

L'année érotique je la porte comme une croix, je suis d'un érotisme torride et personne ne le sait.

Je t'écris ce soir pour te signifier combien je t'aime et combien j'ai eu peur de te perdre après mes "révélations" très peu glorieuses. Certes, il y a eu cette panne de fournisseur internet qui m'a permis de temporiser, MAIS tout au fond de moi j'avais cette trouille bleue de ne plus avoir de tes nouvelles.

J'ai trouvé en toi une amie, une confidente, quelqu'un sur qui je peux compter et si je compte sur toi tu comptes pour moi.

Ne pense pas que je me désintéresse ou que je te punis. Je m'inquiétais c'est tout.

Chacha va t'il mieux ? Moi aussi je bois trop parfois et moi aussi je suis insatisfaite. S'il a envie de changer de décor, dis-lui qu'il peut venir chez nous un petit moment. J'en serai ravie. J'espère toutefois qu'il trouvera son bonheur là où sont ses racines.

Ma jambe me fait mal, mais de moins en moins. Je vis avec cette boiterie qui me fatigue mais me distingue. La vie est merveilleuse non ?

Quant à Pat, j'ai bien envie de te dire que les hommes qui ont consacré leur vie au travail sont fatigués quand le travail s'arrête. Un effet retard en quelque sorte. Veille bien sur lui et oblige-le à consulter s'il le faut. Tu es sa femme et là est ton devoir (ne pas tenir compte de cette phrase merci).

Tu m'as manquée tu sais. Je vais bien. Je t'en dirai plus par la suite. Prends bien soin de toi et des tiens et embrasse Benjamin de la part d'une inconnue.